mardi 26 novembre 2024

NIKI Film biographique de Céline SALLETTE (FR-2024)

 


Niki est un film français réalisé par Céline Sallette et sorti en 2024. Il s'agit du premier long métrage de la réalisatrice, retraçant la vie et l'œuvre de l'artiste militante Niki de Saint Phalle (1930-2002), connue pour ses statues féminines aux formes généreuses très colorées. Le film a été présenté en avant-première mondiale dans la section « Un certain regard » du Festival de Cannes 20243, en compétition pour la Caméra d’or. Il a fait partie de la sélection des 80 films présentés dans le cadre des 26èmes Rencontres des Cinémas d’Europe à Aubenas.

Résumé

Le film retrace la vie et l'œuvre de la sculptrice Niki de Saint Phalle, entre les années 1950 et 1960

Niki (Charlotte Le Bon), de son vrai nom Catherine de Saint Phalle est née à Neuilly-sur-Seine en 1930 et morte à La Jolla (comté de San Diego, Californie) le 21 mai 2002. Sa mère, Jeanne Jacqueline Harper, était américaine et son père André-Marie de Saint-Phalle (1906-1967), français. 

Niki a d’abord été élevée par ses grands-parents dans la campagne nivernaise, dont elle a toujours conservé la nostalgie. Elle grandit ensuite à New York et se marie à l'âge de 18 ans avec le poète Harry Mathews (John Robinson), qu'elle connaît depuis l'enfance et avec qui elle aura deux enfants. 

Dans les années 50, alors qu’elle a 20 ans, encouragée par le peintre Hugh Weiss (Romain Sandère), elle travaille d'abord comme mannequin pour plusieurs journaux de mode (Vogue, Life et Elle) et pose aussi pour des campagnes publicitaires, par exemple pour le constructeur automobile Simca, où elle est photographiée par Robert Doisneau en août 1952.

Niki a toujours caché un lourd secret, son viol par son père lorsqu’elle avait 11 ans, des faits qu’elle ne révèlera que peu de temps avant sa mort dans un livre justement intitulé Mon secret (1994). Ce viol la conduira à faire plusieurs séjours en hôpital psychiatrique où elle sera traitée aux électrochocs, qui la priveront d'une partie de sa mémoire.

Elle racontera elle-même, dans « L’art comme thérapie » (Cf. Marcel Briat. « Niki de Saint Phalle au Grand Palais : le récit de son viol ou l’art comme thérapie » in : Le Nouvel Obs – 23/9/2014) :

« J'ai commencé à peindre chez les fous… J'y ai découvert l'univers sombre de la folie et sa guérison, j'y ai appris à traduire en peinture mes sentiments, les peurs, la violence, l'espoir et la joie. »

Vers 1955, elle voyage en Espagne avec son mari et découvre l’œuvre de Gaudi

Un peu plus tard, elle fréquente le cercle parisien des Nouveaux réalistes, fondé en 1960 par Yves Klein et le critique d'art Pierre Restany (Quentin Dolmaire). 

A partir de poupées cassées, de céramiques brisées, elle crée des ex-voto, puis ses fameuses Nanas, des femmes plantureuses et colorées en grillage, papier mâché et polyester, des sculptures géantes, voluptueuses, chahuteuses, dansantes et s'impose par son originalité dans un monde de l'art assez blasé.

En 1971, après avoir divorcé de Harry, elle épouse l'un des membresdu groupe,  Jean Tinguely (Damien Bonnard), auteur de machines infernales faites de pièces métalliques de récupération.

Mon opinion

Si je connaissais l’œuvre de Niki de Saint Phalle, je ne connaissais rien de sa vie ni du secret douloureux qui explique en grande partie son œuvre. 

Dans le film, Niki est magnifiquement incarnée par Charlotte Le Bon. La prestation des autres acteurs est aussi à saluer. 

Un regret toutefois, l’absence totale dans le film des sculptures de Niki de Saint Phalle ou même de leur évocation, en raison du refus des ayant-droit de l’artiste de laisser reproduire ses œuvres[1], ce qui est tout de même frustrant pour le spectateur. Mais cette absence ne nuit pas au film qui est, comme le dit  Françoise Dargent du Figaro, une évocation « élégante et juste" du destin d'une artiste marquante du XXe siècle [2] 


[1] Florence Colombani, « « Niki » : ce biopic de Niki de Saint Phalle qui ne montre rien de ses œuvres [archive] », sur Le Point, 15 octobre 2024 (consulté le 23 octobre 2024).

