vendredi 26 avril 2024

CIVIL WAR film dystopique d'Alex GARLAND (GB/USA - 2024)

 

Civil War est un film dystopique britannico-américain réalisé par Alex Garland et sorti en 2024. Il a été présenté en avant-première mondiale au festival South by Southwest (Austin, Texas), en mars 2024

Présentation

Dans un futur proche, les Etats-Unis sont en pleine guerre civile. Le président, qui en est à son 3ème mandat, refuse de démissionner malgré une opposition farouche de 17 Etats américains. Une armée, constituée par le Texas et la Californie sous le nom de WF (Western Forces) s’est rassemblée à Charlottesville en Virginie, et encercle Washington.

Une équipe de journalistes, formée de Lee Smith (Kirsten Dunst), Joel (Wagner Moura) et Sammy (Stephen McKinley Henderson) décide d’aller jusqu’à Washington où il est retranché, pour interviewer le président.

Lors d’une étape à Brooklyn, Lee sauve la jeune Jessie Cullen (Cailee Spaeny), d’un attentat. Celle-ci, qui admire son travail de photographe, convainc les journalistes professionnels de l’emmener avec eux.

Ils s’embarquent alors pendant un long et dangereux voyage à travers les États-Unis pour rejoindre Washington, au cours duquel Sammy sera tué. Lee, Joel et Jessie parviendront au péril de leur vie à rejoindre l’armée sécessionniste et entrera avec eux dans la capitale fédérale à feu et à sang où ils seront les premiers à filmer l’entrée à la Maison Blanche et l’assassinat du président.

Mon opinion

Tout l’intérêt du film réside dans la place que réserve le réalisateur à ces quatre (puis trois) journalistes qui, à part la jeune Jessie, couvert de nombreux conflits et vu des choses atroces contre lesquelles ils se sont blindés. En fait, on avance dans ce conflit et on le voit à travers leurs yeux et leur vécu et c’est cela qui est intéressant plus que les évènements en soi qui pourraient se dérouler n’importe où dans le monde. Sauf qu’on est bien aux Etats-Unis, où chaque famille, du plus jeune au plus âgé, est armé. Le film, qui est une fiction, décrit malheureusement bien ce qui pourrait se passer aux Etats-Unis dans les mois qui viennent avec les prochaines échéances électorales et l’affrontement prévisible entre des Démocrates et les Républicains s’ils n’acceptent pas le verdict des urnes.  

dimanche 21 avril 2024

Le Professeur au cinéma - Blow Up - ARTE


Films cités et commentés dans ce blog :



LA SALLE DES PROFS de Ilker CATAK (D- 2023)

 


La Salle des profs (Das Lehrerzimmer) est un film dramatique allemand réalisé par İlker Çatak et sorti en 2023.

Résumé

Carla Nowak (Leonie Benesh) est une jeune enseignante de mathématiques et d'éducation physique dans une classe de 5ème. Tout se passe bien avec ses élèves jusqu’à ce que la direction, ayant constaté plusieurs vols, décide d’agir en contrôlant les sacs des élèves. Une grosse somme ayant été découverte dans le portefeuille d’Ali (Can Rodenbostel), les parents sont convoqués : l’argent lui a été donné pour acheter un jeu vidéo pour offrir à l’anniversaire d’un de ses amis.

Dans la salle des profs, Carla surprend une de ses collègues à voler la cagnotte de la machine à café. Elle décide alors d’en avoir le cœur net et, ayant délibérément laissé son porte-monnaie dans sa veste avec une certaine somme d’argent, elle met en veille son ordinateur pour filmer le coupable.

Lorsqu’elle revient, elle a la surprise de voir que l’ordinateur a filmé la manche d’un chemisier porté par Mme. Kuhn (Eva Löbau), la secrétaire de l’administration. Forte de cette preuve, elle la confronte mais celle-ci nie avec véhémence être la voleuse. Devant sa mauvaise foi, Carla va montrer la vidéo à la directrice.

A partir de là, les choses dérapent : Mme. Kuhn est suspendue mais son fils Oskar (Leonard Stettnisch), scolarisé dans la classe de Carla, ne veut pas croire à la culpabilité de sa mère, soulevant une révolte des autres élèves.

