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mardi 26 novembre 2024

NIKI Film biographique de Céline SALLETTE (FR-2024)

 


Niki est un film français réalisé par Céline Sallette et sorti en 2024. Il s'agit du premier long métrage de la réalisatrice, retraçant la vie et l'œuvre de l'artiste militante Niki de Saint Phalle (1930-2002), connue pour ses statues féminines aux formes généreuses très colorées. Le film a été présenté en avant-première mondiale dans la section « Un certain regard » du Festival de Cannes 20243, en compétition pour la Caméra d’or. Il a fait partie de la sélection des 80 films présentés dans le cadre des 26èmes Rencontres des Cinémas d’Europe à Aubenas.

Résumé

Le film retrace la vie et l'œuvre de la sculptrice Niki de Saint Phalle, entre les années 1950 et 1960

Niki (Charlotte Le Bon), de son vrai nom Catherine de Saint Phalle est née à Neuilly-sur-Seine en 1930 et morte à La Jolla (comté de San Diego, Californie) le 21 mai 2002. Sa mère, Jeanne Jacqueline Harper, était américaine et son père André-Marie de Saint-Phalle (1906-1967), français. 

Niki a d’abord été élevée par ses grands-parents dans la campagne nivernaise, dont elle a toujours conservé la nostalgie. Elle grandit ensuite à New York et se marie à l'âge de 18 ans avec le poète Harry Mathews (John Robinson), qu'elle connaît depuis l'enfance et avec qui elle aura deux enfants. 

Dans les années 50, alors qu’elle a 20 ans, encouragée par le peintre Hugh Weiss (Romain Sandère), elle travaille d'abord comme mannequin pour plusieurs journaux de mode (Vogue, Life et Elle) et pose aussi pour des campagnes publicitaires, par exemple pour le constructeur automobile Simca, où elle est photographiée par Robert Doisneau en août 1952.

Niki a toujours caché un lourd secret, son viol par son père lorsqu’elle avait 11 ans, des faits qu’elle ne révèlera que peu de temps avant sa mort dans un livre justement intitulé Mon secret (1994). Ce viol la conduira à faire plusieurs séjours en hôpital psychiatrique où elle sera traitée aux électrochocs, qui la priveront d'une partie de sa mémoire.

Elle racontera elle-même, dans « L’art comme thérapie » (Cf. Marcel Briat. « Niki de Saint Phalle au Grand Palais : le récit de son viol ou l’art comme thérapie » in : Le Nouvel Obs – 23/9/2014) :

« J'ai commencé à peindre chez les fous… J'y ai découvert l'univers sombre de la folie et sa guérison, j'y ai appris à traduire en peinture mes sentiments, les peurs, la violence, l'espoir et la joie. »

Vers 1955, elle voyage en Espagne avec son mari et découvre l’œuvre de Gaudi

Un peu plus tard, elle fréquente le cercle parisien des Nouveaux réalistes, fondé en 1960 par Yves Klein et le critique d'art Pierre Restany (Quentin Dolmaire). 

A partir de poupées cassées, de céramiques brisées, elle crée des ex-voto, puis ses fameuses Nanas, des femmes plantureuses et colorées en grillage, papier mâché et polyester, des sculptures géantes, voluptueuses, chahuteuses, dansantes et s'impose par son originalité dans un monde de l'art assez blasé.

En 1971, après avoir divorcé de Harry, elle épouse l'un des membresdu groupe,  Jean Tinguely (Damien Bonnard), auteur de machines infernales faites de pièces métalliques de récupération.

Mon opinion

Si je connaissais l’œuvre de Niki de Saint Phalle, je ne connaissais rien de sa vie ni du secret douloureux qui explique en grande partie son œuvre. 

Dans le film, Niki est magnifiquement incarnée par Charlotte Le Bon. La prestation des autres acteurs est aussi à saluer. 

Un regret toutefois, l’absence totale dans le film des sculptures de Niki de Saint Phalle ou même de leur évocation, en raison du refus des ayant-droit de l’artiste de laisser reproduire ses œuvres[1], ce qui est tout de même frustrant pour le spectateur. Mais cette absence ne nuit pas au film qui est, comme le dit  Françoise Dargent du Figaro, une évocation « élégante et juste" du destin d'une artiste marquante du XXe siècle [2] 


[1] Florence Colombani, « « Niki » : ce biopic de Niki de Saint Phalle qui ne montre rien de ses œuvres [archive] », sur Le Point, 15 octobre 2024 (consulté le 23 octobre 2024).

[2] Françoise Dargent, « Festival de Cannes: une guerrière nommée « Niki » [archive] » Accès limité, sur Le Figaro, 23 mai 2024 (consulté le 30 septembre 2024).

jeudi 24 octobre 2024

L'AMOUR OUF film de Gilles LELLOUCHE (FR-BE 2024)

 


L'Amour ouf est un drame romantique franco-belge co-écrit et réalisé par Gilles Lellouche, sorti en 2024. Il s'agit d'une adaptation du roman Jackie Loves Johnser ? de Neville Thompson, paru en français sous le titre L'Amour ouf. Le film a été présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2024.

Résumé

Avant le générique, le film commence par une course poursuite et un affrontement entre gangsters où le héros (Clotaire adulte) est tué dans une fusillade.

Puis nous sommes ramenés dans les années 1980 dans le Nord de la France où l’on découvre le début de l’histoire d’amour entre une jeune fille et un garçon.

L’héroïne, Jacqueline (Mallory Wanecque), vit seule avec son père (Alain Chabat), installateur de télévisions, depuis le décès de sa mère. Après des études dans un lycée privé, elle vient d’intégrer un lycée public où elle tombe amoureuse du petit délinquant du coin, Clotaire (Malik Frikah). Ce dernier, fils d’un couple aimant mais dépassé, formé d’Elodie Bouchez (la mère) et de Karim Leklou (le père, docker), n’est pas un mauvais garçon mais, déscolarisé, il est à la tête d’une petite bande de bras cassés qui enchaînent les bêtises et les bagarres.

Après des débuts chaotiques, Jacqueline, renommée Jackie par Clotaire, vit avec lui une passion dévorante, malgré leurs différences de milieu et d'aspirations personnelles. La jeune fille, proche de son père, bonne élève, est fascinée par Clotaire, qui lui, s’enfonce chaque jour un peu plus dans la délinquance.