[2] Françoise Dargent, « Festival de Cannes: une guerrière nommée « Niki » [archive] » Accès limité, sur Le Figaro, 23 mai 2024 (consulté le 30 septembre 2024).

lundi 25 novembre 2024

Destins Brisés : River PHOENIX.

OLYMPE, UNE FEMME DANS LA REVOLUTION film historique de Mathieu BUSSON et Julie GAYET (FR-2024)

 


Olympe, une femme dans la Révolution est un film français réalisé par Mathieu Busson et Julie Gayet d'après un scénario de Marine Ninaud et Sébastien Mounier, avec la collaboration de Mathieu Busson. Ce drame historique est une coproduction de la société de production Moteur s'il vous plaît et de France Télévisions pour France 2 réalisée avec la participation de TV5 Monde et avec le soutien de la région Occitanie ainsi que le soutien logistique de la Commission du film Occitanie.Vu en avant-première lors des 26èmes Rencontres des Cinémas d'Europe à Aubenas. 

Résumé

Marie Gouze naît en 1748 dans une famille bourgeoise, mais non noble, de Montauban. Sa famille maternelle, la famille Mouisset, est cependant très liée aux Lefranc de Pompignan, une famille de la noblesse de robe. Le grand-père maternel d'Olympe, Jacques Mouisset, a été le précepteur de Jean-Jacques Lefranc de Pompignan ; sa grand-mère maternelle Anne Marty a été la nourrice de Jean-Georges Lefranc de Pompignan, son frère et futur évêque du Puy-en-Velay. Jean-Jacques Lefranc de Pompignan est le parrain d'Anne Olympe Mouisset. Anne Olympe Mouisset et Jean-Jacques Lefranc de Pompignan, de cinq ans son aîné, grandissent ensemble et nouent des liens affectifs qui contraignent leurs parents à mettre de la distance entre eux, un mariage entre une famille bourgeoise et une famille de la noblesse étant considérée comme une mésalliance.  Jean-Jacques est envoyé à Paris pendant qu’Anne Olympe Mouisset est mariée à Pierre Gouze, boucher de son état.

Jean-Jacques Lefranc de Pompignan revient en 1747 à Montauban comme président de la Cour des Aides ; il est peut-être alors l'amant d'Anne Olympe Gouze, qui donne naissance à Marie l'année suivante. A Montauban, tout le monde sait que Lefranc de Pompignan est le père adultérin de la future Marie-Olympe de Gouges.

Paris, juillet 1793. La situation est explosive et la Terreur bat son plein. Au milieu de ce monde de violences et de mutations, une seule constante : les femmes n’ont le droit à rien. Olympe de Gouges est l’une des rares à oser s’élever contre cette injustice. Femme de lettres, femme de combats, Olympe s’oppose frontalement à Robespierre. Arrêtée par la police d’État, elle attend son procès, enfermée dans une maison d’arrêt. Au milieu des autres condamnées, Olympe va continuer de lutter.

En 1765 Marie Gouze est mariée par ses parents à Louis-Yves Aubry. Il y a une grande différence d’âge entre eux : elle a 17 ans, lui avoisinerait la 50e. Son mari, sans être noble, est fils d'un bourgeois de Paris, officier de bouche de l'intendant de Montauban. En août 1766, Marie donne naissance à son fils Pierre Aubry (qui apparaît dans le film).

En 1770, elle s’enfuit avec son fils dans les bras, scène reprise dans le film, et se retrouve à Paris où on ne sait pas grand-chose de sa vie sinon qu’elle devient l’amante de Jacques Biétrix de Rozières, un marchand d’armes, grâce à qui elle peut mener un train de vie aisé. Elle adopte alors le nom d’Olympe de Gouges et se met à fréquenter la haute société de l’époque. En 1732, elle écrit sa première pièce qui traite de l’esclavage des noirs. La pièce fait scandale à la Comédie française qui la déprogramme au bout de trois représentations mais l’impose dans les salons littéraires comme un esprit libre mais n’en est pas pour autant admise dans les clubs intégralement tenus par les hommes.

La Révolution approchant, le discours d’Olympe de Gouges sera de plus en plus engagé. Elle propose une Déclaration du droit des femmes qui prône l’égalité des sexes et des enfants naturels.

