jeudi 28 décembre 2017

LE MUSEE DES MERVEILLES film de Todd HAYNES (USA-2017)


Le Musée des Merveilles (Wonderstruck, littéralement « émerveillé ») est un film américain réalisé par Todd Haynes, sorti en 2017 à partir du roman Wonderstruck de Brian Selznick, publié en 2011.

Résumé

Comme dans le roman dessiné de Brian Selznick, le film suit en parallèle deux héros sourds, Ben et Rose, venus de deux époques différentes qui cherchent à retrouver l’un son père, l’autre sa mère.

La première histoire se déroule en 1977. Ben (Oakes Fegley), rendu sourd par la foudre, quitte la petite ville du Minesotta où il habite pour se rendre à New York sur la base d’un marque-page échappé d’un vieux livre intitulé Wonderstruck trouvé dans les affaires de sa mère décédée dans un accident de voiture.

La seconde histoire est celle de Rose et se déroule à New York en 1927. La petite fille, sourde de naissance, est tenue enfermée dans la maison de son oncle (ou de son père ?) De sa fenêtre, elle voit Manhattan et crée une maquette de la ville. Elle s'enfuit pour retrouver sa mère, actrice (Julianne Moore), actrice à Broadway et se réfugie chez son frère Walter (Cory Michael Smith). 

Mon opinion sur ce film

Si avant d’aller voir le film je n’avais pas lu le livre, je pense que je n’aurais pas compris grand-chose à l’histoire. En effet, le livre lui-même est déjà, de par sa présentation, assez déroutant par son mélange dessins au crayon en noir et blanc (façon manga) et texte, une partie de l’histoire étant évoquée plus que révélée par les dessins, l’autre par le texte, les uns complétant l'autre.

Le film reprend la même démarche en faisant une large place aux images et laisse au spectateur le soin de les relier entre elles. Pour souligner les différentes époques, les parties concernant Rose (Millicent Simmonds[1]) sont en noir et blanc alors que celles relatives à Ben sont en couleurs. Pour évoquer la surdité des enfants,  le réalisateur n’a pas hésité à remplacer les sons qu’ils ne perçoivent pas par de grandes plages de  silence, ce qui peut aussi passablement désarçonner le spectateur.

Je crains que ce film, esthétiquement magnifique, trouve difficilement son public car si l’on n’a pas lu le roman, on risque de ne rien comprendre à cette histoire de destins croisés. Au bout de leur périple, les deux héros vont se retrouver et tout va s’éclaircir pour le spectateur. 

Par de nombreux côtés, on retrouve dans le film l’univers décalé d’Hugo Cabret, que j’avais beaucoup aimé.   

Le film a été présenté en sélection officielle en avant-première le 18 mai 2017 au Festival de Cannes.

Dans le même esprit, je vous recommande :



  • Hugo Cabret de Martin Scorsese (2011)
  • La voleuse de livres de Brian Percival (2013)
  • L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T. S. Spivet de Jean-Pierre Jeunet (2013)
  • Les animaux fantastiques de David Yates (2016)
  • Miss Peregrine et les enfants particuliers de Tim Burton (2016)



  • [1] C’est la jeune actrice Millicent Simmonds qui incarne Rose enfant. Le rôle de Rose adulte est joué par Julianne Moore.


    Si vous avez aimé ce film, je vous recommande aussi :

    mardi 26 décembre 2017

    PELLE LE CONQUERANT film de Bill AUGUST (DK-1987)


    Pelle le Conquérant (Pelle Erobreren) est l’adaptation du roman du même nom publié par l’auteur danois Martin Andersen Nexø en 1910.

    Le film, réalisé par Bille August, est sorti en 1987. Il a reçu la Palme d’or à Cannes en 1988.

    Résumé

    L’action se déroule au XIXe siècle au Danemark. Sa femme étant morte, Lassefar (Lasse) (Max von Sydow) quitte la Suède avec son petit garçon, Pelle (Pelle Hvenegaard), dans l’espoir de refaire sa vie au Danemark. Sur le bateau, Lasse dépeint ce pays à son fils comme une terre promise, lui disant qu’une fois qu’ils seront arrivés, ils trouveront un toit et mangeront à leur faim. Mais la réalité est, hélas, bien différente. A son arrivée au port, Lasse, jugé trop vieux et, de plus, avec un enfant à charge, ne trouve pas à s'embaucher.