Clotaire finit par tomber sous la coupe d’un mafieux local, La Brosse (méconnaissable Benoît Poelevoorde) qui, avec sa bande, enchaîne les casses. Le dernier, le braquage d’un camion de transporteurs de fonds, tourne mal et l’un des convoyeurs est tué par le fils de La Brosse. Malgré les promesses de La Brosse, Clotaire, qui n’est pas le responsable du tir, est arrêté et condamné à 12 ans de prison.

Pendant ce temps, Jackie a 25 ans (Adèle Exarchopoulos). Elle a mûri et n’est plus la jeune fille romantique qu’on a connue. Ayant laissé tomber ses études, elle est devenue dure et cynique et a épousé Jeffrey (Vincent Lacoste) avec qui elle mène une vie bourgeoise qui ne lui convient pas vraiment.

Quand il sort de prison, Clotaire a 28 ans (François Civil). Il cherche à revoir son premier amour qu’il n’a pas oubliée. Devenu un vrai dur en prison, il vient demander des comptes à La Brosse, son ancien « employeur » qui a passé la main à son fils, Tony (Anthony Bajon), le véritable responsable du meurtre du convoyeur, qui est devenu un mafieux d’une plus grande envergure que son père. Tony l’ayant traité avec mépris devant toute sa cour, Clotaire, dont la violence a été décuplée par la prison, revient dans la boîte de nuit de Tony et commet un véritable massacre.  

L’enchaînement de la violence aurait pu condamner Clotaire à la fin tragique que nous montrent les premières images du film si l’influence apaisante de Jackie ne lui avait permis de retrouver le droit chemin et de revivre l’amour qui l’a lié à elle depuis leur adolescence.      

Autour du film

Le film se déroule dans les années 1980 et 1990. La bande son, très éclectique, est composée de des Cure, New Order, Madonna, Nas et Jay-Z7. Le collectif de danse (La)Horde a chorégraphié plusieurs scènes de danse dont trois seulement ont été retenues au montage.

Mon opinion

Je connaissais Gilles Lellouche comme acteur mais n’avais encore jamais vu de réalisations de sa part bien que celui-ci soit son 8ème film. Je m’abstiens généralement d’aller voir des films violents mais, dans le film, aucune scène n’est gratuite comme cela arrive trop souvent et, malgré sa violence, Clotaire nous reste sympathique car on comprend, dès le début, qu’il est une victime de cette société hyperviolente dans lequel il évolue depuis son enfance. J’ai beaucoup apprécié le jeu des acteurs, que ce soit Benoît Poelevoorde, méconnaissable en mafieux à la petite semaine, d’Anthony Bajon, en minable et indigne fils de son père. Et bien entendu François Civil, qui est un acteur qui ne m’a jamais déçu. Vincent Lacoste, à contre-emploi, est aussi très bien ainsi qu’Adèle Exarchopoulos qui a trouvé, dans ce rôle ambigu, sa juste place. Mais le meilleur reste pour moi Malik Frikah (Clotaine adolescent) qui est, pour moi, une vraie découverte. J’ai aussi beaucoup aimé les scènes de danse (en particulier celle entre Clotaire et Jackie dans le tunnel et regretté que d’autres chorégraphies réglées par La Horde aient été coupées au montage.         

 

mercredi 4 septembre 2024

GUY film d'Alex LUTZ (FR-2018)

 

Guy est un film français réalisé et joué par Alex Lutz, sorti en 2018.

Présentation

Gauthier (Tom Dingler) est un jeune journaliste. Apprenant qu'il serait le fils illégitime de Guy Jamet (Alex Lutz), un chanteur de variétés qui a connu le succès dans les années 1960, décide de s’en rapprocher en réalisant sur lui un documentaire à l’occasion de la sortie d’un album de reprises accompagné d’une tournée de concerts.

Autour du film

La musique du film

La musique du film est composée par Vincent Blanchard et Romain Greffe. Ils ont écrit des chansons de variétés du chanteur fictif Guy Jamet incarné par Alex Lutz.

Alex Lutz fait des reprises de deux titres préexistants : Slow Dancing with the Moon (francisé en Un slow avec la lune) écrite par Mac Davis et Je reviendrai à Montréal de Robert Charlebois. On peut également entendre d'autres chansons dans le film : Boys Will Be Boys (Duncan Sisters), Never Forget Who You Are (Philippe Briand, Gabriel Saban), Don't Wake Me Up (Jonathan Feurich, Maximilian Peter Nikolaus Schunk, Steven Bashir), Deeper Blue (Joseph Gileadi), Stroboscopic (Pierre Terrasse) et Aerodynabeat (Guillaume Tetzieff, OC Banks).

Mon opinion

Très atypique et difficile à classer, ce que n’aime généralement pas le grand public, puisqu’il emprunte à plusieurs genres (comédie dramatique, faux documentaire et film musical), il ne faut pas s’étonner qu’un tel film, malgré une bonne critique des professionnels, ait été un semi-échec commercial. Malgré ses indéniables qualités, dont la moindre n’est pas le jeu excellent d’Alex Lutz et de la musique, qui ont été justement récompensés par un César du meilleur acteur, amplement mérité pour l’acteur-caméléon, et celui de la meilleure musique originale, le film n’a fait que 175 000 entrées, ce qui, comparé à des succès exceptionnels récents comme Un p’tit truc en plus d’Artus ou Le comte de Monte Cristo avec Pierre Niney (plus de 10 millions d’entrées chacun), est relativement modeste, mais meilleur que beaucoup d’autres. C’est en tout cas mieux que le précédent film d’Alex Lutz, le talent de mes amis (2015) qui n’avait que péniblement atteint les 100 000 entrées.  

Autres films avec Alex Lutz :

vendredi 17 mai 2024

UN P'TIT TRUC EN PLUS Comédie d'ARTUS (FR-2024)

Un p'tit truc en plus est une comédie française réalisée par Artus et sortie en 2024. Il s'agit du premier long métrage réalisé et écrit par l’humoriste.

Résumé

Quand le film commence Paulo (Artus) et son père surnommé « La Fraise » (Clovis Cornillac) sont en train de commettre un casse dans une bijouterie. Pour échapper à la police, ils montent dans un car qui emmène des handicapés en vacances dans le Vercors.

Alice (Alice Belaïdi), la responsable du centre, qui attendait un handicapé retardataire du nom de Sylvain, croit que Paulo est celui qu’elle attendait. Paulo (sous le nom de Sylvain) monte alors dans le car, accompagné par La Fraise qui se fait passer pour son accompagnateur.  À la suite d’une confusion, les pensionnaires renommeront La Fraise « Orpi ».

