Le Regard d’Ulysse (Το Βλέμμα του Οδυσσέα : To Vlémma tou Odysséa) est un film
franco-italo-grec de Theo Angelópoulos sorti en 1995.
Synopsis
Un cinéaste grec exilé aux
Etats-Unis; A (Harvey Keitel)
revient dans son pays (la région de Thessalonique au nord de la Grèce), à la
recherche des trois bobines originales du premier film réalisé dans les Balkans
par les frères Manakis au début du XXe siècle. Cette quête va le
mener à travers plusieurs pays des Balkans, après la chute du communisme, la
nouvelle république de Macédoine (avec laquelle la Grèce est en conflit), la
Bulgarie et la Yougoslavie, qui est alors en pleine guerre civile (nous sommes en
1992-1993.) Il arrive pendant le siège de Sarajevo dans lequel il s'introduit,
au péril de sa vie, à travers les balles des snipers. C'est là qu'il va enfin
découvrir les précieuses bobines, conservées par un vieux projectionniste fou
de cinéma, dans une salle désaffectée et en partie détruite par les
bombardements.
Mon avis
J'ai vu presque tous les films de
Theo Angelopoulos. La Grèce de ce metteur en scène n'est pas celle des
catalogues touristiques en quadrichromie : tous se déroulent dans une Grèce qui
n'est pas celle du soleil, des plages et des temples antiques mais qui
appartient au monde des Balkans, située aux confins de l'Albanie et de la
Macédoine : une Grèce montagneuse, froide, noyée de pluie, de brouillard et de
neige, une Grèce rurale, pauvre et souffrante où les êtres se fondent dans des paysages
énigmatiques. Ce film, sorti en 1995, a été récompensé par le Grand Prix du 48e
Festival de Cannes. Il marque sans nul doute le sommet de la carrière du grand
cinéaste grec. On y retrouvera aussi ce qui peut chez lui autant fasciner
qu'exaspérer, ces longs plans-séquences
qui n'en finissent pas et sont sa marque de fabrique. Parmi ceux-ci, dans ce
film, une image m'a particulièrement marqué : celle de cette gigantesque statue
de Lénine, déboulonnée, que la caméra suit longuement dans sa descente du
Danube.
Le héros du film, A (comme
Angelopoulos ?), incarné par Harvey
Keitel, dont la stature est impressionnante, fascine par son mutisme à
travers lequel transparaît cette volonté inébranlable d'atteindre son but.
Musique
Le film n'aurait pas la même
intensité sans la sublime musique composée par Eleni Karaïndrou, déchirante de
nostalgie. Il y a en particulier la scène de ces musiciens, installés en plein
brouillard dans un square de Sarajevo en ruine, qui continuent imperturbablement
à jouer malgré les tirs d'armes à feu que l'on entend tout autour d'eux.
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