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vendredi 29 mars 2024

IL RESTE ENCORE DEMAIN Comédie dramatique de Paola CORTELLESI (IT-2024)

 


Il reste encore demain (titre original : C'è ancora domani) est une comédie dramatique italienne sortie en 2023 et réalisée par Paola Cortellesi, dont c'est la première réalisation. Le film a été présenté à la 18e édition du Festival du Film de Rome en compétition dans la catégorie « Progressive Cinema - Visioni per il mondo di domani », où il a remporté deux prix, dont le prix spécial du jury et une mention spéciale pour le meilleur premier film. Il a ensuite reçu le prix du film de l'année aux Rubans d'argent 2024.

Résumé

Le film se déroule en 1946 dans une petite ville italienne peu après la fin de la 2ème Guerre mondiale. Delia (Paola Cortellesi), la réalisatrice et actrice principale du film est mariée à Ivano (Valerio Mastandrea) et doit gérer sa famille, composée de deux garçons d’une 10e d’années qui passent leur temps à se chamailler, et de Marcella, leur fille aînée, ainsi que s’occuper du beau-père grabataire et mal embouché Ottorino, qui la méprise et la rabaisse. Elle doit affronter tous les jours la violence de son mari qui la menace et la bat au moindre prétexte. Alors que sa vie à la maison est difficile, elle est aussi infirmière et, tous les jours, fait sa tournée des malades, raccommode des vêtements à la maison pour lesquels elle est payée une misère et travaille aussi chez un réparateur de parapluies. Sa seule amie est une marchande de fruits et légumes à laquelle elle se confie et partage parfois une cigarette.

Un jour, elle reçoit une lettre de Nino, un amour de jeunesse devenu mécanicien. Devant quitter la région, et la sachant malheureuse avec son mari, il lui propose de partir avec lui.

Mais elle ne peut l’envisager tant que Marcella, qui fréquente Giulio, n’est pas mariée. Les choses se précipitent lorsque Giulio, dont les parents se sont enrichis au marché noir, demande Marcella en mariage. Cependant, Delia s’aperçoit que, sous ses airs de gentil garçon, qu’une fois marié Giulio va devenir aussi possessif avec sa fille qu’Ivano l’est avec elle. Elle profite alors de l’amitié que lui a témoignée William, un marine américain noir pour lui demander un service : faire exploser le commerce des parents de Giulio, sachant que ceux-ci une fois ruinés, Ivano s’opposera au mariage de sa fille.  

On pense jusqu’au dernier moment qu’elle va accepter la proposition de Nino et s’enfuir avec lui.

Mais ce n’est pas ce qui se passe : pour la 1ère fois les femmes sont autorisées à voter et elle choisira d’aller voter plutôt que de quitter la ville, manifestant ainsi son indépendance vis-à-vis de son mari.

Mon opinion

Le film a été vu en Italie par plus de 5 millions de spectateurs et, même s’il n’a pas eu le même succès en France, il a été encensé par la critique et est considéré par beaucoup comme l'un des meilleurs films de l'année 2023. Je ne partage pas tout à fait cet enthousiasme même si je lui reconnais des qualités indéniables : le fait, par exemple, de filmer la violence du mari comme s’il s’agissait d’un ballet ou d’une comédie musicale, la scène finale où toute la foule fait un rempart muet qui prend fait et cause pour Delia. De telles idées, pour faire un grand film, auraient pu être mieux exploitées.


jeudi 25 janvier 2024

L'ENLEVEMENT drame historique de Marco BELLOCHIO (IT-FR-D 2024)

 


L'Enlèvement (Titre original : Rapito) est un drame historique italo-franco-allemand co-écrit et réalisé par Marco Bellocchio, sorti en 2024. Le film a été présenté en compétition officielle au festival de Cannes 2023.

Présentation

Le film s'inspire d’une histoire vraie, qui s’est déroulée à Bologne (Italie) à la fin du XIXe siècle : celle d'Edgardo Mortara (Enea Sala), un enfant de 6 ans, enlevé à sa famille juive pour être élevé comme chrétien.

L’affaire se déroule en 1858 à Bologne, ville du nord de l’Italie, qui fait alors partie des Etats pontificaux et est dirigée, d’une main de fer, par l’inquisiteur Pier Feletti (Fabrizio Gifuni), bras armé du pape Pie IX (Paolo Pierobon).

Un soir, alors que le père de famille est absent, les soldats du pape viennent s’emparer d'Edgardo dont l’inquisiteur a appris qu’il avait été baptisé chrétien alors qu’il était bébé par une ancienne femme de chambre des Mortara, car elle le croyait à l’article de la mort.  

