Time out (2011) est le
dernier film du producteur-réalisateur Néo-Zélandais Andrew Niccol, né en
1964. Il n'a pour l'instant que 5 films à son actif (un 6ème, en
production).
Son tout premier film, Bienvenueà Gattaca (1997) stupéfia tout le monde par sa maîtrise et son
esthétisme élégant. Ce film est considéré par beaucoup (dont votre serviteur)
comme un chef d'œuvre inégalé. Le film qui a précédé Time out, Lord of war (2006) avec Nicolas Cage
dans le rôle d'un marchand d'armes international d'un cynisme absolu, est aussi
tout à fait remarquable.
Résumé
« Time out » signifie « Il est
temps de… » (Sous-entendu, dans le contexte du fil, "de mourir"), ou encore « Le temps est écoulé ».
Dans cette société dystopique, où
la population est arrivée au maximum de ce que les ressources de la planète
peuvent nourrir, la génétique a permis de garantir à tout être humain de vivre
en bonne santé jusqu’à ses 25 ans (ce qui, soit dit en passant, règle d'un seul
coup les problèmes de la sécurité sociale et ceux de la retraite !) A
partir de cet âge fatidique (au sens propre), un compteur se déclenche automatiquement
pour chaque individu, donnant à chacun un "crédit-temps", le même
pour tous. Si l'on veut vivre au-delà du temps qui vous est alloué, on doit
"gagner sa vie" (et, dans le cas des héros du film, cette expression
est à prendre au pied de la lettre).
Mais l’amoralité de l’être humain
fait que, même si théoriquement les riches sont soumis aux mêmes règles que les
pauvres, ils ont su s’organiser pour détourner les règles du « Time out »
à leur profit et négocient le temps comme nos financiers négocient l'argent ou
les ressources de la Terre, avec les conséquences que l'on sait.
Dans le monde de Time
out, l'étalon n'est donc plus l'argent mais le temps. Mais cela revient
au même : les pauvres, tenus par l'oligarchie qui édicte les lois, dans une
situation de misère permanente, doivent travailler d'arrache-pied pour gagner
leur vie. Les autres, vivant au-dessus des lois, dans un luxe éhonté, trafiquent
: jeu, prostitution, affaires en tout genre… dans le but principal de « gagner
du temps ».
Les puissants s’appellent entre
eux les « immortels » et vivent presqu’éternellement dans leur ghettos doré,
jeunes, riches et beaux pour l’éternité. Des « Gardiens du temps », dotés de
pouvoirs illimités – mais, bien entendu à la solde des puissants - sont chargés de faire respecter cet ordre a
priori parfait.
Les choses changent brusquement
pour Will (étonnant Justin Timberlake),
simple ouvrier dans une usine, alors
qu’au cours d’une soirée dans un bar mal famé, il intervient pour sauver un
richissime «immortel », Henry Hamilton (Matthew
Bomer), venu s’encanailler. Celui-ci a perdu tout intérêt à la vie dorée et
sans intérêt qu’il mène. Alors qu’il est ivre, il est attaqué par des malfrats
qui veulent lui "voler son temps". Pour remercier Will de l’avoir
aidé, Henry lui fait cadeau de son crédit temps et se suicide sans que le
jeune homme n’ait pu l'empêcher de commettre ce geste définitif.
Mais ce genre de fait met en
péril l’ordre établi et n’est pas du goût du chef des «gardiens du temps»,
Raymond Leon (Cillian Murphy) - déjà
vu dans Inception - remonte la piste jusqu'à Will et l'accuse d’avoir
assassiné Henry pour lui voler son temps.
Malgré tout le capital temps dont
il dispose, Will n'arrive pas assez tôt pour sauver sa mère Rachel qui meurt
sous ses yeux. Fou de douleur, il décide de se venger des riches et corrompus «immortels»
en s’introduisant chez eux en se faisant passer pour l’un d’entre eux. Grâce à
son crédit-temps illimité, il se fait inviter à une soirée où il fait la
connaissance de Sylvia Weis (Amanda Seyfried) - vue dans Cher John - la fille du milliardaire Philippe Weis qui tombe
amoureuse de lui et, ensemble, ils vont tenter de renverser le système et rétablir
la justice et l'équilibre naturel des choses.
