Lake Tahoe
Je m'étais laissé entraîner à aller voir
"Lake Tahoe", un film mexicain d'un certain Fernando Eimbcke qui a
tout de même obtenu plusieurs prix, dont celui du Festival de Sundance (comme
quoi, ce n'est pas toujours une preuve de garantie!) et surtout du Festival de
Berlin par deux critiques lues sur le programme de mon cinéma favori, une du
"Nouvel Obs", qui n'est pourtant généralement pas tendre avec les
réalisateurs, l'autre de Mr. Cinéma, auquel je fais souvent confiance. Et bien,
j'en ai eu pour mon argent ! Heureusement que le film ne dure qu'une heure
35!
Je me suis rarement autant ennuyé de ma vie, à
part dans les films de Theo ANGELOPOULOS, que, par ailleurs, j'admire, car ses
longs plans-séquences ont toujours un sens, même si, parfois, il en joue
et en abuse à outrance (je me rappelle les hommes-cigognes de "Paysage
dans le brouillard"...). Chez Angelopoulos, c'est au moins
esthétique.
Là, rien de tel. Le film est en espagnol, langue
que je parle, donc cela ne me pose pas de problème particulier mais, de toute
manière, les dialogues se résument à si peu de choses que, même sans comprendre
l'espagnol, vous pouvez y aller sans crainte, ce que je vous conseille pas.
De longs plans séquence où la caméra, totalement
fixe, filme la minable façade d'un "taller automobilo" (atelier
de mécanique automobile) misérable, puis d'un autre, puis d'un autre... A
croire qu'il n'y a que des "tallers automobilos" dans ce bled désert.
Le film commence par un accident de voiture le
long d'une route déserte : une vieille voiture japonaise, conduite par un
gamin de 16 ans, se fracasse contre un poteau télégraphique le long d'une route
poussiéreuse et déserte. Puis le garçon, qui a "emprunté" la voiture
familiale essaie désespérément de se faire dépanner. Il se rend dans un
1er "taller automobilo" (garage) mais celui-ci est fermé. Il en
essaie un autre, puis un autre... Soit ils sont déserts, soit les
personnes qui s'en occupent ne sont pas là. Soit ils n'en ont rien à foutre
d'un garçon de 16 ans sans le sou. Un conseil : ne tombez pas en panne au
Mexique !!! Vous risqueriez d'y être encore 10 ans après. Et cela dure
tout le film.
En fait (on le comprend vers la fin du film), le
garçon vient de perdre son père. Sa mère (dont on ne voit que la main tenant
une cigarette dépassant du rideau de douche) s'est enfermée dans la salle de
bains et fume, son petit frère s'est réfugié dans son domaine, une petite tente
plantée dans le jardin où il passe son temps à découper : Quoi ? Là idem,
on ne le comprend qu'à la fin. Un album de photos où il colle les
souvenirs de son père.
Vous me direz : Et le Lac Tahoe, dans tout ça ?
Ce titre qui m'avait donné envie de voir le film. Pour eux qui ne savent pas,
le Lac Tahoe est un des plus beaux lacs de l'Ouest des Etats Unis, bordé d'un côté par le désert californien, de l'autre par la
Sierra Nevada (ci-joint, un lien avec l'article en anglais qui vous le présente
sur Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/Lake_Tahoe
Dans le film, le Lac Tahoe ne joue strictement
aucun rôle. Il se résume à un autocollant apposé
à l'arrière de la voiture qu'a rapporté une tante d'un de ses voyages aux USA.
A la fin, le grand-frère décolle l'autocollant de l'arrière de la voiture et le
colle dans l'album de son petit-frère. Tout cela aurait pu être émouvant. C'est
triste, certainement, mais surtout ennuyeux à mourir. Il n'y a ni belles images
ni dialogues, aucun trait d'humour. Rien, aussi ennuyeux que le désert infini
d'images poussiéreuses et mal filmées que l'on n'a même pas pris la peine de cadrer.
Ce film représente pour moi la quintessence de
tout ce que j’abhorre dans le cinéma dit "d'art et d'essai" et
la critique des "Inrock", le comble de la cuistrerie parisiano-intellectuelle. Je vous
en laisse juger :
"Eimbcke transcende l'anecdotique pour
fabriquer de formidables vignettes hyperréalistes, des épiphanies drôles et
subtilement cruelles. Cela s'appelle le style".
Ben voyons ! Et la tartuferie branchée, vous connaissez ? Non, mes chers amis des Inrock, nous n'avons vraiment pas, non vraiment
pas, la même conception de ce qu'est le style !
Un dernier conseil : si vous voulez vraiment mourir d'ennui, allez voir "Lake Tahoe" mais, surtout,
n'espérez pas vous noyer dans ses eaux divinement bleues de ce lac
merveilleux car vous vous prendriez le capot -arrière d'une japonaise
délabrée en pleine gueule !
Good Bye, Mr. Eimbcke. Ne comptez pas sur moi
pour voir un autre de vos films !
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