dimanche 31 août 2014

GASLAND I et II de Josh Fox (2010-2013)


Gasland est un film documentaire américain sorti en 2010. Écrit et réalisé par Josh Fox, il a pour objet l'impact environnemental et sanitaire de la méthode d'extraction du gaz de schiste par fracturation hydraulique.

Résumé

Un matin, Josh Fox, un jeune directeur de théâtre et réalisateur de documentaires, qui vit dans la maison natale construite par ses parents au milieu des bois de Pennsylvanie, au bord de la rivière Delaware, reçoit une lettre d'une compagnie d'extraction de gaz lui proposant 100 000 dollars contre le droit d'installer des puits de forage sur les dix hectares du terrain familial. 

Surpris, Fox se renseigne alors sur l'exploitation de la formation rocheuse des schistes de Marcellus qui parcourt la Pennsylvanie, l'État de New York, l'Ohio et la Virginie-Occidentale. Josh Fox visite d'abord Dimock (Pennsylvanie), dans une zone d'exploitation du gaz de schiste. Il y rencontre plusieurs familles dont l'eau du robinet peut prendre feu si l'on en approche un briquet. Les habitants y souffrent également de nombreux problèmes de santé et craignent que leur approvisionnement en eau soit contaminé. Le bétail meurt et les nappes phréatiques sont polluées.

Mon jugement sur ce film

Certains vont penser que les Etats-Unis, c’est loin, que ce n'est pas chez nous et que cela ne nous concerne pas. Détrompez-vous car nous sommes tous concernés, particulièrement en France et surtout en Ardèche (mais pas seulement) où nous avons découvert, il y a quatre ans, l’ampleur et la gravité du problème des gaz de schistes.

De ses 200 h d'enregistrement initiales, Josh ne gardera que 100 minutes de film. Celui-ci sera présenté pour la première fois en 2010 au Festival de Sundance et programmé à la télévision sur la chaîne HBO le 21 juin 2010. Après plusieurs extraits mis en ligne sur You Tube et Dailymotion et quelques projections par des associations et des mairies, le film est sorti en salles en France le 6 avril 2011 et, à l'étonnement général, il a été un succès alors que - dieu sait - le sujet n'est pas vraiment "glamour".

Bien entendu, comme on peut s’en douter, Josh Fox a été attaqué de toutes parts pour son film, certains lui reprochant son amateurisme, son manque de connaissances techniques, voire une manipulation pure et simple des images (certains affirment que les images spectaculaires du gaz s'enflammant à la sortie d'un robinet d'évier ou d'un pommeau de douche sont un trucage !!!) Comme on pouvait s'y attendre, le réalisateur a subi des pressions, il a même été physiquement menacé et son nom a été inscrit sur la liste des terroristes (rien de moins !) par le Département d'Etat (l'équivalent de notre Ministère de l'Intérieur).

Au-delà des Etats-Unis, le problème de l'exploitation des gaz de schistes, le secret et le mensonge qui l'entourent, la collusion des compagnies les plus puissantes du monde avec les politiques, touche aussi l'Australie mais aussi la France et, on vient de l'apprendre récemment, la Grande Bretagne. Devant la levée de bouclier dans les principaux pays européens (dont la France), les choses sont au point mort, mais pour combien de temps ?

Si l'on se place sur le plan strict du cinéma, ce film, qui a été nominé aux Oscars, a de grandes qualités qui en font bien plus qu’un simple documentaire. Il se regarde comme un film d'aventure tant ses révélations sont stupéfiantes. Josh Fox, qui est à la fois l'acteur et le réalisateur de son film tourné caméra à l'épaule, a le grand mérite de nous livrer des images brutes, sans montage, qui dégagent une impression de sincérité totale : certains plans sont bougés, d'autres sont flous mais, au moins, ils sont authentiques et la stupéfaction, voire l'émotion saisissent le spectateur mieux que ne sauraient le faire des images travaillées et montées. Nous sommes, avec ce film, très loin des superbes images d'un Arthus-Bertrand ou d'un Jacques Perrin qui, à force d'être esthétisantes en deviennent terriblement ennuyeuses.

Josh Fox met en parallèle les splendides paysages sauvages que l'on peut rencontrer aux Etats-Unis et le désastre écologique provoqué par les compagnies exploitantes. Certaines de ses images sont de la pure poésie et parviennent à déclencher chez le spectateur une empathie avec cette nature magnifique sacrifiée sur l'autel immonde du capital-libéralisme sans entrave ; d'autres provoquent l'incrédulité et la révolte. En tout cas, aucun spectateur, quel qu'il soit, ne pourra rester insensible devant un tel scandale environnemental et humain et se sentira dans l'obligation de réagir et de s'engager pour, du moins, que ce qui s'est produit aux Etats-Unis ne se produise pas en France. En outre, bien que Josh Fox soit lui-même directement impliqué dans son enquête, il parvient aussi à s'en distancier suffisamment et même à plaisanter avec ses interlocuteurs, ajoutant de temps en temps une touche d’humour et un air de banjo qui sont autant de respirations (dans un monde qui sent le gaz) et de signes d'un espoir, même fragile.
Depuis ce 1er film, Josh Fox en a sorti un autre, Gasland II (2013). Le premier film était un constat. Pour le  second, le réalisateur a tiré leçon des critiques qui avaient accueilli son premier film : on lui avait reproché qu’il ne fournissait pas assez de preuves scientifiques, que son enquête était partiale et incomplète. Le succès du 1er film lui a permis de voir plus grand : il se rend en Australie où l'on commence à "fracker" (mêmes causes, mêmes effets, veut-il démontrer). Il rencontre davantage de spécialistes, certains issus de l'industrie dont il dénonce les méthodes. Il essaie aussi de rencontrer les élus du Congrès américain. Sur 500, moins d’une quinzaine lui répondent. Certaines de leurs réponses font froid dans le dos et démontrent, preuves à l’appui que la majorité des membres du Congrès se sont pliés aux desiderata des grandes compagnies pétrolières. De fait, malgré quelques victoires pour les anti-gaz de schiste, comme un moratoire signé dans l'État de New York, les puits continuent à essaimer à grande vitesse outre-Atlantique. Josh Fox, comme des millions d’Américains, avait cru en Barack Obama et en sa capacité de faire obstruction aux lobbies en tête. Comme sur d’autres sujets, une fois réélu, Obama a renoncé à défendre l’environnement et la santé de ses concitoyens et il a autorisé et même amplifié l'exploitation des gaz de schistes dans 34 États américains sur 50. Ce même président est à l'origine de la "Global Shale Gas Initiative", un mouvement visant à promouvoir l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels à l'échelle mondiale. Le constat est sans appel : seuls les citoyens et leur mobilisation pourront s’opposer à l’exploitation des gaz de schistes. Cela vaut uniquement pour nos pays démocratiques et développés mais que se passera-t-il dans le Tiers-monde où les élites sont corrompues et la démocratie inexistante ? 

KABOOM de Gregg Araki (USA-FR 2010)



Kaboom de Gregg Araki (2010) est une comédie dramatique fantastique et de science-fiction américano-française écrite et réalisée par Gregg Araki et sortie en 2010.

Synopsis

Smith (Thomas Dekker) mène une vie agréable au campus : il passe du temps avec sa copine lesbienne Stella, couche avec la jolie London, tout en étant attiré par le beau Thor, son colocataire surfeur. Une horrible nuit va alors faire basculer sa vie. Lors d'une fête, Smith est convaincu d'avoir assisté au meurtre d'une fille rousse dont il ne sait quasiment rien mais dont il avait déjà vu le visage dans un rêve récurrent. En cherchant la vérité, il se rend compte que le mystère qui entoure cette histoire est de plus en plus bizarre et qu'il pourrait bien avoir des conséquences définitives sur sa vie mais aussi sur le reste du monde.

Mon opinion sur ce film

J’avais voulu voir ce film pour l’acteur, Thomas Dekker, que j’avais découvert dans le rôle de John Connor adolescent, dans le prequel Terminator : Les Chroniques deSarah Connor, mais quelle déception ! 

