Catherine Dorléac, dite Catherine
Deneuve, est une actrice française, née le 22 octobre 1943 à Paris. Considérée
comme l'une des plus grandes actrices françaises de sa génération et de la
seconde partie du xxe siècle, elle a été l'égérie de réalisateurs reconnus
comme Jacques Demy, François Truffaut ou André Téchiné. Catherine Deneuve
compte également dans sa filmographie plusieurs grands noms du cinéma
international : Luis Buñuel, Roman Polanski, Marco Ferreri, Dino Risi, Manoel
de Oliveira, Raul Ruiz ou encore Lars von Trier.
L'actrice est notamment lauréate
de deux Césars de la meilleure actrice. Elle a par ailleurs obtenu plusieurs prix à
l'international, notamment dans les trois festivals de cinéma européen les plus
prestigieux que sont Cannes, Venise et Berlin.
Biographie
Catherine Deneuve a été élevée dans une famille d'acteurs, son père, Maurice Dorléac, travailla beaucoup pour le théâtre et le
cinéma mais fut également directeur de doublage à la Paramount Pictures et sa
mère, Renée Simonot, dont elle a utilisé le véritable patronyme, « Deneuve »,
avait été pensionnaire du théâtre de l'Odéon, où sa grand-mère avait été
souffleuse.
Catherine est la troisième des
quatre filles de Renée Simonot ; ses trois sœurs sont Danielle (née en 1936,
fille du comédien Aimé Clariond), Françoise Dorléac (née en 1942, morte dans un
accident de voiture en 1967 quelques mois après la sortie des Demoiselles de Rochefort) et Sylvie (née en 1946).
Ses débuts au cinéma
Catherine Deneuve débuta au
cinéma en 1956, sous son nom d’état-civil (Dorléac), avec un petit rôle dans
Les Collégiennes d'André Hunebelle. « Je joue en uniforme de collège, et c'est
là que j'apprends à nouer des cravates», dira-t-elle.
Quatre ans plus tard, sa sœur
Françoise lui dit : « Tu sais. Ce serait amusant que tu fasses des essais. Je
dois tourner cet été un film qui s'appelle Les portes claquent et le
réalisateur, Jacques Poitrenaud, cherche une jeune fille pour jouer ma sœur. Tu
devrais y aller. » Après avoir obtenu l'accord de ses parents, Catherine
Deneuve se présente au casting et elle est choisie pour le rôle. A l'époque, elle n'était cependant pas
intéressée par le métier de comédienne. Cet épisode l'amène pourtant à interrompre ses
études, au cours de sa classe de seconde.
Le réalisateur Mel Ferrer, qui lui
trouve une ressemblance avec Audrey Hepburn, l'engage pour tourner L'Homme à
femmes, avec Danielle Darrieux. Dès ces premières apparitions, les critiques saluent sa performance : «
La révélation du film, c'est une petite personne exquise qui s'appelle Catherine
Deneuve. Discrète, sans être empaillée, proprette sans être banale, ingénue
sans être niaise, et jolie, si jolie, sans avoir l'air de le savoir. Elle
devrait être d'ici à trois mois la proie favorite des metteurs en scène
fatigués du style Saint-Germain-des-Prés. » [France Roche, France-Soir (1960)].
En 1962, elle rencontre Roger
Vadim à l’Épi Club de Montparnasse. « Ce fut le coup de foudre. Vadim m'apprit
à devenir femme, à me faire une personnalité et à vivre dans le bonheur », dira
Catherine Deneuve. Vadim lui offre un rôle dans Le Vice et la Vertu (1962).
Elle vit ensuite avec le cinéaste, de quinze ans son aîné, dont elle a un fils,
Christian, né le 18 juin 1963.
Catherine Deneuve et Jacques Demy
En 1964, elle incarne le premier
rôle féminin du film musical de Jacques Demy, Les Parapluies de Cherbourg,
récompensé par la Palme d'or au Festival de Cannes et par le Prix Louis-Delluc.
