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dimanche 9 décembre 2018

PROMISED LAND film de Gus VAN SANT (USA - 2012)


Promised Land est un drame américain de Gus Van Sant, sorti en 2012.

Présentation

Steve Butler (Matt Damon) et sa collègue Sue Thomason (Frances McDormand), employés de la multinationale Global, arrivent à McKinley, une bourgade de campagne de Pennsylvanie, dans le but de convaincre les paysans de leur vendre leurs terres pour en extraire le gaz de schiste. Ils leurs  promettent monts et merveilles et les paysans qui voient leurs revenus s'effriter avec la crise mondiale sont vite séduits. En effet, à la différence de la France où le sous-sol appartient à l’Etat, aux États-Unis, celui-ci appartient aux propriétaires des terres.

Butler, qui a obtenu, dans ses autres missions, un taux de réussite exceptionnel en rachetant des terres à bas coût, s'imagine que sa mission va être une promenade de santé.

Mais c'est sans compter sur Frank Yates (Hal Holbrook), un ingénieur de chez Boeing à la retraite qui connaît les inconvénients de la fracturation hydraulique et les révèle aux villageois assemblés dans le gymnase municipal.

Malgré cette opposition, Steve et Sue résident au village plusieurs jours, essayant d’amadouer les villageois et démarchant les propriétaires un par un jusqu’à l’arrivée de Dustin Noble (John Krasinski), qui se présente comme le représentant d’une association écologiste Athena.

Le vent tourne alors pour Butler et sa collègue et les villageois, jusque là majoritairement favorables à ses propositions, lui deviennent hostiles.

Jusqu’à ce qu’ils découvrent que Noble n’est pas celui qu’il prétend être.

Autour du film 

Le film qui s’avère être une charge contre les sociétés exploitant les gaz de schiste qui, aux Etats-Unis, ont dévasté des régions entières, a été voulu, écrit et coproduit par Matt Damon,
personnellement engagé en faveur de la défense de l’environnement (il a lui même créé une association pour la défense de l'eau). Il a coproduit ce film avec John Krasinski qui défend lui aussi les idées écologistes.

Mon opinion sur ce film 

Séduit par le début du film et de la peinture qui est faite de l’Amérique profonde, avec ses valeurs où l’on privilégie le travail et la famille, je n’ai pas été convaincu par la deuxième partie du film, inattendue et peu crédible. Il reste cependant de bons dialogues et de bons acteurs – le duo Damon/Krasinski est excellent (mais on se demande pourquoi les directeurs de casting ont choisi Frances McDormand qui n'y est pas à sa place – une manière de filmer la nature et les gens qui n’appartient qu’à Gus Van Sant. En conclusion, un film intéressant qui aurait pu être plus efficace avec une meilleure fin. 

jeudi 29 mars 2018

Gus VAN SANT (Réalisateur)




Gus Van Sant Jr. est un réalisateur, directeur de la photographie, musicien et scénariste américain. Après avoir longtemps vécu à Portland, dans l'Oregon, dont son cinéma porte la marque, il vit désormais entre Los Angeles et Palm Springs.

Biographie

Gus Van Sant est né le 24 juillet 1952 à Louisville (Kentucky)l. En 1970, il est sorti diplômé de la Rhode Island School of Design. Durant ses années de découverte, il peint et réalise des courts-métrages autobiographiques. Parmi ses camarades de classe, se trouvent David Byrne et d’autres membres du groupe de rock Talking Heads.

Ses débuts comme cinéaste indépendant

En 1977, Gus Van Sant se trouve à Portland où il travaille comme preneur de son sur le premier film de Penny Allen, Property, qui met en scène dans leurs propres rôles des artistes de la Beat generation. Il y découvre Walt Curtis, écrivain dont Penny Allen lui offre le livre Mala Noche, un court récit semi-autobiographique. Gus Van Sant revient ensuite à Los Angeles où il tourne un court-métrage librement inspiré de William S. Burroughs, The Discipline of DE (1978). En 1981, il tourne un long-métrage qu'il est contraint de ramener à une durée de 45 minutes, Alice in Hollywood, histoire d'illusions perdues par une jeune fille tentant de percer à Hollywood. Aucun de ces films n'est remarqué par la critique ou le public.

