Le Roi Arthur (King
Arthur) est un film américain
réalisé en 2004 par Antoine
Fuqua.
Synopsis
L'action est censée se dérouler
en 467 après J.-C. Rome, en proie à la dégénérescence de ses institutions, est victime
des attaques répétées des peuples
barbares qui se pressent à toutes ses frontières et n’est plus capable de faire régner
l’ordre dans son Empire trop étendu. Le pouvoir se replie sur l'Italie,
abandonnant peu à peu toutes ses anciennes colonies à leur sort. Après
plusieurs siècles de domination sur la Grande-Bretagne, les Romains s'en retirent face aux invasions des Saxons. Lors des conquêtes menées dans l’est
de l’Europe, ils ont incorporé des cavaliers Sarmates, réputés pour leur
bravoure et leur art du combat, leur promettant de les libérer de leurs
engagements envers Rome après 15 ans de service. Ces cavaliers sont sous les
ordres d'un officier romain, de mère celte, Artorius Castus, dit Arthur (Clive Owen).
Le film commence au moment où,
ayant accompli leur dernière mission qui consistait à sauver l’évêque Germanus d’une
embuscade des Pictes, dont le chef est un certain Merlin, ils attendent qu’on
leur délivre le sauf-conduit qui leur permettra de
regagner leur lointaine patrie.
Mais, avant de leur remettre ces
précieux documents, Germanus leur donne une dernière mission : ramener à l'abri
du camp romain, situé au sud du mur
d’Hadrien, la riche famille de Marius Honorius (en particulier son fils Alecto,
un adolescent pressenti pour devenir le futur pape), qui vit en pays Picte.
Les chevaliers sarmates,
Lancelot, Tristan, Bors, Dagonet, Gauvain et Galahad, sont réticents à l'idée
d'accomplir cette dernière mais périlleuse mission, mais leur chef Arthur parvient à les en convaincre. Alors que les Saxons, menés par le roi Cerdic et son fils Cynric
ont débarqué dans le nord de l’île et la ravagent, Arthur et ses chevaliers
atteignent le domaine de Marius Honorius. Contre toute attente, celui-ci se
refuse à les suivre. Ils découvrent aussi les traitements inhumains auxquels le
Romain, malgré sa foi chrétienne, soumet ses serfs et les païens dont il
est le maître. Arthur, de culture romaine et formé aux idées de justice prônées
par Pélage, est horrifié. Parmi les serfs qu'il libère se trouve une jeune femme picte, du nom de Guenièvre (Keira Knightley), qui a été victime des mauvais traitements d'Honorius. Malgré ses protestations, les Sarmates contraignent Honorius
à les suivre. Sur le chemin du retour, Guenièvre conduit Arthur à son père, Merlin.
Celui-ci propose à Arthur de faire une alliance entre Sarmates et Pictes contre
les envahisseurs Saxons. Plus tard, alors qu'Honorius tente de s'enfuir en prenant en otage un jeune garçon, il est tué par Guenièvre qui est une archère redoutable. Avant
d’arriver au camp romain, Alecto révèle à Arthur que celui qu’il révérait pour
ses enseignements égalitaires, Pélage, a été exécuté à Rome pour hérésie par
ceux-là même qu’Arthur défend.
Talonnés par l'avant-garde
saxonne qui détruit tout sur son passage, Arthur et ses chevaliers s'arrêtent
après avoir traversé un lac gelé pour faire face aux Saxons et donner aux
réfugiés le temps de regagner l'abri du mur d'Hadrien. L’un des compagnons
d’Arthur, Dagonet, se sacrifie pour briser la glace du lac qui engloutit ainsi la plus grande
partie de l’armée saxonne.
Sa mission accomplie, Arthur, écœuré par l’exécution de son maître Pélage, choisit de rester en
Grande-Bretagne et de prendre la tête de la défense de son pays natal avec
l'aide des Pictes. Ses compagnons, bien que théoriquement libres, choisissent aussi de lui rester fidèles et renoncent à regagner leur pays. Une grande bataille a lieu à Mount Badon entre les
Saxons et l'armée d'Arthur ; au cours de celle-ci, Lancelot est tué ainsi que
Tristan, après qu'il ait sauvé Guenièvre.
Après la mort de leur roi, la
déroute des Saxons est complète. Merlin proclame Arthur roi de Bretagne et
célèbre son mariage avec sa fille Guenièvre, mariage qui scellera l'alliance de
tous les peuples de Bretagne.
Mon opinion sur ce film
L’idée de départ du réalisateur
de traiter la légende arthurienne sous un angle historique original était intéressante. Après tout, tout ce que l'on sait d'Arthur et de ses compagnons
a été forgé des siècles après les faits, eux-mêmes tellement déformés par la légende et
ses multiples interprétations que toutes les adaptations sont a priori
possibles.
Encore eut-il fallu que les
scénaristes respectent une certaine cohérence. L'introduction des cavaliers
Sarmates, bien qu’elle soit peu connue, est historique. Elle repose sur les
travaux de Linda Ann Malcor, et particulièrement sur son livre « De Scythie à Camelot » qui montre
l'intégration dans l'armée romaine de ces combattants expérimentés enrôlés pour
défendre le mur d'Hadrien construit sous l’empereur Hadrien pour séparer le
nord de l'Angleterre, occupé par Rome, de l'Ecosse. Le problème est que le film se base
sur une chronologie totalement aberrante : en effet les événements qu'on nous présente
ne sont pas contemporains les uns des autres. En ce qui concerne cette période, il y a peu de certitudes historiques mais
il y en a malgré tout quelques-unes en lesquelles on peut avoir confiance. La Chronique anglo-saxonne, par exemple,
nous dit que les Saxons n’ont débarqué en Angleterre qu'en 495, soit une 30e
d'années après les événements montrés
dans le film. Il n'y eut donc jamais d'affrontements directs entre Saxons et Romains, ces derniers ayant déjà
quitté l'île des dizaines d'années avant l'arrivée des Saxons sur le sol britannique.