En 1793, elle s’en prend vivement à ceux qu’elle tient pour responsables des massacres des 2 et 3 septembre 1792 : « Le sang, même des coupables, versé avec cruauté et profusion, souille éternellement les Révolutions ». Elle désigne particulièrement Marat, qu'elle traite d'« avorton de l'humanité », l’un des signataires de la circulaire du 3 septembre 1792 proposant d’étendre les massacres de prisonniers dans toute la France. Soupçonnant Robespierre, selon elle « l'opprobre et l'exécration de la Révolution », d’aspirer à la dictature, elle l’interpelle dans plusieurs écrits, ce qui lui vaut une dénonciation de Bourdon de l'Oise au club des Jacobins. Elle est arrêtée et emprisonnée à la prison de l’Abbaye (Bd St. Germain). Malade d’une blessure infectée, elle est transférée dans la « maison de santé" Mahay - ou Mahaye, tenue par Catherine Mahay, sorte de prison pour riches. Condamnée à la peine de mort le 2 novembre 1793, par le tribunal révolutionnaire dirigé par Fouquier-Tinville,  elle est aussitôt guillotinée.

Distribution

  • Julie Gayet : Olympe de Gouges
  • Dimitri Storoge : Michel de Cubières
  • Pauline Serieys : Justine (servante d’Olympe de Gouges)
  • Jean-Pierre Lorit : Jacques Bietrix de Rozières
  • Lucas Ferraton : Pierre Aubry de Gouges
  • Émilie Gavois-Kahn : Catherine Mayahe
  • Frédéric Noaille : Maximilien de Robespierre
  • Luc Antoni : Antoine Fouquier-Tinville
  • Mathilde Dromard : Manon Roland (Madame Roland)

Autour du film

Le tournage se déroule du 26 septembre au 23 octobre 2023 à Lectoure dans le département du Gers et à Villefranche-de-Rouergue dans l'Aveyron, en région Occitanie (qui participa à son financement).

Des scènes ont été tournées au château de Gramont en Lomagne, au château de Saint-Léonard ainsi que sur le pont des Consuls et aux abords de la chartreuse Saint-Sauveur à Villefranche-de-Rouergue.

Mon opinion

Ce film devait être un téléfilm. Il a été programmé, avec 80 autres, dans le cadre des Rencontres du cinéma d’Europed’Aubenas en présence de Valérie Valéro, cheffe décoratrice, qui a aussi travaillé sur les décors de deux autres films présentés lors du festival, Jumbo (de Zoé Wittock, 2020) et Maria (de Jessica Palud, 2024).

J’ai beaucoup aimé le jeu sobre et convaincant de Julie Gayet, qui joue le rôle d’Olympe, femme engagée et en avance sur son temps dont les textes en faveur de l’égalité des sexes ont, prennent encore plus de valeur à notre époque encore confrontée au machisme et au suprématisme des hommes, que ce soit en France ou dans le monde.     

dimanche 24 novembre 2024

AUBENAS - 26èmes RENCONTRES DES CINEMAS D'EUROPE (19-24 NOVEMBRE 2024)

 

Rencontres des Cinémas d’Europe – Aubenas (19 au 24 novembre 2024) – 26ème édition -

Pendant 9 jours, du 19 au 24 novembre 2024, Aubenas a fêté le cinéma pour la 26ème année avec 80 films programmés dans 11 salles à (Aubenas - 3 lieux), Vals, Thueyts et Lussas, des rencontres avec des réalisateurs, des acteurs, scénaristes, décorateurs, etc. un studio de cinéma ambulant, des tables-rondes, une librairie, des restaurants…


Pour ma part, j’ai pu voir 8 films :

  • Gondola, de Veit Hellmer (2024) un film lettonien inclassable sans paroles
  • Olympe, une femme dans la Révolution de Julie Gayet et Mathieu Busson (2024) sur la vie d’Olympe de Gouges, autrice sous la Révolution d’une Déclaration universelle des droits des femmes
  • Niki, de Céline Salette (2024) sur la vie de la sculptrice Niki de Saint-Phalle
  • La belle affaire, un film allemand de Natja Brunckhorst (2024)  
  • En fanfare d’Emmanuel Courcol (2024)
  •  Il était une fois Michel Legrand, de David Hertzog Dessites (2024), un biopic-documentaire sur la vie du compositeur des Parapluies de Cherbourg et des Demoiselles de Rochefort Michel Legrand   
  • Flow, de Gints Zibalodis (2024) un film d’animation post-apocalyptique
  •  Un court-métrage réalisé par les élèves du collège Georges Gouy (Vals-les-Bains) pendant la durée du festival

Je n’ai pas pu aller voir des films que j’avais sélectionnés :

  •  Crossing Istanbul de Levan Akin(2024)
  • Girl Picture d’Alli Haapasalo (2024)
  • Gloria de Margherita Vicario (2024)
  • Green border d’Agnieszka Holland (2024)
  •  La plus précieuse des marchandises de Michel Hazanavicius (2024)
  •  Le déluge de Gianiuca Jodice (2024)
  •  Le royaume de Julien Colonna (2024)
  •  Miséricorde d’Alain Guiraudie (2024)
  • Trois kilomètres avant la fin du monde d’Emmanuel Pârvu (2024)
  • Vingt dieux de Louise Courvoisier (2024)
  • Yurt de Nehir Tuna (2024)

J’ai renoncé à en voir certains, en avant-première, qui seront programmés hors festival dans les prochains mois.