Malgré l’opposition de sa famille, de la communauté juive de Bologne et même, l’affaire ayant été connue dans le monde entier, d’une mobilisation internationale, Edgardo sera placé, avec d’autres enfants d’origine juive, dans un pensionnat catholique pour y être éduqué.

A partir de 1848, plusieurs mouvements révolutionnaires (Le Risorgimento) menacent le pouvoir absolu du pape soutenu par les Autrichiens. En 1860, Bologne devient italienne et l’inquisiteur Pier Feletti est arrêté et jugé pour l'enlèvement du petit Edgardo, mais finalement acquitté, au grand désespoir de la famille Mortara, pour n'avoir fait qu'obéir aux ordres de son supérieur, le pape. En 1861, c’est la proclamation du Royaume d’Italie mais il faut attendre encore 9 ans pour que Rome soit enfin annexée au royaume d’Italie et que les pouvoirs temporels du pape soient définitivement rognés.

Devenu jeune adulte, Edgardo (Leonardo Maltese), qui a vécu un véritable lavage de cerveau et a prononcé ses vœux, ne peut plus revenir à sa foi antérieure et rejoindre sa famille. Appelé au chevet de sa mère mourante, il essaiera même de la baptiser mais la vieille dame, ferme dans sa foi, malgré le peu de forces qui lui restent, l’en empêchera.

Mon opinion

Je ne connaissais pas cette histoire dont on aurait pu imaginer qu’elle se soit déroulée au Moyen-âge mais pas à la fin du XIXe siècle et au début du XXe tant cette vision archaïque de la religion (des religions) nous paraît dépassée. Même si l’enfant n’est jamais maltraité et, au contraire, bien habillé et bien nourri, on ne peut s’empêcher de souffrir pour lui d’avoir été aussi brutalement arraché à une famille aimante sous des prétextes aussi stupides et indéfendables, y compris aux yeux des catholiques qui, dans leur grande majorité, ont condamné les agissements du pape. Si l’on n’est pas athée, un tel film, en nous ouvrant les yeux sur les travers où peut conduire, non pas la foi, mais une interprétation rigide de la religion, on le deviendrait.   

samedi 18 février 2023

L'AFFAIRE PASOLINI (SUITE...)

 


L’affaire Pasolini (suite)

En 2019, après avoir vu L’affaire Pasolini (en italien : La Macchinazione, autrement dit, « la machination »), de David Grieco (2016), j’avais fait un commentaire de ce film qui évoquait la possible responsabilité des politiques et de la mafia italienne dans l’assassinat, en 1975, du cinéaste, sur une plage d’Ostie. Le film s’appuyait sur la thèse de deux journalistes italiens, Carla Benedetti et Giovanni Giovannetti. Après la mort de Pasolini, l’enquête, bâclée, avait conclu à une affaire de mœurs mais n’avait jamais convaincu personne.

J’apprends aujourd’hui par France info que l’enquête sur la mort du cinéaste a été réouverte par la Commission antimafia de la nouvelle législature. Une avancée essentielle, selon la journaliste d'investigation Simona Zecchi, auteure de deux livres sur le meurtre de Pasolini : "Un organisme parlementaire avec presqu'autant de pouvoir que la justice écrit noir sur blanc qu'avec les nouveaux éléments qu'elle a en main, on peut parler de 'piège'. Que les politiques disent cela, c'est particulièrement important !"

La commission antimafia va sans doute poursuivre ses investigations, tandis qu'un avocat de la famille Pasolini demande la réouverture de l'enquête. Un autre avocat des parties civiles à l'époque du procès, Guido Calvi, estime, lui, que cela permettrait, peut-être pas de savoir qui a tué Pasolini, mais au moins pourquoi. "Je soutiens depuis toujours qu'il s'agit d'un meurtre politique, dans le plus haut sens du terme, pas d'un parti politique. On a tué un homme, un dissident, qui ne devait plus écrire ni parler. Il avait lui-même écrit : 'Je sais, mais je n'ai pas de preuve.'"

Le subversif Pasolini dénonçait en effet les compromissions des politiques au pouvoir, la démocratie chrétienne, avec les néofascistes, responsables selon lui des attentats des années de plomb. Il savait, et il en est peut-être mort.

[Infos sur le site de Radio France]

lundi 6 février 2023

NOSTALGIA film de Mario MARTONE (IT-FR 2022 - sorti en 2023)

Nostalgia est un film dramatique italien écrit et réalisé par Mario Martone et sorti en 2022. Il basé sur le roman éponyme d’Ermmano Rea paru en 2016. Le film est sélectionné en compétition officielle au festival de Cannes 2022.