Quant à Pélage, il serait mort en 420 environ, soit une 40e d'années
avant l'époque où est censé se
dérouler le film. Ces deux faits sont donc totalement incompatibles avec un
scénario que l'on nous présente comme "la véritable histoire du roi
Arthur" ce qui est pour le moins présomptueux. Géographiquement, le film est tout aussi peu crédible :
la bataille de Mount Badon (lieu clé de l'action du film) entre Arthur et les
Saxons se serait déroulée, selon les archéologues, près de Bath, dans le
sud-ouest de l’Angleterre et pas du tout près du mur d'Hadrien, qui se trouve,
lui, à l'extrême nord de l'Angleterre. Le seul élément qui ait un peu de
vraisemblance reste l’introduction des cavaliers Sarmates mais ils n'ont pu en
aucune manière servir de modèle aux légendes arthuriennes.
On pourrait faire l'impasse sur
ces anachronismes si ce film assumait ses incohérences, comme l'ont
fait d'autres films. J’ai, dans ce domaine, les idées assez large. J'ai, par
exemple, adoré Chevalier de Brian Helgeland avec Heath Ledger et, à un titre moindre Lancelot, le premier chevalier avec Richard Gere (dans le rôle de Lancelot)
et Sean Connery (dans celui du roi
Arthur). J'ai aussi regardé, sans trop de réticence, Excalibur de John Boorman, malgré toutes les libertés
qu’il prend avec la légende arthurienne. En effet, si aucun de ces films ne
respecte à la lettre l'histoire de la chevalerie ou des légendes arthuriennes, Chevalier est néanmoins pour moi un film formidable, plein de trouvailles,
d'humour et d'inventivité (sans parler de la bande son complètement déjantée, en total
décalage avec l'époque, mais tellement génialement utilisée qu'on en redemande).
J’adore aussi le Merlin l'enchanteur de Walt Disney et la récente série Merlin de la télévision anglaise,
malgré ses incohérences et son manque évident de moyens. Mais, dans tous ces
films, les anachronismes sont voulus et assumés et on les accepte d’autant
mieux que les réalisateurs n’ont jamais eu la prétention de vouloir faire des "films
historiques".
C'est sans doute justement parce
qu'il n'est, en fin de compte, rien d'autre qu'un film d'action, où les
batailles et les tueries se succèdent jusqu’à l’écœurement, que ce
film a plu au grand public. Par contre la critique n'a pas été dupe
avec 31% seulement d’avis positifs, un score moyen de 4,9/10 sur la base de 183
critiques collectées, sur le site internet Rotten Tomatoes et de 46/100, sur la
base de 39 critiques, sur Metacritic. En France, les critiques ont été
contrastées : pour Le Parisien, il s'agit
d'un « grand et beau spectacle » avec
de « sérieux atouts ». Première,
la revue spécialisée de cinéma, généralement plus critique, y a vu une « histoire inattendue et plutôt intéressante
» avec de « bons acteurs » (ce qu’on ne saurait nier), L'Écran
fantastique évoque « un postulat
intéressant pour un résultat mitigé », Positif, un « brave film d'aventures » aux «
agréables clichés » et Télérama une «pseudo-réalité historique
manquant de style ». Je ne suis pas toujours d’accord, loin de là, avec
les critiques cinéma de Télérama mais, pour cette fois, j'y
souscris sans réserve et, si j’avais dû faire la critique de ce film, j’aurais
été nettement plus sarcastique.
Sur le plan technique, le film n'a
pas lésiné sur les moyens : tournage en paysages naturels (quelques superbes
vues d'Irlande) et, nettement moins réussi, construction d'un « faux » mur d'Hadrien (et cela se
voit !). Dans le bonus, le réalisateur nous dit avec fierté qu'il n'a pas
recouru aux images de synthèse. Il aurait franchement mieux valu car je n'ai
jamais vu un décor faire aussi "toc". C’est d’autant plus
inconcevable que le vrai mur d'Hadrien existe encore et qu’il est particulièrement
spectaculaire : il eut fait un merveilleux décor qui aurait valu mille
fois l’horrible décor de carton-pâte que nous montre le film. Quant au reste, malgré les
efforts faits par la production, on a du mal à reconnaître les barbares des
"civilisés". A part que les Pictes qui sont peints en bleu, les différents combattants se différencient si peu les uns des autres qu'on a du mal à savoir qui est qui. Quant aux
chevaliers d'Arthur, à part une Table Ronde si anachronique qu'on se demande si
elle est tombée du ciel, on ne voit pas ce qu'elle fait là si ce n'est pour
nous rappeler qu'on a affaire au « vrai » roi Arthur et à ses
compagnons, dans le cas peu probable où on l'aurait oublié. Quelques scènes
sont spectaculaires : celle du lac gelé (entièrement fabriqué par les
décorateurs), quelques beaux paysages, la fuite éperdue des chevaux à la fin...
Mais à part cela, on ne ressent aucune émotion (même pas lorsqu'on incinère le corps
de Tristan... On ne croit pas une seconde à cette histoire qui s'éternise et
dont la fin (le mariage d'Arthur et de Guenièvre au milieu d'un cercle de
pierre évoquant vaguement un Stonehenge bas de gamme déplacé en bordure de mer)
est d'un ridicule achevé. Bref, pour moi, ce film est un navet complet sans le
moindre intérêt (surtout pas "historique" !)
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