Mon opinion       

Le film est mené comme un thriller : dès les premières images, et l’interrogatoire des délégués de classe, puis de la fouille des sacs, qui a quelque chose de révoltant, on comprend que les choses sont mal engagées. J’ai été enseignant et je n’ai, heureusement jamais été confronté à une telle situation. Il est facile de dire, je n’aurais pas réagi comme ça. Mais qu’en sait-on ? Les erreurs sont commises et tout ce qui est fait par la suite pour les réparer ne fait qu’entraîner le désastre : le dérapage est inéluctable. Comme toujours, les enfants sont formidables de naturel et de sincérité. Ce film m’a beaucoup fait penser à un autre excellent film allemand, sur un scenario pourtant bien différent : Die Welle/La vague, qui, à partir d’une bonne idée d’un enseignant, dérape aussi avec une issue bien plus dramatique que celui-ci. 

vendredi 19 avril 2024

PERFECT DAYS de Wim WENDERS (D-JP 2023)

 

Perfect Days est un film germano-japonais réalisé par Wim Wenders présenté en compétition au festival de Cannes 2023, où il a remporté le prix d'interprétation masculine pour l'acteur principal Kōji Yakusho, ainsi que le prix du jury œcuménique. Il est sorti en France en mars 2024.

Présentation

Le film suit le quotidien de Hirayama (Köji Yakusho), un homme célibataire d’une 40e d’années, qui vit dans un modeste duplex à Tokyo. Chaque matin, il se réveille, se brosse les dents, s’habille et, après avoir avalé une boisson prise au distributeur dans la rue, monte dans son mini-van et part à son travail. Celui-ci consiste à nettoyer les toilettes publiques de Tokyo. Il y retrouve son adjoint, un jeune homme du nom de Takashi (Tokio Emoto), un tire-au-flanc semi-décérébré, qui ne pense qu’à en faire le moins possible et à retrouver sa copine.

Quand Hirayama a terminé son travail qu’il fait consciencieusement (on rêverait d’avoir, en France, des toilettes publiques aussi bien tenues !), il va manger un morceau dans une galerie marchande où il est connu comme le loup blanc, faire sa toilette dans des bains publics, ou prendre un verre dans un bar tenu par Mama, qui interprète quelques chansons pour le bonheur de ses habitués, il rentre chez lui, se couche et lit quelques pages des nombreux livres qui forment, avec ses bonsaïs, son seul luxe.

Sa routine tranquille et bienheureuse est bouleversée une première fois le jour où son adjoint lui emprunte son van et surtout lorsque sa nièce, qui a fugué, débarque chez lui. On s’attend à ce qu’elle soit impossible et qu’il la rejette mais au c’est tout le contraire qui se passe. La gamine est tout aussi taiseuse que lui et ils partagent ensemble quelques moments de contemplation que l’on n’aurait pas imaginé chez quelqu’un de cet âge.

Lorsque la sœur d’Hirayama, une grande bourgeoise richissime qui vient, à bord de sa limousine avec chauffeur, rechercher la fugueuse, on s’attend à un esclandre, mais l’échange reste feutré même si on comprend qu’un drame sépare le frère de la soeur.       

Mon opinion

Film singulier, entre pseudo-documentaire et oeuvre de pure poésie. Ce film très lent, très zen, pourra paraître ennuyeux à certains. On ne pourra s’empêcher de penser au chef d’œuvre absolu de Wenders : Les ailes du désir où les anges contemplent la vie des humains sans pouvoir intervenir dans leur destinée et, s’ils interviennent, perdent leur immortalité. Hirayama est une sorte d’ange éthéré qui apprécie la vie simple qu’il a, sa routine quotidienne, photographie les ombres portées des arbres, la musique des années 70 qu’il écoute sur des cassettes, les livres qu’il lit, les gens qu’il rencontre. On est partagé entre la poésie d’un film où peu de choses se passent et l’ennui. Mais on devra reconnaître à Wenders une qualité d’écriture cinématographique qui n’appartient qu’à lui.