Présentation

Après une longue absence, Felice Lasco (Pierfrancesco Favino) revient dans sa ville natale de Naples, dans le quartier Sanità, où vit encore sa mère. Il a quitté Le Caire, où il a fait fortune et vit avec son épouse médecin, Arlette (Sofia Essaïdi) pour voir sa mère qu’il n’a pas revue depuis 40 ans. Lorsqu’il arrive, il s’attend à la trouver dans leur appartement de famille mais elle vit désormais dans un tout petit appartement, à la limite du taudis, au rez-de-chaussée de l’immeuble. Il s’occupe de la reloger dans un appartement plus agréable jusqu’à son décès. On pense alors que Felice (Feli’) va retourner au Caire mais, pris pas ses souvenirs, il veut retrouver son ami d’enfance, Oreste, avec lequel il partage un lourd secret.


Mais Oreste est devenu le chef mafieux du quartier et, malgré toutes les mises en garde qui lui sont faites, en particulier par Don Luigi, (Francesco Di Leva), le prêtre engagé qui lutte pour permettre aux jeunes du quartier de s’affranchir de l’emprise de la mafia, il s’entête jusqu’à ce qu’il rencontre Oreste, devenu « il Malommo » (Tomaso Ragno), un homme que tout le monde craint.

L’entrevue a lieu et on pense qu’Oreste et Feli’ ont fait la paix mais c’est mal connaître Oreste, tellement englué dans le mal, qu’il ne peut pardonner…

Mon opinion   

Ce film présente Naples comme aucun touriste ne la verra jamais, avec ses ruelles populaires, ses immeubles délabrés, ses ordures entassées dans les recoins incessamment déchirée par les pétarades des vélomoteurs et des voitures, une sorte de labyrinthe impensable où la police ne met pas les pieds, préférant surveiller les courageuses harangues du génial prêtre de la paroisse contre la mafia. Malgré cette laideur de la ville, on se prend à l’aimer, ou du moins à aimer sa population, sa cordialité, sa joie de vivre, sa volonté de s’en sortir, malgré la peur qui rode en permanence sur ceux qui voudraient relever la tête. Formidable peinture d’un monde dont on sait qu’il existe mais que l’on ignore. De très belles scènes, comme le moment émouvant où Feli’ prend dans ses bras sa mère quasi mourante pour lui donner son bain, magnifiques images de cette jeunesse oubliant tout pour danser, en toute fraternité, sur la musique arabe apportée par Féli’ d’Egypte, scènes d’amitié et de complicité entre Feli’ (Emanuele Palumbo) et Oreste (Artem) à 15 ans quand ils vont se baigner nus dans la mer. On espère que leur amitié aura survécu à ces 40 ans de séparation, jusqu’à la fin brutale à laquelle, malgré tout, on s’attendait. Curieusement, el malgré cette fin tragique, le film nous laisse une impression positive car il est marqué par les forces de vie dont on espère qu’elles triompheront un jour de celles de la mort. On en arrive même à plaindre le coupable, dont on comprend qu’ayant construit sa vie sur le mensonge et la souffrance, il est victime de ce qu’il a bâti.    
   

dimanche 19 janvier 2020

MARTIN EDEN film dramatique de Pietro MARCELLO (IT 2019)



Film vu dans le cadre du Festival Télerama

Martin Eden est un film italien, réalisé par Pietro Marcello, sorti en 2019. Il s’agit d’une (très) libre adaptation du livre du même nom de l’écrivain américain Jack London, publié en 1909.  

Présentation

A la différence du livre en partie autobiographique écrit par Jack London qui se déroule aux Etats-Unis, au début du XXe siècle. Le film de Pietro Mercello se passe dans une Italie qui sort à peine de la 2nde Guerre mondiale, et qu’on pourrait placer, même si ce n’est pas clairement indiqué par le réalisateur, dans les années 60 à 70.

Le film commence sur un port. Comme dans le livre, Martin Eden (incarné par Luca Marinelli) soustrait un jeune homme inconnu des griffes de son tortionnaire. Pour le remercier, le jeune homme, Arturo Orsini, le présente à sa famille et l’invite à déjeuner. Martin, qui est marin depuis l’âge de 11 ans et n’a reçu aucune éducation, est ébloui par la richesse des Orsini et tombe immédiatement sous le charme d’Elena (Jessica Cressy), la sœur d’Arturo, une jeune fille qui suit une formation aux Beaux-Arts. En attendant le repas, il feuillette un livre de Baudelaire et lui dit gauchement aimer la poésie et vouloir écrire. Elena lui conseille d’abord de reprendre une formation ce qu’il fait, en partie pour lui complaire mais aussi par volonté de se sortir de sa condition.

