Les enfants de Timpelbach
de Nicolas Bary (2008) Scénario : Nicolas Bary, Nicolas Peufaillit. Le film est
une adaptation du roman jeunesse homonyme d'Henry Winterfeld paru en 1937.
Le film
Timpelbach est un village fictif,
« uchronique », pour utiliser un terme savant, car il mélange allègrement les
époques, les styles de vêtements et les techniques...
Les parents ne supportent plus le comportement
de leurs enfants qui multiplient tous les jours de nouvelles farces et des
mauvais coups. Après une délibération unanime du conseil municipal, et malgré
la réticence de certains parents minoritaires qui ne veulent pas abandonner
leur progéniture, les adultes, exaspérés, choisissent – pour donner une leçon à
leurs chers bambins – de quitter le village et de les abandonner à leur sort pendant une journée complète. Ils
partent à pied, dans la forêt environnante, avec paniers à pique-nique et
victuailles, dans l'idée de prendre des vacances bien méritées. Mais les choses
ne se passent pas comme ils l'avaient prévu...
Pendant ce temps, les enfants se
réveillent. Il n'y a plus personne pour leur dire de faire leur toilette, ni d'aller à l'école mais
personne non plus, ce qui est plus ennuyeux, pour préparer le petit
déjeuner.... En fait, non seulement il
n'y a plus d'adultes dans le village mais il n’y a plus, non plus, ni eau, ni
électricité, ni téléphone…
Quand ils comprennent qu’ils sont
seuls, les enfants explosent de joie et, n’ayant plus aucun adulte pour leur
interdire quoique ce soit, ils en profitent pour faire tout ce qui leur passe
par la tête, vider la boutique de bonbons, celle de jouets, bref, mettre le
village à sac.
Mais ce que n'avaient pas prévus
les parents c'est de se perdre dans la forêt et d'être faits prisonniers par de
mystérieux « barbares » (habillés comme des Prussiens), dirigés par une espèce
d’ogre, un «général» à l’accent vaguement russe (Gérard Depardieu), qui les accuse d’espionnage et les enferme dans
une prison souterraine.
Le soir, comme les parents ne sont toujours
pas revenus (et pour cause !), les enfants s’organisent, se séparant en
deux bandes rivales : celle des « méchants », qui se donnent pour chef Oscar (Baptiste
Betoulaud) et celle des « gentils » dont les chefs sont Manfred (Raphaël Katz) et Marianne (Adèle Exarchopoulos) qui tentent
d’éviter que l’affaire ne tourne au chaos et essaient de maintenir un semblant
d’ordre et de raison dans cette dérive.
L’œuvre
Winterfield est un auteur de
livre pour enfants d’origine allemande qui a fini sa vie aux Etats-Unis. Fils
de musiciens, il était lui-même musicien et compositeur de musique. Il a commencé
à écrire son premier roman, « Timpetill –
Die Stadt ohne Eltern » - Timpetill,
la ville sans parents, qui est devenu «Les Enfants de Timpelbach» pour son
fils Thomas, qui était malade. Ce roman fut ensuite publié en 1923 en Suisse
sous le pseudonyme de Manfred Michael et eut un certain succès. A l’arrivée au
pouvoir d’Hitler, Winterfeld émigra d’abord en Autriche puis en France en 1938.
Arrêté en 1939 avec 15000 autres allemands, juifs et non-juifs, il est d'abord
parqué au stade de Rolland-Garos puis transféré au camp de Nevers. Pendant ce
temps, sa femme et son fils Thomas (celui pour lequel il avait écrit «Les
enfants de Timpelbach»), qui était alors âgé de 16 ans, restés à Paris, se démenaient
pour l’en faire sortir et obtenir un visa pour les Etats-Unis. Miraculeusement,
Henry Winterfeld échappa à la déportation et fut libéré en 1940, avant
l’arrivée des troupes allemandes en France et la famille émigra aux Etats-Unis.
En 1946, Winterfeld et sa famille prirent la nationalité américaine. Il y
poursuivit sa carrière d’écrivain commencée presque par hasard et commença à
écrire l'Affaire Caïus dont le petit
héros était un écolier vivant dans la Rome antique. Ce sont ces œuvres,
toujours lues dans les écoles et les collèges, qui le rendirent populaire et
lui procurèrent une notoriété mondiale. Par contre, « Les enfants de
Timpelbach » était totalement ignoré des bibliothèques françaises jusqu'à
la sortie du film.
Point de vue critique
Les critiques des revues ou des
sites spécialisés sur le cinéma n’ont généralement pas épargné ce film, sans
doute trop atypique pour eux, mais cela ne saurait me surprendre tant ils adorent pouvoir cataloguer et classer...
- Cinéphil (3/5) : "Affligeant si vous avez plus de 4 ans",
"J'ai dû lutter pour ne pas m'endormir"...