C’est le début de la consécration : les critiques ne parlent que d'elle,
de sa beauté, de sa grâce, de cette manière d'être à la fois légère et
profonde, gaie et mélancolique qui est sa marque de fabrique. Elle est la révélation de l'année 1964 et
devient l'incarnation de l'idéal féminin et de la femme des années 60. La
rencontre avec Jacques Demy représente un tournant dans sa carrière puisqu'elle
devient l'un des visages les plus emblématiques de l'univers poétique, enchanté
et grave du réalisateur. Elle tourne encore trois films sous sa direction : Les Demoiselles de Rochefort (avec sa sœur Françoise Dorléac), Peau d'âne et
L'Événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la Lune. En
revanche, elle renonce au rôle d'Edith dans Une chambre en ville, parce que
Jacques Demy refusait qu'elle chante elle-même les dialogues et voulait la doubler. Le film ne sera tourné que sept ans plus tard avec Dominique
Sanda dans le rôle-titre.
Les années 1960
En 1965, Roman Polanski lui
propose le rôle principal dans l'adaptation qu'il compte faire de la pièce de
théâtre de Roland Dubillard, Naïves Hirondelles, mais elle refuse, considérant
qu'il s'agit d'un rôle d'idiote. Après réflexion, elle regrettera sa décision
et acceptera une nouvelle offre du réalisateur pour jouer dans son film Répulsion. Le personnage qu'elle interprète, Carol, est une manucure qui
souffre de schizophrénie, ce qui la conduit finalement à la folie meurtrière. Elle
refuse cependant une scène de nu et exige de la jouer en chemise de nuit. Lors
de sa sortie, le film obtient un succès critique et public.
Par amitié pour Agnès Varda, elle
accepte ensuite de faire une apparition dans son film Les Créatures (1966). Le
film est un échec cuisant. Deneuve déclare à ce sujet : « Les Créatures a été
accueilli de façon très injuste, car on ne s'est pas seulement contenté
d'assassiner le film mais aussi Agnès Varda qui n'a rien pu faire depuis en
France ! Mais je préfère ne pas en parler, car cela me rendrait très agressive
à l'égard de gens qui font de la critique de façon très méprisable ».
L'année suivante (1967), elle
retrouve Jacques Demy pour le film musical Les Demoiselles de Rochefort, dans
lequel elle donne la réplique à sa sœur Françoise Dorléac. Le film raconte
l'histoire de sœurs jumelles, professeurs de danse et de musique, qui rêvent de
monter à Paris et saisissent l'occasion lorsqu'une troupe de forains passe en
ville. Leur but est de chercher l'amour idéal. Les voix chantées des deux
actrices sont doublées dans le film par Christiane Legrand et Claude Parent.
Bien qu'elle adore le film, il reste pour Deneuve un souvenir malheureux. En
effet, sa sœur Françoise Dorléac, avec qui le film l’avait beaucoup rapprochée,
meurt dans un accident de voiture le 26 juin 1967. Pour Deneuve, la perte de sa
sœur représente « la déchirure la plus importante de [sa] vie. »
Avant l’accident de sa sœur,
Catherine Deneuve avait refusé le scénario qu'elle reçoit pour l'adaptation du
roman de Joseph Kessel, Belle de Jour, mais elle change d'avis lorsqu'elle
apprend que le réalisateur est Luis Buñuel. Aux côtés de Michel Piccoli, Pierre
Clémenti et Francis Blanche, elle interprète l'épouse d'un médecin qui se livre
à la prostitution occasionnelle. Le tournage a été pour elle extrêmement
difficile non, comme on pourrait le penser, pour le thème sulfureux qu’il
aborde ni pour les scènes difficiles qu’elle a eu à jouer, mais pour ses
relations avec le réalisateur. En effet, les producteurs, Robert et Raymond
Hakim, refusaient qu'elle parle directement avec Buñuel et servaient
d'intermédiaire. « Sur Belle de jour, on a eu affaire à des producteurs à
l'ancienne et qui tenaient à ce que les acteurs restent dans leur coin et ne
communiquent pas avec leur réalisateur. Privé de ce dialogue-là, j'ai vécu des
moments vraiment douloureux. » Le film est néanmoins un succès plus critique
que public, et selon François Truffaut, le film le plus important de sa
carrière : «Ce film coïncidait merveilleusement avec la personnalité un peu
secrète de Catherine et les rêves du public. C'était un film formidablement
mystérieux qui lui convenait parfaitement... »
Après la mort de Françoise
Dorléac, Catherine s’est jetée à corps perdu dans le travail : « Très
longtemps, je me suis sentie comme un zombie. Je n'ai pas arrêté de travailler,
j'ai tourné des films, c'est vrai, mais ce sont des souvenirs assez flous, je
n'étais pas du tout en état d'analyser les raisons pour lesquelles je faisais
les choses, j'étais anesthésiée. » [Catherine Deneuve, « Elle s'appelait
Françoise »].