Van Sant s’installe ensuite à New York où il reste plus de deux ans. Il y travaille comme assistant de production dans une agence de publicité. Il décide alors d’adapter le roman Mala Noche. Filmé en 16 mm et en noir et blanc, le film, rattaché à la mouvance underground, raconte l’histoire d’un amour non réciproque entre un américain et un jeune clandestin mexicain. Van Sant se fait remarquer grâce à la présentation du film dans de nombreux festivals et à l'enthousiasme du Los Angeles Times qui nomme Mala Noche « Meilleur Film indépendant » de l'année 1985.

Il écrit ensuite ce qui deviendra le scénario de My Own Private Idaho : le film se déroule à Portland, dans le milieu des prostitués. Mais le milieu de la prostitution tout comme certains choix de scénario (les plans oniriques présents dans le film) rebutent la plupart des producteurs. Gus Van Sant écrit alors un scénario de secours, celui de Drugstore Cowboy, qui trouve plus facilement son financement. Le film, un road-movie où quatre jeunes drogués à la recherche d'argent braquent des pharmacies afin de combler leur état de manque est réalisé en 1989. Il connaît un grand succès et relance la carrière de Matt Dillon.

À la sortie de Drugstore Cowboy, Gus Van Sant est approché par Universal qui lui propose de choisir un film de son catalogue pour en faire un remake. Le cinéaste propose aux studios le remake du fameux film d'Alfred Hitchcock Psychose mais le film ne se fait pas.

Par ailleurs, pendant la post-production de Drugstore Cowboy, Gus Van Sant reprend le projet de  film My Own Private Idaho. Comme sa collaboration avec Matt Dillon s'est révélée fructueuse sur Drugstore Cowboy, il décide de tourner avec de jeunes acteurs professionnels qui commencent à être connus. Il approche alors Keanu Reeves qui vient de tourner dans le succès commercial Point Break. Le réalisateur a plus de difficultés avec River Phoenix qui n’accepte le rôle que parce que Keanu Reeves avait accepté de jouer dans le film.  Celui-ci sort donc en 1991 et remporte le Prix du meilleur scénario aux Independent Spirit Awards . Quant à River Phoenix, il recevra, pour son rôle la Coupe Volpi du meilleur acteur à la Mostra de Venise.

Fort de ce succès, Van Sant entreprend d'adapter le roman de Tom Robbins, Even Cowgirls Get the Blues en 1993 avec Uma Thurman, John Hurt et Keanu Reeves. Mais, malgré sa distribution et un budget conséquent, le film est un échec critique et commercial.

Après cela, Gus Van Sant se lance dans ce qui sera l'un de ses projets les plus lourds en termes de production : une biographie d'Harvey Milk, homme politique homosexuel assassiné en 1978 à San Francisco. Le scénario doit être coécrit avec Oliver Stone et c'est Robin Williams, particulièrement « bankable » après son rôle dans le grand succès commercial Madame Doubtfire qui doit incarner Harvey Milk. Mais après plusieurs mois de travail, Van Sant n'arrive pas à se mettre d'accord sur un scénario avec Oliver Stone et le projet est provisoirement abandonné.

En 1997, Gus Van Sant tourne Will Hunting (Good Will Hunting) à partir d’un scénario coécrit par Matt Damon et Ben Affleck. Le film remporte un succès critique et commercial planétaire avec 220 millions de dollars de recettes  et est primé aux oscars : Meilleur scénario pour Damon et Affleck et Meilleur second rôle pour Robin Williams.

Le succès de ce film permet à Gus Van Sant de réaliser son projet de remake de Psychose sous le titre Psycho mais ce film, sans être un échec complet, divise la critique et les cinéphiles. Le réalisateur retrouve cependant l’estime du public en 2000 avec À la rencontre de Forrester (Finding Forrester), drame narrant la rencontre d’un jeune lycéen du Bronx (Rob Brown) et d’un écrivain reclus et misanthrope interprété par Sean Connery.

