L'Homme qui voulait vivre sa vie
est un film français d'Éric Lartigau inspiré
du livre du même nom de Douglas Kennedy,
sorti le 3 novembre 2010.
Synopsis
Paul Exben (Romain Duris), jeune avocat d'affaire, jeune loup aux dents
longues, est marié, père de deux enfants qu'il adore, et vit confortablement
dans les beaux quartiers. Tout serait parfait si son mariage ne battait de
l'aile. Sa femme Sarah (Marina Foïs)
le trompe avec leur voisin, Greg (Eric
Ruf), un photographe raté.
Paul tue accidentellement Greg à
qui il est venu demander des comptes sur ses relations avec sa femme. Après
s’être débarrassé du corps, il usurpe son identité et part pour un long
périple.
Au bout de son errance, il échoue
dans un petit pays d'Europe centrale (une correspondante m'a dit qu'il
s'agissait du Montenegro). Comme dans le livre, le héros - qui avait toujours
rêvé d'être photographe et, en s'enfuyant après le meurtre, avait emporté avec
lui le matériel photographique de sa victime - se met à faire des photos et se
révèle avoir du talent.
Mon jugement sur ce film
Déjà, l'affiche, affreuse, ne
donne vraiment pas envie d'aller voir le film (sur l'affiche, Romain Duris fait plus penser à un
tueur fou, à Raspoutine, que sais-je... qu'au personnage qu'il incarne). J’avais,
par ailleurs, adoré le livre de Douglas
Kennedy mais je n’imaginais pas que l’histoire, si « américaine »,
puisse être transposée en Europe. Par ailleurs, je ne suis vraiment pas
fan de Duris et je ne le voyais pas du tout dans ce rôle. Je l'avais trouvé bien dans l'Auberge
espagnole mais, depuis, son côté "speedé" m'énerve et sa diction
"à la mitraillette", l'un des grands défauts des acteurs français,
m'insupporte.
Jusque-là, le film est fidèle au
roman si ce n'est pour la scène "grand-guignolesque" où Paul se débarrasse du corps de son rival
avec une maladresse qui aurait immédiatement conduit en tôle n'importe lequel d'entre nous. Pour disparaître, il
choisit de faire croire qu'il s'est noyé en mer. Tout cela est bien moins
crédible que dans le roman. Malgré tout, Paul parvient à quitter le France sans être inquiété et se retrouve seul, démuni de tout, dans un pays étranger.
Là, il rencontre un Français expatrié, Bartholomé (Niels Arestrup) qui, malgré ses airs de clochard, reconnaît en Paul le talent
d'un grand photographe, et le fait exposer. C'est là que, pour notre héros, tout
dérape. Comme dans le roman, le succès rend son anonymat, qui avait valeur pour lui de
sauf-conduit, intenable et, lors de sa première exposition, il doit
s'enfuir, comme après le meurtre, en effaçant ses traces. C'est le moment le plus réussi du film et, hélas, celui où le réalisateur aurait
dû, dans son intérêt et dans le nôtre, s'arrêter. Malheureusement pour nous,
il n'en est rien.
Paul, ayant détruit toutes ses traces et vendu le peu qu'il
a, s'embarque donc clandestinement sur un cargo pour l'Amérique du sud. Alors que le
cargo est en pleine mer, il est réveillé par des bruits de lutte et des cris.
L'équipage, qui a découvert des passagers clandestins, les jette à la mer.
Paul, non seulement, a tout vu mais il a filmé la scène. Il est à son tour
surpris et l'équipage le jette à son tour par-dessus bord. Pour leur éviter de se noyer,
un matelot, plus humain que les autres, leur expédie un canot de survie. Paul
sauve un des clandestins et, lorsqu'ils seront secourus, il révélera l'histoire
à la presse.
Rien de tout cela n'est dans le best-seller original. Pourquoi le réalisateur a-t-il cru bon d'ajouter cette scène, certes dramatique, mais totalement hors de propos. même si elle part d'un bon sentiment et témoigne d'une réalité, hélas, devenue quotidienne de nos jours ? Je peux comprendre que l'on soit parfois obligé d'adapter un
roman, soit parce qu'il est trop long, soit pour "resserrer" l'action
mais, dans le cas de ce film, l'auteur a été trahi du début à la fin sans que cela n'améliore
(bien au contraire !) un livre parfaitement bâti et adaptable tel quel au
cinéma.
Si l'on fait abstraction que l'histoire
a été transposée des Etats-Unis à la France, le début de l'adaptation
cinématographique est relativement fidèle au livre. Ceci dit, je comprends
d'autant moins que le réalisateur ait cru devoir transposer un roman qui se
passe outre atlantique en Europe dans la mesure où celui-ci a été écrit pour
"fonctionner" dans un pays immense, sans frontières véritables, où il
est plus facile de changer d'identité que chez nous. C'était prendre un risque
inutile et rendre les situations encore plus invraisemblables que dans le
roman.
Je suis assez d'accord avec la
critique de Télérama (n°3173 du 6 au 12
novembre 2010) qui n'a pas, plus que moi, aimé la première partie
("Difficile néanmoins d'oublier les couacs de la partie française. Le
portrait qui se voudrait cruel - mais sonne creux - de la bourgeoisie friquée
(...) Le jeu tâtonnant de Romain Duris
(en tant qu') avocat d'affaires, et de Marina
Foïs, son épouse BCBG - des rôles qui ne leur vont pas, où ils paraissent
déguisés." Et plus loin, soulignant les points positifs du film : "Le
deuxième mouvement est, lui, d'autant plus intéressant qu'il brouille la piste
de la culpabilité écrasante." Dans ce rôle, Duris est enfin lui-même,
beaucoup plus crédible que dans la 1ère partie.
Je voudrais terminer cette critique
par quelques coups de chapeau :
- A Catherine Deneuve dont l'apparition rapide et, quoiqu'en disent certains commentateurs (libre à eux de ne pas l'aimer), parfaite.
- Au "vrai" photographe
(Antoine d'Agata) dont on aurait aimé pouvoir mieux apprécier les clichés
(certains sont sublimes mais on ne fait que les entrevoir !)
- A la belle musique, de Sacha et Evgueni Galpérine, qui renforce la nostalgie que ressent Paul quand
il a tout abandonné (cette musique mélancolique m'évoque la superbe bande son
du film le Regard d'Ulysse de TheoAngelopoulos).
- Quelques scènes émouvantes
aussi (au début lorsque Paul joue avec ses enfants, avec Niels Arestrup (remarquable) et Ivana (Branc Katik), la journaliste étrangère... -
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