Au moment de l'accident, elle avait
déjà accepté un petit rôle dans la comédie Benjamin ou les Mémoires d'un puceau
de Michel Deville et, malgré son chagrin, elle assure le tournage. Ce film, à
la distribution prestigieuse (Michèle Morgan, Michel Piccoli, Jacques Dufilho,
Francine Bergé, Odile Versois, etc), se déroule dans la France libertine du
milieu XVIIIe siècle ; il raconte l'éducation sentimentale et
sexuelle d'un jeune homme (Pierre Clémenti) élevé jusque-là loin des femmes. Le
film a obtenu un grand succès auprès du public et a été récompensé par le prix
Louis Delluc.
Son film suivant, Manon 70, est
une adaptation contemporaine du roman-mémoires de l’abbé Prévost, Manon
Lescaut. Même si elle considère le film raté, elle refuse de le renier. « J'ai
beaucoup d'estime pour Jean Aurel (le réalisateur). Si Manon n'est pas une
grande réussite, c'est sans doute parce que le metteur en scène n'était pas au
meilleur de sa forme. Ni moi non plus. Je ne considère pas Manon comme un
échec, ou si c'en est un, je ne veux en considérer que l'aspect instructif. »
Après une adaptation du roman de
Françoise Sagan, La Chamade, dans lequel elle joue une femme qui aime vivre
d'oisiveté grâce à l'argent de son amant, Catherine Deneuve est dirigée par
François Truffaut dans La Sirène du Mississipi (1968). Elle y donne la réplique
à Jean-Paul Belmondo. Elle interprète une chanteuse de cabaret, qui, après
s'être mariée à un homme riche, lui vole son argent et s'enfuit. Le film est
particulier et difficile pour Deneuve car les dialogues sont écrits au fur et à
mesure du tournage. La Sirène est un échec, ce qui affecte beaucoup son
réalisateur et son actrice. «L'échec du film m'a beaucoup attristée : un sujet
très romanesque, une histoire d'amour... J'adorais ce film. Mais il était
tellement contre les lois du genre, contre mon image habituelle et surtout
celle de Belmondo. Le public n'a apparemment pas accepté que Belmondo joue un
homme faible, qui subit. C'était une série noire vraiment noire. Mais je
considère que c'est un film important. » Elle entretient avec le réalisateur
une histoire d'amour discrète qui se prolonge au-delà du tournage. Elle le
quitte brusquement, ce qui plonge Truffaut dans une profonde dépression.
La même année, Catherine Deneuve
tourne sous la direction de Terence Young dans Mayerling, l'histoire d'amour
entre Rodolphe d'Autriche et Marie Vetsera. Le film connaît un succès
considérable. Cependant, bien qu'elle ne regrette pas de l'avoir tourné, elle
estime qu'il est trop commercial. « Il y avait des choses à dire, il y avait
certainement des images plus fortes à montrer. Quand il y a beaucoup d'argent,
il y a tout de suite trop de choses à respecter. La liberté a un prix..».