A part la baise, on se demande ce qui peut bien motiver les héros de Kaboom. Ils sont soi-disant étudiants mais passent leur temps à se shooter dans des soirées branchées et à coucher avec tout ce qui passe : garçons avec filles, filles avec filles, garçons avec garçons, etc. Pour donner au spectateur du "grain à moudre", le réalisateur, Gregg Araki, pas vraiment connu pour ses films précédents bien que son premier long métrage remonte à 1987, greffe sur cette histoire passablement sordide, celle d'une mystérieuse histoire politico-sectaire ou d'un complot mondial (à moins qu'il ne s'agisse d'hallucinations provoquées par une quelconque drogue ?) auquel personne ne croit, ni les acteurs, et encore moins les spectateurs. Ce qui est dingue, c'est que ce film sans intérêt (oserais-je faire un jeu de mot facile en utilisant l'expression "sans queue ni tête" qui serait, en l'état, fort inappropriée !), ait pu faire partie de la sélection officielle 2010 au Festival de Cannes ( !!!) où il a obtenu - tenez-vous bien ! - le "Queer Palm 2010", récompense du film gay attribuée pour la 1ère fois à Cannes !!! (Le jury lui-même avait certainement dû s'envoyer en l'air avant de rendre son verdict pour attribuer un tel prix). N'imaginez cependant pas vous rincer l'œil en regardant ce film. Les scènes qui se voudraient "chaudes" sont plus ridicules qu'autre chose, quand elles ne sont pas du plus haut comique. Je plains sincèrement les acteurs d'avoir dû se prêter au jeu du metteur en scène. Espérons pour eux qu'au moins ils aient "pris leur pied" car ce serait dramatique pour eux de ne pas au moins s'être amusés pendant le tournage.





L'AGENCE (THE ADJUSTMENT BUREAU) de George Nolfi (USA-2011)


L’Agence (The adjustment bureau) est un film de science-fiction américain écrit, produit et réalisé par George Nolfi, sorti en 2011. Ce film 's'inspire d'une nouvelle de Philip K. Dick, qui a déjà inspiré un grand nombre de films de science-fiction, intitulée "The Adjustment team" (l'équipe d'ajustement), repris par le titre original "The Adjustment Bureau" que les diffuseurs français auraient mieux fait de conserver plutôt que de le remplacer par un titre aussi banal et trompeur (on pense à la CIA) que celui qu'ils ont choisi.

Synopsis

David Norris (Matt Damon) est un jeune et séduisant politicien qui se présente au Sénat. Alors qu'il est sûr d'être élu, il est battu par son concurrent, un vieux routard de la politique, suite aux révélations de journaux à scandale. David, démoralisé, se réfugie aux toilettes du grand hôtel dans lequel il se trouve, pour répéter son discours de remerciements. Alors qu'il se croit seul, une jeune femme, Elise (Emily Blunt), sort des toilettes pour hommes. Elle s'y était réfugiée pour échapper au service de sécurité de l'hôtel qui la recherche car elle "avait tapé l'incruste" dans un mariage huppé se déroulant dans une autre partie du même hôtel et où elle n'était pas invitée.

Entre eux, le coup de foudre est immédiat mais Elise doit s'enfuir. Cependant, à la demande de David, avant de partir, elle lui laisse son numéro de téléphone. Cette rencontre avec cette jeune femme, fraîche et pleine d'humour, va bouleverser David et, au moment de prononcer le discours convenu préparé par ses conseillers de campagne, il en change les termes. Sa sincérité, qui aurait pu se retourner contre lui, va au contraire jouer en sa faveur et lui gagner le cœur des électeurs pour les prochains scrutins.

Mais cette rencontre et les changements qu'elle détermine dans la destinée de David ne sont pas du goût de mystérieux personnages, dont on ne sait pas, au début, qui ils sont : sont-ils des  criminels, envoyés par les ennemis politiques du jeune et brillant futur sénateur, des agents secrets ou... des dieux tirant les ficelles. Le fait est qu'ils s'immiscent dans la vie de David pour empêcher le déroulement normal de sa destinée et le séparer d'Elise. Ce sont en fait des entités secondaires, sortes de deuxièmes couteaux, d'une entité supérieure, le « Chairman », censée faire respecter un plan préétabli pour chaque individu. Le hasard, qui a mis en relation Elise et David, bouleverse ce plan et le rôle de ces mystérieux intervenants est de tout faire pour que le plan préétabli se déroule sans changement.

Mais, dans un plan de vie plus ancien, David et Elise étaient faits pour se rencontrer. L'une des entités, que l'on croit subalterne au début mais qui s'avère plus puissante qu'il n'y paraît, intervient pour modifier le plan initial et rétablir in extremis le libre-arbitre des héros, leur permettant de se retrouver et de s'aimer, rendant du même coup totalement inapproprié le sous-titre apparaissant  sur l'affiche de la version française du film : "On n'échappe pas à son destin" car la fin du film prouve justement le contraire.

Ce film n'est peut-être pas un chef d'œuvre. Rappelons qu'il s'agit, pour George Nolfi, qui s'était borné jusque-là à collaborer à des scenarii de films d’action (Ocean's Twelve, The Bourne Ultimatum), d'un  premier film en tant que réalisateur. 

Le film pose des questions intéressantes sur ce qu'est le destin, le hasard et le libre-arbitre. C'est pourquoi il ne pouvait, pas plus qu'Inception, me laisser indifférent.

Les acteurs


Une fois de plus Matt Damon s'impose comme un grand comédien qui rayonne, dans ce film, de fougue et d'idéalisme. L'actrice anglaise Emily Blunt donne au personnage d'Elise beaucoup de fraîcheur et de candeur et sa prestation en tant que danseuse est tout à fait crédible.      
          

samedi 30 août 2014

INCEPTION de Christopher Nolan


Inception est un film de science-fiction américano-britannique écrit, réalisé et produit par ChristopherNolan et sorti en 2010.

Synopsis

Dans un futur proche, l'armée américaine a développé ce qui est appelé le « rêve partagé », une méthode permettant d'influencer l'inconscient d'une victime pendant qu'elle rêve. Des «extracteurs» s'immiscent alors dans ce rêve, qu'ils ont préalablement modelé et qu'ils peuvent contrôler, afin d'y voler des informations sensibles stockées dans le subconscient de la cible. C'est dans cette nouvelle technique que se sont lancés Dominic Cobb (Leonardo DiCaprio) et sa femme, Mal (Marion Cotillard). Ensemble, ils ont exploré les possibilités de cette technique et l'ont améliorée, leur permettant d'emboîter les rêves les uns dans les autres, accentuant la confusion et donc diminuant la méfiance de la victime. Mais l'implication du couple dans ce projet a été telle que Mal a un jour perdu le sens de la réalité ; pensant être en train de rêver, elle s'est suicidée croyant ainsi revenir dans ce qu'elle croyait être sa réalité. Soupçonné de son meurtre, Cobb est contraint de fuir les États-Unis et d'abandonner leurs enfants à ses beaux-parents. Il se spécialise dans l'«extraction», en particulier dans le domaine de l'espionnage industriel ; mercenaire et voleur, il est embauché par des multinationales pour obtenir des informations de leurs concurrents commerciaux.

Mon jugement

Voilà un film parfaitement inclassable, entre onirisme, thriller et science-fiction, que beaucoup, je pense, trouveront même difficilement compréhensible et renonceront à voir jusqu'au bout. Quelqu'un comme moi, pour qui le rêve a une importance majeure dans la créativité, ne pouvait pas ne pas voir ce film.

 Christopher Nolan est le réalisateur de Memento, de Batman begins et de The dark knight. Memento aussi était un film inclassable, assez « prise de tête » par son montage si particulier. Batmanbegins est un film beaucoup plus profond qu'il n'y paraît. Batman begins commence par une scène où le héros suit en Asie la formation d'un maître des arts martiaux en vue de préparer sa vengeance contre les assassins de ses parents alors qu'il était enfant. On retrouve, dans Inception, cette fascination du réalisateur pour l’Asie et les arts martiaux puisque, là aussi, le film commence en Asie. 