Arrivés sur place, Alice apprend que le propriétaire du gîte a décidé d’augmenter le loyer pour l’année suivante et qu’elle sera obligée de renoncer à y retourner alors que les pensionnaires y sont très attachés. Parallèlement, elle se débat avec un problème personnel, tiraillée entre partir avec son copain qui veut s’expatrier aux USA ou rester avec ses pensionnaires auxquels elle est très attachée. Les essais de Paulo (connu maintenant sous le nom de Sylvain) pour se faire passer pour un handicapé, s’ils trompent les encadrants, sont vite battus en brèche par les handicapés eux-mêmes. Quant à La Fraise, devenu Orpi, il accepte de jouer le rôle d’un éducateur en attendant de trouver une solution à leur cavale.

Méprisant tour d’abord pour ces handicapés, Paulo et La Fraise finissent par les apprécier. Inversement, ils sont acceptés par les pensionnaires.

Distribution

  • ·         Marc Riso : Marc
  • ·         Céline Groussard : Céline
  • ·         Gad Abecassis : Gad
  • ·         Ludovic Boul : Ludovic
  • ·         Stanislas Carmont : Alexandre
  • ·         Marie Colin : Marie
  • ·         Thibaut Conan : Thibaut
  • ·         Mayane-Sarah El Baze : Mayanne
  • ·         Théophile Leroy : Baptiste
  • ·         Arnaud Toupense : Arnaud
  • ·         Sofian Ribes : Soso
  • ·         Boris Pitoeff : Boris
  • ·         Benjamin Vandewalle : le vrai Sylvain

Mon opinion

 Ce film est peut-être une comédie sans prétention mais il fait du bien, à l’instar d’Intouchables ou de Hors normes qui traitaient, l’un, de handicap physique, l’autre de handicap mental. Mais, à la différence d’Intouchable où François Cluzet jouait (avec talent) un handicapé qu’il n’était pas ou dans de nombreux autres films par ailleurs réussis (plusieurs bons films sur l’autisme comme Le cerveau d’Hugo, Sam I am Sam, Simple ou les magnifiques Rain man et Forrest Gump , pour ne citer que ceux-là), ce sont des acteurs qui jouent le rôle de handicapés. C’est pourquoi on doit féliciter Artus d’avoir « osé » (le mot est justifié) mettre en scène de véritables handicapés avec leurs faiblesses, mais surtout à nous avoir montré leur « P’tit truc en plus », leur gentillesse, leur force, leur joie de vivre, leur sens de l’humour et… leur intelligence.

J’ai eu la surprise, moi qui vais beaucoup au cinéma, de trouver pour une fois une salle pleine, avec des spectateurs de tout âge et de toutes conditions, et nous avons tous ri aux situations cocasses et aux dialogues du film. Depuis, j’ai appris que le film avait, en 15 jours de programmation, dépassé les deux millions d’entrées, et qu’il était même en tête du box-office, loin devant des films pourtant à l’affiche depuis plus longtemps que lui.  Bravo Artus qui s’est vu refuser, pour lui et ses comédiens « handicapés » d’être habillé, comme les « stars du tapis rouge » par les grandes marques de luxe. Telerama aussi a fait la fine bouche. Gageons que tous, devant le succès public du film, changeront vite. Bravo à la région Auvergne Rhône-Alpes d'avoir aidé le film à se réaliser dans les très beaux paysages du Vercors et de St. Laurent-en-Royans. 

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> Sur l'autisme

dimanche 18 février 2024

DAAAAAALI ! Film de Quentin DUPIEUX (FR-2024)1

 


Daaaaaalí ! est un film parodique français écrit et réalisé par Quentin Dupieux a été présenté en avant-première à la Mostra de Venise 2023, avant sa sortie en salles en février 2024.

Résumé

Judith (Anaïs Demoustier), une journaliste débutante a décidé d’interviewer Salvador Dalí. La 1ère rencontre, dans un hôtel anonyme, tourne court car Dali s’attendait à être filmé. Après avoir vu Jérôme (Romain Duris) et lui avoir fait part des exigences de Dali, celui-ci accepte de tourner un documentaire sur le peintre. Mais la 2ème rencontre, à Port Lligat, ne se passe pas mieux que la première, Dali, qui a voulu aller jusque sur la plage en Rolls Royce, percutant la caméra. Après maints refus, Judith s’entête et parvient enfin à décrocher une 3ème interview.

A cette trame se mêlent les différents personnages que joue Dali, incarné alternativement par sept acteurs, Edouard Baer, Jonathan Cohen, Gilles Lellouche, Pio Marmaï, Didier Flamand (Dali âgé), Jean-Marie Winling et Boris Gillot… sous le regard glacé de Gala (Catherine Schaub-Abkarian).     

Mon opinion

Je n’avais jamais vu auparavant de film de Quentin Dupieux et je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. Cependant, ayant lu et entendu deux ou trois critiques, je savais qu’on devait se préparer à voir quelque chose de particulièrement décalé et d’inclassable et je n’ai pas été déçu. J’ai même adoré. Le réalisateur a réussi son pari là où un biopic conventionnel serait tombé à plat. A travers cette brochette d’acteurs (le meilleur étant sans conteste Edouard Baer), il a su rendre la multiplicité des personnalités de ce génie (génialement fou ou fou génial) total qu’était Dali. Le film aurait pu s’intituler « Dali dans le miroir » tant les scènes surréalistes et oniriques se succèdent, désarçonnant le spectateur (qui en redemande) par des boucles temporelles inspirées de l’absurde, du surréalisme ou du rêve.

Dans le même esprit, vous pourriez voir : 

jeudi 25 janvier 2024

BONNARD, PIERRE ET MARTHE Biopic de Martin PROVOST (FR-2024)

 


Bonnard, Pierre et Marthe est un biopic français réalisé par Martin Provost, sorti sur les écrans en 2024. 

Présentation

Le film commence avec la rencontre du peintre Bonnard (interprété par Vincent Macaigne) et de celle qui deviendra sa muse et sa compagne, Marthe (Cécile de France). L’aisance venue, ils achètent une maison à la campagne en bord de Seine qu’ils appellent La Roulotte et y mènent pendant plusieurs années une vie de bonheur et d’insouciance, y recevant dans leur thébaïde d’autres peintres, comme Claude Monet (André Marcon) et son épouse, Alice, venus en barque de Giverny, les Nabis comme Paul Signac, Vuillard (Grégoire Leprince-Ringuet), Maurice Denis, Paul Sérusier, etc. et des amis comme Misia (Anouk Grinberg), Thadée Natanson (Stanislas Mehrar), etc.  

