Perfect mothers d’Anne Fontaine (2013)
Perfect Mothers (Adore ou Adoration, initialement intitulé Two Mothers) est un film franco-australien réalisé par Anne Fontaine, sorti en 2013. Il s'agit d'une adaptation de la nouvelle « Les Grand-mères » (The Grandmothers) de Doris Lessing, publiée en 2003. Le film est présenté sous le titre Two Mothers au Festival du film de Sundance 2013.
Synopsis
Lil (Naomi Watts) et Roz (Robin Wright), sont deux amies d’enfance qui vivent en Australie, dans un endroit idyllique, sur la baie de Nouvelle-Galle. Roz travaille dans une galerie d’art, Lil, dans une entreprise de nautisme. Lil est la mère de Ian (Xavier Samuel), Roz, celle de Tom (James Frecheville), deux grands adolescents en train de devenir des hommes. Lil a perdu son mari dans un accident de la route alors qu’Ian était très jeune et elle a dû l’élever seule. Roz est mariée à Harold, qui mène une carrière de professeur d’art dramatique et est le plus souvent absent.
Lil et Roz sont inséparables. Toutes les deux ont la quarantaine épanouie. Ian et Tom ont 19 ans tous les deux et sont très proches. Ils ont été élevés comme des frères et ont toujours tout partagé, en particulier leur amour pour le surf qui occupe tous leur temps libre.
Alors qu’Harold vient de recevoir une proposition professionnelle intéressante et se fait une joie de s'installer à Sidney, sa femme et son fils ne peuvent se faire à quitter la vie harmonieuse qu’ils mènent sur la Baie de Nouvelle-Galle. A cela s’ajoute le fait que Ian, qui a grandi auprès de l'amie de sa mère, en est tombé profondément amoureux. Profitant du départ d’Harold et du flottement qui s’est installé dans leur vie, il lui déclare son amour. Séduite par sa jeunesse et sa beauté, Roz lui cède et ils couchent ensemble. Ils sont surpris par Tom, qui, perturbé par cette découverte, décide de se venger en séduisant à son tour la mère de Ian. Dans un premier temps, Liz repousse Tom, mais après que celui-ci lui ait révélé les rapports de Ian avec sa propre mère, elle cède à son tour. Veuve et célibataire depuis des années, elle aussi a vu grandir Tom sans s'avouer que son regard sur lui avait progressivement changé. Mères et fils forment désormais respectivement un couple à quatre aux relations croisées.
Après deux années de vie commune, les deux couples commencent à faire face à de nouvelles tensions. Tom, parti chez son père qui a refait sa vie à Sidney, est devenu metteur en scène. Au cours d’une répétition, il tombe amoureux d’une jeune actrice de son âge et il décide de l'épouser. Bien que s'attendant à ce que son idylle avec le fils de son amie ait une fin, Lil vit difficilement ce moment. En accord avec Lil, Roz décide alors de mettre fin à sa relation avec Ian, resté très amoureux et profondément blessé de cette décision unilatérale. Elle le pousse dans les bras d'une jeune femme de son âge, Hannah, qui tombe enceinte. Lil et Roz deviennent deux jeunes grand-mères et s'occupent désormais de leurs petites filles, les familles restant toujours très unies dans leur retraite paradisiaque. Malgré les apparences, Ian et Tom n'ont cependant pas pu totalement faire taire leurs sentiments envers leur premier amour. Un soir, Ian découvre que Tom continue d'entretenir une relation avec sa mère : fou de rage et d'amour, il explose et, dans un esclandre, il révèle la vérité à Roz devant les deux jeunes épouses. La déflagration est totale. Les jeunes femmes, folles de douleur, repartent pour Sidney, emmenant avec elles leurs filles respectives. Après leur départ, Tom et Roz, Lil et Ian, reprennent leurs relations comme avant.
Mon opinion sur ce film
Ne nous le cachons pas, le scénario d’amours croisées entre mères et fils pourrait choquer s’il s’agissait de relations incestueuses. Mais il n’en est rien : Lil et Roz sont deux amies et Tom et Ian, leurs fils, ne sont pas des frères biologiques, même s'ils ont été élevés ainsi. Si l’on y réfléchit, il n’y a absolument rien d’anormal et encore moins d’amoral dans une relation entre une femme d’une 40e d’années et un jeune homme qui a la moitié de son âge. C’est même quelque chose qui se produit souvent. Dans le cas de Perfect mothers, les quatre protagonistes sont adultes et consentants et, à part le fait qu’ils sont amis depuis l’enfance, rien d’autre ne les lie, en tout cas pas les liens du sang. Il n’y a, dans tout, rien de répréhensible au regard de la morale.
Nous sommes très loin du scénario sulfureux de Nettoyage à sec, de la même réalisatrice (1997) où un jeune inconnu sans tabou (Stanislas Merhar) va faire exploser un couple de commerçants bien rangés au quotidien particulièrement terne (Charles Berling et Miou-Miou) . Il y avait dans ce film quelque chose de malsain qu'il n'y a pas dans Perfect mothers.
Les jeunes acteurs qui jouent les rôles de Tom et de Ian sont tous les deux australiens. Si le nom de James Frecheville (Tom, le brun) m'était jusque là inconnu, le visage de Xavier Samuel (Ian, le blond) vous dira sans doute quelque chose. En le voyant, il m’a fait penser à Hunter Parrish, qui joue le rôle de Silas Botwin, le fils aîné de Nancy Botwin, la mère indigne dealeuse de cannabis de la décapante (et, pour le coup, totalement immorale) série Weeds. En fait, en lisant sa biographie, j’ai découvert qu’il avait tenu le rôle de Riley, le jeune étudiant qui, après avoir été transformé en vampire par Victoria, est mis en pièces - au sens propre - par Edward (Robert Pattinson) au cours du combat contre les « vampires sauvages » dans l’épisode 3 (Hésitation) de la série Twilight.
On ne présente plus Naomi Watts ni Robin Wright qui sont toutes deux des actrices confirmées qui ont chacune une bonne 30e de films à leur actif.
Technique : Musique et photo
Un mot encore de la musique : elle a été écrite par Christopher Gordon, le compositeur de la BO de Master and Commander. Dès le début du film, le ton mélancolique du film est donné avec les notes du Nocturne op. 9 n°2 de Chopin égrenées au piano : tout ici n'est que luxe, calme et volupté... S'il y a de la passion et aussi de la violence (dans les sentiments, du moins), elles restent contenues tout au long du film. La musique accompagne avec discrétion et doigté l'émotion sous-jacente qui parcourt le film.
La photo de Christophe Beaucarne contribue aussi beaucoup à la beauté du film en sublimant le corps des acteurs par une lumière caressante et tendre. J'ai aussi remarqué que certaines scènes filmées à contre-jour, dans l'encadrement d'une fenêtre ouvrant sur la mer, font penser aux toiles d'Edward Hopper, où les personnages, presque toujours solitaires, le regard perdu vers l'horizon, contemplent un paysage qui échappe à l'observateur.
Très beau film, esthétiquement très réussi, à mon avis le meilleur à ce jour de la réalisatrice Anne Fontaine.
Très beau film, esthétiquement très réussi, à mon avis le meilleur à ce jour de la réalisatrice Anne Fontaine.
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