Tout en sachant que le pari n'était pas gagné à cause de la complexité du scénario (qui en cela, rappelle beaucoup Memento), on peut essayer de résumer le film de la manière suivante : Dominic « Dom » Cobb (Leonardo DiCaprio) est un spécialiste de « l'inception », mot créé de toute pièce (du moins, je le crois) pour qualifier la faculté qu'’ont certaines personnes (c’est le cas de Cobb) de s'introduire dans les rêves des autres afin de les modifier. Bien entendu (c'est ce qui justifie le thriller, ces personnes n'utilisent pas ce don extraordinaire dans un but purement philanthropique mais ils le mettent au service de leurs intérêts). Cobb travaille en équipe. Celle-ci est formée d'Arthur (Joseph Gordon-Levitt) et d'un architecte, Nash (Lukas Haas), qui crée les « décors » des rêves. Après l'échec de la première mission sur laquelle commence le film, il  va être remplacé par une jeune femme, Ariane (Ellen Page). L'équipe va aussi compter le commanditaire, l'énigmatique Saito (Ken Watanabe), un chimiste, Yussuf (qui élabore les puissants sédatifs permettant de prolonger le rêve) et d'un « faussaire », Eames (Tom Hardy), spécialiste de l'usurpation d'identité des acteurs du rêve. Entraînés par Dom, chacun à un rôle précis dans le montage de « l'inception » qui, dans ce cas particulier, consiste à entrer dans le rêve (provoqué) d'un jeune milliardaire, Robert Fisher (Cillian Murphy) pour le dissuader de prendre la direction de la multinationale dont il est l'héritier au profit d'une entreprise encore plus puissante du nom de Cobol Engineering.

Mais l'aspect « thriller » se double d'un autre, beaucoup plus intéressant en ce qui me concerne, et qui correspond à la préoccupation profonde du réalisateur pour le monde onirique. Par ce coup de main qui doit lui assurer la fortune et l'impunité, Dom, qui fuit la police américaine qui le rend responsable de la mort de sa femme Mall, il pourra, sa mission accomplie, rentrer librement dans son pays et revoir ses enfants.

Je n'irai pas plus loin dans mon résumé car le film peut être lu à différents niveaux, comme les strates du rêve s'imbriquent dans d'autres strates, et cela, presque à l'infini.
Le spectateur lambda a de quoi être désarçonné par un tel scénario. C'était sans doute la volonté du réalisateur car on sort de ce film avec l'impression d'avoir soi-même fait un rêve compliqué (ou plutôt un cauchemar) dont on n'a pas tout compris et dont certaines parties s'effacent, ne laissant qu'un souvenir confus et un certain malaise.

J'ai rarement vu un film qui mélange autant les genres et qui soit aussi complexe. Dans l’interview du metteur en scène, qui se trouve parmi les bonus du DVD, on apprend qu'il a pensé à ce film pendant une 10e d’années avant de se lancer dans sa réalisation. Il avoue aussi avoir toujours été fasciné par le phénomène du rêve.

Quoiqu'il en soit de tous ces films, ce qu'on ne peut pas reprocher à Nolan, c'est de ne faire que des films d'action car tous, chacun dans son genre, contiennent une profonde réflexion sur l'âme humaine, ses errances et sa complexité.

En cela, Inception porte bien la signature de Christopher Nolan. Personnellement, je pense que le réalisateur aurait pu s’abstenir d'une grande partie des scènes inutilement complexes et spectaculaires qui n'apportent qu’une plus grande confusion à son propos. Mais c'était peut-être le prix à payer pour intéresser les financeurs...

Pour conclure, je dirais  que ce film ne plaira certainement pas à tout le monde. Soit on se contentera des scènes d’action sans chercher à entrer dans l’histoire (et on passera à côté de ce qui fait l’intérêt profond du film), soit au contraire -  et ce fut mon cas - on regrettera qu’elles soient trop envahissantes par rapport à la préoccupation du réalisateur pour le monde du rêve qui, à mon avis, fait tout l’intérêt de ce film. Dans les deux cas, on restera déçu ou du moins déconcerté.
De film en film, Leonardo Di Caprio gagne en force et son interprétation est de plus en plus juste et crédible. En outre, ce qui est la marque d'un grand acteur, et bien qu’il soit sans conteste le héros du film, sa prestation n'écrase pas celle des autres acteurs. En effet, les rôles secondaires ne sont pas effacés, bien au contraire, par sa présence magistrale. J'ai en particulier redécouvert un acteur que j'avais vu dans un film très moyen, Brick,  Joseph Gordon-Levitt, qui joue le rôle d'Arthur, l'impeccable et énigmatique bras droit et ami de Cobb.


Par contre, que dire de Marion Cotillard ? C’est une actrice qui a fait ses preuves (Furia,  Un long dimanche de fiançailles, La môme, où elle incarne Piaf de manière hallucinante). Mais franchement, on ne voit pas bien ce qu'elle vient faire dans un tel film, si ce n'est de la figuration. Pourquoi l'avoir choisie, elle, pour lui donner un rôle aussi secondaire et en retrait ? Ce n'est pas sa faute, mais, alors que tous les autres acteurs du casting sont à leur place, elle détonne et ne convainc pas vraiment dans le rôle de Mall.       

MATCH POINT de Woody Allen (USA-GB 2005)

Match point est un film américano-britannique dramatique, réalisé par Woody Allen et sorti en 2005. 

Synopsis

Le film commence avec l'embauche de Chris Wilton (Jonathan Rhys-Meyers), jeune et séduisant prof de tennis d'origine modeste, dans un club huppé de Londres. Ses bonnes manières lui permettent de s'intégrer rapidement parmi les sociétaires du club. Il sympathise entre autres avec Tom Hewett (Matthew Goode), richissime "fils à papa" venu parfaire son tennis.

Chris aime l'opéra et se cultive en lisant les classiques comme Dostoïevski car il a compris que son talent au tennis et son aisance ne seront pas suffisants pour le faire accepter dans la haute société. Il a compris que la culture peut être un précieux sésame pour se faire admettre dans le cercle fermé de la "hupper middle-class".

Comme les Hewett disposent d'une loge permanente à Covent Garden, Tom invite Chris à une soirée à l’opéra. Chris est ébloui par ce monde dont il a toujours rêvé de faire partie. Lors de cette première soirée, il rencontre la sœur de Tom, Chloé (Emily Mortimer), une jeune femme, candide et superficielle. Elle tombe immédiatement amoureuse de ce jeune homme, bien sous tout rapport. Chris ne se fait pas prier pour céder à ses avances. Est-il sincère ? Peut-être... mais il voit surtout dans cette opportunité une chance pour lui d'accéder à une condition plus élevée que son actuelle situation. Après le fils et la fille, Chris sait se faire apprécier des parents et l'idée d'en faire leur gendre ne les effarouche pas. Il devient leur familier et a désormais régulièrement ses entrées à l'opéra. Ils l'invitent en week-end dans leur domaine familial où, entre deux parties de chasse et d'équitation, on s'ennuie avec élégance.

C'est lors de l'un de ces interminables week-ends que Chris fait la connaissance de Nola Rice (Scarlett Johansson), la fiancée de Tom, une actrice américaine qui n'a pas réussi à faire carrière en Amérique et est venue à Londres pour trouver du travail. Chris est physiquement attiré par elle, plus qu'il ne l'est par sa propre fiancée. Mais il sait aussi où sont ses intérêts : s'il rompait maintenant avec Chloé, il pourrait faire une croix sur son mariage.  C'est d'autant moins le moment de rompre avec Chloé que le paradis est à portée de main : le père de Tom lui propose un poste à responsabilité dans une de ses entreprises. Or Chris n'est pas prêt à renoncer à ses projets d'ascension sociale et la raison l'emporte sur la passion. Chris accepte donc d'épouser Chloé et devient membre à part entière de la famille Hewett et de tout ce qui va avec : l'appartement et les costumes de luxe, les belles voitures, les sorties à l'opéra, etc. La seule ombre au tableau, c'est que Chris et Chloé, malgré tous leurs efforts, ne peuvent avoir d'enfant.

