Je me suis astreint à regarder hier soir la 2ème partie d'Odysseus en espérant qu'elle rattraperait un début décevant.
Malheureusement, il n'en a rien été, bien au contraire. Dans cette 2ème partie, les scénaristes se sont encore plus éloignés du texte originel : le premier épisode montrait les prétendants ayant pris le pouvoir par la force à Ithaque, massacrant les alliés de Télémaque et de Pénélope, ripaillant et violant les servantes à qui mieux-mieux, enfermant le prince, la reine et Mentor dans des cages (!), décidés à les exécuter le lendemain matin. Entre temps, Léocrite étant allé chercher du renfort auprès de Ménélas, il revient avec la flotte de Sparte (dans l'Odyssée, c'est Télémaque qui s'en va auprès de Nestor à Pylos puis de Ménélas à Sparte). Ulysse, rejeté par la mer sur l'une des côtes d'Ithaque assiste, sans se faire reconnaître, au combat singulier qu'est forcé de livrer le jeune Télémaque contre Liodès, un guerrier éprouvé (là encore, on imagine mal qu'un père, un roi, puisse assister sans lever le petit doigt, à un combat où se joue l'avenir de son royaume.) Le massacre des prétendants, l'un des épisodes les plus glorieux (et les plus théâtraux) de l'Odyssée, est reporté à plus tard et expédié comme une énième bagarre à peine plus notable que toutes celles auxquelles se livrent les prétendants dans les épisodes précédents... Le comble du ridicule est atteint dans la scène où Ulysse demande à son fils de le laver en utilisant un strigile (les strigiles étaient utilisés par les athlètes non pour se laver mais pour ôter la poussière collée par l'huile dont on s'enduisait la peau après une compétition sportive !) Mais ce n'est qu'un exemple !
Inutile de dire que rien de tout cela n'est dans l'Odyssée. On se demande ce qui a pu passer par la tête du scénariste, Frédéric Azémar, et du réalisateur, Stéphane Giusti, pour dénaturer à ce point un texte magnifique, dont l'écriture, à la fois poétique et épique (et extrêmement moderne !) se suffit à elle-même et qui nul besoin d'être réécrit par des barbares ignorants des mœurs de la Grèce archaïque et de la déférence de son peuple envers les règles et les dieux.
En effet, avec Odysseus, si on ne dépasse pas les sommets de ridicule atteints par le mauvais remake des Rois Maudits que nous donna en 2005 Josée Dayan, on n'en est pas loin ! Je suis désolé pour les acteurs (je pense en particulier au jeune Niels Schneider/Télémaque et à la sublime Caterina Murino/Pénélope) qui méritaient mieux que cette farce tragique.
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