Après des années de galère, de refus d’éditeurs qu’il a sollicités sans succès, son talent finit par être reconnu et il devient célèbre.

Entre temps, pensant qu’Elena est trop bien pour lui, il a épousé Margherita (Denise Sardisco), une femme du peuple comme lui. Mais il n’a pas oublié Elena.

Mon opinion

J’avais lu le classique de Jack London et je m'attendais à un film en anglais se déroulant aux Etats-Unis. J'ai donc été quelque peu surpris de découvrir un film italien qui se déroule dans l’Italie d’après-guerre. 

Luca Marinelli, qui joue le rôle de Martin Eden, est magnifique et fait penser, par sa carrure, sa gaucherie et son côté sauvage, au Gérard Depardieu des débuts. 

Comme dans la version de La peste de Luis Puenzo, film incompris que, personnellement j’ai adoré, tout est fait par le réalisateur pour nous dérouter. Où se passe réellement l’action ? A Naples, à Gênes ou à Rome ? Et surtout quand ? Les superbes images, qui mêlent images d’archives en sépia et images contemporaines évoquant le noir et blanc colorisé, désarçonnent le spectateur qui ne sait pas où situer le film ni dans le temps ni dans l'espace. On y voit une 4L Renault (sorti en 1961) et une DS Citroën (sortie elle en 1955), on y parle d’une guerre à venir (alors que le film semble se dérouler après la libération de l’Italie (25 avril 1945).... Il y a aussi cet incroyable contraste entre le mode de vie des riches (dont fait partie la famille Orsini, bien qu’elle se veuille « progressiste ») et celle des pauvres… 

C’est un grand et beau film, aussi bien esthétiquement que pour les sentiments qu’il véhicule. La philosophie défendue par Martin Eden, heurtée, intransigeante, contradictoire évoque celle de Pasolini marquée par son engagement à gauche, mais critique acerbe des institutions et des partis qui l'ont poursuivi de leur vindicte jusqu'à (peut-être ?) le faire assassiner [Voir à ce sujet L'affaire Pasolini]. C’est en tout cas un film que je ne suis pas prêt d’oublier.

lundi 25 novembre 2019

L'AFFAIRE PASOLINI/LA MACCHINAZIONE biopic de David GRIECO (IT/FR 2016)


L'Affaire Pasolini (titre original italien : La macchinazione, littéralement « la machination ») est un film dramatique franco-italien réalisé par David Grieco sorti en 2016 en Italie mais projgrammé en France seulement en 2019. J’ai vu ce film dans le cadre des 21èmes Rencontres des cinémas d’Europe (Aubenas du 16 au 24 novembre 2019).

Présentation

Le film se déroule à Rome, de l’été à l’automne 1975. Il se termine par l’assassinat, sur une plage d’Ostie, du réalisateur italien Pier Paolo Pasolini (Massimo Ranieri). Au cours du film, on suit Pasolini se partageant entre l’écriture de son dernier livre, à la fois roman et essai politique, Pétrole (titre original italien : Petrolio) et la production de son film Salò ou les 120 Journées de Sodome.  Petrolio est à la fois un roman et un essai politique au vitriol contre la bourgeoisie italienne, ses relations avec la mafia, ainsi que sur la collusion entre intérêts privés et publics qui gangrènent l’Italie. Il y dévoile les coulisses de la mort de l'industriel Enrico Mattei, qui aurait pu être assassiné sur l'ordre de son successeur Eugenio Cefis, Petrolio ne sortira qu’avec de grandes difficultés qu’après sa mort. Et encore, sans le chapitre le plus accablant « Lumières sur l’ENI[1] », que l’on n’a pas retrouvé.

Parallèlement, Pasolini est engagé dans une relation homosexuelle avec Giuseppe ‘Pino’ Pelosi (Alessandro Sardelli), un petit malfrat romain. Un soir, les amis de Pelosi volent le négatif du film Salò et demandent au poète une très grosse somme d'argent pour le lui rendre. C'était un piège et dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975, Pier Paolo Pasolini est littéralement massacré.

Mon opinion sur ce film

Quarante ans après la mort de Pasolini, le mystère reste entier sur les circonstances de celle-ci et ses raisons véritables. En effet, la thèse « officielle » de l’affaire de mœurs n’a jamais fait l’unanimité (le procès a d’ailleurs été ré-ouvert après la rétractation du supposé assassin en 1985. Le film adopte la thèse des journalistes Carla Benedetti et Giovanni Giovannetti pour qui Pasolini a été victime d’une vendetta organisée par la classe politique et exécutée par la mafia sous prétexte d’une affaire de mœurs. 

