Seule la Terre (Titre
original : God's Own Country)
est un film britannique écrit et réalisé par Francis Lee, sorti en 2017.
Résumé
Johnny (Josh O’Connor) travaille du matin au soir dans la ferme familiale,
perdue dans le brouillard du Yorkshire. Les mots sont rares entre son père, sa grand-mère et lui et se limitent aux taches de la ferme. Entre les humains quasi-mutiques, aucune marque d'affection ne se manifeste jamais John accomplit le travail imposé à contrecoeur tout en essayant d’oublier la frustration de
son quotidien en se saoulant chaque soir au pub du village et en s’adonnant
à des aventures homosexuelles sans lendemain.
Quand un saisonnier roumain,
Gheorghe (Alec Secareanu), est embauché par son père, handicapé suite à un AVC, pour le seconder pour la période de l'agnelage, Johnny est attiré par cet homme plus âgé que lui, bosseur, compétent et calme, dont on comprend qu'il a vécu une vie douloureuse, bien qu'on ne sache rien de son passé. Mais John se défend de cette attirance, se rendant pérpétuellement odieux envers cet immigré roumain jusqu'au moment où celui-ci se rebiffe et qu'une bagarre n'éclate entre eux. Lors de cette affrontement qui les rappoche physiquement, les deux hommes cèdent à l'attrait sexuel puis une relation plus complice et tendre naîtra entre eux, à partir de laquelle John trouvera la part d'humanité qui lui manquait.
Accueil et distinctions
Seule la Terre a
rencontré un accueil critique très favorable, obtenant 99 % d'avis favorables
sur le site Rotten Tomatoes, basés
sur 98 commentaires collectés et une note moyenne de 8,2⁄103 et un score de
85⁄100 sur le site Metacritic, basé
sur 21 commentaires collectés, correspondant au status universal acclaim.
En France, l'accueil critique a
été aussi très positif : le site Allociné
recense une moyenne des critiques presse de 3,8⁄5, basée sur 16 critiques de
presse collectées, et des critiques spectateurs à 4,3⁄5.
Télérama a salué les décors d'un film qui constitue à la fois « une
rugueuse éducation sentimentale et une lumineuse chronique paysanne », et loue
tout particulièrement la performance de Josh O'Connor.Le film a été sélectionné
dans la catégorie « World Cinema Dramatic » et projeté en avant-première
mondiale en janvier 2017 au Festival du
film de Sundance dont il a remporté le prix du meilleur réalisateur, ainsi
que le Hitchcock d'or au Festival du
film britannique de Dinard 2017. Le 10 décembre 2017, lors des British Independent Film Awards 2017, il
a remporté le British Independent Film
Award du meilleur film ainsi que plusieurs prix, dont celui de meilleur acteur pour Josh O'Connor
Mon opinion personnelle
Je suis allé voir ce film sur la
foi de toutes les excellentes critiques qui l’entouraient. J’ai failli quitter
le cinéma dans la 1ère partie car, d’une part, les scènes crues d’amour
entre hommes m’ont gêné mais aussi pour l’ambiance glauque et désespérée dans
laquelle baigne le film.
John, jeune garçon immature entièrement semble presque demeuré tant il est soumis à son père et installé dans une routine mortifère. A la différence de ce que dit Télérama (dont je me méfie autant des enthousiasmes que des critiques "pour la critique"), le spectateur ne trouve même pas son compte (ce qui était au moins le cas dans Le secret de Brokeback Moutain) dans la beauté des
paysages dont le réalisateur ne nous montre que l'austérité, la boue, filmés sous une lumière crépusculaire et sous un crachin permanent. Rien non plus n'est épargné au spectateur des scènes pénibles (le film commence par les vomissements de John après sa nuit de cuite), ni de l'austérité des tâches de la ferme (mise-bas d'une vache dont le veau mort-né sera abattu d'une balle de carabine, rudesse de l'agnelage, etc.) Certes, c’est peut-être
la réalité de ce que vivent beaucoup de petits paysans mais est-on obligé de nous montrer cela en gros plan dans un film non-documentaire ?
Le film devient plus acceptable dans la deuxième
partie où, au-delà de la seule satisfaction physique que John trouve dans de brutaux rapports sexuels, il se rapproche de Gheorghe qui lui apporte une forme de tendresse qu’il n’a jamais connue dans sa propre famille.
La scène qui m’a cependant le plus ému est le timide "merci" que bredouille le père diminué après son second AVC au fils qui le baigne, grande première dans des relations que l'on n'imaginait pas évoluer entre eux. On comprend que cela, John le doit à la présence tranquille et lumineuse de
Gheorghe (dont l’acteur roumain aurait, à mon avis, davantage mérité une
distinction que Josh O’Connor), grâce auquel il trouve enfin l'humanité qui lui a toujours fait défaut.
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