dimanche 8 février 2015

POTICHE comédie de François Ozon (FR-2010)


Potiche est une comédie française, adaptée d'une célèbre pièce de théâtre de boulevard, réalisée par François Ozon et sortie en novembre 2010. La pièce de théâtre, écrite par Barillet et Grédy, fut un énorme succès avec, en vedette, la regrettée et irrésistible Jacqueline Maillan.

Synopsis

Le film se déroule dans les années 70. Dans la petite ville imaginaire de Sainte-Gudule, censée se situer près de St. Amand-les-Eaux, dans le Nord-Pas de Calais, la famille Pujol-Michonneau détient la seule industrie de la ville, une usine de parapluie. Le patron Robert Pujol (Fabrice Luchini) a épousé l'héritière des établissements Michonneau, Suzanne (Catherine Deneuve). Ils ont eu deux enfants, Suzanne (Judith Godrèche), mariée, maman de deux jeunes garçons, et un fils, Laurent (Jérémie Rénier), étudiant.  

Lorsque le film commence, on voit Suzanne faire du jogging. Elle habite une somptueuse maison bourgeoise et occupe son temps en écrivant des poèmes, son mari la tenant à l’écart de ses affaires  et sa propre fille, Joëlle, la traitant même de "potiche" (d’où le titre).

Robert Pujol traite ses ouvriers comme il traite sa femme, les méprise et refusant toute avancée sociale, y compris l'aménagement de toilettes décentes pour son personnel. Un jour, alors qu'une altercation l'a opposé à un syndicaliste de son usine, sa secrétaire, Nadège (Karin Viard), qui est aussi sa maîtresse, déboule affolée chez madame Pujol pour lui annoncer que les ouvriers se sont mis en grève et séquestrent son mari.

D'abord désorientée, tiraillée entre les conseils contraires de sa fille, aussi réactionnaire que son père, qui veut faire intervenir les CRS, et son fils, qui lui conseille plutôt de composer, Suzanne décide d'aller demander son aide au député-maire communiste, Maurice Babin (Gérard Depardieu), avec qui elle a eu une aventure lorsqu'ils étaient jeunes et qui, malgré les années, est secrètement resté amoureux d'elle. Grâce à son intervention et la promesse de négocier avec les ouvriers, elle obtient que son mari soit libéré.

Lorsque Robert revient chez lui et apprend que sa femme a fait appel à Babin et promis de négocier avec les ouvriers, il entre dans une fureur noire et prend une crise cardiaque qui le conduit à l'hôpital.
Contrainte et forcée, Suzanne prend les choses en main, accepte une grande partie des revendications des salariés, et devient le véritable patron de l'usine, lui insufflant un souffle nouveau en faisant entrer son fils pour dessiner de nouveaux modèles de parapluies, plus dynamiques et plus colorés, et sa fille pour développer les ventes à l'export. Sa réussite est complète : non seulement elle se fait aimer des employés (y compris de la secrétaire !) mais relance l'entreprise qui était sur le déclin, avec, en prime, la satisfaction d’avoir prouvé à tout le monde (à commencer par elle-même) qu’elle était capable, mieux que son mari, de relever l’entreprise familiale.

Lorsque Robert revient guéri, il s'imagine qu'elle va gentiment lui rétrocéder son fauteuil qu’il a quitté, contraint et forcé, mais Suzanne refuse de redevenir la « potiche » de service. Robert, se lançant dans un odieux chantage dans lequel il entraîne le maire, provoque un vote du Conseil d'administration et regagne son poste de PDG grâce à la défection de sa fille.

Bien que sonnée, Suzanne ne se laisse pas abattre et décide de se lancer en politique contre le député-maire Maurice Babin, voulant lui faire payer sa trahison et, au grand dam de celui-ci et de son époux, elle gagne et devient députée. Elle fête sa victoire avec tous ceux qui l'on soutenue.

Mon opinion sur ce film

J'avais beaucoup aimé une précédente comédie de François Ozon, Huit femmes, dont je n'ai pas encore parlé dans ce blog. Pourtant, elles sont si rares les comédies françaises réussies, qui échappent à la vulgarité et qui font tout de même réfléchir car Potiche est tout cela : divertissante, certes, mais aussi pleine de références à la situation féminine, cantonnée au rôle de "potiche" pendant des siècles. Ce film n'est pas non plus dénué de références à notre époque. On ne peut s'empêcher de penser entre l'affrontement entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy pour la présidence de la République, aux attaques machistes et aux moqueries qu'elle a dû essuyer (y compris dans son propre camp) et, au regard des dernières critiques dont ont fait l'objet des ministres socialistes femmes à l'Assemblée nationale, se dire que le combat de Suzanne Pujol, les délocalisations, les malversations financières, les compromissions politiques sont toujours (et même plus que jamais !) d'actualité.

Bien entendu, ce film est, et reste, une comédie et il ne faut pas le prendre pour un pamphlet politique. Il ne changera pas les mœurs ni la ségrégation dont les femmes restent victimes dans ce pays qui est, soi-disant, la patrie de la liberté, de l'égalité et de la fraternité. Mais il y contribuera.

Un grand coup de chapeau à Catherine Deneuve qui est "la" star incontestée de ce film, même si les seconds rôles sont épatants aussi. Elle a accepté de s'enlaidir au début pour mieux rayonner ensuite et quelle belle leçon d'acteur quand, à la fin, elle entonne elle-même, sans doublage et sans fausses notes, la belle chanson écrite et interprétée par Jean Ferrat dans les années 60 : "C'est beau la vie".

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