En 1900, après plusieurs années de vie commune, Bonnard se lasse de Marthe et trouve en une élève des beaux-arts, Renée Monchaty (Stacy Martin), devenue son modèle et sa maîtresse, une inspiration nouvelle. Sous le prétexte d’assister à la prise de fonction d’une institution culturelle d’un de ses neveux à Rome, il part avec Renée dans l’idée de l’épouser alors qu’il a toujours refusé d’épouser Marthe

Marthe ne supporte pas cette trahison et, de rage, détruit tous les tableaux et toutes les esquisses qu’avait laissées Bonnard en partant et, comme un exutoire, elle se met à peindre.

Mais arrivé à Rome, Bonnard, se sentant piégé dans une vie bourgeoise qu’il abhorre, abandonne Renée à trois jours du mariage pour revenir auprès de Marthe et accepte de l’épouser en 1925.

Pierre Bonnard apprendra le suicide de Renée à Paris lors de l’exposition des œuvres de Marthe à la galerie Eugène Druet.

Ils resteront ensemble une 50e d’années jusqu’à la mort de Marthe, en 1942, alors qu’elle souffre de démence ou d’Alzheimer, à la villa Le Bosquet au Cannet, où ils s’étaient réfugiés lors de la déclaration de guerre en 1939.

A son tour, après avoir retouché encore une fois sa dernière peinture, l’Amandier en fleur, un arbre sous lequel Marthe aimait aller lire, Pierre Bonnard s'éteint, le 23 janvier 1947. 

Mon opinion

J’ai trouvé ce film très beau, même s’il fait beaucoup de raccourcis et quelques impasses sur certains aspects plus sombres de la vie du peintre. Vincent Macaigne, qui a abandonné, pour une fois, son côté négligé, est méconnaissable dans le rôle de Bonnard, mimant à la perfection le regard constamment étonné, décrit par ses portraits de l’époque, qu’avait le peintre derrière les lunettes cerclées de métal. Son amour de la liberté, sa passion pour la nature, inspirent son œuvre, colorée, lumineuse, qui le feront qualifier de « peintre du bonheur ». Quant à Cécile de France, elle incarne une superbe Marthe, à mi-chemin de la nymphe et de la naïade et le film nous donne plusieurs fois l’occasion d’apprécier sa plastique parfaite. Elle est nettement moins crédible lorsqu’on la voit acariâtre et âgée.  

De ce réalisateur, j'avais déjà apprécié :

- Sage femme, avec Catherine Deneuve, Catherine Frot et Quentin Dolmaire (2017) 

Si vous aimez les biopics de peintres, regardez : 

- Renoir de Gilles Bourdos (2013) avec la magnifique performance de Michel Bouquet.  

vendredi 3 novembre 2023

SECOND TOUR film d'Albert DUPONTEL (FR-2023)

 


Second Tour est un film français écrit et réalisé par Albert Dupontel, sorti en 2023.

Résumé

Nathalie Pove (Cécile de France), journaliste politique placardisée, avec son cameraman Gustave Clément (Nicolas Marié) après avoir réalisé une enquête à charge contre l’un des actionnaires de la chaîne qui l’emploie (on pense de suite à un certain Bolloré). Par une succession d'évènements, elle se trouve à être la seule journaliste à pouvoir couvrir la candidature à la présidentielle de Pierre-Henri Mercier (Albert Dupontel). Ce dernier est, bien qu’inconnu du monde politique, le favori de l'élection. Curieusement, alors qu’il a, en tant que brillant économiste, plutôt défendu des thèses de gauche, il est soutenu par le grand capital, en particulier par sa mère, la redoutable et richissime Mme. Mercier (Catherine Schaub-Abkarian).

Se doutant qu’il y a anguille sous roche, Nathalie et Gustave enquêtent en secret su ce candidat atypique et découvrent que Mercier s’est secrètement entouré de personnalités très critiques vis-à-vis de la société et peu appréciés de la classe qui soutient le candidat, comme le professeur Jacob (Christiane Millet), le professeur Curiepe (Jackie Berroyer) ou le juge Renaud (Renaud Van Ruymbeke). Par ailleurs, ils constatent que ce dernier et son inquiétant garde du corps, Lior (Uri Gavriel) tiennent des conciliabules en roumain.  

En fait on découvre que si Mercier fait apparemment une campagne qui va dans le sens de ses commanditaires, son but, une fois élu, est d’appliquer un programme révolutionnaire, social et écologiste, qui ne peut être du goût de la classe qui le porte au pouvoir.

Mais Nathalie et Gustave ne sont pas les seuls à avoir compris quel était le but véritable du candidat et il sera la cible de ses soi-disant amis qui feront tout pour l’éliminer et seront à deux doigts de réussir, sans la présence d’un joker, le frère jumeau de Pierre-Henri.

Mon opinion     

Brouillon et néanmoins brillant, on retrouve dans ce film la patte de Dupontel, ce côté déjanté et contestataire que l’on avait beaucoup apprécié dans Adieu les cons (2020). Ce film, au montage hâché et aux images kaléidoscopiques, est, à mon goût, un peu moins réussi que son aîné. On comprend le propos ambitieux et sympathique de Dupontel, qu'on ne peut qu'applaudir quand il tourne la politique et ses sordides magouilles en dérision, mais avec un scénario moins tiré par les cheveux, il n’aurait eu que plus de poids. Cécile de France et Nicolas Marié (dont nous avions déjà apprécié le talent comique dans Adieu les cons), nous font bien rire, même s'ils en font parfois un peu trop. Saluons aussi la musique de Christophe Julien (qui avait aussi composé la musique de deux autres films de Dupontel, Adieu les cons et Au-revoir là-haut, mais aussi celle du Goût des Merveilles), qui souligne magnifiquement les instants de poésie du film.  

mercredi 19 juillet 2023

LOVE ADDICT comédie de Frank BELLOCQ (FR-2018)

 Vu à la télévision


Love Addict est une comédie française réalisée par Frank Bellocq et sortie en 2018.

Présentation

Gabriel (Kev Adams) est un « love addict », un amoureux compulsif des femmes. Il vit chez son oncle Joe (Marc Lavoine), qui a été lui-même un amoureux compulsif et en a perdu le seul amour de sa vie, ce dont il ne se remet pas. L’addiction de Gabriel – car c’est une vraie addiction – lui rend la vie impossible, aussi bien sur le plan personnel que professionnel et il décide de s’adresser à une agence professionnelle. Il décide alors d'avoir recourt aux services d’une agence de « minder » censée lui permettre de se guérir et d’avoir une vie normale. Il rencontre alors son coach personnel, Il ne s’attendait pas à ce que l’agence lui propose de se faire « soigner » par une jeune et jolie femme, Marie-Zoé (Mélanie Bernier).