J’espère que, parmi ceux que je n’ai pas pu voir, certains seront au programme lors du Festival Télérama (22-28 janvier 2025) ou du Printemps du cinéma en mars 2025…

J’avais déjà vu :

mercredi 20 novembre 2024

GONDOLA Film de Veit HELMER (D-Géorgie 2023)

 


Gondola est une coproduction géorgienne et allemande du réalisateur allemand Veit Helmer. Le film est sorti en 2023. Il était présenté cette semaine dans le cadre des 26èmesrencontres des cinémas d’Europe à Aubenas.

Résumé

"Gondola" désigne un téléphérique, en l'occurence celui qui relie deux parties montagneuses isolées d'un village de Géorgie séparées par une profonde vallée. Le téléphérique, formé de deux cabines dont l’une monte pendant que l’autre descend, est desservi par le « chef » (Suka Papuaschvili) sorte de « deus ex machina » grognon qui siège dans une cabine suspendue dans le vide et deux contrôleurs qui encaissent le prix de la course.

Lorsque le film commence, l’un des deux contrôleurs vient de mourir et on assiste au transport de son cercueil, décoré d’un crêpe noir, par le téléphérique qui fait office de corbillard.

Il est remplacé par sa fille, Iva (Mathilde Irrmann) qui est reçue d’abord froidement par sa collègue, Nino (Nino Soselia) qui, malgré tout l’initie aux étranges routines de ce petit monde autarcique où l’on croise tous les jours le « chef », la « veuve », et d’autres usagers réguliers du funiculaire, un handicapé en fauteuil roulant, et deux enfants, une fillette espiègme (Niara Chichinadze) et son petit amoureux transi (Zviad Papuaschvili).

Le film est sans parole mais ce n'est pas gênant, bien au contraire car tout se joue sur les visages et est rythmé par la musique. Alors qu'aucun mot n'est prononcé par les protagonistes, une étrange complicité nait entre les deux jeunes filles qui se croisent et se recroisent dans les airs. Elles inventent des jeux, transforment les cabines au gré de leurs rêves, jouent de la musique, pour le grand plaisir des paysans qui, plus bas, travaillent leurs champs… jusqu’à ce que le « chef » éconduit par l’une et par l’autre, et pris d’une colère subite devant ces jeunes filles libres qui lui jettent au visage leur joie et leur plaisir de vivre, ne commette l’irréparable… pour son plus grand malheur et pour la grande joie des spectateurs.

Mon opinion

Entre Tati, Chaplin, Wenders (on pense aussi curieusement pour les plans longs à Theo Angelopoulos et à Kusturika pour le côté joyeux et la musique), ce film inclassable est un petit bijou d’humour absurde et de poésie comme je n’en ai pas vu depuis Bagdad Cafe. Une merveille que je ne suis pas près d’oublier et que je vous recommande car il fait du bien.

samedi 16 novembre 2024

mardi 12 novembre 2024

HERE LES PLUS BELLES ANNEES DE NOTRE VIE Film de Robert ZEMECKIS (USA - 2024)


 Here - Les plus belles années de notre vie (Titre original : Here) est un drame américain co-écrit et réalisé par Robert Zemeckis, sorti en 2024. Il s'agit d'une adaptation de la bande dessinée du même nom de Richard McGuire. Avec Tom Hanks, Robin Wright, Paul Bettany.

Présentation

Le film commence par les images idylliques d’une forêt primitive où s’ébattent des dinosaures. Ce calme apparent est vite transformé en enfer avec l’arrivée d’une comète et un déluge de feu qui détruit toute vie. C’est ensuite un déluge d’eau. Puis la nature reprend ses droits, la forêt se reconstitue et la paix revenue, elle est occupée par les premiers indiens.

En fait on se rend compte que si les époques et les occupants changent, la caméra filme en plan fixe toujours le même endroit.

