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vendredi 27 octobre 2023

UNE ANNEE DIFFICILE Comédie d'Eric TOLEDANO et Olivier NAKACHE (FR-2023)

 

Une année difficile est un film français écrit et réalisé par Éric Toledano et Olivier Nakache, sorti en 2023.

Résumé

Albert (Pio Marmaï) est bagagiste à l’aéroport de Roissy et vivote de petits larcins commis lors des contrôles de bagages avec la complicité d’un agent de sécurité à qui il doit de l’argent. Il fait bonne figure auprès de ses amis qui ignorent qu’il vit et dort dans l’aéroport, comme Tom Hanks, le héros de Terminal de Steven Spielberg, tant un aéroport comme Roissy-Charles-de-Gaule est une ville dans la ville où il est facile de se perdre (au propre comme au figuré). Lors d’une énième magouille, il tombe sur Bruno (Jonathan Cohen), un autre paumé, qui vient d’être saisi et va être expulsé de chez lui après un divorce difficile. Il arrive au moment même où Bruno tente de se suicider aux barbituriques, ce qui, par la suite, le fera surnommer « Lexo » (de Lexomil). Le troisième personnage du film est Henri (Mathieu Amalric), qui travaille dans une association venant en aide aux surendettés dont il tente de défendre les dossiers auprès de la Banque de France. Mais on apprend au cours du film que lui-même est accro au jeu et interdit d’entrer dans les casinos.

Albert, surnommé « Poussin » et Bruno « Lexo » vont rencontrer une bande de jeunes gens engagés contre la surconsommation et la défense du climat conduits par Valentine, dite « Cactus » (Noémie Merlant) et « Quinoa » (Grégoire Leprince-Ringuet).

Au cours des actions qu’ils vont mener, Albert, qui n’a pas cessé ses magouilles, va être démasqué par « Quinoa », secrètement amoureux de « Cactus » car il est jaloux de l’idylle naissante entre elle et « Poussin ». A la fin, « Poussin » se rachète en introduisant toute la bande sur les pistes de l’aéroport. Jusque-là, toutes les actions relevaient plutôt de la bouffonnerie mais cette dernière aurait pu se terminer tragiquement.  

Mon opinion  

Huitième long métrage de Toledano et Nakacjhe qui nous avaient enchantés avec Intouchables (2011) et Hors normes (2019), ce film nous propose un nouveau duo entre deux laissés pour compte d’une société cruelle aux perdants, incarnés par Pio Marmaï et Jonathan Cohen. Le ton est donné d’entrée de jeu avec un hilarant montage de la succession des présidents de la République, depuis Pompidou en passant par Giscard, Sarkozy et Hollande, qui souhaitent aux Français, en guise de vœux de nouvelle année, « une année difficile ». Le film est traité comme une comédie et on y rit beaucoup même si les sujets (la descente aux enfers des travailleurs pauvres, le surendettement, l’éco-anxiété…) sont des thèmes sérieux qui ne peuvent que nous préoccuper. Pio Marmaï, que j’avais découvert dans le film Dans la cour, en voleur compulsif de vélos, vivotant dans un immeuble bourgeois où Catherine Deneuve était, elle, obsédée par une fissure sur un mur de son appartement, est formidable dans son rôle de loser aux yeux perpétuellement écarquillés, qui forme avec Jonathan Cohen un sympathique duo de pieds nickelés. En écho au générique d’ouverture, celui de fin nous donne à entendre la voix de notre actuel président qui, pour ne pas déroger à la tradition de ses prédécesseurs, souhaite à son tour aux Français, « une année difficile » déclenchant dans la salle une tempête de rires et même quelques applaudissements.      

 

jeudi 31 octobre 2019

HORS NORMES d'Eric TOLEDANO et Olivier NAKACHE (FR-2019)


Hors normes est un film français réalisé par Olivier Nakache et Éric Toledano, sorti en 2019. Il a été présenté hors compétition en clôture du 72e Festival de Cannes 2019, et a reçu le prix du public du Festival international du film de Saint-Sébastien 2019.