Or, son futur beau-frère et ami, Tom, à quelques jours d'épouser Nola, sa fiancée, la rejette cyniquement pour en épouser une autre, mieux vue de ses parents et mieux en accord avec le niveau social de sa famille.

Nola, désemparée, retourne aux USA mais elle revient à Londres pour son plus grand malheur et celui de Chris. Le hasard, qui est omniprésent dans les films de Woody Allen, les fait se rencontrer à la Tate Modern, un grand musée d'art contemporain de Londres où Chris a rendez-vous avec sa propre femme, passionnée d'art moderne et qui envisage d'ouvrir une galerie.

Bien que marié et apparemment heureux avec Chloé, Chris, sachant que Nola est désormais "libre", ne réfrène plus son attirance pour elle et laisse libre cours à la passion qu'il a éprouvée dès leur première entrevue. S'instaure alors entre eux un trouble jeu de "cinq à sept" que Chris vit de plus en plus mal, jusqu'au jour fatal où Nola lui annonce qu'elle est enceinte de lui et, le sachant malheureux avec sa femme, exige qu'il divorce, reconnaisse leur enfant et vienne vivre avec eux.
Chris, mis dans une situation impossible, harcelé par Nola,  et voyant le piège se refermer, n’hésite pas avant de prendre sa décision : il opte pour la sécurité et décide de se débarrasser de sa maîtresse. Pour y parvenir, il élabore un plan diabolique.

Malgré les doutes de la police, son plan réussit et il ne sera pas inquiété. Mais il continuera son existence dorée rongé par le remords et la culpabilité.

Mon opinion sur ce film

Le scénario avait été parfait presque jusqu’au bout mais tout dérape à la fin. Tout allait bien tant que Woody Allen se contentait de traiter le thème de la comédie de mœurs où l'on sait qu'il excelle, mais il est nettement moins convaincant lorsqu'il tente maladroitement de "faire du Hitchcock". Dans la "vraie vie", son héros, pour malin et sympathique qu'il soit (car, malgré tous ses mensonges, sa veulerie et le fait qu'il soit un assassin, on ne parvient pas à le trouver antipathique), on a du mal à croire que, dans la réalité, il ne se soit pas fait coincer. Tout cela est un peu trop "gros" pour paraître plausible. Alors que l'inspecteur démonte devant nous, spectateurs, qui connaissons l’assassin, le plan machiavélique de Chris, il ne va pas jusqu'à le confondre, abandonnant un peu trop facilement les pistes qui l'auraient immanquablement condamné (analyses ADN qui auraient prouvé que Chris était le père de l'enfant, carnet intime de Nola, etc.) On m’objectera qu’il en est de même avec un autre film, que j’adore, Le talentueux Mr Ripley où Matt Damon, à chaque fois que lui-même (et nous avec) croit qu’il va être confondu, la menace tombe d’elle-même.

Sans doute les fans de Woody Allen n'en voudront pas trop à leur cher génie pour son échec manifeste sur ce plan car il ne cache pas que son propos n'était pas celui de réaliser un thriller mais plutôt de développer ses sujets de prédilection : le double-jeu, la satire sociale (la réussite repose moins sur le mérite personnel que sur la faculté de "rentrer dans le rang" et de se plier aux bons usages) et... l'élément hasard (celui-ci est ici souligné, comme un clin d'œil, par deux plans très réussis où l'on admire la patte du maître : tout au début du film, la balle de tennis hésitant sur le haut du filet avant de retomber de l'autre côté et, à la fin, la bague volée à la vieille dame hésitant à son tour, sur la rambarde métallique des quais de la Tamise avant de basculer du côté opposé). Ces deux détails feront en fait toute la différence entre la culpabilité et l'innocence du héros.

Heureusement cependant que le film est porté par d'excellents acteurs (Jonathan Rhys-Meyers est un impeccable "Rastignac de la City", Scarlett Johansson, dont le double-jeu - à la fois provocante, fragile et révoltée -  s'avèrera fatal, et Emily Mortimer, touchante dans sa candeur limpide et un peu fade...)

La bande son répétitive de l'interprétation par Caruso de l'air de Donizetti "Una furtiva lagrima", dans un enregistrement grinçant à souhait, fournit un contrepoint tragique à cette histoire d'adultère par ailleurs assez convenue. 

Tout cela se laisse regarder mais ne fait cependant pas un "grand" Woody Allen. Je reste persuadé que ce film n'aurait pas obtenu toutes les récompenses qu'on lui a décernées (César du meilleur film étranger, Golden Globe du meilleur film dramatique, meilleur réalisateur, meilleur scénario, etc.)  s'il n'avait été signé par un aussi prestigieux réalisateur à qui la profession ne peut rien refuser.

vendredi 29 août 2014

BROTHERS de Jim Sheridan (GB/USA-2010)


Brothers de Jim Sheridan est un film américano-britannique réalisé par Jim Sheridan, sorti le 4 décembre 2009 aux États-Unis et le 3 février 2010 en France. Il s'agit d'un remake du film éponyme danois, intitulé « Brodre » (Frères) réalisé par Susanne Bier datant de 2004.

Synopsis

Lorsque le film commence, Tom (Jake Gyllenhall) sort de prison. Son frère aîné, Sam (Tobey Maguire), un marine, marié à Grace (Natalie Portman) et père de deux petites filles, vient l’accueillir. Peu après, Sam est appelé pour aller combattre en Afghanistan et il est déclaré mort lors du crash de son hélicoptère. On vient annoncer son décès à sa femme. D'abord prostrée, elle se remet doucement à vivre grâce à la présence de son beau-frère, Tommy avec qui s'établissent des relations de complicité et qui devient un père de substitution pour ses filles.

Nous savons, nous spectateurs, que Sam n'est pas mort. Il a survécu au crash et a été emmené prisonnier par les talibans, avec son compagnon et ami Joe Willis (Patrick Flueger). Leurs ennemis les torturent et obligent Sam, dans une scène d'une terrible violence, à tuer son compagnon. Alors que l'on n'y croyait plus, une équipe de secours américaine vient libérer Sam et il rentre aux Etats-Unis.
Sa femme, Grace, Tommy et les filles sont soudain confrontés à son retour. Sam que les épreuves traversées et le terrible secret qui le hante (il ne peut supporter qu'on lui décerne le titre de héros alors que lui seul sait qu'il est non seulement un lâche mais un assassin) rendent paranoïaque (on le serait à moins !). Alors que son frère Tommy s’est comporté on ne peut plus honorablement avec sa femme, Sam prend la complicité qui s'est établie entre eux pour une histoire d'amour. Cela ajouté à ses souvenirs de prisonnier et de l'acte qu'il a commis font que, lors du repas d'anniversaire de l'une de ses filles, il "pète les plombs" et, de retour chez lui, menace de tuer les siens et de se suicider. L'arrivée in extremis de la police et son internement en hôpital psychiatrique militaire évitent le pire.
De l'hôpital, il téléphone à son frère. On pense qu'il va lui confesser le secret qui l'étouffe mais il ne le peut pas, lui disant seulement : "Tu es mon frère Tommy". Quelque temps après, sa femme Grace vient le voir. Il finit par se libérer en lui racontant ce qui s'est réellement passé pendant sa captivité.

Mon opinion

Ayant raté ce film lors de sa sortie, je l'ai vu en DVD car j’adore les acteurs qui y jouent. Magnifique film, très émouvant, sans aucune mièvrerie, superbement incarné par des acteurs dont on avait déjà pu admirer le talent comme Jake Gyllenhaal, Natalie Portman ou Tobey Maguire qui a bien mûri depuis Spiderman.

