L'Affaire Pasolini
(titre original italien : La macchinazione, littéralement « la
machination ») est un film dramatique franco-italien réalisé par David
Grieco sorti en 2016 en Italie mais projgrammé en France seulement en 2019.
J’ai vu ce film dans le cadre des 21èmes Rencontres
des cinémas d’Europe (Aubenas du 16
au 24 novembre 2019).
Présentation
Le film se déroule à Rome, de l’été
à l’automne 1975. Il se termine par l’assassinat, sur une plage d’Ostie, du
réalisateur italien Pier Paolo Pasolini (Massimo Ranieri). Au cours du
film, on suit Pasolini se partageant entre l’écriture de son dernier livre, à
la fois roman et essai politique, Pétrole (titre original italien :
Petrolio) et la production de son film Salò
ou les 120 Journées de Sodome. Petrolio est à la fois un roman et un
essai politique au vitriol contre la bourgeoisie italienne, ses relations avec
la mafia, ainsi que sur la collusion entre intérêts privés et publics qui
gangrènent l’Italie. Il y dévoile les coulisses de la mort de l'industriel
Enrico Mattei, qui aurait pu être assassiné sur l'ordre de son successeur
Eugenio Cefis, Petrolio ne sortira qu’avec de grandes difficultés qu’après
sa mort. Et encore, sans le chapitre le plus accablant « Lumières sur l’ENI[1] »,
que l’on n’a pas retrouvé.
Parallèlement, Pasolini est
engagé dans une relation homosexuelle avec Giuseppe ‘Pino’ Pelosi (Alessandro
Sardelli), un petit malfrat romain. Un soir, les amis de Pelosi volent le
négatif du film Salò et demandent au poète une très grosse somme
d'argent pour le lui rendre. C'était un piège et dans la nuit du 1er au 2
novembre 1975, Pier Paolo Pasolini est littéralement massacré.
Mon opinion sur ce film
Quarante ans après la mort de
Pasolini, le mystère reste entier sur les circonstances de celle-ci et ses
raisons véritables. En effet, la thèse « officielle » de l’affaire de mœurs n’a jamais fait
l’unanimité (le procès a d’ailleurs été ré-ouvert après la rétractation du
supposé assassin en 1985. Le film adopte la thèse des journalistes Carla
Benedetti et Giovanni Giovannetti pour qui Pasolini a été victime d’une
vendetta organisée par la classe politique et exécutée par la mafia sous prétexte d’une affaire de mœurs.
Les acteurs, en particulier Massimo
Ranieri, qui incarne Pasolini, sont excellents. La bande son,
empruntée aux Pink Floyd (Atom Heart Mother), est inattendue mais
évoque un oratorio funèbre qui, sans atteindre au grandiose de celle écrite par
Mikis Theodorakis pour Z, donne un caractère intemporel au
film.
Malgré tout, je n’ai pas été
convaincu par ce film qui hésite entre documentaire, thriller, et fiction, en raison d’un scénario confus et d'un montage chaotique, surtout vers la fin du film. On doit
cependant rendre grâce au réalisateur qui est resté très chaste et a évité
toute scène de sexe, nous épargnant aussi des extraits de l’insoutenable Salò
ou les 120 Journées de Sodome à côté desquelles le massacre de Pasolini sur la plage d'Ostie passerait presque pour un film pour enfants.
[1] ENI (Ente
Nazionali Idrocarburi) est la toute puissante société italienne de l’énergie (l’équivalent
d’EDF/GDF).
A voir dans le même esprit :
A voir dans le même esprit :
- L'affaire Pélican (1993)
- La firme (1993)
- Lions et agneaux (2007)
- The Ghost Writer (2010)
- Le cinquième pouvoir (2013)
- Imitation game (2014)
- Snowden (2016)
- Pentagon papers (2017)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vos commentaires, chers lecteurs, seront les bienvenus. Ils ne seront toutefois publiés qu'après modération et seront systématiquement supprimés s'ils comportent des termes injurieux, dans le cas de racisme, de caractère violent ou pornographique. Si vous souhaitez une réponse, n'envoyez pas un message anonyme mais laissez un nom ou un pseudo auquel je puisse vous contacter.