Mon opinion

Avec un scénario aussi mince, on aurait pu s’attendre au pire. Certes, ce n’est pas un film inoubliable, loin de là, mais un sympathique divertissement grâce à la fraîcheur de Kev Adams et surtout de Mélanie Bernier, que j’ai découverte à cette occasion. Par contre on pouvait se passer du personnage joué par Marc Lavoine et plus encore de celui de Martha (Julie Gayet), venus en touristes. 

dimanche 28 mai 2023

VALERIAN ET LA CITE DES MILLE PLANETES Film de S-F de Luc BESSON (Coproduction internationale - 2017)

 

Vu à la télévision

Valérian et la Cité des mille planètes est un film de science-fiction franco-sino-belgo-germano-émirato-américano-canadien écrit, produit et réalisé par Luc Besson, sorti en 2017. C'est une adaptation libre de l'univers de la série de bande dessinée française Valérian et Laureline, dessinée par Jean-Claude Mézières et scénarisée par Pierre Christin. Le titre du film fait référence au deuxième album, L'Empire des mille planètes, paru en 1971, mais reprend principalement la trame du sixième album, L'Ambassadeur des Ombres, paru en 1975.

Résumé

Nous sommes en 2740. Les agents spatiotemporels Valérian (Dane DeHaan) et Laureline (Cara Delevingne) sont en repos. Valérian rêve d'un monde inconnu peuplé d'êtres anthropomorphes qui vivent sur une planète couverte d’océans appelée Mül. Vivant dans un état d’harmonie, ils recueillent des perles dotées de propriétés insolites que de petits animaux répliquent, ces répliques étant versées dans un puits lors d'un rituel de remerciements à la Nature. Cette scène idyllique est interrompue par la vision de vaisseaux spatiaux qui s’écrasent sur la planète, provoquant une catastrophe dont seuls quelques survivants échappent. Valérian se réveille troublé par ce rêve dont il ne sait pas s’il provient de son imagination ou est un reflet d’une réalité. Il commence à le raconter à Laureline mais ils sont brusquement interrompus : on leur donne l’ordre de partir en mission afin d’intercepter la vente sur le marché noir d’un artefact volé, le « répliquant » de la planète Mül dont il avait rêvé. Arrivé sur la planète Kirian, Valérian se confronte avec le trafiquant, lui vole le réplicateur. Poursuivi, Valeroan et Laureline parviennent à s’enfui et à rejoindre leur vaisseau.

Mon opinion

Amateur de science-fiction, j’avais toujours rêvé qu’un jour soit adapté au cinéma l’univers particulier de Mézières et Christin et de ses deux héros, Valerian et Laureline. C’est pourquoi, je me faisais une joie de voir cette réalisation de Luc Besson, bien que j’aie, par le passé, été échaudé par plusieurs de ses productions. Cependant, je m’attendais à mieux pour Valerian, surtout avec un film dont le budget pharamineux (197 millions d'euros, film français le plus cher de tous les temps !) Malheureusement on doit, pour ce film, reconnaître une fois de plus que « l’argent ne fait pas le bonheur », en tout cas pas le mien. En consultant les critiques qui en ont été faites, je constate que je ne suis pas le seul à avoir détesté ce film puisque, sur le plan commercial, il aura été un échec tel qu’il a entraîné la chute de l’empire Besson, sa société EuropaCorp, ayant dû être mise en 2019, en procédure de sauvegarde, et vendue en 2020, principalement à cause de ce film. Sur le plan purement cinématographique, ce film est une catastrophe, tant au niveau du scénario, incompréhensible, que de la réalisation brouillonne et noyée d’effets spéciaux illisibles, sans parler des deux « héros », les deux acteurs choisis pour incarner Valerian et Laureline, DeHaan, aussi peu expressif qu'un bout de bois, Cara Delevingne, aimable comme une porte de prison, les deux manquant particulièrement de charisme. On a du mal à croire qu’avec un tel budget Besson ait pu réaliser un film aussi mauvais !  Du sous Star Wars !

mardi 25 avril 2023

LA PLUS BELLE POUR ALLER DANSER Comédie de Victoria BEDOS (FR-2023)

 


La Plus Belle pour aller danser est une comédie française réalisée par Victoria Bedos sortie en 2023.

Résumé

Dans une pension de famille pour personnes âgées tenues par son père Vincent Bison (Philippe Katherine), Marie-Luce (Brune Moulin) est une jeune fille de 14 ans timide et mal dans sa peau. Quand, à la rentrée, elle intègre un nouveau lycée, elle flashe sur Emile (Loup Pinard), qui ne la remarque pas jusqu’au moment où elle s’invite à une soirée, déguisée en garçon sous le prénom de Léo. Le mystérieux Léo devient alors la coqueluche du lycée et Emile la (le) trouve soudain à son goût. L’innocent stratagème de Marie-Luce marche trop bien et elle se retrouve prise à son propre piège, amoureuse d’un garçon qui aime les garçons.

Mon opinion

Plus sensible qu’il n’y paraît, cette sympathique comédie explore la psychologie des adolescents qui hésitent souvent sur leur sexualité. Il n’y a rien de glauque dans ce film qui est drôle dans être vulgaire et démontre combien les préjugés sont stupides. La jeune actrice est étonnante de fraîcheur et est tout aussi juste en fille qu’en garçon. Philippe Katherine incarne un papa dépassé et touchant dans ses efforts pour comprendre sa fille dont, comme beaucoup de parents, il n’a pas mesuré qu’elle est devenue une femme. Très beau rôle aussi pour Pierre Richard qui ne nous déçoit jamais. La bande son, délicieusement nostalgique, outre la chanson de Sylvie Vartan à laquelle est emprunté le titre du film, nous permet d’entendre en fond sonore des tubes des années 60.    

  

jeudi 20 avril 2023

DE GRANDES ESPERANCES Film de Sylvain DESCLOUS (FR-2023)

 


De grandes espérances est un film français réalisé par Sylvain Desclous, sorti en 2023.

Résumé

Madeleine Pastor (Rebecca Marder), jeune et brillante diplômée de Sciences Po Lyon, se présente à l’ENA. Pendant l’été 2019, elle se prépare à l’oral dans la maison que les parents d’Antoine (Benjamin Lavernhe) louent en Corse.