Très belle image de Frederick Elmes et musique adéquate, en particulier "Winter" de U2.

mercredi 27 août 2014

MEAN CREEK de Jacob Aaron Estes (USA-2004)



Mean Creek est un film américain réalisé par Jacob Aaron Estes sorti le 20 août 2004. Le DVD est disponible depuis juillet 2005.

Synopsis

Parce qu'il ne supporte plus de se faire tabasser à l'école par cette brute de George, Sam (Rory Culkin, le jeune frère de Macauley) se confie à son grand frère, Rocky (Trevor Morgan). Ensemble, ils échafaudent un plan pour se venger de l'immonde George, un gamin que son obésité rend méchant. Pour l'anniversaire de Sam, ils vont inviter George (Josh Peck) à une balade en bateau sur une rivière et là, ils se vengeront de lui. Alors que la journée se déroule comme un rêve, les choses dérapent. Découvrant que George n'est pas un monstre mais un gamin mal dans sa peau, Sam voudrait interrompre le plan machiavélique qu’ils ont mis en place afin que les "grands" abandonnent leur projet de vengeance. Mais George, qui ne se rend pas compte qu'il est en danger, continue à se montrer sous son plus mauvais jour et pousse à bout Rocky en médisant sur son père alcoolique. Rocky ne le supporte pas et le pousse à l'eau. Les choses en seraient restées là si George avait su nager mais, malheureusement, il coule à pic.

Bien que ce soit un dramatique accident, les enfants réagissent comme des criminels et, au lieu d'aller chercher des secours, ils enterrent le corps et rentrent chez eux. Mais ils ne peuvent supporter longtemps leur mensonge et vont se dénoncer.

Mon jugement sur ce film

J’ai voulu voir ce film car les récompenses qu’il avait obtenues à Sundance et à Cannes (Quinzaine des réalisateurs) en 2004 m’avaient laissé penser qu’il méritait un visionnage.


Malheureusement, les superbes images et la spontanéité des jeunes acteurs ne suffisent pas à racheter un scénario  sans surprise annonce trop vite la catastrophe finale. Un énième film sur l’échec d’une jeunesse laissée à l’abandon  qui retourne à la sauvagerie par manque de repères moraux et d’amour. 

HEREAFTER/AU-DELA de Clint Eastwood (USA-2010)




Au-delà (Hereafter) est un drame fantastique américain réalisé par Clint Eastwood, sorti en 2010.

Synopsis

Le film retrace le destin croisé de trois personnages, Marie Lelay (Cecile de France), George Lonnegan (Matt Damon) et Marcus (Frankie McLaren), qui ne se connaissent pas et qui, confrontés à la mort, cherchent, chacun à sa manière, des explications.

Le film commence en Thaïlande, quelques heures avant le tsunami dévastateur de l'Océan Indien de 2004 qui fit près de 300 000 morts et disparus et des dégâts considérables. Une journaliste de la télévision française, Marie s'y trouve en vacances avec son amant Didier (Thierry Neuvic), réalisateur à France Télévision. Avant leur départ, pendant qu’il prend son petit déjeuner à l'hôtel, elle part acheter quelques cadeaux sur le marché. Alors qu'elle marchande un bracelet avec une vendeuse, un énorme ronflement annonce l'arrivée du tsunami qui balaye tout sur son passage. Emportée par la vague, elle fait l'expérience de ce que les anglo-saxons appellent une N.D.E ("Near Death Experience" : expérience aux portes de la mort) avant d'être ramenée à la vie par des sauveteurs. Didier a lui aussi été miraculeusement épargné et ils rentrent en France. Marie est sous le choc de ce qu'elle a vécu et, bien que physiquement indemne, elle ne peut reprendre son métier de présentatrice d'une émission de reportages. D'un commun accord avec Didier, elle décide de "faire un break" dans sa carrière professionnelle et de se mettre à rédiger un livre auquel elle pensait déjà depuis quelque temps sur la part d'ombre de la présidence de François Mitterand. Mais, traumatisée par ce qu’elle a vécu, elle se décide à raconter son expérience de NDE. Son livre « Hereafter »  devient un best-seller qu’elle va présenter à la Book Fair de Londres.

George Lonnegan vit à San Francisco. Medium connu, il a le don d'entrer en relations avec les êtres disparus des gens qu'il touche mais, après une expérience traumatisante, il a décidé, contre l'avis de son frère aîné Billy, de renoncer à donner des consultations qui lui rapportent, préférant travailler dans une usine de sucre de canne. Pendant son temps libre, il prend des cours de cuisine italienne où il rencontre Mélanie, avec laquelle il sympathise. Un soir, il l'invite chez lui et, lorsque, par une indiscrétion de Billy, elle prend connaissance de ses dons, elle le convainc de lui donner une consultation. Comme il en est vaguement amoureux, il cède à contrecœur. Mais ce qu'il voit dans la vie de Mélanie la bouleverse et elle le quitte précipitamment et cesse de venir aux cours de cuisine. George décide de prendre des vacances et de réaliser l’un de ses rêves,  se rendre à Londres visiter la maison de Charles Dickens, son auteur favori, dont il écoute en boucle des lectures enregistrées.

Marcus est un jeune garçon anglais de 12 ans qui vit avec son frère jumeau Jason (George McLaren) à Londres. Naturellement soudés comme peuvent l’être des jumeaux, ils sont encore plus proches pour faire face aux problèmes qu'ils rencontrent avec leur mère toxicomane. Jason meurt devant lui, renversé dans la rue par un fourgon, et Marcus ne peut l'accepter car il se croit responsable de la mort de son frère. Après l’accident, il est provisoirement placé dans  une famille d'accueil. Après des recherches sur Internet, il s'enfuit en emportant les économies de la famille pour aller consulter des médiums afin de tenter de renouer le lien avec Jason mais ses tentatives se soldent par un échec.

Le hasard fait se rencontrer les trois personnages à la London Book Fair.

Après une visite de la maison de Dickens, George est venu y écouter une lecture publique des œuvres de l'écrivain. Errant à travers le salon, il y entend Marie parler de son livre. Marcus, qui a été entraîné là par sa famille d'accueil pour venir voir l'un de leurs anciens pensionnaires qui travaille dans l'édition, reconnaît George qu'il a connu en faisant des recherches sur les mediums par Internet. Il le suit jusqu'à son hôtel et l’attend sur le trottoir jusqu'à ce que celui-ci accepte enfin de le recevoir et de lui parler de Jason.

Mon jugement sur ce film

Ce film est complètement atypique. Ni film d'action, ni film fantastique, il est particulièrement inclassable. En outre, il s'accorde difficilement à la personnalité du réalisateur, même si celui-ci a déjà réalisé des films intimistes comme Sur la route de Madison ou Un monde parfait. La version française de Wikipedia le présente comme un "thriller fantastique" et la version anglaise du même site, comme un "drame fantastique" (drama fantasy film) ce qui n’est pas plus approprié dans un cas que dans l'autre.

On s'attendrait à ce qu'un tel film soit insupportable de sentimentalisme. C'est tout le contraire. Depuis la scène brutale du tsunami qui nous met KO jusqu'à la rencontre finale entre George et Marie, on assiste à un exposé de faits sans pathos, sans musique envahissante (elle a été entièrement écrite par Clint Eastwood lui-même et reste d'une discrétion exemplaire), presque sans émotion... La seule scène où l'émotion nous envahit est celle où George parle au jeune Marcus de son frère décédé.