Cette comédie dramatique est produite par Nicolas Duval Adassovsky avec Quad et Ten Cinéma, en coproduction avec Gaumont et TF1 Films Production.

L'histoire et les personnages de Vincent Cassel et de Reda Kateb sont inspirés du travail de deux éducateurs s'occupant des personnes autistes, ainsi que de leurs associations existantes : le Silence des justes, et le Relais Ile-de-France.

Présentation

Bruno (Vincent Cassel) et Malik (Reda Kateb) sont respectivement les responsables de « La Voix des Justes » et de « L'Escale », deux associations qui œuvrent depuis 20 ans dans le monde des enfants et des adolescents autistes. Ils forment également des jeunes issus de quartiers difficiles, pour encadrer ces cas « complexes », que les organismes d’État refusent de prendre en charge car ils sont « hors normes ». L'association de Bruno est cependant dans le viseur de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) qui lui reproche d’œuvrer dans l’illégalité, sans agrément et avec du personnel non formé.

Mon opinion sur ce film

Un film salutaire, tourné par les réalisateurs d’Intouchables, avec de vrais encadrants et de vrais autistes, qui reflète la situation catastrophique de la prise en charge – ou plutôt de la non-prise en charge – de l’autisme dans notre pays. Tous ceux qui se sont penchés sur la question savent combien la France, qui ne s’est pas intéressée à l’autisme avant les années 90, accuse un retard considérable. Le premier « plan autisme » n’a été lancé qu’en 2005 et, malgré un 4ème « plan autisme » en 2019, notre pays continue à être pointée du doigt au niveau international pour l’inadéquation des mesures gouvernementales et leur insuffisance. Certes, le film pèche par un certain nombre de défauts mais il aura au moins le mérite de révéler ce grave problème et fera peut-être enfin réagir les pouvoirs publics (bien qu'on puisse en douter !) Heureusement le film est truffé de traits d'humour qui allègent la gravité du propos. La bande son, écrite par le duo germano-suisse Grandbrothers (qui est leur première musique de film) ajoute à l'émotion de certaines situations où le spectateur hésite entre le rire et les larmes. 

mercredi 31 décembre 2014

INTOUCHABLES film d'O. Nakache et E. Toledano (FR - 2011)



Intouchables est un film français écrit et réalisé par Olivier Nakache et Éric Toledano, sorti en France le 2 novembre 2011. Bien que relativement  boudé par les critiques, le film a recueilli  un énorme succès auprès du public qui lui a valu de figurer dans le classement des 5 films français à avoir obtenu le plus gros succès au box-office.

Résumé

L'histoire est inspirée de la vie de Philippe Pozzo di Borgo (auteur du livre autobiographique Le Second Souffle) où il raconte sa vie de tétraplégique. Homme d’affaire, fan de vitesse et de sports extrêmes, il est devenu tétraplégique en 1993 à la suite d’un accident de parapente. Il rencontre Abdel Yasmin Sellou, un aide à domicile sans formation issu de la banlieue qui deviendra son ami. C'est le visionnage d'un documentaire intitulé « A la vie, à la mort » sur ce destin extraordinaire qui  donna l’idée aux deux réalisateurs de faire ce film. Nous étions alors en 2004 et les deux cinéastes, bien que séduits par l'idée, ne se sentaient pas de taille à affronter un tel sujet. Ce n'est qu'après la sortie de leur film Tellement proches en 2008 qu'ils se sont lancés dans ce projet. Le générique de fin indique que 5 % des bénéfices réalisés par le film sont reversés à une association pour les personnes paralysées : Simon de Cyrène, fondée par Laurent de Cherisey.

Le film, bien que fidèle aux faits, est une adaptation libre de l'histoire de Philippe Pozzo di Borgo (dont le rôle est tenu par François Cluzet). Dans la vie, son aide à domicile était d’origine maghrébine alors que, dans le film, Driss (Omar Sy) est d’origine sénégalaise, mais la relation entre deux hommes issus de milieux très différents a été conservée et beaucoup d’épisodes et de scènes du film sont directement inspirées de la réalité.

