mercredi 24 octobre 2018

LA VIE DEVANT SOI film de Myriam BOYER (FR - 2010)




La Vie devant soi est un téléfilm français réalisé par Myriam Boyer, diffusé le 22 décembre 2010 sur Arte. Il s'agit de l'adaptation du roman éponyme de Romain Gary, publié en 1975 sous le pseudonyme d’Emile Ajar (couronné par le prix Goncourt).

Résumé

Madame Rosa (Myriam Boyer), une vieille femme juive, ancienne prostituée et déportée d’Auschwitz gère « une pension sans famille pour les gosses qui sont nés de travers », autrement dit une pension clandestine où les prostituées laissent leurs rejetons pendant quelques mois (ou plusieurs années) pour les mettre à l’abri de l'Assistance publique ou des représailles de leurs macs. Momo (Julien Soster), un jeune musulman d'environ 14 ans (mais qui croit n'en avoir que 10), raconte sa vie chez madame Rosa et son amour pour la seule « mère » qui lui reste.

Mon opinion sur ce film

J’ai vu ce film en rediffusion sur la chaîne RMC de la TNT hier soir. J’aime beaucoup Myriam Boyer, une actrice sincère qui n’hésite pas à tourner des rôles difficiles et peu commerciaux. Le roman d’Emile Ajar (avatar de Romain Gary) avait déjà fait l’objet de plusieurs adaptations (au cinéma en 1977, par Moshé Mizrahi en 1977 avec SimoneSignoret ; au théâtre, en 2007, par Didier Long avec, déjà, Myriam Boyer dans le rôle-titre). Je n'ai pas vu le film déjà ancien de M. Mizrahi, mais j'imagine que Simone Signoret, dans le rôle de Madame Rosa, devait valoir le déplacement. C'est d'autant plus courageux à Myriam Boyer d'avoir osé s'affronter, à vingt ans de distance, au même rôle. 

Après avoir fait un triomphe avec ce rôle (pour lequel elle a obtenu le Molière de la meilleure comédienne en 2008) au théâtre pendant trois ans, Myriam Boyer a réalisé elle-même cette adaptation du roman de Romain Gary, elle s’est littéralement identifiée au personnage de Mme Rosa, femme forte avec une foi en l’humanité intacte bien que la vie l’ait beaucoup cabossée. Ecoutons-la parler de ce rôle magnifique : "Je voulais moins raconter Mme Rosa, que remettre au cœur du film l'esprit du roman et cette histoire de Belleville, imprégnée de tolérance. C'est un milieu que j'aime et que je crois savoir raconter, puisque j'en viens. S'il est souvent un peu vu d'en haut, je veux, quant à moi, le prendre de l'intérieur et des tripes. J'ai habité Belleville dans ces années-là et c'était vraiment comme ça, un mélange harmonieux. Personne, alors, ne songeait à parler d'intégration. Mais le plus terrible, c'est que trente ans après, les mêmes questions demeurent. Pour moi, La vie devant soi est une fable extraordinaire sur l'humanité, la vieillesse, la maladie et la mort. Romain Gary n'essaie pas de donner de réponses, mais il a l'âge de s'interroger, comme Mme Rosa".  

Dans ce beau rôle, que l’on dirait écrit pour elle, Myriam Boyer donne la pleine mesure de son talent. C’est une actrice rare, qu’on aimerait voir plus souvent. Un coup de chapeau aussi au jeune Julien Soster, éblouissant de justesse, dans le rôle de Momo. Il ne semble pas qu’il ait tourné depuis ce film, ce qui est bien dommage, car il a un talent naturel qu’on ne peut que saluer.  


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dimanche 7 octobre 2018

IMMORTEL (AD VITAM) d'Enki BILAL


Immortel (Ad Vitam) est un film de science-fiction dystopique français d'Enki Bilal, sorti au cinéma le 24 mars 2004.  Le film est l’adaptation de la BD d'Enki Bilal, La Trilogie Nikopol.

Synopsis

L'histoire est censée se situer en 2095, dans un New York futuriste et sinistré, peuplé d'humains normaux et d'autres génétiquement modifiés et de mutants. La ville subit le joug d'une dictature et, telle Metropolis, est divisée en trois zones stratifiées qui ne sont pas censées communiquer entre elles (on retrouve cette opposition de mondes dans le film Upside down).