    En désespoir de cause, il accepte l'offre de l’intendant du domaine Kongstrup, une grosse ferme où les employés sont exploités et plus maltraités que du bétail.

    A leur arrivée, Lasse et son fils sont logés dans un réduit malpropre dans l’étable et chargés de s’occuper des vaches.

    De plus, étant des immigrés, Lasse et Pelle sont en butte à la discrimination des autres employés et  victime des vaxations du cmmis, le second de l’intendant, qui fait la pluie et le beau temps sur le domaine.

    Pelle devient ami avec Rud, l’un des nombreux bâtards du maître, un enfant contrefait et affamé, qui vit dans une masure avec sa mère, une femme rejetée de tous.

    L'un de ses autres amis est un employé du domaine, Erik, qui lui promet de l’emmener avec lui conquérir le monde lorsqu’il aura mis assez d’argent de côté pour quitter le Danemark.

    Malheureusement, Erik, victime d’un grave accident, retombe en enfance et les rêves de Pelle s’envolent. Malgré tout, comprenant qu'il n’y a pas d’avenir pour lui au Danemark, il choisit de laisser son vieux père pour partir seul en Amérique.

    Autres récompenses

    • Oscar du meilleur film étranger en 1989
    • Golden Globes du meilleur film étranger en 1989
    • Nommé pour le César du meilleur film de l'Europe communautaire à la 14ecérémonie des Césars en 1989.

    Mon opinion

    J’avais beaucoup entendu parler de Pelle le conquérant mais je ne l’avais jamais vu. J’ai profité de son passage sur Arte pour rattraper ce retard.

    Le film dépeint avec réalisme la cruauté de la vie dans les campagnes danoises au XIXe siècle mais il manque d'un souffle lyrique et on se lasse vite du misérabilisme sans espoir des situations. Si, malgré tout, il nous marquera, c’est principalement grâce à la fabuleuse prestation de Max von Sydow, qui incarne avec justesse le rôle de ce vieil homme démuni qui a perdu tout espoir, mais surtout à celle du petit Pelle (12 ans à l’époque), éblouissant de justesse comme seuls savent l’être les enfants.

    Les paysages enneigés, l’océan qui représente à la fois l’espoir d’un avenir meilleur mais aussi le danger des naufrages, sont omniprésents et magnifiquement filmés. On peut cependant s’interroger sur la justification des éloges dont, à sa sortie, ce film fut entouré.

     

    mercredi 20 décembre 2017

    UPSIDE DOWN de J. D. Solanas (FR-C 2011)


    Upside Down (Un monde à l'envers) est un film de science-fiction franco-canadien coécrit par Santiago Amigorena et Juan Diego Solanas, et réalisé par ce dernier en 2011.

    Résumé

    Présenter ce film n’est pas évident. Il faut faire un bel effort d’imagination pour se figurer le monde dans lequel il se déroule car celui-ci est formé de deux univers inversés qui se font face.

    Les deux héros, Adam (Jim Sturgess, à voir aussi dans Un jour) et Eden (Kirsten Dunst), vivent chacun dans un de ces deux univers : Eden habite le monde d'En haut, prospère et riche, et Adam, le monde d'En-bas, victime d’un conflit, où les gens survivent au milieu des ruines, sous une pluie de pétrole toxique.

    Adam a perdu ses parents morts dans l’explosion d’une raffinerie et vit dans un orphelinat. Sa seule famille était sa tante Becky qui réalisait pour lui, lorsqu'il était enfant, des « crêpes volantes » en utilisant le pollen d’abeilles roses navigant entre les deux mondes.

    Enfant, Adam (Elliot Larson) allait chercher le pollen rose pour sa tante dans un endroit montagneux (et interdit) où les sommets inversés des deux mondes se rejoignent presque et où les gravités opposées s'annulent mutuellement. C'est lors d'une de ces expéditions qu'il avait fait la connaissance d’Eden (Maurane Arcand) alors que celle-ci, dans le monde d’En haut, était à la recherche de son chien. Les deux enfants prennent l’habitude de se retrouver en cachette au même endroit.