L’histoire commence la nuit, sur le périphérique parisien. Driss est au volant du bolide de luxe (une Maserati Quattroporte) de Philippe et conduit à toute vitesse, en slalomant parmi les voitures. Très vite pris en chasse par la police, ils sont arrêtés et, pour justifier sa conduite, Driss dit aux policiers que son patron, Philippe, tétraplégique est en pleine crise et doit être conduit aux urgences. En réalité, Philippe simule un malaise pour berner les policiers, qui les escortent avec les gyrophares jusqu'à l’hôpital.

La rencontre des deux hommes est ensuite racontée sous la forme d'un flash-back, qui occupe l'essentiel du film. Quelques mois plus tôt, Philippe, riche tétraplégique, assisté de sa secrétaire, Magalie (Audrey Fleurot) fait passer des entretiens d’embauche pour recruter son nouvel auxiliaire de vie. Driss figure parmi les candidats mais il n’est venu à la convocation que pour être en règle avec les Assedic, car il n’a pas l'intention de postuler. Pendant l'entretien, il se comporte en épouvantable macho, draguant la secrétaire de Philippe mais son attitude, au lieu de le faire renvoyer sur le champ, plaît à Philippe qui l’invite à revenir le lendemain matin pour chercher sa signature.


Driss, de retour dans sa banlieue, revient chez sa mère qui travaille comme femme de ménage et doit, le soir, faire de longs trajets en RER pour rentrer chez elle et s'occuper de ses nombreux enfants. Excédée de revoir Driss après six mois d’absence pendant lesquels il n’a donné aucune nouvelle (il était en prison pour un vol qui a mal tourné, elle le met dehors.

Le lendemain, bien qu’il ait passé la nuit à traîner avec ses potes et  à fumer des joints, Driss se présente à l’heure dite devant l’hôtel particulier de Philippe et il apprend, à sa grande surprise, qu'on le prend à l'essai.

Après avoir découvert l'ampleur du handicap de Philippe, il prend connaissance de son appartement de fonction, et est ébloui par la salle de bains, sans comparaison avec celle de l’ancien HLM qu’il partageait tant bien que mal avec toute sa famille.

Driss, bien que traînant les pieds en raison de la gêne qu’il ressent devant les soins qu'il doit prodiguer à Philippe, prend ses fonctions. Il accompagne son patron dans tous les instants de sa vie quotidienne, découvrant avec étonnement son mode de vie et, avec perplexité, ses habitudes de collectionneur d'art moderne. Avec lui, il garde cependant son franc-parler, sa joie de vivre et sa présence redonne à Philippe le goût de vivre.

Le choix de Philippe n’est cependant pas du goût de tout le monde. Autour de lui, plusieurs de ses familiers acceptent difficilement la présence de ce grand type au comportement peu orthodoxe mais Philippe ne se laisse pas impressionner et il leur impose ses choix sans discussion possible.

Au fil du temps, Driss et Philippe deviennent plus proches. Le comportement de Driss est tout d'abord fantaisiste et fait tâche au sein du personnel de l'hôtel particulier; mais l'aide-soignant improvisé prend progressivement ses tâches au sérieux et s’occupe avec une attention dont on ne l’aurait pas cru capable de son patron, même lorsque celui-ci est victime de terribles crises de douleurs psychosomatiques. A travers les yeux de Driss, le spectateur découvre mieux Philippe et découvre qu’outre son handicap, il cache une profonde blessure : celle de la perte de son épouse adorée, morte d’une terrible maladie.

Progressivement, Philippe est incité par Driss à mettre un peu d'ordre dans sa vie privée, en recadrant notamment sa fille Elisa, qui se conduit odieusement envers le petit personnel. De son côté, si Driss est initialement surpris par les goûts de Philippe en matière d'art moderne et d'opéra, il fait ensuite preuve d'ouverture culturelle et se met lui-même à improviser un tableau abstrait.