Ce n'est cependant pas un film entièrement réussi. Quelles que soient ses qualités, je dois dire que je suis, pour une fois, assez d'accord avec la critique de Télérama, qui le qualifie de "bancal et un peu laborieux", même si je trouve cette critique - comme souvent avec cette revue - excessive et injuste. Mais il est vrai que le film désarçonnera un public non préparé (et pas forcément sensible au paranormal) car il en dit à la fois trop et trop peu. Dans plusieurs interviews, Clint Eastwood confesse qu'il n'est pas à l'aise avec le sujet de l'au-delà. Pourquoi, alors, a-t-il choisi d'en faire le sujet de son film ? Sans doute ne nous dit-il pas tout car, même s'il ne veut pas se l'avouer, il se pose certainement des questions sur "ce qui se passe après la mort". Si ce n'était pas le cas, il aurait fait un film plus commercial, avec surenchère d'effets spéciaux, ce que, grâce au ciel, le film n'est pas. Il en aurait pourtant eu les moyens et Hollywood l'aurait sans doute plus facilement suivi qu’avec un projet aussi atypique et, finalement, difficile.  Personnellement je considère plutôt comme une qualité ce que certains pourraient trouver comme un défaut mais j'aurais tout de même apprécié une conclusion moins elliptique que celle que nous propose le réalisateur. 

dimanche 24 août 2014

ANGE OU DEMON série fantastique espagnole (2011)


Ange ou Démon est une série télévisée espagnole en vingt-deux épisodes créée par Daniel Cebrián et Joaquín Górriz et diffusée entre le 1er février 2011 et le 13 juillet 2011 sur FDF. Composée de 2 saisons de 22 épisodes en tout (Saison 1 : 13 épisodes ; saison 2 : 9 épisodes). Série arrêtée.

Synopsis

Valeria est en apparence une jeune lycéenne tout à fait normale de dix-sept ans. Mais, à la suite d'évènements tragiques, elle découvre qu'elle est amenée à devenir un Ange, et doit donc choisir entre le Bien et le Mal : être une Malak ou un Ange déchu, un Démon. Si elle peut compter sur l'aide de Natael, son protecteur divin, Valeria doit également faire face aux Démons, prêts à tout pour la faire chuter... Y compris à envoyer à sa rencontre le séduisant Damien, un élève de sa classe, qui s'avère être un ange déchu.

Distribution

Tous ces acteurs, Espagnols, sont à ce jour inconnu en France. 
  • ·         Valeria Galton (Aura Garrido) :  lycéenne
  • ·         Damien (V. O. : Damián) Lucena : Jaime Olías :  lycéen, démon 
  • ·         Natael (Manu Fullola) :  Ange
  • ·          Douna (Carmen Sanchez) : démon enfant
  • ·          Iris (Carla Nieto) : démon
  • ·         Alexia (Mar Saura) : démon
  • ·         Graziel (Jorge Suquet) : démon
  • ·         Laia (Maru Valdivielso) :  la mère de Valeria, médecin        

Anecdotes

Le générique, montrant l'étreinte d'une mortelle et d'un Ange, s’inspire de la célèbre sculpture en marbre d'Antonio Canova « Psyché ranimée par le baiser de l'Amour » (1793), exposée au Musée du Louvre (Paris). Dans le générique, le corps de l’ange se recouvre peu à peu de tatouages qui, comme un poison, gagnent ensuite celui de Psyché. 

Valeria est sensible à la poésie anglophone et compte parmi ses lectures différents poèmes de John Keats, Lord Byron et Edgar Allan Poe. Damien, quant à lui, lit des poésies de l'écrivain anglais William Morris, que l'on considère souvent comme le père de la fantasy.

Mon opinion sur cette série

J'ai commencé à regarder quelques épisodes de cette série, diffusée en juillet et août 2014 sur NT1,  à défaut d'autre chose, les programmes de l'été sur les chaînes de la TNT étant particulièrement sésastreux, les abandonnant pour Teen Wolf qui passait aux mêmes heures sur France 4. Dire que j'ai aussitôt été accroché serait mentir car la série a beaucoup de défauts, à commencer par son côté "cheap"  mais j'ai fini par la trouver pas mal, du moins pour son scénario de départ. Malheureusement, comme trop souvent, les producteurs ne laissent pas le temps aux séries télévisées de faire leurs preuves en les interrompant brutalement (dans ce cas, la série n'aura duré que 2 saisons, soit 22 épisodes en tout). 

samedi 23 août 2014

BRICK film américain de Rian Jonhson (2005)




Brick est un film noir américain écrit et tourné en 2005 par Rian Johnson. Il a obtenu le prix spécial du jury (for "Originality of Vision") (l'équivalent de notre sélection "Un certain regard" à Cannes) au Festival de Sundance 2005, ce qui m'avait décidé à le voir. 

L’histoire

Le film se déroule dans le milieu lycéen d'une petite ville californienne autour du trafic d'héroïne. Le héros, Brendan (Joseph Gordon-Levitt), qui ne touche pas à la drogue, est appelé au secours par son ex-petite amie Emily (Emilie de Ravin) qui, elle, a sombré dans la dépendance et se sent menacée. Après l'avoir retrouvée morte, il décide de mener seul sa guerre contre le gang local, dans la quasi indifférence des adultes, qu'il s'agisse des autorités du lycée, des parents (absents comme dans de nombreux films mettant en scène les adolescents actuels) ou de la police... Il met sa vie en péril pour démanteler seul le trafic en montant les membres du gang les uns contre les autres.

Comme souvent, les jeunes acteurs (Joseph Gordon-Levitt, magnifique !) mettent dans leur jeu une telle honnêteté et une telle générosité qu'il dépasse souvent de très loin celui des adultes ou d'acteurs plus confirmés. C'est sur lui que repose principalement un film qui, par ailleurs, m'a déçu car je l'ai trouvé brouillon et peu crédible. Mais la critique est destinée ici au réalisateur et non aux acteurs.

Comme beaucoup d'autres films ou séries consacrés à l'adolescence (voir ma critique de la série TV anglaise Skins),  il dépeint une société malade, non de sa jeunesse, comme on le dit trop souvent, mais de sa propre  vacuité : dans cette société qui, sous des dehors respectables, s'apparente à une jungle, les jeunes sont livrés à eux-mêmes sans repères, les adultes sont absents ou trop lâches pour ouvrir les yeux et intervenir avant que le drame n'éclate.


Ce constat que fait le cinéma anglo-saxon devrait nous faire réfléchir car cette situation gagne en Europe et nous échappe (voir mes critiques récentes du Gamin au vélo, ou, dans un genre différent Hellphone pour la France, ou encore l'impressionnant et déstabilisant Die Welle (La vague) pour l'Allemagne.

jeudi 21 août 2014

POETRY film sud-coréen de Lee Chang-Dong (2010)


Poetry est un film dramatique sud-coréen écrit et réalisé par Lee Chang-Dong, sorti en 2010.

L’histoire

Des enfants jouent au bord d'une rivière. Un objet flotte lentement sur l'eau boueuse. Dans un premier temps, on imagine que c'est un tronc d'arbre mais, lorsque l'objet se rapproche, on comprend que c'est le cadavre d'une collégienne. 

Nous sommes en Corée du Sud. Une grand-mère, Mija, habillée comme une première communiante, va consulter un médecin pour des problèmes de douleur à l'épaule. Le médecin n'y attache pas grande importance mais décèle chez elle une maladie beaucoup plus grave, un début d'Alzheimer et il lui conseille, pour retarder la progression de la maladie, de faire des exercices pour développer sa mémoire. Mija s'inscrit donc à des cours de poésie (d'où le titre, "poetry" signifiant "poésie").

Mija élève seule son petit-fils, Wook, un gamin mutique et antipathique, que sa fille, qui travaille ailleurs et dont on ne sait rien, lui a confié. Dans un minuscule appartement où ils cohabitent, elle lui prépare ses repas, lui lave ses vêtements alors que lui n'a rien de plus pressé que de s'enfermer dans sa chambre et de jouer avec son ordinateur ou rejoindre ses copains. 

Pour gagner sa vie et nourrir Wook, Mija, bien qu’elle ait largement dépassé l’âge de la retraite, travaille. Tous les jours, elle se rend chez un vieil homme paralysé et hargneux, qu'elle lave et chez qui elle fait le ménage (on comprend dès lors pourquoi elle a des problèmes d'épaule !)

