Mr. Turner est un biopic consacré
au peintre anglais, J.M.W. Turner (1775-1851). Le film, sorti en 2014, a été
écrit et réalisé par Mike Leigh.
Synopsis
Bien que son père, William
Turner, soit un modeste barbier, il encouragea très tôt le talent de son fils
Joseph Mallord William Turner, qui entra, âgé de 14 ans seulement, à l'école de
la Royal Academy of Arts avant d’être admis, un an plus tard, à la Royal
Academy elle-même. Il suffit d’ailleurs de voir les tout premiers dessins et
aquarelles du jeune J. M. W. pour constater que son talent était déjà éloquent.
Marquant un vif intérêt pour l'architecture, Turner suit notamment des cours de
perspective et de topographie avant que l’un de ses professeurs ne l’oriente
vers la peinture. Une première de ses aquarelles est acceptée à l'exposition d'été
de la Royal Academy alors qu'il n'y est élève que depuis un an et il devint à
son tour professeur de la respectable institution dès l’âge de 27 ans.
C’est dire combien, à la
différence de beaucoup d’artistes, le talent de Turner fut reconnu très tôt, lui
procurant assez vite une vie à l’abri du besoin qui lui permit d’avoir son
propre atelier à Londres et de pouvoir financer les nombreux voyages qu’il fit,
dès son adolescence et jusqu’à ses derniers jours.
Les voyages à l’étranger étant
alors interdits à cause de la guerre entre l’Angleterre et la France, J. M. W.,
avide de découvertes, commença donc, dès l’âge de 19 ans, par des visites dans
son propre pays : il commença par le Pays de Galles et l’Ile de Wight
(1794), puis, trois ans plus tard, par la région des Lake districts, réputés
pour la beauté de leurs paysages.
En 1799, il accompagna en Grèce
le célèbre Lord Elgin, le même qui devait faire transporter les sculptures de
l’Acropole à Londres où elles sont toujours.
En 1802, la paix étant revenue
entre l’Angleterre et la France, Turner s’empressa de se rendre à Paris, où il
visita le Louvre, subjugué par les maîtres qu’il admirait (Claude Lorrain,
Poussin), et les ateliers de peintres parisiens comme celui de David où il admira
« Les Sabines ».
C’est au cours de sa traversée
des Alpes enneigées pour se rendre en Suisse qu’il fut confronté pour la
première fois à la magnificence de la montagne qui inspira nombre de ses toiles
les plus célèbres. Son autre inspiration lui vint de sa fréquentation de la
Tamise, qu’il avait constamment sous les yeux, et de l’océan, qu’il ne cessa de
peindre jusqu’à son dernier souffle.
Mon opinion sur ce film
Je suis un fan de la peinture de
Turner que j’ai eu l’immense chance de pouvoir admirer plusieurs fois son œuvre
multiforme lors de voyages à Londres, en particulier à la Tate Gallery qui lui
est presqu’entièrement consacrée. Donc, aller voir un film sur sa vie, de plus
réalisé par un metteur en scène de renom, que j’avais déjà eu l’occasion d’apprécier
pour Be happy me paraissait incontournable. De plus, Télérama, généralement
assez sévère dans ses jugements, a publié dans son dernier numéro, une critique
très enthousiaste du film, le gratifiant de son appréciation maximum «Passionnément».
En ce qui me concerne, le film,
dont j'attendais beaucoup, m'a non seulement déçu mais irrité.
Le film se déroule pendant les 25
dernières années de la vie de Turner. Il était alors un artiste installé et reconnu de la haute société anglaise qui
appréciait sa peinture et lui achetait ses tableaux, même si, en raison de son
style iconoclaste, quasi-abstrait, très en avance sur son temps, certains
milieux conservateurs ne lui ménageaient pas leurs critiques.
Pourquoi le film s’attache alors
à nous dépeindre avec une complaisance appuyée un personnage aussi caricatural,
misanthrope et misogyne, très en contradiction avec ce qu’il était en réalité,
même si, comme toute personnalité atypique, il avait sans doute sa part d’ombre ?
Des parts d’ombre, on en trouve, même parmi les plus grands. Sans doute, comme
tout génie, et qui plus est anglais,
Turner était-il un excentrique. Sans doute une partie des faits peu sympathiques
du personnage sont-ils réels. Mais de là à cantonner ce grand peintre épris de
beauté et travaillant d’arrache-pied pour améliorer sa technique, fans ce
personnage ridicule, grognant et éructant, fuyant la société alors qu'il avait
ses entrées chez les nobles et dans les salons les plus en vue, cela paraît peu
crédible.
Le problème avec ce film, c’est
qu’on se demande si le réalisateur a voulu faire un film « sur »
Turner ou sur sa peinture. Certes, me direz-vous, les deux sont intimement
liés. Si l’on doit reconnaître une qualité à ce film, c’est son aspect
documentaire : la reconstitution de l’Angleterre de cette époque et les
costumes sont somptueux. Le parti pris de Mike Leigh de filmer les paysages
comme des tableaux est-il à saluer. Quant à la lenteur du film, à son
manque de rythme, je comprends aussi son parti pris puisque son propos est bien
de nous laisser la latitude d’admirer la beauté des paysages, la lumière, pour
nous plonger dans la vie intérieure du peintre. Mais 2.50 H, c’est trop, beaucoup trop et,
dans le public, je peux vous assurer que je n’ai pas été le seul à regarder
plusieurs fois ma montre. Certains, même, ont quitté la salle avant la fin tant
les derniers instants sont pénibles.
Le résultat de tout cela est un
film bancal, mi-documentaire, mi-biopic mais le plus insupportable est l’interprétation
de Timothy Spall qui s’apparente pour moi à une grossière pantomime indigne du
grand Turner. Ceux qui ont vu Harry Potter ne pourront pas s’empêcher d’y retrouver
les mêmes mimiques qu’adoptait Pettygrew, le malheureux suppôt de Voldemort.
Lui décerner un prix d’interprétation aurait alors été davantage justifié que
le lui décerner pour ce film.
Bref, j’ai détesté ce film et je
ne le recommande pas à ceux qui aiment la peinture de Turner.
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