Driss découvre aussi que Philippe entretient une relation, purement épistolaire, avec une femme nommée Éléonore, résidant à Dunkerque, qu'il n'a jamais vue; il incite son patron à la rencontrer mais Philippe, qui craint de confronter sa correspondante à son handicap, se défile au dernier.
Driss doit alors provisoirement abandonner son travail pour régler une situation dangereuse dans laquelle son petit frère s’est laissé entraîner par un gang qui l’a embrigadé.

 Mais Philippe ne supporte aucun des remplaçants de Driss et tombe dans la dépression. Yvonne (Anne Le Ny), sa gouvernante, rappelle Driss en catastrophe. Celui-ci revient et, sans le dire à Philippe, arrange un rendez-vous avec Éléonore dans un restaurant. Le film se termine là. Driss laisse Philippe à son rendez-vous et s'éloigne sur la plage. Un carton final apprend au spectateur le destin des hommes qui ont servi de modèle à cette histoire. Philippe s'est marié et a eu des enfants, son ancien employé s'est également marié et a fondé sa propre entreprise. Une dernière image montre les véritables protagonistes de l'histoire, qui sont restés très proches.

Distribution
  • ·         François Cluzet : Philippe
  • ·         Omar Sy : Driss
  • ·         Anne Le Ny : Yvonne
  • ·         Audrey Fleurot : Magalie
Bande originale

Pour une fois, la bande originale d’un film français est remarquable et je tiens à le mentionner dans cette chronique. Elle fait une large place à la musique classique et à l’opéra (qui représente tout l’univers de Philippe alors que Driss y reconnaît des publicités entendues à la télévision). Parmi les musiques diffusées, on notera :
  • Fly Ludovico Einaudi
  • Writing Poems Ludovico Einaudi dirigeant l'orchestre philharmonique tchèque, Prague
  • The Ghetto - Album Version George Benson
  • Der Freischütz - Act 1 Peter Schreier, ténor, Staatskapelle Dresden sous la direction de Carlos Kleiber
  • You're Goin' Miss Your Candyman Terry Callier
  • Blind Test François Cluzet et Omar Sy
  • L'origine Nascosta Ludovico Einaudi
  • Feeling Good - Album Version Nina Simone
  • Cache-Cache Ludovico Einaudi
  • Concerto pour 2 violons et orchestre à cordes, Op.3 N°8 (Allegro) de Vivaldi interprété par l’Angelicum Orchestra of Milan
  • Una Mattina Ludovico Einaudi
  • Red Lights Vib Gyor
Autres œuvres entendues dans le film :
  • Earth, Wind and Fire : September, Boogie Wonderland
  • Schubert : Ave Maria
  • Mozart : La Flûte enchantée
  • Frédéric Chopin : Nocturne op.9 n°1 en si bémol mineur
  • Vivaldi : Les Quatre saisons, l'Été
  • Bach : Badinerie de la 2e suite en si mineur, prélude de la suite pour violoncelle N° 1. BWV 1007
 Mon opinion sur ce film

Vouloir réaliser une comédie sur un sujet comme le handicap était, pour les réalisateurs Olivier Nakache et Eric Toledano, dont c'était seulement le 4ème long métrage, un pari risqué. Le succès inouï qu'a remporté ce ce film, non seulement en France mais dans le monde entier avec 52 millions d'entrées, est à n'en pas douter imputable à la prestation remarquable de ses deux acteurs principaux. Sa réussite est aussi due à ses réalisateurs qui ont su aborder le handicap sans mièvrerie, comme un fait avec lequel il faut compter, ni plus ni moins, et ont désamorcé le mélo grâce à des situations et des dialogues décomplexés rendus irrésistibles par la joie de vivre communicative et le rire explosif d'Omar Sy.   

Ce film aura certainement fait beaucoup pour la situation des handicapés en France même si ce n’est pas suffisant pour faire évoluer les mentalités, à commencer par celles des politiques, comme l'a démontré l'inadmissible report de plusieurs années l’application de la loi sur le handicap qui aurait dû entrer en vigueur en… 2005 !!!