La petite Venise, film
italien d'Andrea Segre (2012). Le titre original est "Io sono Li" (Je
suis Li).
Synopsis
A Chiogghia, une île de la lagune
de Venise, une jeune femme, Shun Li, otage de la mafia chinoise, est obligée de
travailler dans un atelier textile puis dans un restaurant italien racheté par
les chinois pour payer son voyage et son permis de travail en Italie. Son fils
de 9 ans, resté dans son pays, est gardé par son père. Le seul objectif de Li est
de parvenir à gagner suffisamment d'argent pour que ses commanditaires
acceptent de faire venir son fils en Italie.
L'histoire se déroule au milieu
de gens simples, des pêcheurs pour la plupart âgés, qui travaillent et vivotent
de leur pêche. Ils se retrouvent dans le restaurant "Il paradiso" et
l'un d'eux, Bepi, dit "le poète", devient ami avec la jeune chinoise
jusqu'à ce que le chef local de la mafia chinoise, trouvant que ce
rapprochement représente un risque pour leur couverture, la mette en demeure de
rompre cette amitié naissante. Shun Li n'a pas le choix et accepte d'être
transférée dans une autre ville où elle travaille dans un atelier textile.
Grâce à cela et au sacrifice d'une jeune fille chinoise rencontrée à Chiogghia,
Shun Li retrouve sa liberté et son fils. Mais, lorsqu'elle revient à Chiogghia
pour revoir Bepi, elle apprend que celui-ci est décédé entre temps.
Mon opinion sur ce film
Rien de glauque dans cette histoire
; ni sexe, ni violence, ni drogue. Le film aborde cependant une réalité peu
connue et qui doit toucher peu ou prou tous les pays occidentaux, quels qu'ils
soient : la lente et sourde progression de la mafia chinoise qui, sous couvert
d'affaires honnêtes, grignote peu à peu des pans entiers de notre économie
déliquescente en transformant ses propres ressortissants en esclaves. Certes
Shun Li n'est pas obligée de se prostituer ni de dealer, certes elle n'est pas
brutalisée, mais elle est néanmoins la victime d’un chantage et d’exploitation.
En réalité, elle est une esclave "légale" et soumise au bon vouloir
d'une hiérarchie dont on ressent qu'elle ne doit pas traiter tous ses
"employés" avec autant de compassion. Personnellement, je ne me
plains pas que le film reste toujours dans ces limites très soft et que, pour
une fois, on nous épargne des scènes de violence tout en nous suggérant qu’elles
existent bel et bien.
On est à Venise, ou du moins tout
près, dans l’une des îles de la lagune, où la vie se déroule plutôt
paisiblement au milieu de gens simples. Les images reflètent cette paix et
cette simplicité, presque trop : c’est la seule critique que je ferai à ce
film. En effet, à certains moments, on se surprend à se demander si l'on ne
voit pas un documentaire plutôt qu'un film mais l'histoire reprend ses droits.
Joli film, attachant,
mélancolique, qui ne parvient cependant pas vraiment à nous émouvoir, bien que
l'on comprenne et que l'on partage les sentiments de ces personnages car ils
manquent un peu d'épaisseur et l'histoire se déroule, sans heurts, sur un
rythme où l'esthétique fait un peu oublier le propos. A ce sujet, je rejoindrais
volontiers la critique des Inrocks qui écrivent : "Un pari ambitieux mais gangrené par un manque cruel de rythme et
par son oscillation incessante entre documentaire et fiction. Dommage car cette
Petite Venise aurait pu être un grand moment de cinéma."
Mon classement : Joli film qui manque un peu de substance. Visible par tous.
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