Le cinéma et moi

 Ma relation avec le cinéma a commencé très tôt car j’y allais avec Papa qui connaissait le projectionniste du cinéma Palace. Je devais avoir 5 ou 6 ans. Je devais être très petit et les films qui étaient projetés m’intéressaient peu. Par contre, j’étais fasciné par la machinerie, par le projecteur qui était un truc immense (du moins dans mon souvenir de bambin) et surtout le bruit « tac-tac-tac-tac » que faisait la pellicule quand elle se déroulait. Il y avait aussi la chaleur d’enfer que dégageait le projecteur, et la lumière mouvante du film. Je me suis retrouvé plus tard dans le petit Toto de Cinema Paradiso.

Mon frère Yvon et moi et notre cochon d'Inde (date ?)

A la maison, mais je ne sais plus quand, mon père se ramena un jour avec un projecteur Super 8 (que nous avons toujours) et nous passa de petits films en noir et blanc et muets de Laurel et Hardy, ainsi que quelques dessins animés de Tex Avery.  

Lorsque je fus plus grand, ce fut ma grand-mère (côté Comte) qui était aussi ma marraine, qui nous y amenait, ma cousine Noëlle. J'étais tout jeune lorsque je vis Joselito le "rossignol andalou", un garçon pauvre auquel il arrivait toutes sortes de misères. Je devais alors avoir huit ou dix ans. Ses aventures se déroulaient dans une Espagne campagnarde encore quasi moyenâgeuse. Il sortit un film par an, voire deux, pendant dix ans entre 1956 et 1965. Il y avait aussi Sissi avec l’éblouissante Romy Schneider, dont trois films sortirent entre 1955 et 1957. Je m’y laissais entraîner par ma grand-mère et Noëlle que la vie à la cour d’Autriche, les belles robes et les valses de Vienne faisaient rêver. Ça ne me déplaisait pas mais je préférais les dessins animés de Walt Disney. Je n’étais pas né lorsqu’est sorti Blanche-neige et les sept nains (1937), ni Pinocchio (1940), ni Bambi (1942), et trop jeune pour Cendrillon (1950) ou Peter Pan (1953) mais Disney ressortait chaque année, à l’occasion de Noël, un de ses longs métrages, soi-disant remastérisé. A ce moment-là, Maman dut commencer à nous accompagner Yvon et moi.  Nous les vîmes tous mais je ne sais plus dans quel ordre. J'avais 13 ans pour la sortie des 101 Dalmatiens (1961) et plus lorsque sortit Marie Poppins (1964). Nous dûmes y emmener mon frère, qui a quatre ans de moins que moi. Mais il y avait toujours dans les Walt Disney, des scènes traumatisantes. Je fis des cauchemars à cause de l’horrible sorcière de Blanche-Neige, mais la pire des scènes, qui a sans doute déterminé mon horreur de la chasse et de la maltraitance animale a été celle, terrible, de la mort de la biche, tuée par les chasseurs, dans Bambi et celle de la forêt qui brûle et des animaux qui s’enfuient. Je n’ai pu revoir ce film qu’à l’âge adulte.  

A Lachamp-Raphaël, où nous passions nos premières vacances d’été jusqu’à ce que le Dr. Ribeyre dise à nos parents de nous amener à la mer, le curé passait, une fois par semaine, dans la grange où l’odeur de la résine des arbres coupés couvrait celle du purin, un film. Je me souviens d’un en particulier : La femme du boulanger mais pas des autres. Il y eut sans doute plusieurs films avec Fernandel  

Avant que mes grands-parents aient la télévision, dont Pépé ne voulait pas mais dont, après qu’elle eût été installée, il ne pouvait plus se passer, nous allions la voir le jeudi après-midi chez des amis qu’ils avaient dans l’immeuble au-dessus de la librairie Chaix. C’étaient alors les aventures de Zorro (1957-1961).

Plus tard, alors que nous étions au lycée, nous allions chez les Bonneton, avec qui nous étions amis, dans leur grande maison bourgeoise rue Pargoire. Ça devait être alors l’époque de Flipper le dauphin (1964-1968) et de Belle et Sébastien (1965).

Lorsque ma grand-mère acheta sa 1ère télé en noir et blanc (nous n'en eûmes une que bien plus tard), nous n'aurions  manqué pour rien au monde les feuilletons (nous n'appelions pas encore cela des séries) qui passaient à la télévision. Sans famille (1965), Thierry la Fronde (1963-1966), etc. Puis ce furent Le secret des flamands (1974), La chambre des dames (1983), Les rois maudits (1972-1973) qui déterminèrent sans doute, autant pour mon frère que pour moi, notre passion pour l’histoire et le patrimoine.

Dès que je fus au lycée, j’allais au cinéma avec mes copains, Helen Jouret et son cousin Pierre Coulet et d’autres copains et copines. Je ne sais pas si c’est à cette époque (ou plus tôt) que je vis La vengeance aux deux visages avec Marlon Brando (1961), un western où une scène terrible de torture m’avait obligé à sortir pour aller vomir dans les toilettes du Palace. Je n’ai d’ailleurs jamais revu ce film depuis. Après cela – mais ce fut en fac - je ne revis plus aucun western avant le génial Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone avec l’inoubliable musique composée par Ennio Morricone.

