Shakespeare in Love est
une réalisation américano-britannique de John Madden (1998).
Le film s’inspire assez librement
des débuts de la carrière de William Shakespeare (Joseph Fiennes, frère cadet du comédien Ralph Fiennes).
Synopsis
Le film commence pendant l'été
1593 à Londres. Shakespeare a alors 29 ans. Il n’a encore écrit aucune des 37
pièces qui feront de lui l’un des auteurs de théâtre les plus prolifiques et
les plus célèbres du monde. Il a déjà publié ses « Sonnets » mais cela ne
nourrit pas son homme. A l’époque (comme d’ailleurs à la nôtre !) seul le
théâtre rapporte. Sur ce plan, il est en compétition avec Christopher Marlowe (interprété
par Rupert Everett), qui a le même
âge que lui. Au début du film, Shakespeare n’a écrit, de la pièce qu’il a
vendue à son commanditaire, Mr Henslowe, lui-même au bord de la faillite, que
le titre : « Roméo et Ethel, la fille du pirate ». Totalement en panne
d’inspiration, il va découvrir sa muse en Lady Viola de Lesseps (Gwyneth Paltrow), une jeune femme de la
noblesse, qui l’admire pour ses « Sonnets », et rêve de le rencontrer et de
devenir actrice. Mais, à l'époque de Shakespeare, l’Angleterre est sous le
règne d’Elizabeth 1ère, et on vit encore sous la dictature des
puritains qui considèrent le théâtre comme un lieu de perdition. Celui-ci est
formellement interdit aux femmes et leurs rôles sont joués par des hommes.
Seule la reine (impressionnante Judi Dench), qui peine à asseoir son
pouvoir, aime le théâtre et le soutient. Mais elle a suffisamment de problèmes
avec les ennemis du trône pour ne pas les affronter directement. C’est
cependant cet interdit, qui pouvait, à l’époque, vous conduire directement à l'échafaud,
que tente de braver Lady Viola en décidant, par amour pour le théâtre et pour
William, de se déguiser en homme et de jouer le rôle de Roméo. William découvre
la supercherie et la véritable identité de son « jeune premier » et il en tombe
follement amoureux. Malheureusement, la jeune femme est promise à un autre
homme, Lord Wessex (Colin Firth).
Cet amour impossible inspirera deux de ses plus grandes œuvres au jeune
dramaturge : « Roméo et Juliette
» puis « La Nuit des rois ».
Ma critique
Shakespeare in love eut à
sa sortie un grand succès public, obtenant une note de 8/10 sur le site
internet de Rotten Tomatoes, et il
fut acclamé la critique internationale. Les critiques français de cinéma furent
plus réservés en raison de la trop grande liberté que le réalisateur aurait
prise avec la vie de Shakespeare (pour autant qu’on la connaisse, puisque
certains historiens ont mis en doute l’existence même du célébrissime auteur
anglais !) On reconnaît bien là, hélas, l'outrecuidance française qui nous
est tant reprochée à l'étranger. Personnellement, je me suis régalé avec ce
film qui nous présente un Shakespeare jeune et sans tabou, heureux de croquer
la vie à pleines dents, plutôt qu'un Shakespeare compassé et vieillissant dans
une reconstitution historique fidèle mais poussiéreuse. Dans le cas de
Shakespeare, sur lequel on sait si peu, surtout dans ses années de jeunesse qui
sont celles que le réalisateur a choisi de traiter, le pédantisme n'en est que
plus indigeste! L'intérêt du film réside
aussi dans le fait que l'on nous montre le théâtre élisabéthain tel qu'il était
à l'époque : à savoir plus près de la grosse farce et du cirque que de ce
qu'évoque de nos jours le mot
"théâtre". Le théâtre de l'époque était fait pour le peuple et
non pour les nobles ou les lettrés et
les pièces se jouaient dans des lieux qui évoquent plus pour nous des arènes à ciel ouvert que des théâtres
fermés. Le type de théâtre que nous connaissons ne vit réellement le jour que
deux siècles plus tard. Si le film prend des libertés avec la "vérité
historique" (encore faudrait-il qu'elle soit connue !) il n'en prend pas
avec la reconstitution des théâtres dans
lesquels Shakespeare jouait à l'époque (le Globe, qui a été reconstruit en 1996
sur les plans du XVIe et à peu de distance du théâtre originel, le Rose ou le
Swann Theatre) ou avec les mœurs élisabéthaines. Ainsi, on peut avoir grâce à
ce film une idée de ce qu'était le véritable théâtre de Shakespeare.
Le film a reçu de nombreuses
récompenses internationales. Il a raflé en 1999, pas moins de 7 Oscars dont
celui du meilleur film et c’est, à mon avis, entièrement mérité, n’en déplaise
aux critiques qui l’ont reçu en faisant la fine bouche.
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