Les acteurs, en particulier Massimo Ranieri, qui incarne Pasolini, sont excellents. La bande son, empruntée aux Pink Floyd (Atom Heart Mother), est inattendue mais évoque un oratorio funèbre qui, sans atteindre au grandiose de celle écrite par Mikis Theodorakis pour Z, donne un caractère intemporel au film.

Malgré tout, je n’ai pas été convaincu par ce film qui hésite entre documentaire, thriller, et fiction, en raison d’un scénario confus et d'un montage chaotique, surtout vers la fin du film. On doit cependant rendre grâce au réalisateur qui est resté très chaste et a évité toute scène de sexe, nous épargnant aussi des extraits de l’insoutenable Salò ou les 120 Journées de Sodome à côté desquelles le massacre de Pasolini sur la plage d'Ostie passerait presque pour un film pour enfants.   

    


[1] ENI (Ente Nazionali Idrocarburi) est la toute puissante société italienne de l’énergie (l’équivalent d’EDF/GDF).

A voir dans le même esprit :

mardi 12 mars 2019

EUFORIA de Valeria GOLINO (IT-2018)



Euforia est un film italien réalisé par Valeria Golino, sorti en 2018. Il a été présenté dans la sélection Un certain regard du festival de Cannes 2018.

Présentation du film

Après avoir suivi deux trajectoires de vie totalement différentes, deux frères, Matteo et Ettore, se retrouvent à l’occasion de la maladie de l’un d’eux.

Le cadet, Matteo (Riccardo Scamarcio) a réussi une carrière brillante dans le domaine de la communication. Il est riche, habite un immense appartement moderne en plein centre de Rome. Célibataire, il est homosexuel et mène une vie assez agitée avec un groupe d’amis de son niveau aux idées très libres.

Son frère aîné, Ettore (Valerio Mastandrea) est tout le contraire de lui. Professeur de sciences, il est marié et père d’un petit garçon d’une dizaine d’années, Andrea. Lorsqu’on lui décèle un cancer du cerveau, Matteo offre de l’héberger dans son appartement à Rome pour qu’il soit plus près de l’hôpital où on le soigne. Tout en le sachant perdu, il lui cache la gravité de son mal, tout en faisant tout, y compris – lui qui n’est pas croyant – de l’emmener à Medjugorge en Bosnie, important lieu d’apparitions de la Vierge. Matteo ne change pas pour autant son propre mode de vie…  

Mon opinion sur ce film

Une fois de plus, j’aurais dû me méfier quand j’ai vu que ce film avait fait partie de la sélection officielle Un certain regard à Cannes avec laquelle je suis rarement – pour ne pas dire jamais – en accord. Je dois ajouter que, bien qu’il ait été nominé dans pas moins de huit catégories, Euforia n’a obtenu aucun prix. En ce qui me concerne, je ne crains pas de dire que ce film m’a terriblement ennuyé et que je ne le recommanderai à personne. Scenario tordu, scènes improbables, scènes perturbantes et parfaitement inutiles, le film s’étire en longueur sans véritable progression. Seules quelques rares scènes rattrapent le coup, comme celle du vol d’étourneaux au-dessus de l’hippodrome de Rome qui accompagne la retrouvaille des deux frères… Peu de choses en vérité sur un film de près de deux heures.  

jeudi 22 novembre 2018

HEUREUX COMME LAZZARO film italien d'Alice Rohrwacher (IT- 2018)

Vu dans le cadre des Rencontres des Cinémas d'Europe (Aubenas 17-25 novembre 2018)


Heureux comme Lazzaro (Lazzaro felice) est un film dramatique italien écrit et réalisé par Alice Rohrwacher, sorti en 2018. Le film est en sélection officielle au festival de Cannes 20181 et reçoit le prix du scénario.

Présentation

On a peine à croire que ce film est inspiré d’un fait divers réel qui a défrayé la chronique en Italie dans les années 80 : une riche propriétaire terrienne sans scrupule exploitait les paysans de son domaine, illettrés et coupés du monde, comme elle l’aurait fait au Moyen-âge.