Alors qu’ils sont en balade sur une petite route de Corse, Antoine qui conduit, s’engueule au téléphone avec son père et, énervé, veut doubler un pick-up qui, selon lui, roule trop lentement. En le croisant, il fait au conducteur, un doigt d’honneur.

Le conducteur les double et s’arrête devant eux. Le ton monte et, voyant Antoine menacé, Madeleine se saisit de la carabine de leur agresseur, tire, le blessant mortellement. Affolés, après avoir abandonné le corps et caché l’arme dans la forêt, les deux jeunes gens gardent le silence sur ce qui s’est passé. Rongés par la culpabilité, tous deux ratent leur entrée à l’ENA et se séparent.

Malgré cet échec, Madeleine, repérée pour ses qualités par la députée Gabrielle Dervaz (Emmanuelle Bercot) est embauchée comme attachée parlementaire alors qu’Antoine, pistonné par son père, entre au cabinet de Peltier, le ministre du travail, chacun travaillant dans un camp opposé.

Mais l’enquête de police se resserre autour des deux coupables et, pour se venger d’avoir été repoussé par Madeleine, Antoine, et pour se dédouaner, la dénonce. Madeleine, aussitôt incarcérée, est immédiatement licenciée par sa députée qui vient d’être nommée ministre. De la prison, elle reste néanmoins « professionnelle », plus obnubilée par le projet de loi progressiste sur lequel elle a travaillé que sur sa propre défense.

Mais lors de la reconstitution sur les lieux du drame, ouvrant enfin les yeux sur la lâcheté de son ex-amant, elle le charge Antoine qui, malgré toutes les protections dont il dispose, se retrouvera dans la position inconfortable d’accusé.

Mon opinion    

Avec ce film, on n’est pas dans Dickens, dont j’ai commenté deux des adaptations qui en ont été faites, que ce soit celle très libre mais que j’ai personnellement trouvée très réussie d’Alfonso Cuaron avec Ethan Hawke et Gwyneth Paltrow (1998), ou celle, fidèle au texte, de Brian Kirk, avec Douglas Booth (2011). De grandes espérances de Sylvain Desclous, dont ce n’est que le 3ème long métrage, est très éloigné de l’œuvre originale mais c’est un excellent thriller politique qui, bien que tourné en 2019, résonne de manière aiguë avec notre actualité : en découvrant les personnages, on ne peut s’empêcher de penser à certains hommes (ou femmes) politiques venus de la gauche qui ont trahi leurs idées et leur camp pour un poste (même éphémère) de ministre. Rebecca Marder, que j’avais découverte dans le rôle d’avocate dans le génial film de François Ozon, Mon crime, est parfaite en ambitieuse élève de l’ENA qui est bien la seule à rester fidèle à ses idées, même si l’on comprend, lorsqu’elle reçoit le stylo Bic quatre-couleurs, qu’elle a toujours la confiance de sa patronne. Bien entendu, ne comprendront cette allusion que ceux qui auront vu le film…   

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samedi 1 avril 2023

SUR LES CHEMINS NOIRS Film de Denis IMBERT (FR-2023)



Sur les chemins noirs
est un film français réalisé par Denis Imbert, sorti en 2023. Il s'agit de l'adaptation du récit autobiographique du même nom de l’écrivain-explorateur Sylvain Tesson.

Résumé

Pierre (Jean Dujardin) fête la sortie de son dernier livre lors d’une soirée arrosée. Ivre, il veut épater son éditeur en passant par le balcon de sa chambre d’hôtel et il tombe huit mètres plus bas et s’écrase sur le goudron. Gravement blessé, à la tête, au thorax, aux jambes et à la colonne vertébrale, il pense ne jamais pouvoir remarcher et se fait la promesse que, s’il s’en sort, il traversera la France, du sud-est à l’ouest en prenant les « chemins noirs », des chemins non-balisés, des chemins de traverse...

Le film raconte ce difficile « road-movie », des Alpes-Maritimes à la Manche, pendant lequel l’écrivain se reconstruit en surmontant ses difficultés physiques.

Mon opinion 

J’avais entendu plusieurs interviews de Jean Dujardin parler de ce film qui m’avait donné envie de le voir. Moi qui ai marché jusqu’à St. Jacques-de-Compostelle, je pensais y retrouver certaines des impressions que j’y ai ressenties. Or, la sauce ne prend pas. Cette succession de belles images n’est pas suffisante pour faire un bon film.  Est-ce dû au choix de l’acteur, au montage erratique, au sujet, aux textes verbeux  - qui sont ceux de Sylvain Tesson - dont nous accompagne cette errance ?... Je ne sais pas, mais ça ne fonctionne pas. On reste extérieur aux états d’âme du héros. Les quelques rencontres qui auraient pu donner lieu à des échanges intéressants (celle avec le jeune Dylan) ne sont pas exploitées comme elles auraient pu l’être. L’ensemble dégage de l’ennui et, malgré la remarquable prestation de Jean Dujardin, on s’ennuie, attendant avec impatience la fin d’un film qui n’est pourtant pas très long (93 petites minutes).   

mercredi 14 septembre 2022

LE TIGRE ET LE PRESIDENT film de jean-Marc PEYREFITTE (FR-BE 2022)


Le Tigre et le Président
est un film franco-belge réalisé par Jean-Marc Peyrefitte et sorti en 2022.

Résumé 

Le film se déroule en janvier 1920. Paul Deschanel (Jacques Gamblin) se présente à la présidence de la République contre Georges Clemenceau (André Dussolier), le « Père de la victoire », qui était pourtant le grand favori, et est élu, à la grande surprise de ses adversaires.  Clemenceau est meurtri par cette défaite à laquelle il ne s’attendait pas au profit d’un homme inconnu du grand public, qui se définit comme un républicain progressiste aux idées novatrices : décentralisation, vote des femmes, élection du président au suffrage universel, impôt sur le revenu, mesures sociales, etc. Il se démarque surtout de ses prédécesseurs qui se sont félicités des termes du Traité de Versailles condamnant l’Allemagne à de lourds dommages de guerre, craignant que ceux-ci n’aient pour conséquence une nouvelle guerre, ce en quoi il avait, hélas, entièrement raison.