- Libération : "Un sous
Harry Potter indigent sans la thune et le scenar" (Franchement, il ne me serait pas venu à
l'esprit de comparer "Les enfants de Timpelbach" avec "Harry
Potter" !)
- DVDrama : "Grande déception française de cette fin
d'année..."
- Première : "Scenario confus, déjà vu..."
(Personnellement, à part le thème, je ne vois pas à quoi ce film avec sa mise en
scène aussi originale peut donner une impression de déjà-vu !"
Heureusement, il y en a aussi quelques-unes de
positives :
- Télécinéobs : "Une ambition technique et visuelle assez rare
sous nos latitudes..."
- L'Ecran fantastique : "Nicolas Bary s'en tire avec les
honneurs, nous offrant, loin de toute mièvrerie, du cinéma spectacle efficace
dans un registre original par rapport à notre production nationale."
- La meilleure critique et la
plus intelligente étant celle de 20
minutes : "Ce conte fantastique, brillamment réalisé par un jeune cinéaste
français de 28 ans est une excellente surprise". Ouf !
On a rapproché ce film des chefs
d’œuvre mondialement connus que sont « Sa majesté des mouches» de William
Golding ou « La guerre des boutons » de Louis Pergaud. L’œuvre de Winterfield
s’en rapproche, sans avoir la violence et la cruauté du premier, dont le
propos, il est vrai avait une portée politique et philosophique tout autre. Il
n’empêche que l’on retrouve, à la fois dans le livre et dans le film, plusieurs
points communs avec ces œuvres : l’absence des parents et de l’autorité qui
amène d’abord les enfants à profiter sans entrave d’une liberté dont ils
s’étaient cru privés, puis la tentative de se créer de nouvelles règles basées
sur la compétition et le jeu, et enfin, de s’apercevoir que, pour satisfaire
leurs besoins vitaux (nourriture, eau, électricité,…) et éviter le chaos, un
minimum de discipline et d’organisation sont nécessaires. Le livre et le film
qui en a été adapté traitent donc de sujets beaucoup plus sérieux qu'on ne
pourrait le croire mais sous l’angle de la fantaisie et de la comédie qui
rendent le sujet plaisant. Cela donne un film atypique, à la fois drôle mais
profond qui nous amène à réfléchir sur ce qui se passerait dans un monde où les
enfants seraient, du jour au lendemain, totalement livrés à eux-mêmes. »
Comme toujours dans les films
impliquant de jeunes acteurs, ceux-ci, pour la plupart peu habitués aux
plateaux de cinéma, sont extraordinaires de fraîcheur et de talent, à telle
enseigne que les acteurs confirmés qui font aussi partie de la distribution
passent totalement au second plan. C’est aussi sans doute une volonté du
réalisateur mais on doit saluer l’intelligence et la modestie de grands acteurs
comme Carole Bouquet, Gérard Depardieu ou Armelle (pour ne citer qu’eux) qui ont
su s’effacer et accepter d'interpréter des seconds rôles assez peu flatteurs au
profit des enfants qui sont les vraies vedettes du film.
Personnellement, j’ai beaucoup
aimé. J’ai trouvé ce film très réussi, très drôle (mais pas seulement) et
pouvant être vu par tous les publics. Une belle réussite du cinéma français, d'un jeune réalisateur de 28 ans dont c'était le premier long métrage.
Distribution
Du côté des « gentils »
- · Thomas (Léo Legrand)
- · Marianne (Adèle Exarchopoulos)
- · Manfred (Raphaël Katz),
- · P'tit Louis (Florian Goutieras)
- · Stettner (Éric Godon)
- · Gros Paul (Mathieu Donne)
- · Wolfgang (Terry Edinval)
- · Charlotte (Ilona Bachelier)
- · Robert Lapointe (Léo Paget)
Les "Ecorchés"
- · Oscar, le chef des "Ecorchés" (Baptiste Betoulaud)
- · Kevin et Philibert, les gardes (David Cognaux, Sacha Leconte)
- · Jean Krög, le fils du maire (Jonathan Joss)
- · Mireille (Lola Créton)
- · Willy Hak (Martin Jobert)
- · Erna (Tilly Mandelbrot)
Les adultes
- · Le général (Gérard Depardieu)
- · Mme Drohne (Carole Bouquet)
- · L'institutrice Corbac (Armelle)
- · La mère de Manfred (Stéphane Bissot)
- · Le livreur (François Damiens)
- · Le maire (Phillipe Le Mercier)
Générique
En outre, je voudrais signaler que ce film est précédé d'un générique tout-à-fait original et inventif, réalisé mixant le dessin animé et le livre en pop up.
En outre, je voudrais signaler que ce film est précédé d'un générique tout-à-fait original et inventif, réalisé mixant le dessin animé et le livre en pop up.
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