Bright Star est un film
franco-américano-britannico-australien, réalisé par Jane Campion, sorti en mai
2009 lors de sa présentation en sélection officielle au festival de Cannes
2009. Il est consacré au grand poète romantique anglais John Keats. Le titre du
film est emprunté à un de ses poèmes dont la première phrase est « Bright star,
would I were steadfast as thou art » (« Astre Brillant ! Puissé-je être
immobile comme tu l'es… ») composé lors de son idylle avec Fanny Brawne.
Résumé
Le film retrace les dernières années de la vie de Keats,
depuis sa rencontre en 1818 à Hampstead avec sa voisine Fanny Brawne dont il
tombe amoureux, jusqu'à sa mort de la tuberculose à Rome le 24 février 1821.
Mon opinion sur ce film
Je me délectais de voir enfin (en
DVD) ce film car je l’avais raté lors de sa sortie au cinéma. Non pas parce que
j’avais aimé les précédents films de la réalisatrice néo-zélandaise (et non
australienne, comme on le lit souvent par erreur), loin de là : La leçon de piano, film porté
aux nues et couronné d’une palme d’or à Cannes en 1993, m’avait laissé le
souvenir d'un film ennuyeux et inutilement cruel.
Je pensais que Bright
star me ferait changer d’avis sur cette Jane Campion. Hélas, trois fois
hélas, Bright star m’a paru encore plus ennuyeux et insipide que La
leçon de piano, la cruauté en moins. Certes le film est esthétiquement
très beau, les images sont léchées, d’un esthétisme compassé, mais une
succession de belles images n'a jamais suffi à faire un bon film. Les (très)
beaux plans de nature ou la douceur des éclairages n'adoucissent pas ce
sentiment d’ennui. Jane Campion confond la délicatesse et la niaiserie et fait
d’une histoire qui aurait dû être toute inspirée de romantisme une narration
décevante, un pensum dont ne se dégage qu’une désespérante tristesse.
Je veux bien aussi que nous
soyons dans une époque où la morale la plus étriquée règne en maître sur une
société engoncée dans ses convenances, mais nous avons vu bien d’autres films
qui se déroulent à la même époque sans pour autant tomber dans les excès de ce
film : les personnages sont ici tellement empruntés, si bizarrement attifés
dans des costumes ridicules qu’ils en deviennent grotesques. On a l'impression
qu'on a cousu les acteurs dans des costumes trop étroits où ils ont du mal à
respirer. C'est peut-être l'effet recherché par la réalisatrice mais trop,
c'est trop : On a plutôt envie de les secouer et de leur crier : « Mais, non
d’un chien, remuez-vous ! Bougez-vous les fesses ! Et arrêtez de vous prendre
la tête (et la nôtre avec!!!). Si vous vous aimez, dites-le, criez-le et…
faites-le ! »
Le plus terrible est que dans un
film où les sentiments romantiques devraient être exacerbés par le sort
tragique dont on sait qu'il attend les héros,
je n'ai pas ressenti la moindre émotion, ce qui est un comble pour un
film où l'écueil aurait justement été de tomber dans le pathos. Mais
rassurez-vous, vous ne risquez pas d'user vos réserves de kleenex (ni d'ailleurs celle de vos somnifères!) avec un
film de Jane Campion…
Quant aux acteurs (mais ce n'est
certainement pas leur faute), Abbie
Cornish est tellement insipide qu’on aurait bien du mal, si on la croisait
dans la rue sans ses vêtements hideux, à la reconnaître. Pour Ben Whishaw, c'est différent. Il colle
assez bien au personnage de Keats. Il avait déjà montré qu'il pouvait assumer
des rôles difficiles en jouant le personnage de Grenouille dans l’adaptation, à
mon avis totalement ratée, du chef d’œuvre de Suskind, Le parfum. Il n’a
vraiment pas de chance avec ses réalisateurs qu’il devrait, à l’avenir, mieux
choisir s’il veut que sa carrière ait un sens.
En conclusion, rien de
"brillant" dans cette « Bright star »-là. Le résultat est
un film assommant à vous vacciner définitivement contre la poésie romantique
anglaise en général et celle de Keats en particulier (qui mérite pourtant
beaucoup mieux qu’une telle punition, à condition de la lire dans le texte et
non de la découvrir à travers les traductions ampoulées qu’en donnent les
éditions françaises). Pour une fois, je rejoins volontiers la critique acerbe
des « Inrock » qui ouvrent enfin les yeux et s’interrogent sur la valeur réelle
de la réalisatrice : « Et si on s’était
trompé sur Jane Campion ? Et si on l’avait vue plus géniale qu’elle n’est ?
(…)» Ouf, enfin un peu de lucidité chez les critiques intellos, cela donne
de l’espoir.
Voyez plutôt :
- · Chéri de Stephen Frears (2009)
- · The Duchess de Saul Dibb
- · Les dames de Cornouailles (Ladies in Lavender) de Charles Dance
- · David Copperfield de Peter Medak (1999)
- · Barry Lyndon de Stanley Kubrick (1975)
- · Oliver Twist de Roman Polanski (2005)
- · Dorian Gray d'Oliver Parker (2009)
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