Les conditions ambiantes dans Central Park ne sont plus compatibles avec la vie d'un mortel et le parc a été déclaré « zone interdite ». Au-dessus du parc stationne une énorme pyramide mystérieuse. À l'intérieur, les dieux égyptiens jugent l'un des leurs, Horus d'Iraknopolis et le condamnent à perdre son immortalité. Comme dernière volonté, il lui est cependant accordé de passer sept jours sur la Terre des Hommes, qu'il a contribué à construire. Horus va mettre ces sept jours à profit pour se donner une descendance, en fécondant une mutante, Jill (Linda Hardy) en investissant le corps d'un humain du nom d'Alcide Nikopol, le héros récurrent d’Enki Bilal, qui est en quelque sorte son alter ego dessiné (interprété dans le film par Thomas Kretschmann). 

Au début du film, un groupe de mutants est arrêté, parmi lesquels se trouve Jill. Malgré son apparence anthropomorphe, Jill est une mutante qui possède aussi des écailles bioélectriques sur la tête et des organes internes déformés ; après sa mue, ses cheveux deviennent bleus. Biologiquement , Jill, à qui on donnerait une 20e d’années, est biologiquement très jeune. Elle possède certaines capacités surnaturelles qu'elle ne connaît qu'en partie. Sa condition de mutante en fait un des rares êtres capables qui puisse engendrer la descendance d'Horus. 

Jill se soustrait à l'emprise d'Eugenics Corporation, une multinationale pharmaceutique, dirigée par Elma (Charlotte Rampling, toujours aussi inquiétante), violemment contestée pour ses activités et son lobbying. Le principal soutien de la jeune femme est John, qui enclenche le processus de sa naturalisation comme humaine.

Le dieu Horus recherche Jill pour s'accoupler avec elle avant que son immortalité ne lui soit retirée. Pour ce faire, il doit investir un corps masculin qui n’a pas subi les modifications génétiques pratiquées par Eugenics Corp. sur presque toute la population humaine. 

Il jette son dévolu sur Nikopol, un détenu politique qui a passé les 30 dernières années de sa vie en apesanteur cryogénique pour s’être opposé au dictateur Choublanc. Il avait été condamné pour avoir pris la tête de la  rébellion contre les Aparthéïdes et pour avoir dénoncé la collusion entre Eugenics et le gouverneur mafieux. Horus prend possession du corps de Nikopol pour inséminer Jill.

Lorsque Horus/Nikopol rencontre Jill, ils sont entraînés dans un enchaînement de meurtres et d'intrigues en rapport avec Eugenics. En fin de compte les protagonistes se retrouvent dans le quartier interdit de Central Park. John disparaît et Horus se sépare du corps de Nikopol. Celui-ci est arrêté et finit de purger sa peine, pendant que Jill part à Paris où Nikopol la rejoint une année plus tard. Elle a donné naissance à l'enfant hybride d'Horus, mais elle a perdu tout souvenir de son géniteur.

Mon opinion

Je suis un grand fan des dessins de Bilal et de son univers envoûtant, qui se déroule dans un futur post-apocalyptique où ses héros se battent contre un ordre totalitaire. 

Enki Bilal est né en République fédérative socialiste de Yougoslavie, d'un père bosniaque et d'une mère slovaque. Son patronyme, Bilal, est d'origine ottomane. Son père était maître-tailleur et s'occupait personnellement de la garde-robe de Tito, qu'il avait connu dans la résistance et avec qui il avait sympathisé.

Le film est sombre, très sombre, mais il colle parfaitement à l'univers habituel de Bilal. C'est un film qui ne laisse pas indifférent : soit on adore (comme moi), soit on déteste (et hélas, c'est ce qu'a fait une grande partie du public). 

Enki Bilal n'a pas eu de chance avec les adaptations de ses livres. Comme le précédent, Tyko Moon, celui-ci été un échec commercial. Mais, même si je n'aime pas tout dans ce film (loin de là !), je suis sensible à l’atmosphère onirique de l'univers d'Enki Bilal. Si l'on sait voir plus loin, on se rend compte que ce film traite avant tout de la liberté, qu'incarne Nikopol, autrement dit Bila lui-même (l'acteur qui en joue le rôle du héros, Thomas Kretschmann, est parfait et je regrette qu'on ne le voie pas davantage), en lutte contre la corruption (dans tous les sens du terme). Je suis très sensible à cela et, pour moi, outre le côté glacé de l'univers « bilalien », c'est le plus important.

Le dieu Horus, lui aussi, est à la recherche de la liberté. Il veut s'affranchir de sa condition de dieu immortel (mais condamné à perdre son immortalité par ses pairs) en se reproduisant, à travers Nikopol. Mais, comme il est un dieu, il n'a aucun sentiment humain et ne voit en l'humain que le véhicule de sa survie. La musique de la BO est magnifique. Elle m'a permis de découvrir un groupe que je ne connaissais pas, Venus et sa chanson "Beautiful days".

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