Mais Deschanel doit bien vite déchanter car la constitution de la 3ème République ne donne que peu de pouvoirs au président et il se trouve confronté à l’immobilisme de la chambre et à la farouche opposition des forces conservatrices qui ne veulent pas de ses mesures progressistes. Epuisé par les voyages de représentation que lui impose sa charge, il bascule dans la dépression et les crises d’angoisse. C’est alors que, le 23 mai 1920, lors d’un voyage en train de nuit qui l’amenait à Montargis, il tombe du train en voulant ouvrir une fenêtre. On ne saura jamais la cause de cet accident, heureusement sans gravité : somnambulisme ? syndrome d’Elpénor ?

A partir de là, ses détracteurs s’en donnent à cœur joie, s’appuyant sur une presse satirique sans pitié qui en font un fou ou un suicidaire, et le poussent à la démission qui sera effective le 21 septembre. Il ne sera resté président que sept mois. 

Mon opinion

Malgré une brillante distribution (André Dussolier, Jacques Gamblin, dans les rôles principaux mais aussi Christian Hecq, de la Comédie Française, dans le rôle de Millerand, Anna Mouglalis, etc.), j’ai été très déçu par ce film. Le réalisateur, qui n’avait jusque-là produit que des courts métrages ou des clips publicitaires, qui n’avait visiblement pas les épaules pour un film aussi ambitieux, s’est laissé dépasser par son sujet, préférant ridiculiser ses personnages plutôt que de tenter une réhabiliation d'un président maltraité par l'histoire et d'une période-charnière autrement plus passionnante. que ce que l'on nous montre.   

lundi 25 juillet 2022

GIORGINO Film de Laurent BOUTONNAT (FR-1994)

 


Giorgino est un film français réalisé par Laurent Boutonnat, sorti le 5 octobre 1994. Il en a aussi composé les musiques. 

Résumé

Nous sommes en octobre 1918. A la fin de la guerre, Giorgio Volli, dit Giorgino (Jeff Dahlgren), un jeune médecin, revient dans le village où il s’était occupé des enfants d’un orphelinat. La région est perdue, l’orphelinat, entouré de marécages et cerné par les loups, a été vidé de ses occupants et est abandonné : Giorgino cherche à savoir ce que sont devenus les enfants qui ont disparu dans des conditions mystérieuses mais il se heurte à l’hostilité et au silence des habitants. Son guide dans cette quête prendra le visage de Catherine (Mylène Farmer), une jeune femme dont on ne sait si elle existe vraiment et qui entraînera à son tour Giorgino vers la folie et la mort...

Autour du film

 Cette œuvre a permis à la chanteuse MylèneFarmer de faire ses débuts au cinéma dans le rôle de Catherine. Le rôle de Giorgino est tenu par un chanteur américain, Jeff Dahlgren, dont c’était aussi le premier rôle.

Le tournage en décors naturels s’est déroulé en Slovaquie dans des conditions particulièrement difficiles, avec une distribution internationale parmi laquelle on compte Jean-Pierre Aumont dont ce fut le dernier film et Albert Dupontel, Christopher Thompson, ou encore Joss Ackland et Frances Barber.

Le film a été un échec commercial retentissant : le budget dépensé (12 millions d’euros) a été colossal mais n’a pas suffi à faire le succès du film qui n’a pas trouvé son public, en raison de sa longueur (plus de 3 H) et de sa trop grande noirceur. Laurent Boutonnat, très affecté par le flop d’une œuvre qu’il portait depuis les années 1970 et auquel il croyait, ne retentera pas de nouvelle réalisation avant Jacquou le Croquant en 2007, plus classique, qui eut, heureusement, plus de succès.

Mon opinion

Sombre, très sombre, comme la plupart des clips de Mylène Farmer réalisés par Laurent Boutonnat, on retrouve dans ce film un grand nombre des obsessions de la chanteuse et de son complice, le froid,  la nuit, l’enfance maltraitée, la mort, la folie… Pas vraiment gai, mais empreint d’une poésie désabusée, réalisé avec une lenteur assumée qui peut lasser mais qui ajoute à la nostalgie se dégageant des paysages enneigés, des mouvements de la caméra, de l’éclairage qui rappelle certaines scènes filmées à la bougie de Barry Lyndon, de Stanley Kubrick, dont Boutonnat est un admirateur, cette réalisation ne laissera pas indifférent.    

jeudi 21 juillet 2022

PETER VON KANT de François OZON (FR-2022)

 


Peter von Kant est un film français écrit, produit et réalisé par François Ozon, sorti en 2022. Il s'agit de l'adaptation de la pièce de théâtre Les Larmes amères de Petra von Kant (Die bitteren Tränen der Petra von Kant) de Rainer Werner Fassbinder, déjà portée à l'écran dans un film sorti en 1972. Le film fait l'ouverture de la Berlinale 2022.

Résumé

Dans la pièce originale, l’héroïne était une femme, Petra von Kant, une créatrice de mode, veuve de son premier mari et divorcée du deuxième, qui vivait avec une styliste qu'elle maltraite. Petra s'éprend de Karin, une jeune femme d'origine modeste, interprétée par Hannah Schygulla, à qui elle promet une carrière de mannequin mais qui, une fois ses objectifs atteints, l’abandonne.

Pour cette transposition, Ozon s’est inspiré de la propre vie de Fassbinder, grand cinéaste et metteur en scène de théâtre allemand, décédé tragiquement en 1982 à l’âge de 37 ans. Peu avant sa mort, il travaillait à deux films, Querelle, d’après Jean Genet, et un film où Romy Schneider devait tenir le rôle principal. Mais le film n’a pu se faire à cause de la mort de la star qui précéda de douze jours celle de Fassbinder. Le film d’Ozon est bourré de clins d’œil à Fassbinder, notoirement homosexuel, avec rappels à Romy Schneider dont Isabelle Adjani (Sidonie) incarne en quelque sorte une troublante doublure, et surtout Hannah Schygulla, son actrice fétiche avec qui il avait tourné une 20e de films. Elle joue ici le rôle de la mère de Peter, Rosemarie.   

Dans les années 1970 à Cologne, Peter von Kant (Denis Ménochet) est un réalisateur célèbre d'une quarantaine d'années qui habite avec son assistant-secrétaire et homme à tout faire, Karl (Stefan Crepon), qui lui est totalement dévoué et qu’il traite avec mépris. Peter sort à peine d’une séparation lorsqu’il reçoit la visite de Sidonie (Isabelle Adjani), une actrice avec qui il a travaillé autrefois, qui se la joue grande star mais qui n’a plus de propositions et compte sur Peter pour relancer sa carrière. Lors de cette visite, elle est accompagnée d’Amir (Khalil Ben Gharbia), un heau jeune homme, dont Peter tombe instantanément amoureux et auquel il propose le rôle principal dans son prochain film. Mais l’idylle ne va pas durer. Une fois lancé, Amir se révèle être un intrigant sans scrupule qui le trompe allègrement. Après une violente dispute, Amir s’en va. Peter plonge alors dans une dépression profonde et noie son chagrin dans la drogue et l’alcool. Après un malaise dû à ses excès, et le départ de Karl qui se rebelle enfin contre son despotisme, il se retrouve seul, avec sa mère pour seul soutien.