En 1967, l'année du bac, j'étais en terminale et je m'apprêtais à entrer en fac. Notre professeur de français nous emmena voir La religieuse (d'après Diderot) de Jacques Rivette, réautorisée après une bataille juridique épique contre la censure qui avait d'abord interdit le film, puis l'avait seulement autorisé seulement aux plus de 18 ans et, devant la levée de boucliers d'une partie de la société, fini par l'autoriser complètement. Cela fit scandale au lycée. Je pourtant rappelle que Diderot était au programme du bac mais, bien sûr, pas ce titre "sulfureux" ! Je vis aussi, sans doute sur les conseils du même prof, Fahrenheit 451, de François Truffaut (1966) qui fut mon premier contact avec la science-fiction. A la même époque, je vis Le lauréat (1967) mais, bizarrement, je n'en ai pas gardé un grand souvenir, à part, évidemment, pour la musique de Simon et Garfunkel.... je vis aussi Le bal des vampires de Roman Polanski (1967) dont mes copains et moi trouvâmes les effets spéciaux tellement grossiers que nous eûmes plus envie de rire que de frissonner.

A Grenoble, alors que j’étais en fac, je fis au cinéma de la place Grenette une orgie de films avec mes copines et mes copains de l’époque. Ma 1ère année de fac, je vis La mariée était en noir de Truffaut (1968) avec Jeanne Moreau en veuve vengeresse, qui m’avait beaucoup marqué et, la même année le troublant Théorème de Pasolini (1968).

Je vis aussi :

- If de Lindsay Anderson (1968), en pleine révolution étudiante ! dont nous écoutâmes en boucle la musique de Missa Luba nous accompagna pendant des mois.

- 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick (1968) (Ah, Le beau Danube Bleu !...) que je vis avec Maman, venue me voir à Grenoble.

- Roméo et Juliette de Zefirelli (1968)

 - More de Barbet Schroeder (1969) - Nous rêvions d'aller vivre à Ibiza à moitié nus dans une maison blanchie à la chaux. "C'était le temps des fleurs..." Nous étions surtout portés par la sublime musique des Pink Floyd. 

- Les chemins de Katmandou, d'André Cayatte (1969) - d'après le roman de Robert Merle. Nous avions tous envie de tout plaquer et de filer à Katmandou.

- La piscine de Jacques Deray avec les superbes Alain Delon et Romy Schneider (qui avait beaucoup changé depuis Sissi), sans oublier Jane Birkin et Maurice Ronet (1969). Je ne verrai Plein soleil, de René Clément, sorti en 1960, que des années plus tard en DVD, après avoir vu Le talentueux Mr. Ripley (1999) 

- Z de Costa Gavras (1969) sur la musique entêtante de Theodorakis

- Ma nuit chez Maud d'Eric Rohmer (1969) qui m'ennuya mortellement

- Le Satyricon de Fellini (1969) qui m’écoeura

- Médée de Pasolini (1969) dont je trouvai l’outrance ridicule malgré la présence hypnotique de Maria Callas.

- Peau d'âne de Jacques Demy (1970)

- Le souffle au coeur de Louis Malle (1971) avec la belle Lea Massari.

- Orange mécanique de Stanley Kubrick (1971)

- Love Story d'Arthur Hiller (1971)

- Les aristochats de Walt Disney (1971) revu avec délectation en DVD à l'âge adulte.

- La folie des grandeurs de Gérard Oury (1971) ("L'or, il est l'or, monsignor")

J’étais en dernière année de sciences-po lorsque je vis :

- Délivrance de John Boorman (1972)

- César et Rosalie de Claude Sautet (1972) avec la toujours très belle et craquante Romy Schneider et Yves Montand

Lors de mes années parisiennes (1973-1975), trop occupé par mes études, et totalement désargenté, j'allai très peu au cinéma. Je vis cependant :

- L'an 01 de Jacques Doillon (1973)

- Soleil vert de Richard Fleischer (1973) chacun, parlant à sa manière, de la menace environnementale 

- La planète sauvage de René Laloux (1973);

- Barry Lyndon de Stanley Kubrick (1975),  

En 1976, j'étais en Espagne et les films français n'étaient pas diffusés. Je me rappelle cependant être allé quelquefois au cinéma avec mon amie Macarena copine, mais je ne retrouve pas le nom des films que j'y ai vus. Il en fut de même en 1977 et 1978 à 1979.

De retour en France, je vis cependant :

- Le 1er Star Wars de George Lucas (1977) au 2ème cinéma d'Aubenas, le Rex, désormais disparu, et Rencontres du 3ème type de Steven Spielberg (1977)

- Midnight express d'Alan Parker (1978) et Superman de Richard Donner avec Christopher Reeve (1978), La boum de Claude Pinoteau (1979), Le dernier métro de Truffaut (1979), L'empire contre-attaque de Irvin Kershner (1979); Tess de Roman Polanski (1979), etc., etc.  

Depuis, ma passion pour le cinéma n’a jamais faibli. 

 

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