 Au fur et à mesure de l’évolution vers notre époque, on verra la forêt être abattue pour y construire une grande maison de colons. En face de cette maison que l’on apercevra jusqu’à la fin du film, on en construit une autre, plus modeste, qui servira de cadre à toutes les scènes du film. Dans une même pièce prendra place le destin d’une famille que l’on suivra au cours de plusieurs générations qui se succèdent dans les mêmes lieux.

Dans cette vie banale qui s’écoule (« le temps file » est une phrase que l’on entend tout au long du film), le réalisateur impose des découpes dans lesquelles il superpose des images de scènes antérieures, comme des fenêtres du passé dans le présent.   

Mon opinion

Difficile, voire impossible de résumer un tel film ni même de le comparer à un autre tant sa manière de filmer est particulière. On a l’habitude des flash-backs, plus ou moins réussis. A ma connaissance, on n’a jamais vu un cinéaste utiliser un tel processus pour superposer temps passé et temps présent. C’est curieux, troublant, voire agaçant à force, d’autant plus agaçant qu’on se demande où le réalisateur veut en venir. Il faudra attendre la fin du film pour que la caméra se décide à bouger et à filmer la maison de l’extérieur. Comme les gens qui l’ont habitée, elle est d’une banalité totale, maintenant entourée d’un lotissement sans âme comme il y en a partout. Certes, techniquement, c’est un tour de force. On a beau connaître le formidable professionnalisme des acteurs américains, on se demande comment Zemeckis a fait pour rajeunir à ce point ses acteurs et leur faire traverser les années.  Le résultat est déroutant, trop déroutant et peut-être trop ambitieux pour que le film puisse être mis au niveau du cultissime Retour vers le futur ou de Forrest Gump, le chef d’œuvre absolu du réalisateur.

Dans le même esprit, je vous recommande :  

LOUISE VIOLET drame historique d'Eric BESNARD (FR-BE 2024)

 


Louise Violet est un drame historique français réalisé par Éric Besnard et sorti en 2024. Le film a été présenté en avant-première mondiale au Festival du film français d'Helvétie, en septembre 2024. Il a obtenu le prix du public au Waterloo Historical Film Festival 2024.

Résumé

L’école laïque, obligatoire et gratuite est instaurée en France en 1881.

Près de dix ans après, celle-ci est loin d’avoir conquis les campagnes. Le film se déroule en 1889n soit presque 10 ans après.  Une institutrice, Louise Violet (Alexandra Lamy), est envoyée par le gouvernement dans un village retiré du centre de la France. A son arrivée, loin de l’accueillir avec égards, c’est l’hostilité des habitants qui l’attend. Il n’existe aucune école et tout ce que Joseph, le maire et aussi le plus gros propriétaire terrien du village (Grégory Gadebois) met à sa disposition est une étable abandonnée encore occupée par une vieille vache.

Louise, qui vient de la ville, est confrontée à un monde rural archaïque et brutal où seuls le facteur (Jérôme Kircher) et le curé (Patrick Pineau) savent lire mais, jaloux de leurs prérogatives, ne lui apportent aucune aide. Celle-ci viendra de la seule personne dont on n’aurait jamais imaginé qu’elle puisse devenir son alliée, Marthe, la mère de Joseph (Annie Mercier), une paysanne dure à la tâche, illettrée et bougonne. 

Mais Louise, qui vient de faire 10 ans de bagne pour avoir participé à la Commune de Paris, en a vu d’autres et ne se décourage pas. Elle finira, à force de patience et de ténacité, à gagner peu à peu les paysans à sa cause.

La catastrophe arrivera cependant de la part de Jules (Ernest Mourier), un enfant rejeté par les autres.

Autour du film

 Voici comment le réalisateur Éric Besnard présente son projet qui, à l’origine, devait s’intituler L’école.

« Mes trois premiers films rendaient hommage à mes gouts de cinéphile, et les trois suivants à mes proches (ma mère, ma femme et mon père). Je me suis dit que j’allais laisser mes enfants tranquilles et j’ai décidé de travailler sur mon pays, sur l’identité française et ses spécificités. J’ai commencé à plancher sur le siècle des Lumières, j’ai découvert la création du premier restaurant et ça a donné Délicieux[1]. J’ai alors dit à mon producteur, Christophe Rossignon, que j’avais envie de poursuivre dans cette voie en abordant le concept de République. Qui dit République dit troisième République et qui dit troisième république dit éducation, un thème qui m’est cher depuis longtemps. L’idée de faire un film sur l’école de Jules Ferry, puis sur les premières institutrices envoyées dans les campagnes et projetées dans un monde d’hommes à la fin du 19e siècle est née ainsi. Cette opposition, la rencontre entre deux mouvements, l’un progressiste, et l’autre conservateur, était intéressante. »  

Le film a été tourné en Auvergne. Fin octobre 2022, le lieu du tournage, désormais intitulé Louise Violet, est annoncé à Saint-André-de-Chalencon (Haute-loire) et devrait y débuter fin février 2023, puis mai-juin.

