Le Monde de Nathan (titre
original : X+Y) est un film
britannique réalisé par Morgan Matthews,
sorti au cinéma en 2014. Cette comédie dramatique, qui a pour principaux
interprètes Asa Butterfield, Rafe Spall et Sally Hawkins, est inspirée du documentaire Beautiful Young Minds du même réalisateur, qui est centrée sur un
adolescent anglais souffrant d’autisme léger, nommé Nathan, qui est par
ailleurs un prodige des mathématiques.
L'avant-première du film a eu lieu
au Festival international du film de Toronto le 5 septembre 2014. La première
européenne, s'est faite au Festival du film de Londres le 13 octobre 2014, et
le film est sorti au Royaume-Uni le 13 mars 2015. Il a été sur les écrans en France
à partir du 10 juin 2015 mais il n’a malheureusement pas été programmé dans ma
ville.
Basé sur 33 avis, le site de
critique Rotten Tomatoes annonce une note « 100 % Fresh ».
Résumé
Nathan Ellis (Edward Baker-Close), Nathan à l’âge de 9
ans puis Asa Butterfield pour le
reste du film) est un autiste Asperger. Dès son plus jeune âge, il montre une
attirance pour les chiffres et les formes géométriques. Son père Michael (Martin McCann) qui, ayant compris que
son fils voyait le monde à travers les chiffres, est entré dans son jeu dès son
plus jeune âge, établissant avec lui une formidable complicité dont la mère (Sally Hawkins) se sent exclue car
Nathan refuse tout contact physique avec elle.
Tout se passe aussi bien que
possible jusqu’au moment où, en conduisant Nathan à l’école, Michael meurt dans
un accident de la circulation. Nathan n’est pas blessé mais est couvert du sang
de son père. S’il ne montre aucune émotion au décès de son père, cet événement
dramatique le fait malgré tout un peu plus se refermer sur lui-même.
A son entrée au lycée, le
directeur, décelant en lui des dons spéciaux, le confie aux soins de Martin
Humphreys (Rafe Spall), un
professeur de mathématiques qui a dû quitter l’Université car il est atteint de
sclérose en plaques. Pendant cinq ans, celui-ci développe les dons pour les
nombres de Nathan jusqu’à ce qu’il soit prêt à se présenter aux Olympiades
internationales de mathématiques dans l’équipe de Grande-Bretagne dont une
première sélection se déroule, cette année-là, à Taiwan. Les jeunes gens
prennent l’avion accompagnés par un ex-collègue de Martin Humphreys, Richard (Eddie Marsan), lui-même brillant (mais
fantasque) prof d’université. Pour Nathan, qui n’a jamais quitté le cocon
familial ni ses habitudes et n’a jamais pris l’avion, ce voyage est un
bouleversement total. Lors du séjour de deux semaines à Taiwan, dans un monde
qui lui est encore plus incompréhensible que celui d’où il vient, il va faire
la connaissance de Zhang Mei (Yo Yang),
une jeune prodige des mathématiques, dont il va tomber amoureux, bien qu’il ne
sache pas qualifier un tel sentiment,
De retour en Grande-Bretagne, les
étudiants sont hébergés dans les familles anglaises et le hasard fait qu’il
héberge Zhang Mei. Les deux adolescents se rapprochent mais le handicap de
Nathan, qui le prive de toute empathie et de toute sensibilité, fait qu’il
n’arrive pas à exprimer à Zhang Mei ce qu’il ressent pour elle.
Lors du séjour à Cambridge, Zhang
Mei vient le retrouver dans son lit et ils dorment côte à côte en toute
innocence. Mais au matin, l’oncle de Zhang Mei, qui est aussi le chef de
l’équipe chinoise, les trouve ensemble et entre dans une rage folle contre sa
nièce qui, renonçant à passer les épreuves, repart pour Taiwan. Sur le moment,
Nathan est mal à l’aise mais il ne sait comment réagir. Cependant, dès le début
des épreuves, souffrant de l’absence de Zhang Mei, il quitte précipitamment la
salle d’examens et se réfugie dans un café. Il y est rejoint par sa mère qui,
pendant son séjour en Chine, a pris des cours de mathématiques pour tenter de se
rapprocher de son fils. Lors d’une très belle scène, elle essaie de lui
expliquer les relations amoureuses en termes mathématiques, les seuls qu’il
puisse comprendre.