Les années 1970
Buñuel invite alors Deneuve à
jouer le rôle-titre de son prochain film, Tristana (1970). Malgré leur première collaboration difficile sur Belle de jour, l’actrice accepte et se rend en
Espagne pour interpréter une jeune femme recueillie par un notable de Tolède et
qui finit aigrie, malade et amputée d'une jambe. Le tournage est merveilleux
pour Deneuve.« Tristana est un de mes grands souvenirs. Le tournage s'est très
bien passé. Buñuel était revenu en Espagne et j'étais attirée par le mystère de
ce personnage féminin, son comportement, ses pulsions. »
Pour la troisième fois, Deneuve
retrouve Demy pour le film musical Peau d'âne inspiré du conte de
Charles Perrault. Le film tient une place particulière dans sa carrière et est
un succès considérable avec 2,2 millions d'entrées. « J'y allais les yeux
fermés. Heureuse de retrouver cet univers. Un univers où toutes les relations
interdites sont transfigurées. Jacques savait créer le merveilleux avec un
rien, son regard le suscitait. Où que j'aille, le film m'a poursuivie. Il y a
des rôles qu'on oublie. Mais, là, c'est le film lui-même qui ne m'a jamais
quittée. Souvent, des amis me demandaient si j'en avais une copie. Mais, pour
moi aussi, le film avait disparu. Si bien que je suis la première enchantée de
pouvoir le redécouvrir dans ses couleurs d'origine ! » [Catherine Deneuve, «Catherine
Deneuve nous conte Peau d'âne »].
De retour à Paris après un bref
séjour à Londres - au cours duquel Roman Polanski lui présente Marcello
Mastroianni - elle lit le scénario de Ça n'arrive qu'aux autres que Nadine
Trintignant a déposé à son intention chez sa concierge. Devant cette histoire -
celle d'un couple qui doit faire face à la perte d'un enfant - qu'elle trouve
magnifique, elle accepte et suggère même Mastroianni pour lui donner la
réplique. Au cours du tournage, les deux acteurs tombent amoureux.
Enceinte de cinq mois de sa fille
Chiara, qu’elle a eue de son union avec Marcello Mastroiani, elle accepte
ensuite de participer au film de
Jean-Pierre Melville, Un flic. Malheureusement, Melville meurt peu de temps
après (1973).
Les années 1980
Claude Berri lui offre ensuite le
rôle principal de Je vous aime (1980) où elle joue face à Gérard Depardieu,
Jean-Louis Trintignant, Alain Souchon et Serge Gainsbourg (avec lequel elle
chante le titre "Dieu fumeur de havanes").
François Truffaut souhaite
renouveler leur collaboration et lui confier un « rôle de maturité. » Il écrit
donc le scénario du Le Dernier Métro à propos d'une femme comédienne qui tombe
amoureuse de son partenaire engagé dans la Résistance. De tous ses films, Le
Dernier Métro est celui dont elle est, à juste titre, le plus fière. Le film est un gros succès
et elle remporte à cette occasion son premier César de la meilleure actrice.
Elle joue par la suite la femme
d'Yves Montand dans Le Choix des armes (1981) d’Alain Corneau. C'est à cette
époque qu'elle se sent lasse du cinéma et envisage de mettre un terme à sa
carrière.
Elle rencontre alors le
réalisateur André Téchiné avec qui elle va collaborer à plusieurs reprises au
cours de sa carrière. Leur premier film ensemble est Hôtel des Amériques
(1981), une histoire d'amour pessimiste avec Patrick Dewaere. Le fait que le
film soit un échec commercial lors de sa sortie l'affecte, mais ne la surprend
pas.
Elle se rend ensuite en Afrique
pour les besoins de la comédie de Philippe de Broca, L'Africain (1983), avec
Philippe Noiret.
La suite de sa carrière
Après avoir, entre autres,
travaillé avec Michel Deville, Claude Lelouch, Élie Chouraqui, Jean-Pierre
Mocky et Philippe Labro, Catherine Deneuve décide d'internationaliser à nouveau
sa carrière. Elle avait auparavant déjà tourné avec Stuart Rosenberg et Robert
Aldrich aux États-Unis ou encore Marco Ferreri, Sergio Citti, Mauro Bolognini
et Dino Risi en Italie. Plus tard, elle est dirigée notamment à deux reprises
par Manoel de Oliveira et une seule fois par Lars von Trier qui lui offre un
second rôle remarqué dans Dancer in the Dark.