    A l’adolescence, ils tombent amoureux. Bien que sachant qu’ils enfreignent les règles et risquent de graves sanctions, Adam invente un subterfuge pour qu’ils se retrouvent et, en lui envoyant une corde,  prend le risque de faire «monter» Eden jusque sur son monde.

    Mais la police les surprend et Adam, alors qu’il aidait Eden à regagner son monde, est atteint par une balle de la police, et lâche la corde à laquelle Eden était suspendue. Celle-ci tombe lourdement sur les rochers et est blessée à la tête.  Adam, impuissant, la croit morte. Il est arrêté et, lorsqu’il arrive à la maison de sa tante, celle-ci a été incendiée par la police et Becky est emmenée par la police et il ne la reverra jamais.  

    L'action reprend 10 ans plus tard. Adam travaille chez Albert qui répare d’antiques postes de télévision car le monde d’En bas, privé de technologie, doit vivre sur ses acquis. Après avoir réussi à faire fonctionner l’un des téléviseurs en réparation, Adam découvre qu’Eden, non seulement n’est pas morte mais qu’elle occupe un poste important dans le monde d'En haut et il décide, contre l’avis de ses amis, de tout faire pour la rejoindre.   

    Travaillant sur un produit antirides révolutionnaire dérivé de la recette des « crêpes volantes » de sa tante, dont il a hérité la recette, il réussit à se faire embaucher par Transworld, la multinationale toute puissante qui relie les deux mondes et emploie aussi bien des gens d’En haut que d’En bas.

    Là, il devient ami avec Bob Boruchowitz (Timothy Spall*), qui travaille dans le bureau inversé juste au-dessus du sien. Bob l'aide à rencontrer Eden. Tout en travaillant à son projet antirides, Adam met au point un nouveau stratagème qui lui permet d’accéder au monde d’En haut. Mais, lors de leur première rencontre, Eden ne le reconnaît pas car, suite à l’accident qui a failli la tuer 10 ans auparavant, elle est devenue amnésique. Mais Adam ne lâche pas l’affaire et, en prenant des risques inouïs, il  revient à plusieurs reprises en Haut. Peu à peu les souvenirs d’Eden reviennent.

    Mon opinion sur ce film

    J’ai vu ce film, que j’avais raté lors de sa sortie en salles, lors de sa rediffusion récente à la télévision (sur la chaîne Chérie 25). La majeure partie des critiques l’a descendu en flammes. On sera étonné de lire que, personnellement, malgré toutes les reproches que je pourrais lui faire, je l’ai bien apprécié. Beaucoup lui ont reproché des maladresses de réalisation, un scénario convenu, tout en s'accordant sur le fait que l'idée des mondes inversés était pourtant intéressante. 

    Je crois qu’il ne faut pas chercher la vraisemblance car ce film est, avant tout, une fable dystopique. L’idée de base, qui serait venue au réalisateur (que je ne connais pas pour d'autres films) d'un rêve - ce qui ne m'étonne pas -, est particulièrement originale. L’histoire de ces deux mondes inversés est surprenante et, visuellement, cela donne tout au long du film, une impression très perturbante pour le spectateur. Certes, malgré la beauté des images, soutenue par une superbe bande son (du musicien québecois Benoît Charest et du groupe islandais Sigur Rós**), les effets spéciaux ne sont pas toujours à la hauteur et évoquent trop souvent le carton-pâte. Mais l’idée en elle-même est géniale. Quant aux acteurs, ils sont beaux et émouvants, même si on aurait très envie de suggérer à Jim Sturgess d’aller faire un tour chez le coiffeur !

    Alors, malgré toutes ses défauts (et ils sont légion), je serai indulgent avec ce film qui m’a fait penser à deux autres qui figurent dans mes listes préférées : Bienvenue à Gattaca et Equilibium, pour ne citer que ces deux-là. 

