Synopsis
Le film Adolphe est une
adaptation assez fidèle du court roman éponyme de Benjamin Constant publié en 1816. Il y raconte l’histoire plus ou
moins autobiographique d’un jeune homme, Adolphe (Stanislas Merhar), d’extraction modeste, qui après de brillantes études,
aurait pu faire une carrière honnête dans le domaine juridique ou dans la
banque si, pour son malheur, le hasard ne l’avait mis en présence d’Elléanore (Isabelle Adjani), une belle jeune femme
noble d’origine polonaise, à la vie compliquée (elle a été mariée, est mère de
deux enfants, et est la pupille d’un homme bon, « le comte » joué par Jean Yanne). Bien que plus âgée que
lui, elle s’éprend d’Adolphe d’une passion malsaine, qui va rapidement devenir
dévorante et destructrice. Dans un premier temps, Adolphe est ébloui et séduit
par la passion que lui montre cette femme plus âgée que lui mais encore très
belle. Disons qu’il est plus flatté dans son orgueil de jeune mâle que
véritablement amoureux mais, comme beaucoup d'hommes, il est trop lâche, une
fois la liaison engagée, pour lui dire qu’il ne l’aime pas et prendre
l’initiative de la rupture. Pour son malheur et celui d’Elléanore, il acceptera
un compromis qui les détruira tous les deux, la menant, elle, à la mort, et lui
au désespoir.
Mon opinion sur le film
Le scénario de ce film est signé
par Chantal Thomas, auteur, entre
autres, des "Adieux à la reine" (Prix Femina 2002) et spécialiste du
XVIIIe siècle. Comme toute adaptation d'une œuvre littéraire, c'était un défi
de vouloir adapter le texte de Benjamin Constant. Malgré la finesse de la mise
en scène et la qualité des interprètes (IsabelleAdjani, qui cache un entêtement confinant à la folie sous une apparence de
fragilité ; Stanislas Merhar, parfait dans un rôle à la fois passionné et
distant ; Jean Yanne, inattendu dans
un tel rôle mais excellent dans celui de mentor affectueux et bougon…), le
résultat ne convainc pas. Peut-être justement parce que le film n’a pas su,
peut-être en raison de la formation d'historienne de la scénariste,
suffisamment s’affranchir du livre, victime d'un texte littéraire assez
lourdingue, difficilement transposable au cinéma…
Pourtant, les images sont belles
(presque trop léchées, d'ailleurs) : le chef opérateur, Benoît Delhomme, se serait inspiré des tableaux d'Ingres pour la
partie française et des peintures de Wilhelm Hammershoi, pour la partie
polonaise. Mais, pour être réussi, un film ne peut pas être que la
juxtaposition de peintures de maîtres.
Le résultat donne un film lent,
trop lent, une succession d'images glacées et sans âme où la beauté, soulignée
par une musique répétitive, finit par être ennuyeuse. Lorsqu'on compare ce film
à Chéri (le roman de Colette réputé, à juste titre, tout aussi inadaptable) ou à The Duchess, où les images sont tout aussi soignées mais restent marquées
d'une touche d'humanité, le film de Benoît
Jaquot ne fait pas le poids! Quel dommage, avec de tels acteurs, un
réalisateur de talent qui se serait appuyé sur un meilleur scénario, aurait pu
faire un bien meilleur film. Avec ce film, on mesure cruellement une fois de
plus le fossé qui sépare le cinéma français du cinéma anglo-saxon.
Mon classement : Indigeste.
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