lundi 5 janvier 2015

TIME OUT d'Andrew Niccol (USA-2011)


Time out (2011) est le dernier film du producteur-réalisateur Néo-Zélandais Andrew Niccol, né en 1964. Il n'a pour l'instant que 5 films à son actif (un 6ème, en production).

Son tout premier film, Bienvenueà Gattaca (1997) stupéfia tout le monde par sa maîtrise et son esthétisme élégant. Ce film est considéré par beaucoup (dont votre serviteur) comme un chef d'œuvre inégalé. Le film qui a précédé Time out, Lord of war (2006) avec Nicolas Cage dans le rôle d'un marchand d'armes international d'un cynisme absolu, est aussi tout à fait remarquable.

Résumé

« Time out » signifie « Il est temps de… » (Sous-entendu, dans le contexte du fil, "de mourir"), ou encore « Le temps est écoulé ».

Dans cette société dystopique, où la population est arrivée au maximum de ce que les ressources de la planète peuvent nourrir, la génétique a permis de garantir à tout être humain de vivre en bonne santé jusqu’à ses 25 ans (ce qui, soit dit en passant, règle d'un seul coup les problèmes de la sécurité sociale et ceux de la retraite !) A partir de cet âge fatidique (au sens propre), un compteur se déclenche automatiquement pour chaque individu, donnant à chacun un "crédit-temps", le même pour tous. Si l'on veut vivre au-delà du temps qui vous est alloué, on doit "gagner sa vie" (et, dans le cas des héros du film, cette expression est à prendre au pied de la lettre).

Mais l’amoralité de l’être humain fait que, même si théoriquement les riches sont soumis aux mêmes règles que les pauvres, ils ont su s’organiser pour détourner les règles du « Time out » à leur profit et négocient le temps comme nos financiers négocient l'argent ou les ressources de la Terre, avec les conséquences que l'on sait.

Dans le monde de Time out, l'étalon n'est donc plus l'argent mais le temps. Mais cela revient au même : les pauvres, tenus par l'oligarchie qui édicte les lois, dans une situation de misère permanente, doivent travailler d'arrache-pied pour gagner leur vie. Les autres, vivant au-dessus des lois, dans un luxe éhonté, trafiquent : jeu, prostitution, affaires en tout genre… dans le but principal de « gagner du temps ».

Les puissants s’appellent entre eux les « immortels » et vivent presqu’éternellement dans leur ghettos doré, jeunes, riches et beaux pour l’éternité. Des « Gardiens du temps », dotés de pouvoirs illimités – mais, bien entendu à la solde des puissants  - sont chargés de faire respecter cet ordre a priori parfait.
Les choses changent brusquement pour Will (étonnant Justin Timberlake), simple ouvrier dans une usine,  alors qu’au cours d’une soirée dans un bar mal famé, il intervient pour sauver un richissime «immortel », Henry Hamilton (Matthew Bomer), venu s’encanailler. Celui-ci a perdu tout intérêt à la vie dorée et sans intérêt qu’il mène. Alors qu’il est ivre, il est attaqué par des malfrats qui veulent lui "voler son temps". Pour remercier Will de l’avoir aidé,  Henry lui fait cadeau de  son crédit temps et se suicide sans que le jeune homme n’ait pu l'empêcher de commettre ce geste définitif.
Mais ce genre de fait met en péril l’ordre établi et n’est pas du goût du chef des «gardiens du temps», Raymond Leon (Cillian Murphy) - déjà vu dans Inception - remonte la piste jusqu'à Will et l'accuse d’avoir assassiné Henry pour lui voler son temps.

Malgré tout le capital temps dont il dispose, Will n'arrive pas assez tôt pour sauver sa mère Rachel qui meurt sous ses yeux. Fou de douleur, il décide de se venger des riches et corrompus «immortels» en s’introduisant chez eux en se faisant passer pour l’un d’entre eux. Grâce à son crédit-temps illimité, il se fait inviter à une soirée où il fait la connaissance de Sylvia Weis (Amanda Seyfried) - vue dans Cher John -  la fille du milliardaire Philippe Weis  qui tombe amoureuse de lui et, ensemble, ils vont tenter de renverser le système et rétablir la justice et l'équilibre naturel des choses.