Après Hôtel des Amériques, elle
poursuit sa collaboration avec André Téchiné qui la montre sous un nouveau jour
dans Le Lieu du crime, Ma saison préférée, Les Voleurs et Les Temps qui
changent entre autres.
Catherine Deneuve est aujourd'hui
une star respectée qui alterne, depuis les années 1980, aussi bien les films
grand public tels Fort Saganne d'Alain Corneau, Le Bon Plaisir de Francis
Girod, Indochine et Est-Ouest de Régis Wargnier, Belle-maman de Gabriel Aghion
ou encore Huit Femmes et Potiche de François Ozon, que des œuvres d'auteur
artistiquement ambitieuses.
Son interprétation d'une
propriétaire de plantation d'hévéas dans l’Indochine (Indochine) française vue par Wargnier
lui vaut un nouveau César en 1993 et également une première nomination à
l'Oscar de la meilleure actrice. Elle reçoit ensuite la Coupe Volpi de la
meilleure interprète féminine à la Mostra de Venise en 1998 pour son rôle de
joaillière alcoolique dans Place Vendôme de Nicole Garcia.
Considérée dans le monde entier
comme l'une des plus grandes actrices françaises de ces quarante dernières
années, elle jouit d'une notoriété internationale et d'une filmographie exceptionnelle.
La plupart des grands réalisateurs européens ont fait appel à elle, associant
définitivement son nom à l'histoire du cinéma de la seconde moitié du XXe siècle.
En 1999, l'Unesco la choisit
comme ambassadrice à la préservation du patrimoine cinématographique.
En 2002, elle reçoit, en
compagnie des sept autres actrices de Huit Femmes, l'Ours d'argent de la
meilleure contribution artistique lors de la 52e Berlinale et le
Prix de la meilleure actrice européenne aux European Film Awards.
En 2005, elle se voit décerner la
Palme d'or d'honneur du 58e Festival de Cannes pour l'ensemble de sa
carrière.
En 2006 elle préside le jury de
la 63e Mostra de Venise.
En 2008 elle reçoit le Prix
Spécial du 61e Festival de Cannes pour son rôle dans Un conte de Noël d'Arnaud Desplechin et pour l'ensemble de sa carrière.
Vie privée
Elle a vécu avec le réalisateur
Roger Vadim, dont elle a eu un fils, Christian (né le 18 juin 1963).
En 1965, elle épouse le
photographe David Bailey, dont elle se sépare en 1967, mais le divorce n'est
prononcé qu'en 1972. Ses témoins étaient Mick Jagger et Françoise Dorléac.
Elle vit par la suite avec
Marcello Mastroianni, dont elle a une fille, Chiara (née le 28 mai 1972,
elle-même actrice), puis avec l'homme d'affaires Bertrand de Labbey, qui reste
son agent et avec l'homme de médias Pierre Lescure dans les années 1980.
Elle fut habillée par Yves Saint
Laurent, avec qui elle a entretenu une intense amitié, ce dernier la surnommant
même son porte-bonheur.
Elle vit à Paris, dans le
quartier Saint-Sulpice, et à Guainville (Eure-et-Loir).
Prises de position
> Droit à l'IVG : En 1971,
elle signe le manifeste des 343, dans le but d’obtenir la légalisation de
l'avortement. L'actrice déclarera des années plus tard au magazine Psychologie
: « Oui, c’est une expérience qui fait partie de la vie des femmes de ma
génération. Aujourd’hui, on ne s’en rend pas compte, on banalise cela, mais à
l’époque… C’est un acte déjà effroyable en soi, mais quand, en plus, il est
interdit et qu’il faut le subir dans des conditions compliquées, c’est très
culpabilisant. Et la culpabilité, c’est terrible ! On apprend à vivre avec,
mais on ne s’en remet pas ».
> Combat contre la peine de mort : Dès les années 1980, Catherine
Deneuve se joint aux mouvements pour l'abolition de la peine de mort. Elle
prête sa voix à la version française d'un film d'Amnesty International contre
la peine de mort et la torture et reverse à cette organisation la totalité des
revenus dus au titre de la représentation de son image à la suite de la
réalisation de son buste en Marianne (1985). Au début des années 2000,
l'actrice vient remettre à l'Ambassade américaine à Paris, les 500 000
signatures de Français demandant l'abolition de la peine capitale aux
États-Unis. Elle participe en 2004 au second congrès mondial contre la peine de
mort, organisé à Montréal.