Le film est censé se dérouler de nos jours dans un hameau isolé, du nom d’Inviolata, où les paysans sont restés à l’écart du monde et travaillent comme des serfs pour la marquise Alfonsina de Luna. Lazzaro (Adriano Tardiolo), un jeune paysan naïf et bon est, en quelque sorte, le souffre-douleur des paysans. Un jour, alors que la marquise et son fils Tancredi ont décidé de passer quelques jours dans le château qui domine le domaine, Lazzaro rencontre Tancredi. Par désœuvrement, celui-ci invente son enlèvement et demande son aide à Lazzaro : ils deviennent ainsi amis. Cette relation sincère et joyeuse est une révélation pour Lazzaro ; elle lui fera traverser le temps et le mènera à la ville, à la recherche de Tancredi.

Mon opinion sur ce film

J’avais détesté Les merveilles, l’un des précédents films de la réalisatrice et, reconnaissant son nom, j’avais hésité à aller le voir. J’aurais raté quelque chose.

Il est difficile de classer un tel film qui est à mi-chemin de la fable antique et du néoréalisme italien de l’après-guerre (certaines images m’ont rappelé La strada de Fellini ou Le voleur de bicyclette de Vittorio de Sica). 

Lazzaro est incarné par un extraordinaire acteur : Adriano Tardiolo que l’on croirait tout droit sorti d’une fresque de la Renaissance. On apprend que ce jeune acteur italien de 18 ans n'avait jamais tourné avant ce film et qu'il ne se destinait pas au cinéma. Dans ce rôle difficile, où son amateurisme est un atout, il rayonne littéralement comme aurait pu le faire un saint tel François d’Assise, auquel, d’ailleurs, le film fait plusieurs fois référence, en particulier dans sa relation aux loups, fil rouge du film.

Ce film est une merveille, même si sa fin dramatique et un peu ambiguë, rompt le charme en nous ramenant brutalement à la grisaille d’une réalité que nous aurions voulu oublier.

vendredi 2 février 2018

COEURS PURS film de Roberto De Paolis (IT-2018)


Cœurs purs (titre original : Cuori puri) est un film italien de Roberto de Paolis, sorti le 3 janvier 2018. Durée 1 :55 H

Présentation

Stefano (Simone Liberati), 25 ans, est un petit délinquant qui essaie de s’en sortir. Ayant trouvé un emploi précaire de vigile dans un supermarché dans un quartier populaire de Rome, il surprend une jeune fille, Agnese (Selene Caramazza), en train de voler un portable et il la poursuit.  Lorsqu’il parvient à l’arrêter, totalement paniquée, elle le supplie de la relâcher et, vaincu par sa sincérité, il se laisse convaincre de la laisser partir. Pour cet acte de faiblesse, il est rétrogradé comme gardien du parking des employés, un espace plus ou moins abandonné où il doit empêcher les gitans qui occupent une partie du parking, de dégrader les voitures en stationnement.

Agnese est une jeune fille qui n’a pas encore 18 ans, couvée par une mère croyante très impliquée dans les œuvres sociales de l’église locale. Sa mère, qui lui demande de rester vierge jusqu’au mariage, lui a confisqué son portable sur lequel elle avait intercepté échanges entre Agnese et un garçon de son lycée. C’est ce qui a déterminé Agnese à voler un portable.

En accompagnant sa mère distribuer des vêtements aux gitans, elle revoit Stefano et on comprend qu’ils ressentent, l’un pour l’autre, une attirance mutuelle.  Elle finira par coucher de son plein gré avec lui et, paniquée par ce qu'elle a fait, elle déclarera à la police avoir été violée par un gitan.

Critique

Un film qui renoue avec la tradition du réalisme social cher aux cinéastes italiens. On est dans le monde des petites gens qui vivent chichement tout en venant en aide à ceux qui sont plus mal lotis qu’eux. Personne n’est tout à fait mauvais ou tout à fait bon. Stefano, le petit délinquant qui, au cours du film, entraîné par ses ex-copains, commettra un vol à main armé et vendra de la drogue, n’est pas un mauvais bougre :  vaincu par sa fragilité, il redonne sa liberté à Agnese qu’il a pourtant pris en flagrant délit et qui lui a fait perdre un emploi qui l'aurait sauvé de la délinquance. Il essaie de s'en sortir et d'aider ses parents, jetés à la rue pour loyers impayés malgré la mauvaise opinion qu'il a de son père... La mère d'Agnese est une croyante convaincue mais elle aime sa fille. La jeune fille n’est pas si fragile qu'elle y paraît et, malgré la pression de la religion, elle cèdera à ses impulsions, après tout parfaitement normales pour une fille de 18 ans...  