Mon opinion sur ce film

Je viens de voir Time out. A la différence de certains critiques, j'ai trouvé ce film excellent. Certes, il est moins abouti que Bienvenue à Gattaca qui, selon mon point de vue, ne sera jamais surpassé, mais son propos est intéressant et ne laisse pas indifférent à condition de ne pas se laisser arrêter par le fait qu'il est présenté comme un film de science-fiction. Ceux qui me suivent sur ce blog savent quelle réticence j'éprouve envers les classifications hâtives de films. Dans le cas des films dits "de science-fiction", je les trouve encore plus inadaptées. En fait, beaucoup de spectateurs se privent d'aller voir un film parce qu'il est catalogué « science-fiction" et je trouve cela regrettable. En effet, des films comme Inception, The adjustment bureau (stupidement traduit en français par "L'Agence", un titre tellement passe-partout qu’on l’oublie immédiatement, Minority report ou le très beau et très désespéré Never let me go pour ne citer que ceux-là...) méritent tellement mieux que cette classification réductrice : la science-fiction est un moyen pour l’auteur ou le cinéaste de se projeter librement dans l’avenir et d’imaginer ce que pourrait être une société si nous laissions la technologie nous dicter ses lois, en faisant abstraction de l’éthique et de la morale.

C’est bien le cas dans Time out. On y retrouve à la fois le propos de Lord of war (qui, emprunté à l’histoire d’un trafiquant d’armes international, est plutôt un film d’action) et celles de Bienvenue à Gattaca, film sur les dangers (et l'absurdité !) de l'eugénisme. Dans ce dernier film, la société était coupée en deux : d'un côté les « élus » (les humains sélectionnés génétiquement pour être parfaits et devant lesquels toutes les portes s'ouvraient) et les autres, auxquels étaient réservées les tâches subalternes. On le voit bien, ces sujets relèvent plus de la philosophie et de la politique (voire de l’économique) que de la « science-fiction ».  

Time out n'a jamais eu plus d'actualité qu'en ce moment, où tous les commentateurs nous rebattent les oreilles avec la crise économique qui n’est rien d’autre que la conséquence de la financiarisation du monde et la confiscation des richesses par une minorité, de plus en plus réduite, de plus en plus puissante et… de plus en plus amorale.

Certes, le film n’a pas la majesté ni la perfection glacée de Bienvenue à Gattaca qui restera, pour moi, comme je l’ai dit, un chef d’œuvre insurpassé, aussi bien par son esthétique travaillée, sa symbolique omniprésente, et ses acteurs charismatiques, Jude Law, Ethan Hawke et Uma Thurman. Certes, le scénario de Time out n’est pas parfait ni aussi maîtrisé que celui de ce film mais son propos est aussi inquiétant et doit nous faire réfléchir au-delà du simple divertissement que pourraient y voir certains.

Quant au casting, Justin Timberlake, qui m’avait déjà bluffé dans The Social Network où il ne tenait pourtant qu’un rôle secondaire, il montre dans ce film où il incarne Will, qu’il est un acteur de talent.  Amanda Seyfried, avec ses yeux immenses, joue aussi bien son rôle de pauvre petite fille riche qui se rebelle contre son père. Quant à Cillian Murphy, son regard glaçant en fait un parfait  "gardien du temps" sans autre morale que celle de défendre sa caste mais le pire personnage est encore Philippe Weis, le père de Sylvia, joué par Vincent Kartheiser, déjà vu comme le fils indigne d'Angel dans les dernières saisons de la série fantastique du même nom.

Un film à voir, et pas seulement pour les amateurs de films de science-fiction.  



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