> Droits des femmes : En 2004, Catherine Deneuve
préside le 10e gala "Musique contre l'oubli" d'Amnesty
International pour soutenir une campagne contre les violences faites aux
femmes.
Lors de la présidentielle de
2007, elle soutient Ségolène Royal en cosignant la pétition Un million de
femmes s'énervent, contre le sexisme dont les signataires jugeaient que la
candidate socialiste était victime.
> Soutien aux dissidents cubains : En 2003, Catherine Deneuve
participe, au théâtre du Rond-Point, à une soirée de solidarité avec le peuple
cubain "Cuba si, Castro no", organisée par Reporters sans frontières
et l'association Sin Visa. Elle se déclare hostile au régime de Fidel Castro.
Après une projection des images du procès d’Arnaldo Ochoa Sánchez, Catherine
Deneuve lit un extrait d'un discours de Fidel Castro prononcé en janvier 1959,
rappelant ses contradictions et ses dérives dictatoriales.
> Soutien aux otages français : En 2004, Catherine Deneuve
enregistre des messages de solidarité destinés à Christian Chesnot et à Georges
Malbrunot, détenus en otage en Irak. L'année suivante, elle participe
à une soirée de solidarité pour Florence Aubenas, enlevée en Irak.
> Opposition à la loi Hadopi : Le 7 avril 2009, elle cosigne une
lettre ouverte s'élevant contre la loi Création et Internet, avec Chantal
Akerman, Christophe Honoré, Jean-Pierre Limosin, Zina Modiano, Gaël Morel, Victoria
Abril, Louis Garrel, Yann Gonzalez, Clotilde Hesme, Chiara Mastroianni, Agathe
Berman et Paulo Branco.
> Handicap, douleur, et victimes
civiles : En 2003, Catherine Deneuve
enregistre un spot radiophonique encourageant les donations pour lutter contre
la douleur dans le monde et aider les victimes des mines anti-personnel. En 2005, elle enregistre des spot
radio, TV et cinéma, dénonçant l’utilisation des BASM (bombes à
sous-munitions).
> Soutien aux sans-papiers et
désobéissance civile : Catherine Deneuve signe l'appel
contre la loi Debré, initié par des cinéastes français, au motif que la loi
abrogeait « la tradition d'hospitalité et encourageait la délation », et
qu'elle « flattait ce qu'il y a de moins beau chez les hommes ». L'actrice
expliquera en 1997 : « Ce n'est pas un acte de désobéissance, c'est un refus
d'obtempérer à une loi qui ne devait pas exister dans l'état où elle était
projetée. Ne serait-ce que cette idée qui consiste à demander aux citoyens de
se substituer à l'État. Si on est complice de ça, je ne vois pas pourquoi il
n'y aurait pas une contagion, avec des vigiles, des comités de quartier, des
milices privées légales ».
> Mariage pour tous : En mai 2013, en plein débat sur
le mariage gay, interrogée sur le plateau de l'émission Le Petit Journal,
Catherine Deneuve dit être « perplexe » à propos de l'ouverture du mariage aux
couples homosexuels. Elle dit : « Je ne comprends pas pourquoi on veut se
marier quand tous les gens divorcent. C'est bizarre. » Elle aurait préféré
voir élargir le PACS. Cependant, elle affirme son soutien à l'ouverture du
droit à l'adoption pour les couples homosexuels. L'actrice précise ensuite sa
pensée dans le magazine Télérama : « J'avais dit mes doutes sur le mariage en
général, institution dont les hétérosexuels cherchent plutôt à s'émanciper, vu
la proportion de divorces. Le mariage a été inventé pour protéger la femme qui
ne travaille pas. C'est un modèle ancien. Ça m'embête de voir maintenant la
famille traditionnelle se dresser pour empêcher l'évolution de la société. Il
faut apprendre à vivre avec la réalité d'aujourd'hui ».
