The Giver est un film de
science-fiction américain réalisé par Phillip Noyce et écrit par Michael
Mitnick et Robert B. Weide à partir du roman du même nom de Lois Lowry publié
en 1993. Le film est sorti en août 2014 aux USA et en novembre 2014 en France.
Synopsis
L’action se passe dans un avenir
proche (2048). Après une guerre destructrice, les humains ont créé une société qui se veut parfaite en éradiquant les notions de race, de violence, d’amour et
de haine. Tous les citoyens ont eu leurs souvenirs effacés à part le Giver ("Le Passeur") qui vit dans une
maison isolée au-dessus d’une falaise à la limite de la communauté. Au-delà s’étend
« l’extérieur » (The Elsewhere),
un no man’s land, couvert par un épais brouillard, auquel les citoyens n’ont
pas accès.
A l’âge de 16 ans, les jeunes
gens sont désignés pour les tâches qui correspondent le mieux à leurs capacités
programmées dès leur naissance.
Fiona (Odeya Rush), Asher (Cameron
Monaghan) et Jonas (Brenton Thwaites),
les trois héros du film, sont trois amis d’enfance. Lors de la cérémonie de la
désignation, Fiona est nommée pour travailler à la nursery, Asher pour conduire
des drones qui surveillent en permanence tout ce qui se passe dans la communauté.
Quant à Jonas, il doit succéder au Passeur en exercice (Jeff Bridges).
L’histoire est racontée du point
de vue de Jonas qui, au contact du Passeur découvre la vérité sur l’histoire de
l’humanité, sa beauté mais aussi ses horreurs (la guerre, la mort et la
souffrance). Mais, comprenant que la société artificielle dans laquelle on le
force à vivre est loin d’être aussi parfaite que ce qu’on veut lui faire
croire, il décide de se rendre « au-delà » et de redonner leurs
souvenirs à ceux de son espèce.
Critique
Je ne connaissais pas le roman
original mais, voyant la bande annonce, j’ai eu envie d’aller voir ce film. La
société dans laquelle il se déroule fait beaucoup penser à d’autres sociétés dystopiques déjà
décrites en livres (Le meilleur des
mondes d’Aldous Huxley) ou au cinéma (Fahrenheit 451, Divergente, Equilibrium, etc.) : un
monde qui ignore les conflits au prix de la suppression artificielle de tout ce
qui fait un être humain (avec ses qualités et ses défauts). Toute utopie entraînant
forcément une dystopie, on en arrive à
un système absurde et inhumain où, pour éviter la maladie et la surpopulation,
on pratique l’eugénisme, tentation de tous les systèmes totalitaires quels qu’ils
soient, c’est-à-dire qu’on élimine « humainement » (par injection
létale) les nourrissons qui n’entrent pas dans le moule ou les personnes âgées
qui s’avèreraient être un poids pour la société. Un tel système ne peut se
maintenir que si l’on a obtenu l’acceptation
de tout le monde, soit par la force, soit par la suppression artificielle de
tout sentiment et de toute émotion, ce qui est le cas dans The Giver.
Pas plus qu’à moi, le nom de
Phillip Noyce ne vous dira sans doute pas grand-chose. Rappelons cependant qu’il
fut le réalisateur, en 1989, de l’éprouvant thriller Calme blanc avec Nicole
Kidman et l’inquiétant Billy Zane. Mais, à part quelques succès commerciaux
(Jeux de guerre, Danger immédiat), il n’avait plus réalisé de films majeurs.
J’ai cependant apprécié la poésie
qu’il a su mettre dans ses images, son parti pris de filmer en noir et blanc
(jusqu’à ce que, pour Jonas, la mémoire du passé et, par là-même, les
sentiments reviennent). C’est alors, devant ces scènes de joie et de bonheur
que nous voyons à travers le regard émerveillé du jeune homme, ou a contrario,
devant les scènes de violence qui le bouleversent, que nous sommes, nous
spectateurs, submergés par l’émotion.
Bien entendu, comme dans tout
film de ce genre, on ne peut s’empêcher de remarquer les incohérences et les
anachronismes (en particulier lors de la fuite de Jonas, adolescent habitué au
confort d’une vie toute tracée, lorsqu’il est brusquement confronté aux
éléments d’une nature sauvage). Mais nous savons que nous sommes au cinéma et
que nous voyons une œuvre de fiction.
Pour autant, on reste sur notre
faim mais, n’ayant pas lu le roman, je ne sais si je dois en incriminer le
réalisateur ou l’auteur.
Meryl Streep, en chef suprême des « Sages »
est glaçante à souhait mais le plus beau rôle est celui tenu par Jeff Bridges qui
s’impose par la densité de son jeu.
Quant aux adolescents, à
commencer par le jeune acteur qui incarne Jonas, Brenton Thwaites, il s’agit d’un
acteur australien, inconnu jusqu’alors, qui nous surprend agréablement par la candeur
qu’il met dans un rôle auquel, sans doute du fait du scénario, il manque
un peu d’épaisseur.
Sans connaître le roman qui a
inspiré le film, comme je l’ai dit, il est difficile de jeter la pierre au
réalisateur. The Giver s’inscrit dans les productions pour adolescents
actuelles, comme Hunger games, Divergente, et, prochainement The maze
runner (le labyrinthe). On y retrouve les mêmes ados innocents projetés, contre leur
volonté, dans un monde cauchemardesque imaginé par des adultes à bout de souffle,
qui se rebellent contre une société
absurde, image à peine déformée de la
nôtre.
L’œuvre originale est une
tétralogie formée de vol. 1 – The Giver (Le Passeur), vol. 2 – Gathering Blue
(traduit en français sous le titre L’élue, vol. 3 – The messenger (Le
messager), vol. 4 – Son (Le fils), ce qui explique peut-être pourquoi ce film se termine un peu abruptement.
The
Giver aura-t-il une suite ? Si c’est le cas, les producteurs seraient bien
inspirés de la confier à d’autres scénaristes qui s’attacheraient à donner aux
personnages plus de densité et au spectateur plus de grain à moudre.
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