Dans la dernière scène, on voit
Nathan et Zhang Mei côte à côte dans le train.
Mon opinion sur ce film
Je m’intéresse depuis longtemps à l’autisme
qui est pour moi un mystère comme il l’est pour beaucoup de gens. L’autisme de
type Asperger est sans doute difficile à surmonter pour les personnes qui en
sont atteintes et plus encore pour leur entourage mais il est souvent aussi
porteur d’espoir car les individus qui en sont atteints développent généralement
d’extraordinaires qualités, principalement mathématiques, car leur cerveau
fonctionne comme un ordinateur. Certes le handicap est toujours là mais, si on
les comprend et qu’on les aide à surmonter leurs difficultés relationnelles,
ces qualités que nous n’avons pas peuvent en faire des êtres exceptionnels.
Revenons au film qui, s’il est
romancé, est tout de même inspiré d’un cas réel, comme cela apparaît dans le
bonus annexé au DVD qui, pour une fois, apporte un éclairage très intéressant
sur le tournage.
Je dois dire que, si j’ai eu
envie de voir ce film, c’est surtout parce qu’Asa Butterfield, dont je suis la
carrière depuis son premier rôle au cinéma dans le superbe et traumatisant Legarçon au pyjama rayé (2008), y tient le rôle principal. Aucun autre
acteur n’aurait pu incarner avec autant de justesse un autiste Asperger. Il y
est tout-à-fait extraordinaire, à telle enseigne qu’on pourrait penser qu’il en
est un lui-même. Sa prestation est presque aussi époustouflante, toutes
proportions gardées, que celle d’Eddie Redmayne se coulant dans le corps
déformé de Stephen Hawking dans Une merveilleuse histoire du temps. Les autres
acteurs sont bons, mais sont en quelque sorte mis au second plan par celle d’Asa.
On retrouve avec plaisir Sally Hawkins et Eddie Marsan qui jouaient ensemble
dans le jouissif Be happy de Mike Leigh en 2008, respectivement l’instit
déjantée et l'irascible moniteur d’auto-école. J’ai découvert deux
autres acteurs intéressants, Rafe Spall (le prof de maths atteint de sclérose en
plaques) et Alex Lawther (un des petits génies participant aux Olympiades).
Excellent film, sensible et profond, sur une terrible maladie, difficile à
cerner, mais passionnante à étudier. Dommage qu'au milieu d'une production pléthorique et pas toujours de qualité, il soit passé inaperçu. Un dernier mot sur la musique qui accompagne le film, écrite par un musicien anglais surdoué du nom de Keaton Henson. Etrange et habitée, elle s'accord magnifiquement à l'atmosphère du film.
Sur le sujet de l'autisme, voir aussi :
Bonsoir Roland, concernant Eddie Marsan, il "crève" l'écran dans Une belle fin (ce film est un bijou. Pour Be Happy, Sally Hawkins qui a une voix haut perchée m'a passablement énervée. En revanche, dans Le monde de Nathan, elle est bien. C'est un film au sujet intéressant mais le comportement de Nathan vis à vis de sa mère m'a peinée, il n'est pas gentil avec elle. Je sais que malheureusement, cela décrit une certaine réalité. Bonne soirée.
RépondreSupprimerNathan est autiste. L'autisme se caractérise entre autre par une difficulté à établir des relations "normales" avec son environnement, et surtout avec les autres humains (ils ont beaucoup plus de facilité avec les animaux, en particulier avec les chevaux ou les dauphins). Il est certain que leurs proches souffrent de ce manque d'empathie, de cette impossibilité à communiquer. Cela fait partie intégrante de leur handicap. C'est pourquoi Nathan ne peut pas être "gentil" avec sa mère.
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