Approche de son travail d'actrice
Faisant le distinguo entre «
vouloir être regardée » et « subir le regard des autres », Catherine Deneuve a
toujours refusé de jouer au théâtre, évoquant sa peur du public et du rapport
frontal avec les spectateurs :
« Je sais que c'est en
contradiction avec mon métier, mais un regard posé sur moi me gêne. C'est sans
doute pour ça d'ailleurs que je ne veux pas faire de théâtre. (...) Tous les
acteurs que je connais, et qui font du théâtre, me disent que c'est un moment
extraordinaire et merveilleux, en dépit du trac, quand ils montent sur scène.
Moi, ça me semble une chose impossible, surhumaine. »
Ironie du sort : lorsque
l'actrice se résout enfin, en 2009, à monter sur scène pour une lecture de Je
me souviens de Georges Perec lors d'un festival culturel en Toscane, elle est
sifflée par le public. Les manifestations de mécontentement - qui nécessiteront
l'intervention de la police - ne visaient pas la qualité de son jeu, mais le
fait que le spectacle soit proposé en langue française sans sous-titre, alors
que les spectateurs ne s'y attendaient pas.
Sa défiance naturelle vis-à-vis
du théâtre n'est cependant pas qu'anecdotique. L'actrice peut être considérée
comme l'archétype de l'actrice de cinéma (en opposition à l'actrice de
théâtre), et plus encore de la star - l'une des rares actrices françaises à
pouvoir revendiquer ce statut. Le cinéaste Benoît Jacquot dit d'elle qu'elle «
possède une puissance cinématographique à peu près sans égale».
Son jeu est de
nature plutôt minimaliste, préférant en faire moins que trop. Arnaud Desplechin
dit à ce sujet :
« Dans ses manuscrits, Henri
Beyle (Stendhal) raturait chacune de ses phrases qui avait le mauvais goût de
faire douze pieds ; il préférait retrancher un peu, ou ajouter une conjonction
fade, pour obtenir neuf pieds ou treize, plutôt que la pompe d'un alexandrin et
son hémistiche attendu. Voilà comment joue Catherine Deneuve. »
Bien qu'elle ne possède pas la
formation académique d'autres comédiennes (elle n'est jamais allée au
Conservatoire, contrairement à nombre de ses consœurs – dont sa propre sœur),
son jeu reste technique. Elle aime les contraintes et dit se sentir plus libre
quand la scène à interpréter exige un plan séquence, de longs travellings ou
des mouvements de caméra compliqués.
Sa voix (« la plus belle du
cinéma français, avec celle de Jeanne Moreau, précise, grave comme il faut», a
écrit Erik Orsenna est aussi l'un de ses outils privilégiés. L'actrice est
connue pour son phrasé rapide et ses brusques changements de rythme. Le
cinéaste Jean-Paul Rappeneau dit d'elle qu'elle est « la personne capable de
dire le plus de mots dans le moins de secondes possible tout en ne perdant pas
une seule syllabe » et André Téchiné précise que « dans certains films, ses
partenaires – et, parfois, ses metteurs en scène – ont du mal à la suivre : ils
ne vont pas assez vite. Elle dit ses répliques à toute allure et, en même
temps, les module. Elle a, donc, la rapidité et le contraire de la rapidité ».
L'actrice dira à ce propos :
« Truffaut avait une théorie sur
mon débit de voix, qui était aussi celui de ma sœur Françoise : l'idée qu'on
était d'une famille nombreuse (nous étions quatre filles), et qu'il y avait une
telle concurrence pour placer un mot dans les conversations familiales qu'il y
avait eu une accélération.»
Récompenses et nominations
Plusieurs fois nominée aux
Oscars, elle n’en a obtenu aucun.