Début novembre 2022, Alexandra Lamy et Grégory Gadebois, ce dernier retrouvant le réalisateur pour la troisième fois après Délicieux (2021) et Les Choses simples (2023), pour interpréter les rôles principaux, l'institutrice et le maire du village.

« Pour Louise, je voulais quelqu’un qui symbolise l’institutrice : sympathique, empathique et issue de la société civile. Alexandra Lamy cochait toutes les cases. (…) Je ne savais pas au départ que le rôle de Louise serait tenu par Alexandra Lamy mais j’ai écrit pour Grégory Gadebois et pour Jérémy Lopez. Deux acteurs avec qui j’avais déjà travaillé deux fois. »Éric Besnard

Le tournage débute fin février 2023 au Puy de Sancy, dans le Puy-de-Dôme, puis à Saint-André-de-Chalencon (Haute-Loire). Il a également lieu à Tiranges pour une ancienne ferme de « Cerces », dans les monts de Cézallier et à Saint-Pierre-du-Champ. Le tournage s'arrête en mars pour revenir en mai aux mêmes endroits. Les prises de vues prennent fin le 24 juin 2023 à Saint-André-de-Chalencon.

Louise Violet est sélectionné dans la section « Grande première » du Festival du film français d'Helvétie, où il est projeté en avant-première mondiale au début de l'après-midi du 15 septembre 2024. Il est présenté, quatre jours après celui-ci, en compétition officielle au Waterloo Historical Film Festival, où il obtient le prix du public.

Mon opinion

On a du mal à croire que les premiers instituteurs, à la fin du XIXe siècle, aient pu affronter des conditions de travail aussi difficiles… Louise Violet est un personnage de fiction, sans doute inspiré de celui de Louise Michel, elle aussi institutrice, communarde engagée, et déportée au bagne et, à son retour en France, toujours aussi combative, plusieurs fois emprisonnée. Louise Violet est une sœur apaisée de ce personnage historique. Elle est admirablement interprétée par Alexandra Lamy, loin de son duo comique avec Jean Dujardin dans Un gars, une fille (1999-2003), qui passe toujours à la télévision et n’a pas pris une ride. Bien qu’elle ait joué depuis dans des rôles plus sérieux (La chambre des merveilles 2023), elle n’avait jamais encore assumé un tel personnage de femme forte et déterminée et elle y réussit parfaitement. Un film à voir ne serait-ce que pour montrer aux jeunes générations pour lesquelles tout est dû la chance qu’ils ont de vivre dans un monde où l’éducation et la culture sont à la portée de tous et où, si on en a la volonté, tout est possible pour se sortir d’une condition défavorisée. La scène qui m’a le plus ému est quand Louise distribue à chacun de ses petits élèves un dictionnaire, le plus beau livre qui soit.    

Dans le même esprit, je vous recommande aussi : 


[1] Personnellement, j’avais beaucoup aimé son film Le goût des merveilles (2015).

dimanche 10 novembre 2024

LEE MILLER Biopic réalisé par Ellen KURAS (GB-2024)

 

Lee Miller (Titre original : Lee) est un biopic britannique réalisé par Ellen Kuras et sorti en 2023. Il s'agit d'un film biographique sur la photographe Elizabeth « Lee » Miller. Le film a été présenté en avant-première mondiale au Festival international du film de Toronto 2023, mais il n’est sorti sur les écrans français qu’en 2024.

Résumé

Le film est un biopic sur la vie de Lee Miller (Kate Winslet), de son vrai nom Elizabeth Miller, connue pour avoir été la première journaliste britannique à avoir photographié les derniers camps de concentration nazis.

Le film commence avant le début de la 2nde guerre Mondiale sur la Côte d’Azur où des amis de milieux aisés mènent une vie insouciante. Parmi eux, Lee Miller, alors modèle et photographe de mode pour le magazine anglais Vogue, Roland Penrose (Alexander Skarsgård), écrivain, qui deviendra son mari, Solange d’Ayen comtesse de Noailles (Marion Cotillard), qui travaille pour la version française de Vogue, etc.   

