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mercredi 27 juillet 2022

AS BESTAS Film de Rodrigo SOROGOYEN (ES-FR 2022)

 


As bestas est un film franco-espagnol réalisé par Rodrigo Sorogoyen et sorti en 2022. Il a été tourné en Galice en 2021 en langues française, castillane et galicienne. Il met en vedette Denis Ménochet et Marina Foïs.

Résumé

Antoine (Denis Ménochet) et Olga (Marina Foïs), un couple de Français dans la 50e, s’est installé dans un village de la montagne galicienne. Leurs plus proches voisins, deux frères célibataires, Xan (Luis Zahera) et Lorenzo (Diego Anido), sont éleveurs de vaches et ont ressenti leur installation comme une menace. Les relations de voisinage se sont envenimées au point que les Français sont constamment menacés, intimidés, leurs récoltes empoisonnées, etc.

Un jour, après une énième dispute, Antoine est assassiné et disparaît. Bien qu’ayant été alertée à de multiples reprises par les Français, la Guardia Civil n’a jamais pris les menaces dont ils ont été victimes au sérieux et ne s’empresse pas de mener une enquête.

Mais Olga s’entête jusqu’à ce qu’elle retrouve la caméra que portait sur lui son mari à l’endroit où a eu lieu l’agression.   

Mon opinion

Je ne serais pas allé voir ce film si une amie ne m’y avait pas entraîné. Parlant espagnol, je me suis interrogé sur le titre du film car il ne signifie rien dans cette langue. J’avais d’abord pensé en le voyant à l’expression latine « Ad bestias » comme dans « Damnatio ad bestias » par laquelle on jetait aux bêtes certains condamnés dans la Rome antique. En fait, le titre est en langue galicienne et signifie simplement « Les bêtes », les « bêtes » étant ici sans doute les deux frères meurtriers du héros.

La violence est présente du début à la fin du film qui commence avec une scène où des chevaux sauvages sont capturés pour être marqués et appropriés. C’est une métaphore assez claire de ce qui va se passer ensuite lors de l’agression d’Antoine. On a beau savoir que la noirceur de l’âme humaine est insondable, on a tout de même du mal à accepter que de tels faits, qui auraient pu se dérouler impunément dans les siècles passés (on pense aux Hauts de Hurlevent), puissent avoir lieu de nos jours à l’ère des téléphones portables et des ordinateurs. Pour avoir vécu plusieurs années en Espagne, certes dans un contexte très différent (ce n’était pas dans les montagnes reculées de Galice), et y ayant été admirablement reçu et m’y être parfaitement intégré, j’imagine mal que de tels faits puissent être tolérés avec une telle passivité par la Guardia Civil. On imagine encore plus mal un tel entêtement de la part d’Olga qui, après l’assassinat de son mari, reste encore dans cet endroit sans attrait où elle n’a aucun avenir, à côtoyer tous les jours les meurtriers de son mari. Il n’y a rien de rationnel dans tout ça. Peut-être est-ce voulu par le réalisateur. Peut-être sa volonté était d’écrire un conte noir mais dans quel but ? J’avoue être resté sur ma faim et m’être demandé jusqu’au bout le sens de son propos.

Je salue cependant l’impressionnante performance des acteurs, qu’il s’agisse de Denis Ménochet ou de Marina Foïs mais aussi des deux frères, Luis Zahera et Diego Anido, glaçants dans leur rôle de brute.           

jeudi 30 janvier 2020

REVENIR drame de Jessica PALUD (FR - 2020)



Revenir est un film français réalisé par Jessica Palud, sorti en 2020. C'est une libre adaptation du roman L'Amour sans le faire de Serge Joncour.

Présentation

L’action se passe en Drôme provençale, au cœur de l’été. Thomas (Niels Schneider), qui travaille dans la restauration au Québec, revient en France pour dire au revoir à sa mère mourante (Hélène Vincent). Depuis son départ de France, après une fâcherie avec son père (Patrick d’Assumçao), un paysan « taiseux » à qui il n’a plus adressé la parole depuis 12 ans, beaucoup de choses se sont passées dans la ferme familiale : la ferme est vide, les vaches ont été vendues. Son frère cadet, Mathieu, est mort dans des conditions que Thomas ignore. Mathieu vivait en couple avec Mona (Adèle Exarchopoulos) avec qui il a eu un fils de 6 ans, Alexandre « Alex » (Roman Coustère Hachez). Dès son arrivée, le petit garçon s’attache à cet inconnu qui joue avec lui et le fait rire et bientôt, Mona se rapproche de son beau-frère.

Récompenses

Présenté lors de la 76ème Mostra de Venise, Revenir a reçu le Prix du scénario de la section Orizzonti.

Mon opinion

J’attendais beaucoup de ce film avec Niels Schneider et Adèle Exarchopoulos mais j’ai été déçu par un scénario téléphoné dès la 1ère image. Pourquoi avoir pris tant de libertés avec le roman original dans lequel le héros revient dans la ferme de son enfance pour renouer avec sa famille parce qu’il se sait condamné ? Le film nous présente un scénario inverse où Thomas, qui a quitté la France pour une raison qu’on ignore, revient pour voir une dernière fois, sa mère condamnée par la maladie. On comprend que le malaise entre le père et le fils est ancien mais on ne nous en dira pas plus… Un moment, on pense que c’est la mort de Mathieu qui est à l'origine de la brouille entre le père et le fils mais la raison est antérieure à cet événement tragique qui sera révélé à Thomas par l’un de ses amis. Revenir, c’est le drame de la ruralité, déjà abordé avec plus ou moins de succès dans d’autres films comme Petit paysan ou Seule la terre : l’un des fils (ici le fils aîné), n’en pouvant plus de voir ses parents s’user pour vivoter, s’en va. Son père, qui avait mis tous ses espoirs en lui, le considère comme un traître à la cause de la terre. Le fils cadet se sacrifiera pour maintenir la ferme et n’y parviendra pas. 

