mardi 12 novembre 2013

THE SOCIAL NETWORK de David Fincher (2010)


Film américain de David Fincher (2010) avec Jesse Eisenberg, Andrew Garfield et Justin Timberlake.

Synopsis

Le film est un biopic de Mark Zuckerberg (Jesse Eisenberg), alors jeune étudiant américain de l'Université d'Harvard, devenu multimilliardaire avec la création du plus important réseau social du monde, Facebook. 

Le film commence dans un café bruyant et semi-obscur d'Harvard où Mark Zuckerberg se fait lourder par sa copine qui en a marre qu'il la néglige, préférant ses chers programmes informatiques et ses copains à elle-même.

Sur le coup de la colère, il traverse le campus et se venge en créant aussitôt, avec l'aide de son meilleur et seul ami, Eduardo (Andrew Garfield), un site destiné à noter les mérites respectifs des filles de l'Université. Pour ce faire, il pirate les bases de données des différents collèges, ce qui est évidemment répréhensible, et met en ligne les profils des étudiantes avec une appréciation plus ou moins élogieuse sur chacune.

Le site rencontre, auprès des garçons de Harvard, un succès foudroyant, faisant exploser le nombre de connexions au point que le responsable de la sécurité informatique de l'Université, réveillé en pleine nuit, doit débrancher les serveurs. Du jour au lendemain, Mark, garçon timide et peu communicatif auquel auparavant personne ne faisait attention, devient le héros du campus. Ce qu'il a fait l'entraîne cependant devant une commission de discipline qu'il écrase avec toute la morgue de sa supériorité intellectuelle (qui est réelle). 

Ce premier avertissement ne lui suffit pas et lui donne même des ailes pour passer à la vitesse supérieure, embarquant Eduardo (qui, bien que réticent, lui fournit ses premiers financements en plus de ses connaissances informatiques) et, s'appropriant sans le moindre scrupule l'idée des frères Winklevoss, deux étudiants friqués, de créer un réseau social à l'échelle de l'Université, il n'hésite pas à envisager de l'étendre à l'échelle du pays puis, pourquoi pas (Mark Zuckerberg ne s'arrête pas pour si peu) au monde. C'est ainsi qu'est né, fin 2002-début 2003 (eh oui, cela fait à peine 10 ans !), le fameux Facebook.

Devant les premiers succès de son projet, poussé par le machiavélique et totalement amoral Sean Parker, fondateur ruiné de Napster (épatant Justin Timberlake), Mark trahit tous ceux qui l'ont aidé (à commencer par Eduardo et les frères Winkelvoss). Ignorant tous les avertissements, il devient un "super geek", se lançant à corps perdu dans le développement de "son" projet, se retrouvant en quelques mois à la tête d'un réseau de plusieurs millions "d'amis" virtuels mais aussi entraîné dans des procès pour plagiat, vol de données personnelles, non-respect du copyright, etc. Malgré tout, et vu l'enjeu financier de l'affaire, les avocats entrent dans la danse et tout se règle par des compromis, faisant de lui, à 26 ans, l'un des hommes les plus riche du monde.

Mon opinion sur ce film

Ce film est une réussite. Rarement, un biopic (à part, peut-être Aviator) n'a été mené sur un tel rythme. En outre, on ne peut pas dire que le réalisateur ait épargné son "héros". Certes, on est fasciné par son intelligence, son entregent, mais on est aussi écœuré par le manque de scrupule qu'il met à trahir ses amis. Après avoir vu ce film mi-figue mi-raisin, les détracteurs, souvent mal-informés sur ce qu'est réellement Facebook et s'imaginant des dangers qui n'existent pas, seront encore plus renforcés dans leur paranoïa. Quant à ceux qui l'utilisent, ils y mettront sans doute plus de discernement surtout en "verrouillant" leurs données personnelles, ce qui est l'essentiel.

Quoiqu'il en soit, personne ne pourra plus jamais ignorer l'importance du plus gros réseau social du monde et du tournant qu'il représente désormais dans la communication d'un bout à l'autre de la Terre (sauf peut-être encore, mais pour combien de temps, dans les dictatures qui empêchent sa réception) et les relations qui s'établissent entre individus séparés par des continents entiers.

Si Mark Zuckerberg n'est pas épargné, l'université d'Harvard, l'une des plus prestigieuses du monde, ne l'est pas non plus. Le film nous montre jusqu'à l'indigestion une jeunesse ultra-privilégiée, en permanence à la recherche de sensations fortes (fric, sexe, drogue et alcool) et dénuée de toute valeur morale. On se rend compte, en voyant ce film, combien la jeunesse américaine (mais cela est aussi valable pour le reste des pays "développés") a perdu ses repères (et pas seulement dans les banlieues pauvres). Un film qui laisse une amère impression de dérive où les vraies valeurs, de morale, d'honnêteté et d'amitié, sont sérieusement mises à mal. Les héros du film ne sont en rien sympathiques mais on ne peut s'empêcher de les plaindre car leur victoire se fait au détriment de leur humanité : en effet, si  Mark sort de cette aventure richissime, il se retrouve plus solitaire qu'il ne l'a jamais été malgré ses "500 millions d'amis" virtuels.

Jesse Eisenberg, qui joue le rôle de Mark, a l'âge du personnage qu'il incarne. Il y est excellent. Il faut dire que, si ce film l'a porté au devant de la scène, il a déjà l'expérience d'une 20e de films et de plusieurs pièces de théâtre. Quant à Andrew Garfield (son copain Eduardo, devenu, après que Mark l'ait trahi, son plus acharné ennemi), j'avais déjà remarqué son excellente prestation dans Lions et agneaux de (et avec) Robert Redford (2007) ainsi que dans le difficile Boy A. Je l'ai aussi vu, depuis, dans le terrifiant film de politique fiction Never let me go. On doit aussi saluer la prestation du chanteur Justin Timberlake, très crédible en parfait salaud cynique sans foi ni loi dont le seul but est de trouver un pigeon qui lui permettra de redorer son blason.

Un dernier mot sur la bande originale du film, composée par Trent Reznor et Atticus Ross qui mêle savamment le rock électrisé de The White Stripes, les Beatles, la musique classique (mélancolique Grieg) et surtout, à la fin, une superbe et étonnante reprise du titre Creap du groupe Radiohead (que j'adore) par la chorale féminine des Scala and Kolacny Brothers dans une réinterprétation d'une beauté à couper le souffle.

Réplique culte : 

"- I don't understand.
  - Which part ?"


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vos commentaires, chers lecteurs, seront les bienvenus. Ils ne seront toutefois publiés qu'après modération et seront systématiquement supprimés s'ils comportent des termes injurieux, dans le cas de racisme, de caractère violent ou pornographique. Si vous souhaitez une réponse, n'envoyez pas un message anonyme mais laissez un nom ou un pseudo auquel je puisse vous contacter.