Au début de la guerre, alors que Londres est menacée par les bombes allemandes, Lee Miller se fait embaucher, malgré les restrictions, par Audrey Withers (Andrea Riseborough), la rédactrice en chef du Vogue britannique.

De la mode, Lee Miller parvient, grâce à sa nationalité américaine, à se faire envoyer sur le terrain des combats en France. Alors que la Libération bat son plein, elle retrouve son amie Solange d’Ayen dans son appartement parisien dévasté. Elle a perdu son fils de 19 ans dans les combats dans les Vosges et son mari Jean, dont elle n’a plus de nouvelles, a été déporté pour faits de résistance. Lee apprend alors avec stupeur l’existence des camps de concentration nazis et n’aura de cesse de s’y rendre. Elle sera la première photographe de guerre à en révéler l’horreur mais ses photos, jugées trop choquantes, ne seront pas publiées par Vogue.  

Autour du film

Ce film a bien failli ne jamais se faire. Le projet remonte à plusieurs années quand la fameuse directrice de la photographie, Ellen Kuras (elle a travaillé avec Martin Scorsese, Spike Lee, etc.), est tombée, dans une librairie new-yorkaise, sut une biographie de la célèbre photographe de guerre Lee Miller. Frappée par la ressemblance physique de la reporter avec l’actrice Kate Winslet, avec qui elle avait travaillé sur le film de Michel Gondry Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Ellen Kuras proposa l’idée de réaliser un biopic de Lee à l’actrice qui accepta avec enthousiasme. Mais, malgré la notoriété de l’une et de l’autre, le projet mit 20 ans à se faire car les financeurs se firent tirer l’oreille à telle enseigne que Kate Winslet dut engager ses propres fonds pour finir le tournage.

Mon opinion

Peut-être parce qu’il est réalisé par une femme (Ellen Kuras), avec une actrice engagée (Kate Winslet) sur un personnage lui aussi engagé pour la vérité (Lee Miller), le film est avant tout un film de femmes fortes. Sans doute à ce jour, c’est le plus beau rôle de Kate Winslet dont l’interprétation magistrale emporte l’enthousiasme tant elle incarne son personnage. Une telle performance devrait être, on l’espère, couronnée d’un Oscar. Le film a aussi le mérite de révéler le déni des nations libres d’admettre le choc des premiers témoignages sur la réalité des camps.

Dans le même esprit, je vous recommande : 

 

lundi 4 novembre 2024

MONSIEUR AZNAVOUR Biopic réalisé par GRAND CORPS MALADE et Mehdi IDIR (FR-2024)

 

Monsieur Aznavour est un biopic sur le chanteur français d’origine arménienne Charles Aznavour, décédé en 2018, depuis ses premières années en France jusqu’à son décès en 2018. Le film, co-écrit et réalisé par Grand Corps Malade (de son vrai nom Fabien Marsaud) et Mehdi Idir, est sorti en 2024.

Résumé

Le film commence alors que le jeune Charles Aznavourian (Norvan Avedissian), fils d’immigrés arméniens ayant fui le génocide de leur peuple par les Turcs (1916-1923) a 7 d’années. Malgré des conditions de vie difficiles à Paris, ses parents, son père Micha et sa mère Knar, sont liés par un optimisme inébranlable dans l’avenir que leur offre la France. Après la faillite de son restaurant, Micha ouvre un café rue Cardinal Lemoine à Paris, en face de l’Ecole des Enfants du spectacle où ils inscrivent Charles. Malgré ses difficultés financières, la famille, qui vit dans une ambiance où la musique joue un grand rôle, va très souvent au spectacle, au cinéma et au théâtre.

A 9 ans, le jeune Charles qui a francisé son nom en « Aznavour » participe à son 1er spectacle. Vers 12-13 ans, est engagé au Casino de Paris et à l’Alcazar où il voit Maurice Chevalier et Charles Trenet qu’il admire.

Pendant la guerre, les Aznavourian ont caché résistants, Juifs et Arméniens dans leur appartement parisien, en particulier le couple Manouchian.   

En octobre 1941, Aznavour (Tahar Rahim) il rejoint la compagnie de Jean Dasté avec laquelle il se produit pendant un an et demi toute la zone occupée.