    * Acteur qui joue le rôle de Peter Pettigrow dans Harry Potter et Turner dans Mr. Turner
    ** Ce groupe, à l'univers musical si particulier, a composé de nombreuses musiques de films ou de séries TV. Citons entre autres :

    - Vanillia sky (2001)
    - Immortel, ad vitam (2004)
    - Par effraction (2006)
    - Remember me (2010)
    - Skins - saison 2 (2009-2010) 
    - Vampire diaries - saison 3 (2011-2012)
    - Etc.

    Si vous aimez ce genre, je vous recommande aussi les films suivants : 

    mardi 12 décembre 2017

    RETOUR A HOWARDS END film de James IVORY (GB - 1992)


    Retour à Howards End (Titre original : Howards End) est un film britannique de James Ivory sorti en 1992, basé sur le roman Howards End d'Edward Morgan Forster, publié en 1910. Ce film est la 3e adaptation par le réalisateur d’un roman de Forster. C'est une remarquable étude de mœurs de l’Angleterre édouardienne. Il marque la première collaboration entre James Ivory et les acteurs Anthony Hopkins et Emma Thompson, dont la performance a été couronnée par l’Oscar de la meilleure actrice en 1993, et qui se poursuivra avec Les Vestiges du Jour un an plus tard. Le film a obtenu le Prix du 45e anniversaire du festival de Cannes.

    Résumé

    Dans l'Angleterre de la fin du XIXe siècle, deux sœurs émancipées d’origine anglo-allemande, l’aînée, Margaret ‘Meg’ (Emma Thompson) et la cadette Helen (Helena Bonham Carter, l'horrible professeur Ombrage de Harry Potter) Schlegel, vont se lier d'amitié, à l’occasion de vacances en Italie, avec une famille de bourgeois anglais traditionnalistes, les Wilcox. Conviée à Howards End, Helen Schlegel a une aventure avec Paul (Joseph Bennett), le plus jeune fils des Wilcox. Désapprouvée par la famille, l'idylle tourne court et le jeune homme est écarté et envoyé au Nigeria où les Wilcox tirent leur fortune de plantations de caoutchouc. Bientôt, une profonde amitié naît entre Margaret et Ruth (Vanessa Redgrave), l'épouse du richissime et très rigide patriarche des Wilcox, Henry (Anthony Hopkins). Se sachant gravement malade, Ruth décide, en secret, de léguer à son amie Meg le manoir d’Howards End, qui est sa propriété personnelle. Malheureusement, ce n’est que sur son lit de mort qu’elle rédige un billet manuscrit la faisant son héritière. Lorsqu’ils découvrent le billet qui n’a pas été enregistré devant notaire, les Wilcox détruisent le testament.


    De leur côté, les sœurs Schlegel rencontrent Leonard Bast (Samuel West), un jeune homme marié issu de la classe populaire, poète à ses heures, qui travaille dans une banque mais a du mal à joindre les deux bouts… Elles interviennent auprès d’Henry Wilcox pour le faire embaucher dans de meilleures conditions. Pabst démissionne mais Wilcox, ayant un compte à régler avec l'épouse de Pabst, une ancienne prostituée, ne tient pas ses promesses, et le jeune homme se retrouve au chômage.  

    Mon opinion sur ce film

    Je n'avais encore jamais vu ce film et j'ai profité de sa rediffusion sur Arte pour le voir. J’avais gardé un bon souvenir d'un des précédents films d'Ivory, Chambre avec vue (1986), adapté lui aussi d'un roman de Forster. Le film se passait à Florence, et j'avais été séduit par l'ambiance qui se dégageait des paysages mais, lorsqu'on y réfléchit, l’intrigue elle-même avait beaucoup de points communs avec celle d'Howards End : même hypocrisie, même rigidité d'une bourgeoisie victime de ses codes, de ses faux-semblants, créant des fossés infranchissables entre classes sociales et le malheur des amants sincères... Certes, les costumes et les décors sont somptueux, le casting est-il impeccable, mais quelle pesanteur dans un scénario laborieux où les intrigues s’entremêlent pour une fin convenue.

    Je vous recommande plutôt :