On comprend bien le propos de la réalisatrice, mais le film manque de substance et le spectateur reste extérieur à cette situation sans être jamais ému, si ce n'est par la belle complicité entre Thomas et le petit Alex, la plus belle pépite de ce premier film.

mardi 16 janvier 2018

SEULE LA TERRE film de Francis Lee (GB-2017)


Seule la Terre (Titre original : God's Own Country) est un film britannique écrit et réalisé par Francis Lee, sorti en 2017.  

Résumé

Johnny (Josh O’Connor) travaille du matin au soir dans la ferme familiale, perdue dans le brouillard du Yorkshire. Les mots sont rares entre son père, sa grand-mère et lui et se limitent aux taches de la ferme. Entre les humains quasi-mutiques, aucune marque d'affection ne se manifeste jamais John accomplit le travail imposé à contrecoeur tout en essayant d’oublier la frustration de son quotidien en se saoulant chaque soir au pub du village et en s’adonnant à des aventures homosexuelles sans lendemain. 

Quand un saisonnier roumain, Gheorghe (Alec Secareanu), est embauché par son père, handicapé suite à un AVC, pour le seconder pour la période de l'agnelage, Johnny est attiré par cet homme plus âgé que lui, bosseur, compétent et calme, dont on comprend qu'il a vécu une vie douloureuse, bien qu'on ne sache rien de son passé. Mais John se défend de cette attirance, se rendant pérpétuellement odieux envers cet immigré roumain jusqu'au moment où celui-ci se rebiffe et qu'une bagarre n'éclate entre eux. Lors de cette affrontement qui les rappoche physiquement, les deux hommes cèdent à l'attrait sexuel puis une relation plus complice et tendre naîtra entre eux, à partir de laquelle John trouvera la part d'humanité qui lui manquait.

Accueil et distinctions

Seule la Terre a rencontré un accueil critique très favorable, obtenant 99 % d'avis favorables sur le site Rotten Tomatoes, basés sur 98 commentaires collectés et une note moyenne de 8,2⁄103 et un score de 85⁄100 sur le site Metacritic, basé sur 21 commentaires collectés, correspondant au status universal acclaim.

En France, l'accueil critique a été aussi très positif : le site Allociné recense une moyenne des critiques presse de 3,8⁄5, basée sur 16 critiques de presse collectées, et des critiques spectateurs à 4,3⁄5.
Télérama a salué les décors d'un film qui constitue à la fois « une rugueuse éducation sentimentale et une lumineuse chronique paysanne », et loue tout particulièrement la performance de Josh O'Connor.Le film a été sélectionné dans la catégorie « World Cinema Dramatic » et projeté en avant-première mondiale en janvier 2017 au Festival du film de Sundance dont il a remporté le prix du meilleur réalisateur, ainsi que le Hitchcock d'or au Festival du film britannique de Dinard 2017. Le 10 décembre 2017, lors des British Independent Film Awards 2017, il a remporté le British Independent Film Award du meilleur film ainsi que plusieurs prix, dont celui de meilleur acteur pour Josh O'Connor

Mon opinion personnelle

Je suis allé voir ce film sur la foi de toutes les excellentes critiques qui l’entouraient. J’ai failli quitter le cinéma dans la 1ère partie car, d’une part, les scènes crues d’amour entre hommes m’ont gêné mais aussi pour l’ambiance glauque et désespérée dans laquelle baigne le film. 

John, jeune garçon immature entièrement semble presque demeuré tant il est soumis à son père et installé dans une routine mortifère. A la différence de ce que dit Télérama (dont je me méfie autant des enthousiasmes que des critiques "pour la critique"), le spectateur  ne trouve même pas son compte (ce qui était au moins le cas dans Le secret de Brokeback Moutain) dans la beauté des paysages dont le réalisateur ne nous montre que l'austérité, la boue, filmés sous une lumière crépusculaire et sous un crachin permanent. Rien non plus n'est épargné au spectateur des scènes pénibles (le film commence par les vomissements de John après sa nuit de cuite), ni de l'austérité des tâches de la ferme (mise-bas d'une vache dont le veau  mort-né sera abattu d'une balle de carabine, rudesse de l'agnelage, etc.) Certes, c’est peut-être la réalité de ce que vivent beaucoup de petits paysans mais est-on obligé de nous montrer cela en gros plan dans un film non-documentaire ? 

Le film devient plus acceptable dans la deuxième partie où, au-delà de la seule satisfaction physique que John trouve dans de brutaux rapports sexuels, il se rapproche de Gheorghe qui lui apporte une forme de tendresse qu’il n’a jamais connue dans sa propre famille. 

La scène qui m’a cependant le plus ému est le timide "merci" que bredouille le père diminué après son second AVC au fils qui le baigne, grande première dans des relations que l'on n'imaginait pas évoluer entre eux. On comprend que cela, John  le doit à la présence tranquille et lumineuse de Gheorghe (dont l’acteur roumain aurait, à mon avis, davantage mérité une distinction que Josh O’Connor), grâce auquel il trouve enfin l'humanité qui lui a toujours fait défaut.  

Mais, à part ces quelques instants privilégiés, le film, qui n'est pas dénué de qualités, est bien pesant et me laissera une impression désagréable. Mention spéciale pour la musique, discrète (c'est rare !) qui sous-tend le film, composée par le groupe britannique A Winged Victory for the Sullen, en particulier la belle chanson du générique de fin.