On comprend le propos du réalisateur mais que tout cela est long, très long, trop long (1.55 H), pour une fin, hélas, sans surprise. Le pire nous est cependant épargné puisque les gitans, accusés à tort, ne seront pas lynchés, et que les deux jeunes gens se retrouveront, dans la pureté de leur amour.    

mardi 19 mai 2015

LA PETITE VENISE film d'Andrea Segre (IT-2012)

 

La petite Venise, film italien d'Andrea Segre (2012). Le titre original est "Io sono Li" (Je suis Li).

Synopsis

A Chiogghia, une île de la lagune de Venise, une jeune femme, Shun Li, otage de la mafia chinoise, est obligée de travailler dans un atelier textile puis dans un restaurant italien racheté par les chinois pour payer son voyage et son permis de travail en Italie. Son fils de 9 ans, resté dans son pays, est gardé par son père. Le seul objectif de Li est de parvenir à gagner suffisamment d'argent pour que ses commanditaires acceptent de faire venir son fils en Italie.

L'histoire se déroule au milieu de gens simples, des pêcheurs pour la plupart âgés, qui travaillent et vivotent de leur pêche. Ils se retrouvent dans le restaurant "Il paradiso" et l'un d'eux, Bepi, dit "le poète", devient ami avec la jeune chinoise jusqu'à ce que le chef local de la mafia chinoise, trouvant que ce rapprochement représente un risque pour leur couverture, la mette en demeure de rompre cette amitié naissante. Shun Li n'a pas le choix et accepte d'être transférée dans une autre ville où elle travaille dans un atelier textile. Grâce à cela et au sacrifice d'une jeune fille chinoise rencontrée à Chiogghia, Shun Li retrouve sa liberté et son fils. Mais, lorsqu'elle revient à Chiogghia pour revoir Bepi, elle apprend que celui-ci est décédé entre temps.

Mon opinion sur ce film

Rien de glauque dans cette histoire ; ni sexe, ni violence, ni drogue. Le film aborde cependant une réalité peu connue et qui doit toucher peu ou prou tous les pays occidentaux, quels qu'ils soient : la lente et sourde progression de la mafia chinoise qui, sous couvert d'affaires honnêtes, grignote peu à peu des pans entiers de notre économie déliquescente en transformant ses propres ressortissants en esclaves. Certes Shun Li n'est pas obligée de se prostituer ni de dealer, certes elle n'est pas brutalisée, mais elle est néanmoins la victime d’un chantage et d’exploitation. En réalité, elle est une esclave "légale" et soumise au bon vouloir d'une hiérarchie dont on ressent qu'elle ne doit pas traiter tous ses "employés" avec autant de compassion. Personnellement, je ne me plains pas que le film reste toujours dans ces limites très soft et que, pour une fois, on nous épargne des scènes de violence tout en nous suggérant qu’elles existent bel et bien.

On est à Venise, ou du moins tout près, dans l’une des îles de la lagune, où la vie se déroule plutôt paisiblement au milieu de gens simples. Les images reflètent cette paix et cette simplicité, presque trop : c’est la seule critique que je ferai à ce film. En effet, à certains moments, on se surprend à se demander si l'on ne voit pas un documentaire plutôt qu'un film mais l'histoire reprend ses droits.
Joli film, attachant, mélancolique, qui ne parvient cependant pas vraiment à nous émouvoir, bien que l'on comprenne et que l'on partage les sentiments de ces personnages car ils manquent un peu d'épaisseur et l'histoire se déroule, sans heurts, sur un rythme où l'esthétique fait un peu oublier le propos. A ce sujet, je rejoindrais volontiers la critique des Inrocks qui écrivent : "Un pari ambitieux mais gangrené par un manque cruel de rythme et par son oscillation incessante entre documentaire et fiction. Dommage car cette Petite Venise aurait pu être un grand moment de cinéma."

Mon classement : Joli film qui manque un peu de substance. Visible par tous.

jeudi 30 avril 2015

THEOREME film de Pier Paolo Pasolini (IT-1968)




Théorème (Teorema) est un film italien de Pier Paolo Pasolini. Il porte avant tout une vive critique de la bourgeoisie italienne (1968).

Synopsis

Annoncé par un télégramme, un personnage mystérieux d'une étrange beauté (Le visiteur : Terence Stamp, alors âgé de 29 ans) séjourne dans une riche famille milanaise. Les uns après les autres, tous les membres de la famille ont des rapports sexuels avec le visiteur, changeant radicalement la vie de chacun.