Cette année-là, il rencontre le pianiste Pierre Roche (Bastien Bouillon) avec lequel il forme un duo qui se produit avec des reprises de chansons connues. En 1946, ils rencontrent l’humoriste Francis Blanche (Benjamin Cléry) qui anime une émission de radio et les met en relation avec Edith Piaf (Marie-Julie Baup). Celles-ci, déjà connue, s’apprêtait à partir faire une grande tournée aux Etats-Unis avec les Compagnons de la chanson, le prend sous son aile. Ayant rejoint Edith à New York, Roche et Aznavour sont retenus à Ellis Island car ils sont arrivés aux USA sans visa. Edith paie leur caution et, peu désireuse de s’encombrer de celui qu’elle appelle affectueusement son « génie-con » et de son acolyte, elle les envoie à Montréal pour se produire dans un cabaret miteux du nom du « Faisan doré ». Intervient ensuite la séparation du duo, Roche restant à Montréal et Aznavour rentrant en France où il a femme et enfant, suivant en cela les conseils d’Edith qui lui dit qu’il ne réussira qu’en se faisant connaître à Paris. Ce n’est qu’en 1953 qu’après des années de galère qu’Aznavour connaîtra le succès et il fera son premier Olympia en 1956.

A partir de 1960, il enchaîne les tubes : Tu t’laisses aller (1960), Il faut savoir (1961), Les Comédiens (1962). Le 30 mars 1963, il donne une représentation unique au Carnegie Hall de New York. Connu aux États-Unis en tant qu'acteur dans le film de Truffaut Tirez sur le pianiste, il y fait un tabac avec un seul récital d'une heure. Alternant les titres français et les traductions anglaises, mais aussi italiennes, espagnoles, il séduit le public. Ce seront ensuite une série de succès :  La Mamma, Je t'attends (1963), Et pourtant (1963), Hier encore (1964), For Me Formidable (1964), Que c'est triste Venise (1964), La Bohème (1965), Emmenez-moi (1967) et Désormais (1969). En pleine vague yéyé, Charles Aznavour écrit aussi deux de leurs plus grands succès à Johnny Hallyday : Retiens la nuit (1961), et à Sylvie Vartan : La plus belle pour aller danser (1963). En 1966, il offre à Mireille Mathieu un de ses premiers succès.

Le film évoque aussi un épisode peu connu de la vie du chanteur. La mort tragique par overdose de Patrick, le fils qu’il avait eu d’une danseuse, Arlette Bordais, qui l’éleva seule jusqu’à l’adolescence, et qu’Aznavour, bien que remarié avec sa 2ème épouse Evelyn, avait accueilli dans sa famille.   

Le film se termine par la mort, le 2 octobre 2018, du chanteur à l’âge de 94 ans.

Mon opinion

J’avais beaucoup aimé le beau film plus ou moins autobiographique Patients de Grand Corps Malade, dont j’apprécie la sensibilité.

L’écueil avec les biopics, est le casting. J’avais trouvé surprenant le choix de Tahar Rahim, qui ne ressemble pas du tout physiquement à Aznavour - ne serait-ce que par la taille !-  et nous a plutôt habitué à des films d’action (Un prophète, 2009), pour incarner le célèbre chanteur. Mais je dois reconnaître que, malgré certaines imperfections de sa gestuelle, un peu trop outrée, la doublure s’efface derrière l’original, en particulier lorsqu’il est filmé de profil ou de trois-quarts. Quant à l’actrice qui interprète Edith Piaf, elle m’a scotché par sa voix (en fermant les yeux on croit entendre la véritable Piaf) même si, physiquement, elle ne lui ressemble pas. Autre réussite à signaler (qui n’est pas crédité par Wikipedia alors qu’il l’est par IMdB) est le jeu de Norvan Avedissian, qui incarne le jeune Charles au début du film. Originaire d’Aulnay-sous-Bois en région parisienne, ce garçon de 9 ans qui se produisait dans sa troupe de danse arménienne, a séduit l’équipe du casting par son sourire et sa spontanéité. Malgré son apparition des plus fugace, j’ai aussi retrouvé avec plaisir un acteur français que j’aime beaucoup Victor Meutelet – que l’on voit actuellement aux côtés de Muriel Robin dans la série policière Master Crimes, dans le rôle de Johnny Hallyday jeune.  

Un bémol toutefois : la longueur du film que l’on ressent surtout vers la fin car le début est plutôt sympathique et enlevé. Mais à partir de la 2ème moitié, on perd tout intérêt à suivre une carrière qui s’étire en longueur.

Un regret : que les réalisateurs aient fait l’impasse presque totale sur son engagement pour l’Arménie, son attachement à ses racines arméniennes, et sa lutte pour la reconnaissance du génocide arménien duquel seules quelques images terribles nous ont été montrées au début du film.    

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