- 1981 : César de la meilleure actrice - Le Dernier Métro
- 1993 : César de la meilleure actrice - Indochine
- 1981 : David di Donatello de la meilleure actrice étrangère - Le Dernier Métro
- Festival de Venise
- 1998 : Coupe Volpi pour la meilleure interprétation féminine - Place Vendôme
- Festival de Berlin
- 2002 : Ours d'argent de la meilleure contribution artistique - Huit femmes
- European Film Awards
- 2002 : Prix du cinéma européen pour la meilleure actrice pour Huit femmes
- 2013 : Lifetime Achievement Award
Autres distinctions
En 1981, le rosiériste français
Meilland honore l'actrice en baptisant une de ses obtentions Catherine Deneuve
1998 : Prix d'honneur du 25e
Festival du film de Bruxelles
1998 : Ours d'Or pour l'ensemble
de sa carrière, Berlin
1999 : Prix pour l'ensemble de sa
carrière (Le Caire)
2003 : Prix pour l'ensemble de sa
carrière (Las Palmas)
2005 : Palme d'honneur (Cannes)
2006 : Prix pour l'ensemble de sa
carrière (Bangkok)
2008 : Prix du 61e Festival de
Cannes pour l'ensemble de sa carrière (avec Clint Eastwood)
2009 : Médaille d'honneur de
l'Académie de France à Rome, le 22 avril, à la Villa Médicis, des mains de
Frédéric Mitterrand
2011 : Prix d'Honneur du 35e
Festival des films du Monde de Montréal
2012 : Chaplin Award, décerné par
la Film Society of Lincoln Center, basée à New York
Carrière
A ce jour, Catherine Deneuve a
tourné dans près de 140 films. Tous ne sont évidemment pas inoubliables. Nous ne
citerons que les plus marquants, ceux
dont nous avons parlé ou ceux que nous aimons particulièrement :
- 1964 : Les parapluies de Cherbourg (Jacques Demy)
- 1965 : Répulsion de Roman Polanski
- 1967 : Les demoiselles de Rochefort (Jacques. Demy)
- 1967 : Belle de jour (Luis
Bunuel)
- 1967 : Benjamin ou les
mémoires d’un puceau (Michel Deville)
- 1968 : La chamade (Alain
Cavalier)
- 1968 : Mayerling (Terence
Young)
- 1969 : La sirène du
Mississipi (François Truffaut)
- 1970 : Tristana (Bunuel)
- 1970 : Peau d’âne (J.
Demy)
- 1975 : Le sauvage
(Rappeneau)
- 1980 : Le dernier métro (F.
Truffaut)
- 1981 : Hôtel des Amériques
(Téchiné)
- 1984 : Fort Saganne (Alain
Corneau)
- 1984 : Paroles et musique
(Alain Chouraqui)
- 1992 : Indochine (Régis
Wargnier)
- 1993 : Ma saison préférée
(Téchiné)
- 1998 : Place Vendôme
(Nicole Garcia)
- 2001 : Huit femmes (François Ozon)
- 2007 : Persépolis de Marjane Satrapi (voix)
- 2008 : Un conte de Noël
(Arnaud Desplechin)
- 2010 : L’homme qui voulait vivre sa vie (Eric Lartigau)
- 2010 : Potiche (F. Ozon)
- 2011 : Les yeux de sa mère (Thierry Klifa)
- 2014 : Dans la cour (Pierre Salvadori)
- 2015 : La tête haute (Emmanuelle Bercot)
- 2017 : Sage-femme (Martin Provost)
- 2017 : Tout nous sépare (Thierry Klifa)
- 2019 : La dernière folie de Claire Darling (Julie Bertuccelli)
- 2019 : L'adieu à la nuit (André Téchiné)
- 2019 : Fête de famille (Cédric Kahn)
- 2019 : La vérité (Hirokazu Kore-Eda)
- 2015 : La tête haute (Emmanuelle Bercot)
- 2017 : Sage-femme (Martin Provost)
- 2017 : Tout nous sépare (Thierry Klifa)
- 2019 : La dernière folie de Claire Darling (Julie Bertuccelli)
- 2019 : L'adieu à la nuit (André Téchiné)
- 2019 : Fête de famille (Cédric Kahn)
- 2019 : La vérité (Hirokazu Kore-Eda)
[Cet article est en grande partie
repris de l’article beaucoup plus développé qui est consacré à Catherine Deneuve
sur Wikipedia]
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