Magnolia est un film américain, écrit et réalisé par Paul Thomas
Anderson, sorti en 1999. Bien qu’il s’agisse de son 6ème film, ce cinéaste n'avait
pas laissé, jusque-là, une production marquante.
Résumé
Le film fait se croiser le destin
de neuf personnages que, normalement, rien ne relie si ce n'est d'étranges
coïncidences.
Sur le point de mourir, Earl
Partridge (Jason Robards), magnat de
la presse, demande à son infirmier, Phil Parma (Philip Seymour Hoffman) de retrouver le fils, Frank T.J. Mackey (Tom Cruise), qu'il a jadis abandonné.
Ce dernier est devenu un télé-évangéliste célèbre défendant des thèses misogynes
parfaitement insupportables. Lorsque le film commence, Frank est en pleine
interview. La journaliste qu'il croyait mettre dans sa poche le déstabilise par
des questions très pertinentes sur son enfance et sa jeunesse et, à la fin de
l'interview, il a perdu toute l'arrogance qu'il affichait au début.
L'introduction du film développe
trois faits étranges du type de ce que l'on désigne actuellement sous le terme
de "légendes urbaines" :
- Sir Edmund William Godfrey, un
résident de Greenberry Hill, à Londres, est assassiné devant sa pharmacie au
cours d'une tentative de vol par trois vagabonds nommés Joseph Green, Stanley
Berry, et Daniel Hill.
- Un croupier de blackjack,
Delmer Darion, alors qu'il faisait de la plongée dans un lac, se trouve happé
accidentellement par un avion de lutte contre les incendies alors que celui-ci
rechargeait sa soute en eau. Delmer ne meurt pas noyé mais la cause de sa mort
est une crise cardiaque lorsqu'il réalise ce qui lui est arrivé. Or le pilote
de l'avion, Craig Hansen, avait rencontré Darion quelques jours avant au casino
et il s'était battu avec lui après avoir perdu une main au blackjack. La
culpabilité et la coïncidence incitent le pilote à se suicider.
- Un adolescent de 17 ans, Sydney
Barringer, tente de se suicider en sautant du haut du toit de son immeuble;
normalement, il aurait dû être sauvé car, quelques jours avant, des laveurs de
carreaux avaient installé des filets de sécurité au bas de l'immeuble. Mais il
est accidentellement tué par sa propre mère qui appuie sur la détente d’une
arme alors que dans sa chute il passe devant la fenêtre de son appartement.
Quelques jours auparavant, Sydney, fatigué des querelles continuelles qui
mettaient aux prises ses parents avait justement chargé cette arme avec
laquelle ils se menaçaient régulièrement, espérant qu'ils s’entre-tueraient. Le
hasard en a décidé autrement et c'est lui qui est tué par le projectile qu'il a lui-même mis dans le barillet.
Ces trois "légendes",
qu’a priori rien ne relie, sont censées démontrer que le hasard peut
bouleverser le destin de personnages étrangers les uns aux autres. Le cinéaste
a choisi le chiffre 82 comme fil rouge de son film, et le truffe de rappels de
ce chiffre : il apparaît plus d'une douzaine de fois sous différentes formes
tout au long du film : sur un pendu, sur les ailes d' un avion, sous forme de
cordage, sur des matricules divers, numéros de téléphone, adresses, publicités,
sur des tableaux et pancartes... Le film fait allusion par deux fois au 2ème
verset du 8ème chapitre du livre de l'Exode (Ancien testament) qui
rappelle l'une des dix plaies dont Iahvé a frappé l'Égypte : « Aaron étendit sa
main sur les eaux de l’Égypte ; et les grenouilles montèrent et couvrirent le
pays d’Égypte ». Cette légende trouve son accomplissement dans la scène finale
où une pluie de grenouilles s’abat sur
la ville. Les pluies de grenouilles (ou de poissons) sont des phénomènes
météorologiques rares mais qui ont été observés à différentes époques de
l'histoire. L’hypothèse la plus couramment admise (mais jamais scientifiquement
prouvée) veut qu’ils soient dus à des
tornades qui se seraient abattues sur des étendues d’eau, emportant les
poissons et les batraciens qui y vivaient. Dans les temps anciens, le phénomène
était interprété comme annonciateur de catastrophes. Or, cela est rare, mais,
au cours des âges, des témoignages sérieux ont fait état de pluies de souris et
de rats (Norvège, 1578), d’oiseaux (Franche-Comté, 1636), de serpents (Memphis,
USA, 1877), etc.
L'auteur-réalisateur a présenté
son film comme « un film sur la tristesse et (sur) le deuil, sur l'amertume de
la vie, sur les enfants maltraités et les adultes qui s'autodétruisent. Comme
le narrateur nous le dit vers la fin : "Même si nous en avons fini avec le
passé, le passé lui, n'en a pas fini avec nous". Dans ce naufrage commun,
il y a deux personnages, un policier et un infirmier, qui font ce qu'ils
peuvent pour offrir de l'aide, de l'espoir et de l'amour. »
Distribution
- · Julianne Moore : Linda Partridge
- · Tom Cruise : Frank T.J. Mackey
- · Pat Healy : Sir Edmund William Godfrey
- · Philip Seymour Hoffman: Phil Parma
Accueil du film
Le budget initial du film était
de 20 millions de dollars; il a été porté à 37 millions lorsque Tom Cruise fut
engagé pour jouer le rôle de Frank T.J. Mackey. Il a cependant accepté de le
réduire de 7 millions sur son cachet « habituel » de 20 millions de dollars,
moyennant une participation aux bénéfices). Le film a rapporté 48 451 803 $ au
niveau mondial.
On aurait pu s'attendre à ce que ce film atypique et pour le moins "prise de tête" fasse un flop retentissant. Curieusement, il n'en a rien été puisque Magnolia a reçu un
accueil critique très favorable : noté 4 étoiles sur 5 sur Allociné, il est
noté à 83% sur le site Rotten Tomatoes.
Récompenses
- · Festival du film de Berlin : Ours d'or du meilleur film (Paul Thomas Anderson) ; Prix des lecteurs du Berliner Morgenpost (Paul Thomas Anderson)
- · Golden Globes : meilleur acteur dans un rôle secondaire (Tom Cruise)
Mon avis
Disons-le tout net. Moi qui n'hésite pas à aller voir des films dont je sais qu'ils seront difficiles, ce film, difficile à classer, ne
m'a pas enthousiasmé. Son scénario particulièrement improbable m'a laissé
perplexe. Par certains côtés, il m'a fait penser à Vanillia sky, sauf que ce dernier, qui s'appuie lui aussi sur un scénario biscornu, est
beaucoup plus abouti et possède des atouts que Magnolia n'a pas. J'aurais été à
la place du jury du festival du film de Berlin, je ne lui aurais certainement
pas décerné un Ours d'or. Par contre, j'estime que Tom Cruise a bien mérité son Golden Globe. Même si l'on s'interroge sur
son rôle dans ce film (il est en effet surprenant qu'il ait accepté d'endosser
le personnage d'un télé-évangéliste qui semble bien parodier son rôle tant
décrié dans la scientologie), on doit reconnaître qu'il se surpasse dans ce
personnage peu glorieux, déplaisant et peu sympathique, à l'opposé des rôles de
séducteur sans peur et sans reproche qu'il joue généralement.
Sur le rôle du hasard et des
coïncidences bizarres, voyez plutôt :
- Vanillia sky de Cameron Crowe (2001)
- The lost room série TV fantastico-policière (2006)
- Destination finale (du moins le 1er de la série)
- L'effet papillon
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