Soudain, comme un coup de tonnerre dans un ciel du plus bel azur, la nouvelle tombe : la jeune-fille retrouvée morte dans le fleuve s'est suicidée car elle était victime, depuis plus de 6 mois, de viols répétés de la part des élèves de son collège. Or, le petit-fils de Mija, Wook, se trouve mêlé à cette histoire. Mija apprend l'horrible vérité de la bouche d'un autre des parents. Il ne lui vient pas à l'idée de discuter, de mettre en question une minute la véracité des faits car elle sait bien que cela s'est réellement passé et que Wook est coupable. 

Invitée, seule femme parmi des pères, pour discuter des modalités destinées à dédommager pécuniairement la mère de la jeune-fille, une pauvre paysanne qui vit loin de la ville. Chacun doit verser une forte somme d'argent à la mère de la victime. Les autres sont des hommes d'affaire, des commerçants aisés... Mija, elle, n'a pas l'argent et ne sait pas où trouver l'énorme somme qui lui est réclamée. En femme simple, d'une honnêteté scrupuleuse et d'une morale absolue, Mija est révoltée par ce qu'elle apprend et la manière dont réagissent les autres, mais comme elle n'a pas d'autre solution, elle se range à leur décision car elle n'a rien d'autre à proposer.

Malgré tout, comme dans une vie parallèle, elle continue à vivre comme si de rien n'était, préparant les repas de Wook, continuant ses ménages, ses cours de poésie... Elle tente une seule fois de parler à Wook et de le faire réagir mais sa tentative est un échec. Elle tente aussi de rencontrer la mère de la jeune-fille pour s'excuser ou négocier, mais elle ne va pas jusqu’au bout. On est dans le non-dit, dans une société qui, bien qu'elle semble, par sa technologie, plus avancée que la nôtre, paraît aussi moralement figée dans une dimension intermédiaire entre le Moyen-âge et un futur proche que l’on n’envie pas.
Finalement, pour trouver la somme qu'elle s'est engagée à payer, Mija se résout à se prostituer  mais, lorsque tout est terminé, elle rentre chez elle et elle dénonce son petit-fils à la police.

Une fois que tout cela est terminé, elle rend le poème que leur avait demandé de produire leur professeur de poésie avant la fin du mois et on la voit, pour la dernière fois, contempler l'eau qui coule sous le pont d'où s'est jetée la jeune-fille. On comprend alors que, son devoir accompli, elle en a fini avec la vie.

 Mon opinion sur ce film

J'ai toujours eu du mal avec les films asiatiques. Je ne suis allé voir celui-là que parce que plusieurs de mes amis me l'avaient recommandé et que les critiques étaient excellentes. C'est en effet, esthétiquement parlant, un très beau film, tout en esquisses. En le voyant, on a l'impression de voir un poème s'écrire devant ses yeux, mais un poème tragique, douloureux. Mija, avec sa candeur et sa faiblesse, cette sorte de fragilité et de pureté qui fait aussi sa force, est émouvante autant que la société dans laquelle elle vit est répugnante. En effet, cette société, sous ses aspects soignés et policés - on ne peut se rencontrer sans un sourire accompagné d'une courbette - est, dans son hypocrisie, abjecte, et bien pire que la nôtre, qui n'est déjà pas un modèle ! Ce qui m'a le plus choqué dans le film, ce n'est pas la scène où Mija se livre au vieil homme pour de l'argent, mais celle où la mère de la jeune-fille morte se roule au sol aux urgences de l'hôpital sans que personne ne fasse le moindre geste pour la réconforter, comme si ces gens, corsetés dans des traditions artificielles depuis des générations, étaient figés dans le temps et n'avaient pas compris que le monde dans lequel ils vivaient a changé.

Certes, Yoo Jeong-hee, l'actrice qui incarne Mija est magnifique, les cours de poésie (après ce film, on ne regardera plus une pomme ou un arbre de la même façon...) et les images donnent-elles envie de rejoindre cette pureté d'un paradis perdu, comme dans un rêve inaccessible. Mais ici, le rêve, malgré ses aspects feutrés, tranquilles, est en fait un cauchemar comme souvent, il est vrai, le sont aussi les rêves...

Curieusement, je n'ai pas été ému par ce film. Il ne m'a pas "parlé". On ressort de "Poetry" plus meurtri et révolté qu'apaisé et l'on se dit qu'où qu'on soit en ce bas-monde, le mal est toujours présent, hélas, qu'on veuille ou non l'inviter à sa table, et que c'est l'être humain qui en est le principal responsable.


Le film a été sélectionné en compétition officielle pour le Festival de Cannes 2010 où il a obtenu le Prix du scénario. Personnellement, j'aurais aussi donné un prix d'interprétation à l'actrice pour son jeu tout en finesse et en retenue.

SOMEWHERE de Sofia Coppola (USA-2010)


Somewhere est un film américain réalisé par Sofia Coppola avec Stephen Dorff et Elle Fanning. Le tournage a eu lieu à Los Angeles au studio American Zoetrope en juin 2009 et en Italie, entre autres à Milan. Il est sorti en France le 5 janvier 2011. Il est produit par Fred Roos, Francis Ford et Roman Coppola. Il a gagné le Lion d'or à la Mostra de Venise 20101.

Synopsis

La scène d'ouverture commence avec une Ferrari noire circulant sur un circuit dans le désert, le moteur rugissant à chaque tour. Quand la voiture stoppe, Johnny Marco (Stephen Dorff) en sort. Marco est un acteur à succès à Hollywood qui, en dépit de son ascension, n'aime pas ce qu'est devenue sa vie. Johnny réside au Château Marmont et voit débarquer sa fille de 11 ans, Cleo (Elle Fanning).

Mon opinion sur ce film

J'avais intitulé ma chronique du film mexicain  Lake Tahoe « Un film d’un ennui mortel ». Si ce n'en est pas à ce point avec Somewhere, j'aurais presque pu reprendre la même formule pour ce film de Sofia Coppola.

Ca commence très mal. Pendant tout le générique, une voiture noire (une Ferrari) tourne inlassablement en rond en faisant vrombir son moteur dans une prairie calcinée « quelque part » en Californie. Le conducteur est un certain Johnny Marco, un acteur hollywoodien. Il sort de la voiture, une bouteille de bière à la main.

On nous annonce enfin le titre "Somewhere" (quelque part) sur une musique qui s'entend à peine tant les vrombissements exacerbés du moteur la submergent).

Puis on retrouve Johnny dans sa chambre de l'Hôtel « Château Marmont », un hôtel mythique situé sur Sunset Boulevard à Los Angeles, qui a vu défiler, depuis sa fondation en 1929, un nombre incalculable de célébrités plus ou moins déjantées dont certaines y sont même morts. L'hôtel, qui fut luxueux à l'époque de sa création, semble avoir assez mal vieilli et être devenu une sorte de «pension de famille de luxe» pour milliardaires « has been » avec son côté kitsch et passablement vieillot.

Johnny, shooté à la bière et à dieu sait quoi d'autre, s'endort devant le spectacle plutôt ennuyeux de deux call-girls jumelles qui se trémoussent le long de barres de pole-dancing. Et cela continue sur le même rythme, entre fiestas entre copains-sangsues et trips arrosés à l'alcool et aux pilules jusqu’à l'arrivée impromptue de Cleo, sa fille de 11 ans, larguée par sa mère « qui a besoin de prendre du champ ». La gamine est adorable et adule son père qui le lui rend bien. Pour Johnny, son arrivée est un rayon de soleil dans un univers d'ennui, de beuveries et d'auto destruction. Le père et la fille passent ensemble quelques jours merveilleux mais, dès qu'il l'aura conduite dans sa colo, il retombera dans sa routine mortifère.

Le film a obtenu le  Lion d'or à la Mostra de Venise 2010. J'ai lu quelque part, sous la plume acérée d'un critique (mais j'aurais pu écrire la même chose), que ce film méritait bien un « lit on dort » tant il est soporifique.

On comprend bien le propos de Sofia Coppola : décrire l'ennui et le désœuvrement des stars, la vacuité du monde du show-business, qu'elle connaît sans doute mieux que quiconque pour, en tant que fille de réalisateur nourrie dès le biberon au lait du cinéma. Mais, franchement, est-il besoin de 98 minutes, qui paraissent interminablement longues, pour défendre un propos que l'on a saisi dès les premières images ? 