Mon opinion

Je ne peux pas dire que j'ai été séduit par le dernier film de François Ozon dont, pourtant, j'ai aimé la plupart de la production, très différente, d'un film à l'autre (voir mes critiques précédentes : Huit femmes, Potiche, Dans la maison, Frantz, Grâce à dieu...) Même si je comprends son propos et ai trouvé remarquables tous les acteurs qui se trouvent piégés dans ce huis-clos malsain, je n'ai pas accroché avec ce qu'il est difficile de qualifier "drame" quelque chose qui relève plutôt, à mon sens, de la tragi-comédie ou de la parodie. Je ne connais pas bien l'oeuvre de Fassbinder et pas du tout la pièce de laquelle a été adapté ce film et je ne peux donc comparer les mérites des unes et de l'autre. Mais j'ai eu du mal a entrer dans ce film. J’ai retrouvé avec plaisir Khalil Ben Gharbia, que j’avais beaucoup aimé dans le personnage de Bilal dans la websérie Skam France. Quant à Isabelle Adjani, j’ai beaucoup admiré son fair-play dans un rôle où on sent qu’elle a pris plaisir à surjouer une star dont l’éclat s’est terni. Il faut être une grande actrice pour accepter de se dévaloriser ainsi.   

vendredi 25 mars 2022

GOLIATH Film réalisé par Frédéric TELLIER (FR-2022)

 


Pour mon retour au cinéma après plusieurs mois d'absence dus à la crise sanitaire, je suis allé voir Goliath. 

Il s'agit d'un film français coécrit et réalisé par Frédéric Tellier sorti en 2022. Il raconte une enquête fictive sur les pesticides. Frédéric Tellier avait aussi réalisé le beau film Sauver ou périr dont Pierre Niney incarne un pompier de Paris défiguré lors d'une intervention. 

Résumé

Mathias (Pierre Niney) est un jeune lobbyiste sans foi ni loi au service de Phytosanis, une puissante multinationale agrochimique qui s’apprête à faire renouveler l’autorisation de l’un de ses pesticides-phare, la Tétrazine, par la Commission européenne.

En face de lui se dresse Patrick (Gilles Lelouche), un avocat honnête qui défend les intérêts des victimes de ce même produit, largement utilisé par les agriculteurs.

Mon opinion

Goliath, ce sont les multinationales chimiques qui mènent le monde contre lesquelles tente de lutter un avocat intègre et fatigué (Gilles Lelouche) avec des armes dérisoires. Le film, passionnant comme un thriller, nous fait entrer de plain-pied dans le monde secret des lobbyistes.  Bien que les noms de l’entreprise et du pesticide soient fictifs, on reconnaîtra aisément plusieurs scandales récents, en  particulier celui de la prolongation de l’utilisation du glyphosate par Monsanto/Bayer ou les différentes affaires liées à d’autres pesticides, notamment employés dans l’agriculture, que ce soit celui du chlordécone, largement utilisé pour la culture du bananier aux Antilles, ou celui lié aux « enfants nés sans bras ».  Pierre Niney, qui est un acteur que j’adore, joue avec maestria un carriériste cynique alors que Gilles Lellouche est ici le "David" (du "David contre Goliath"), un avocat engagé dans une cause qui le dépasse. Même si le film est une fiction, on y apprend cependant beaucoup sur ce monde de la haute finance au service d’entreprises gérées comme des mafias par des gens sans scrupules obnubilés par le profit et les dividendes. 

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mercredi 2 février 2022

CLOCLO Biopic de Florent-Emilio SIRI (FR-B 2012)

 


Cloclo est un biopic sur le chanteur Claude François écrit et réalisé par Florent-Emilio Siri, sorti en 2012.

Résumé

Le film commence à Ismaïlia en Egypte où naquit Claude François (c’est son vrai nom) en 1939. Son père était employé par la compagnie du Canal de Suez et sa famille menait un train de vie aisé jusqu’en 1956 où elle est expulsée d’Egypte suite à l’affaire de l’annexion du Canal de Suez par Nasser. Fuyant le pays en catastrophe, les François débarquent à St. Nazaire d’où ils regagnent Paris puis Monaco où ils se retrouvent dans la misère. En 1958, bravant l’autorité de son père qui voudrait faire de lui un comptable, le jeune Claude monte un petit orchestre et se produit au Sporting-Club de Monaco. Ayant rencontré une jeune danseuse d’origine anglaise, Janet Woollacott, il l’épouse, là encore contre la volonté de son père.

Monté à Paris, il fait le tour des radios et des maisons de disques. Aucun refus ne le décourage et il fait le siège des producteurs, obtient de petits succès avant que, grâce à la chanson Belles, Belles, Belles ! (adaptée d’un titre américain), il obtienne la notoriété en 1962. Enfin connu, il fait, la même année, la 1ère partie du récital de Dalida à l’Olympia.

Prise en main par l’impresario Paul Lederman (Benoît Magimel), sa carrière démarre alors pour ne plus s’arrêter jusqu’à sa mort tragique par électrocution dans sa salle de bains, le 11 mars 1978, à l’âge de 39 ans.

Mon opinion

Je n’ai jamais été un fan de Claude François, ni de ses chansons, ni de son personnage, mais je dois reconnaître que ce film est une réussite. Jérémie Renier est troublant de mimétisme avec son modèle, d’autant plus que, comme il le reconnaît lui-même, « il ne savait ni chanter, ni danser, ni jouer de la batterie » et qu’il a dû tout apprendre pour le rôle. J’ai trouvé beaucoup d’intérêt à la première partie du film qui nous montre les difficultés dans lesquelles s’est débattu le jeune Claude François, sa volonté farouche de réussir, son culot incroyable , difficultés qui ont sans doute forgé son caractère et sont aussi pour quelque chose dans ce, qu’une fois la gloire atteinte, il est devenu : un personnage toujours insatisfait, coléreux et même tyrannique. Le réalisateur a eu le courage de ne rien nous cacher de cette ambiguïté, jusqu’à son goût pour les très jeunes filles qui le feraient, de nos jours, convoquer devant les tribunaux pour pédophilie.