vendredi 8 novembre 2013

GRAVITY d'Alfonso Cuaron (USA-2013)


Film américain de science-fiction réalisé par Alfonso Cuaron, sorti fin octobre 2013.

Synopsis


Lors d'une mission de routine, l'équipage, sorti pour réparer le module spatial, est victime d'un bombardement de débris. Tous sont tués et le module en partie détruit, à part deux astronautes, Matt Kowalski (George Clooney), un commandant aguerri, et le Dr. Ryan Stone (Sandra Bullock), un médecin, dont c'est la première mission dans l'espace. Arrachés au module, ils dérivent dans l'espace, tentant de rallier la station spatiale internationale (ISS). Mais elle aussi a subi de graves avaries et a été évacuée. Sur les deux modules de secours, un seul est encore en état. Matt se sacrifiera pour que sa collègue survive et revienne sur terre. 

Mon opinion sur ce film 


M'étant, d'une part, fié aux bonnes critiques que j'avais lues sur ce film dont certaines (et non des moindres !) n'hésitent pas à le comparer à 2001, l'odyssée de l'espace ou Avatar, j'ai été extrêmement déçu par ce que j'ai vu. J'ai été d'autant plus déçu que j'avais beaucoup aimé l'un des précédents films d'Alfonso Cuaron, De grandes espérances. Il faut dire que depuis ce film, qui remonte à plus de 15 ans, le réalisateur ne s'est pas illustré par des chef-d'oeuvre, sa seule gloire ayant été la réalisation formatée de l'un des épisodes d'Harry Potter (Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban (2004), qui n'est ni le pire ni le meilleur de la sage du jeune sorcier.  

Pour en revenir aux critiques laudatives, elles sont la majorité. Des Cahiers du Cinéma (« Le grand spectacle renoue ici avec des notions primitives de distance et de proximité, de coupe impossible et de plénitude du temps, qui ont toujours constitué le substrat du « réalisme » de l’expression cinématographique ») à  Première (« La 3D a rarement été aussi justifiée et Cuarón en repousse les limites avec une virtuosité technique d'autant plus efficace qu'elle se fait totalement oublier »), en passant par Le Journal du Dimanche ( « Houston, on a un chef d'œuvre. Préparez-vous à une expérience sensorielle inédite »), ou encore Ecran Large (« Un film unique dans l’Histoire du cinéma. Du jamais vu à voir impérativement sur un très, très grand écran. L’expérience sensorielle la plus aboutie jamais filmée. A la sortie, on envie déjà tous ceux qui vont la vivre pour la première fois »), elles sont toutes élogieusesIl faut beaucoup chercher pour en trouver quelques-unes de négatives. 

- « Alfonso Cuarón (...) n'atteint ni la perfection géométrique, l'hermétisme sublime de "2001 : l'Odyssée de l'espace", de Stanley Kubrick, ni le spiritualisme, la lancinante métaphysique de "Solaris", d'Andrei Tarkovski. Rapporté à ces deux références, le scénario de "Gravity" est minuscule. » (Télérama)

Quant à Charlie Hebdo, il est le seul à traduire en partie, ce que j'ai ressenti en voyant ce film  :

-  « Qu'on ose invoquer "2001" ou encore "Avatar" pour évoquer cet honnête survival, sorte de croisement entre « Mission to mars » de De Palma (...) et « The Descent », produit, sinon de la consternation, en tout cas de la stupéfaction. »

Je rejoins même entièrement cette deuxième opinion. Certes, on en a plein les yeux grâce à la 3D (on se demande d'ailleurs ce que peut donner un tel film en 2D !?) : c'est même pratiquement à mon sens sa seule justification car le scénario est inexistant, les dialogues indigents, quant au jeu des acteurs, Sandra Bullock est aussi expressive que C3PO, l'androïde protocolaire de Star Wars, en beaucoup moins drôle. Car le film souffre en outre d'un manque total de l'humour ou de la distanciation qui permettent d'endurer certains scenarii un peu pesants. Enfin, le film (qui en réalité ne dure qu'1.30 H) m'a semblé durer une éternité. Car, dans les deux premiers tiers, il ne se passe rien. On flotte gentiment dans l'espace en écoutant les plaisanteries débiles que fait Matt, le chef de la mission, en laissant se débrouiller comme elle peut le Dr. Ryan avec la mécanique. D'autant plus que ce n'est pas son métier puisqu'on nous dit qu'elle est médecin (et non mécanicien) ! Heureusement que tout s'accélère dans la dernière partie, après que les astronautes aient été bombardés par des débris d'un satellite russe. Il s'agit alors de survivre à l'espace. Mais ce n'est pas pour autant que l'on ressent de l'empathie pour le personnage de Ryan qui manque sérieusement de charisme.

Quant au réalisme, que certains critiques ont cru voir dans ce film, je regrette d'avoir à dire que je ne suis pas de leur avis : comment, en effet, peut-on seulement imaginer confier une telle mission (même s'il s'agit d'une mission de routine) à une spationaute débutante dont l'état psychologique laisse à désirer (elle vient de perdre sa fille unique de 3 ans dans un accident). Autre invraisemblance de taille : lorsque le Dr. Stone arrive sur terre et se débarrasse de son scaphandre, elle nous apparaît aussi fraîche qu'une rose, sans la moindre échymose, alors qu'elle vient de passer plusieurs heures à être projetée par des forces de  plusieurs g, écrasée contre des obstacles en métal, qu'elle a failli être gelée dans son scaphandre, puis grillée lors de la rentrée dans l'atmosphère et enfin noyée lors de l'amerrissage... Sans être un grand spécialiste des vols spatiaux, on peut pour le moins avoir un sérieux doute sur la vraisamblance de cette scène ! 

Certaines critiques citées comparent sans rire ce film à "Avatar", à "Solaris" ou même à "2001, l'Odyssée de l'espace". C'est oublier que ces films (même l'hermétique "Solaris") ont une autre dimension philosophique que celui-ci n'a pas. Avatar, au-delà du message écologique (qui peut n'avoir pas convaincu), est empreint d'une poésie et d'une esthétique insurpassée. Rien à voir non plus avec le troublant "Solaris" qui est un film difficile, abscons, qui en a désarçonné plus d'un et n'a pas convaincu la majorité, mais qui pose des questions passionnantes sur la mémoire, sur le souvenir et sur la folie. Quant au film de Kubrick, c'est un chef d'oeuvre absolu qui restera à jamais inégalé aussi bien par son esthétique que par son propos en forme de labyrinthe. Il n'y a rien de tel dans Gravity. 

Mon classement : 3/5


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