Je ne sais pas quels étaient les autres films en compétition à Venise en 2010 mais on ne m'enlèvera pas de l'idée que si ce film n'avait pas été signé Sofia Coppola, il n'aurait même pas obtenu une médaille en chocolat.


On ne retiendra de ce film que la fraîcheur et les yeux de porcelaine d'Elle Fanning, que j'avais découverte dans la passionnante série de science-fiction, Taken (2002).  

Je n'ai aimé aucun des films de Sofia Coppola, que ce soit Virgin suicides, Lost in translation ou même Marie-Antoinette que je me suis forcé à regarder jusqu'au bout. Mais j'ai vraiment détesté celui-là et j'ai dû m'accrocher des deux mains à mon siège pour ne pas quitter le cinéma avant la fin. 

mardi 19 août 2014

CINEMA PARADISO de Giuseppe Tornatore (IT-FR 1989)


Cinema Paradiso est un film franco-italien de Giuseppe Tornatore (1989). 

Synopsis

Le film commence à Rome, dans les années 1980. Salvatore (Salvatore adulte est joué par Jacques Perrin), cinéaste en vogue mais parfaitement blasé, vient d'apprendre la mort de son vieil ami, Alfredo Philippe Noiret), le projectionniste, qu'il n'a pas revu depuis qu'il a quitté la Sicile pour n'y jamais revenir. Avec le souvenir d'Alfredo, c'est toute son enfance qui remonte à la surface : son village natal, Giancaldo, en Sicile, quand on l'appelait Toto et qu'il partageait son temps libre entre l'église (où il était enfant de chœur) et la salle de cinéma paroissiale, où régnait Alfredo, le projectionniste qui, au travers des films qu'il projetait, lui apprenait la vie.

À la fin des années quarante, Salvatore, que l'on surnomme Toto, vit pauvrement avec sa sœur et sa mère dans l'attente du retour de son père, envoyé combattre en Russie. Il est enfant de chœur pour Don Adelfio, à la fois curé et gérant de la salle de cinéma paroissiale, le «Cinema Paradiso». En tant que curé, il exerce une censure aussi ridicule que cocasse en faisant couper (au sens propre : les passages censurés sont coupés au ciseau sur la pellicule) par son projectionniste toutes les scènes qu'il juge obscènes (en particulier les scènes de baisers).

Fasciné par les films et le cinéma, Totò s'introduit en secret dans la salle et vole quelques morceaux de pellicule coupés par Alfredo. Au début, celui-ci chasse l'enfant de la cabine de cinéma mais, peu à peu, une extraordinaire amitié naît entre eux et il l'initie au métier. Un jour, la pellicule, extrêmement inflammable à l'époque, prend feu, et Alfredo est pris au piège dans la cabine de projection. Toto, bien qu'il ne soit qu'un enfant malingre, lui sauve la vie en le tirant comme il peut hors de la cabine en feu. Mais  Alfredo en restera défiguré et, devenu aveugle, il cèdera sa place à l'enfant qui, malgré son jeune âge, le remplace en tant que projectionniste. C'est pour lui le début d'une nouvelle aventure. Le curé, ne pouvant demander à un enfant de couper les scènes qu'il considère comme immorales, lui laisse désormais la bride sur le cou et les spectateurs de Giancaldo voient pour la première fois de leur vie une scène de baiser au cinéma.

Pendant ce temps, Totò est devenu un bel adolescent (il est alors interprété par Marco Leonardi, un acteur  inconnu en France mais qui a, heureusement pour lui, poursuivi une carrière cinématographique en Italie.) Salvatore fait la connaissance d'Elena, fille de bourgeois aisés et, malgré son inexpérience et leur différence de condition, il s'en fait aimer. Mais il doit partir au service militaire et il perd toute trace d'Elena qui a déménagé et dont les parents interceptent son courrier.

De retour à la vie civile, revenu à Giancaldo, Salvatore rend visite à Alfredo, qui lui fait promettre d'abandonner la Sicile pour toujours, et d'aller faire sa vie à Rome. On comprend qu'en ne revenant pas pendant trente ans dans son village de naissance, Salvatore/Toto est resté fidèle au dernier conseil d'Alfredo. Salvatore, malgré une carrière réussie dans le cinéma n'est pas satisfait de sa vie.

L'enterrement d'Alfredo est pour lui l'occasion de revoir son village défiguré par le progrès. Le Cinéma Paradiso, où il a tant de souvenirs, abandonné depuis des années, est en ruine et il est sur le point d'être démoli. On pense un moment que Salvatore, qui est devenu un riche producteur, va le racheter et le restaurer mais il arrive trop tard et il ne peut qu'assister impuissant à sa démolition.


La fin désabusée de ce film évoque un autre très beau film du même réalisateur : La légende du pianiste sur l'océan adapté du merveilleux livre "Novecento pianiste" d'Alessandro Baricco, dont j'ai parlé ici. 

La prestation de Philippe Noiret (Alfredo, le projectionniste) est magnifique mais plus encore celle du garçonnet, Toto, superbe acteur en herbe (Salvatore Cascio) qui, malgré son talent extraordinaire, n'a pas "percé" du moins dans notre pays.

TORCHWOOD série de science-fiction britannique (2006-2011)


Torchwood Série télévisée de science-fiction britannique créée par Russell T. Davies. Créée en 2006 pour BBC3, elle compte 4 saisons de 51 épisodes au total et a duré jusqu’en septembre 2011; En France, la série a été diffusée à partir du 12 octobre 2007 sur NRJ 12, puis à partir du 13 janvier 2009 sur Syfy.

Synopsis

Torchwood est dérivé de la série Dr. Who (les anglo-saxons appellent cela un spin-off). L'Institut Torchwood aurait été créé en 1879 par la reine Victoria pour lutter contre les ennemis extra-terrestres de l'Empire britannique, enquêter sur les incidents impliquant des extraterrestres et récupérer les artefacts qui pourraient avoir des implications dangereuses dans notre monde. Torchwood se déroule à Cardiff au pays de Galles, et est censé débuter quelque temps après la fin de la 2ème saison de Doctor Who. La série est centrée sur le personnage du « Capitaine » Jack Harkness, incarné par  l’acteur écossais John Barrowman. Le pitch initial était donc intéressant et prometteur...  

Ma critique

J'avais lu de bonnes critiques sur cette série produite par la BBC. Lors d'un des premiers épisodes, un de ces artefacts, un gant de technologie alien, permettait de rappeler à la vie quelqu'un qui venait de mourir pour lui faire revivre ses derniers instants. Dans le cas d'un assassinat, l'Institut Torchwood utilisait ce "gant" pour démasquer le meurtrier de la victime. Mais, comme souvent (je pense en particulier à l'excellentissime série The lost room, trop vite interrompue ou de Warehouse 13), chaque objet "à pouvoir" a deux facettes, une bonne et une mauvaise et le "gant" prend un tel ascendant sur la  personne qui le manipule (en l'occurrence, dans cette 1ère partie, Suzie Costello, membre de l'équipe de Torchwood) qu'il en fait à son tour une meurtrière.

Après des débuts prometteurs, les épisodes suivants m'ont vite lassé et, malgré l'humour et le charisme certain de quelques personnages, à commencer par le rôle-titre du "Capitaine" Harkness et de Ianto Jones (Gareth David-Lloyd), l'énigmatique majordome-chauffeur-homme à tout faire de Torchwood), les choses ont très vite (trop vite) dérapé et l'économie de moyens, la répétitivité des épisodes et l'invraisemblance des scenarii m'ont découragé.  

 Dommage, car l'idée de départ était bonne... Mais une bonne idée et de bons acteurs ne sont pas suffisants lorsque les scénaristes et les moyens ne sont pas à la hauteur et la mise en scène déficiente. 

Une série "dispensable", pour reprendre un terme à la mode.