Mon opinion sur ce film
Je viens de voir Time
out. A la différence de certains critiques, j'ai trouvé ce film
excellent. Certes, il est moins abouti que Bienvenue à Gattaca qui, selon mon
point de vue, ne sera jamais surpassé, mais son propos est intéressant et ne
laisse pas indifférent à condition de ne pas se laisser arrêter par le fait
qu'il est présenté comme un film de science-fiction. Ceux qui me suivent sur ce
blog savent quelle réticence j'éprouve envers les classifications hâtives de
films. Dans le cas des films dits "de science-fiction", je les trouve
encore plus inadaptées. En fait, beaucoup de spectateurs se privent d'aller
voir un film parce qu'il est catalogué « science-fiction" et je
trouve cela regrettable. En effet, des films comme Inception, The adjustment bureau (stupidement traduit en français par
"L'Agence", un titre tellement passe-partout qu’on l’oublie
immédiatement, Minority report ou le très beau et très désespéré Never let me go pour ne citer que ceux-là...) méritent tellement mieux que
cette classification réductrice : la science-fiction est un moyen pour l’auteur
ou le cinéaste de se projeter librement dans l’avenir et d’imaginer ce que
pourrait être une société si nous laissions la technologie nous dicter ses
lois, en faisant abstraction de l’éthique et de la morale.
C’est bien le cas dans Time
out. On y retrouve à la fois le propos de Lord of war (qui,
emprunté à l’histoire d’un trafiquant d’armes international, est plutôt un film
d’action) et celles de Bienvenue à Gattaca, film sur les
dangers (et l'absurdité !) de l'eugénisme. Dans ce dernier film, la société était coupée en deux :
d'un côté les « élus » (les humains sélectionnés génétiquement pour être
parfaits et devant lesquels toutes les portes s'ouvraient) et les autres,
auxquels étaient réservées les tâches subalternes. On le voit bien, ces sujets
relèvent plus de la philosophie et de la politique (voire de l’économique) que
de la « science-fiction ».
Time out n'a jamais eu
plus d'actualité qu'en ce moment, où tous les commentateurs nous rebattent les
oreilles avec la crise économique qui n’est rien d’autre que la conséquence de
la financiarisation du monde et la confiscation des richesses par une minorité,
de plus en plus réduite, de plus en plus puissante et… de plus en plus amorale.
Certes, le film n’a pas la
majesté ni la perfection glacée de Bienvenue à Gattaca qui restera,
pour moi, comme je l’ai dit, un chef d’œuvre insurpassé, aussi bien par son
esthétique travaillée, sa symbolique omniprésente, et ses acteurs
charismatiques, Jude Law, Ethan Hawke et Uma Thurman. Certes, le scénario de Time out n’est pas parfait ni aussi
maîtrisé que celui de ce film mais son propos est aussi inquiétant et doit nous
faire réfléchir au-delà du simple divertissement que pourraient y voir certains.
Quant au casting, Justin Timberlake, qui m’avait déjà
bluffé dans The Social Network où il ne tenait pourtant qu’un rôle
secondaire, il montre dans ce film où il incarne Will, qu’il est un acteur de
talent. Amanda Seyfried, avec ses yeux immenses, joue aussi bien son rôle
de pauvre petite fille riche qui se rebelle contre son père. Quant à Cillian Murphy, son regard glaçant en
fait un parfait "gardien du temps"
sans autre morale que celle de défendre sa caste mais le pire personnage est encore Philippe Weis, le père de Sylvia, joué par Vincent Kartheiser, déjà vu comme le fils indigne d'Angel dans les dernières saisons de la série fantastique du même nom.
Un film à voir, et pas seulement
pour les amateurs de films de science-fiction.
- Equilibrium de Kurt Wimmer
- Furia d'Alexandre Aja (2000)
- Terminator et les Chroniques de Sarah Connor
- The Island de Michael Bay (2005)
- Paycheck de John Woo (2003)
- Pleasantville de Gary Ross (1998)
- Fahrenheit 451 de François Truffaut
- The adjustment bureau
- Minority report
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