Distribution

  • ·         Terence Stamp : le Visiteur
  • ·         Silvana Mangano : Lucia, la mère
  • ·         Massimo Girotti : Paolo, le père
  • ·         Laura Betti : la servante
  • ·         Ninetto Davoli : Angelino, le Messager
  • ·         Anne Wiazemsky : Odetta, la fille
  • ·         Andrés José Cruz : Pietro, le fils
  • ·         Carlo De Mejo : un amant occasionnel de Lucia

Musique : Ennio Morricone

Autour du film

A sa sortie (Festival de Venise : septembre 1968 ; France : 25 janvier 1969), le film fit un énorme scandale. En Italie, sa saisie fut réclamée devant un tribunal romain pour « obscénité ». Le tribunal  réfuta les assertions de l'accusation et leva le séquestre du film. « Le bouleversement que m'a causé Théorème - déclara le président du tribunal - n'est nullement sexuel, il est essentiellement idéologique et mystique. Comme il s'agit essentiellement d'une œuvre d'art, elle ne peut pas être obscène. Un autre procès eut lieu à Venise à la fin du mois de novembre 1968. Pasolini y assura sa propre défense et déclara en substance : « Mon film, comme toutes les scènes qui le composent, est un film symbolique. »

A contrario, l’institution dont on aurait pu attendre le plus de réactions, l’Eglise catholique, récompensa le film : il obtint même le grand prix de l'Office catholique international du cinéma (OCIC), ce qui causa des réactions très vives parmi le public catholique. A l’époque, le jury de l'OCIC était présidé par un jésuite canadien du nom de Marc Gervais, admirateur de l'œuvre de Pasolini. Mais six mois plus tard, cédant aux critiques venues des parties les plus conservatrices de l’Eglise, l'Office catholique désavoua son jury, et regretta officiellement l'attribution du prix à Théorème.

Le Festival de Venise décerna le Prix d’interprétation féminine à Laura Betti.  

lundi 9 mars 2015

LES MERVEILLES film d'Alice Rohrwacher (IT-2014)




Les Merveilles (en italien : Le meraviglie) est un film dramatique italien écrit et réalisé par Alice Rohrwacher, sorti en 2014. Le film a été est présenté en sélection officielle au festival de Cannes 2014 qui lui a décerné le Grand Prix.

Synopsis

De nos jours, une famille d’agriculteurs baba-cool composée d’un couple et de leurs quatre filles, vit chichement de sa production de miel. Un jour, la fille ainée inscrit sa famille à une émission de télé-réalité « Le village des merveilles » qui doit sélectionner les meilleurs produits du terroir. 

Mon opinion

J'ai détesté ! Ce film est une arnaque.

J’étais allé voir ce film sur la foi de quelques critiques dithyrambiques (celle de Frédéric Strauss dans Télérama entre autres : «Dans la campagne italienne, une famille vit selon ses propres règles, en marge du monde. Un film dépouillé et sincère d’Alice Rohrwacher. ») mais aussi parce que, parmi les acteurs, il y a Monica Bellucci, que c’est censé se passer en Toscane (et non en Ombrie !) et enfin parce que ce film a obtenu rien de moins que le Grand Prix au Festival de Cannes 2014.

Or, j’en sors totalement exaspéré, au même titre que je l’avais été par un film mexicain intitulé Lake Tahoe, avec l’impression d’avoir vu un spectacle de patronage. J’ai bien failli quitter la salle avant la fin tant j’ai eu le sentiment de m’être fait avoir : scénario inexistant, acteurs ânonnant leur texte, décors minables… Je me demande bien comment une telle nullité a pu séduire le festival de Cannes, il est vrai présidé cette année par Jane Campion et Sofia Coppola, deux réalisatrices que j’abhorre.
J’aurais dû consulter Wikipedia avant d’aller au cinéma, j’aurais épargné un ticket et surtout deux heures de perte de temps. En effet, l’article consacré à cette caricature de film, n’est pas tendre et reflète bien mon propre sentiment à son sujet :

« Le film déclencha une polémique lorsqu'il remporta le Grand prix du Festival de Cannes bien que la récompense corresponde, dans sa définition, à ce genre de film atypique. Avant le palmarès, plusieurs médias comme Télérama et Metronews affirmaient d'ailleurs que certains thèmes du film (l'enfance, la féminité, l'errance, le lien à la nature) ainsi que sa tonalité élégiaque et romantique avaient tout pour séduire la présidente du jury Jane Campion et certains de ses co-jurés parmi lesquels Sofia Coppola. Toutefois, le film fut largement décrié. Il fut sifflé lors de sa projection et considéré par plusieurs critiques français comme le plus mauvais film de la sélection officielle avec Grace de Monaco. Metronews a décrit le film comme ennuyeux et pseudo-poétique (…) »