En 2002, Gus Van Sant s'entoure de Matt Damon et Casey Affleck pour tourner le film Gerry, qui suit les interminables déambulations, dans un désert, de deux hommes nommés Gerry dont on ignore le lien l'un à l'autre.

Vient ensuite Elephant, inspiré du massacre du lycée de Columbine en 1999. Van Sant déplace l'action dans sa ville natale de Portland où il fait jouer de nombreux adolescents non-professionnels, choisis sur place. Le film déclenche une polémique lors de sa présentation au Festival de Cannes 2003 mais le jury (présidé par Patrice Chéreau) est conquis et lui attribue la Palme d'or et le Prix de la mise en scène.

Filmographie

  • 1985 : Mala Noche
  • 1989 : Drugstore Cowboy
  • 1991 : My Own Private Idaho
  • 1993 : Even Cowgirls Get the Blues
  • 1995 : Prête à tout (To Die For)
  • 1997 : Will Hunting (Good Will Hunting)
  • 1998 : Psycho
  • 2000 : À la rencontre de Forrester (Finding Forrester)
  • 2002 : Gerry
  • 2003 : Elephant
  • 2005 : Last Days
  • 2007 : Paranoid Park
  • 2008 : Harvey Milk
  • 2011 : Restless
  • 2012 : Promised Land
  • 2015 : Nos souvenirs (The Sea of Trees)
  • 2018 : Don't Worry, He Won't Get Far on Foot
Récompenses

  • 1991 : Coup de cœur LTC au Festival du cinéma américain de Deauville pour My Own Private Idaho
  • 2003 : Palme d'or et Prix de la mise en scène au 56e Festival de Cannes pour Elephant.
  • 2007 : Prix du 60e anniversaire au Festival de Cannes 2007 pour Paranoid Park.
  • 2013 : Mention spéciale du jury au 63e Festival de Berlin pour Promised Land
[Cet article est une synthèse des articles de Wikipedia, en anglais et en français, consacrés à Gus Van Sant] 


vendredi 19 décembre 2014

MY OWN PRIVATE IDAHO film de Gus Van Sant (USA-1991)


My Own Private Idaho est un film écrit et réalisé par Gus Van Sant en 1991. Le titre du film a été inspiré au réalisateur par la chanson « Private Idaho » des B-52's. Les dialogues sont en grande partie tirés de Henry IV de Shakespeare.

Synopsis

 Le film commence par la magnifique image d’une route déserte  sinuant parmi les champs de blés et sous un ciel d’orage qui se perd à l’horizon. Sur la route, un jeune zonard, Mike ‘Miky’ Waters (RiverPhoenix), s’écroule pris d’une des crises de narcolepsie qui surviennent sans prévenir.

Plus tard, on le découvre se prostituant dans la chambre miteuse d’un hôtel de Portland. On fait ensuite la connaissance de tout un groupe de jeunes gens plus ou moins réunis autour d’un vieil excentrique homosexuel,  Bob Pigeon (stupéfiant William Richert), qui, comme le Fagin d'Oliver Twist, héberge sa troupe d'éclopés dans un ancien hôtel désaffecté. Parmi ces jeunes gens, l’un d’entre eux détonne par son élégance naturelle et ses manières raffinées : il s’agit de Scott Favor (Keanu Reeves), le fils du maire de Portland, un gosse de riche qui s’est encanaillé et se prostitue plus pour faire enrager son père que par conviction ou besoin véritable. Scott prend soin de Micky et, à l’occasion, couche avec lui. Micky, drogué et sous-alimenté, a été abandonné quand il était enfant par une mère qu’il idéalise ; il souffre de crises de narcolepsie foudroyantes qui surviennent dès qu’il est soumis à un stress. Et le stress fait partie de son quotidien. A un moment du film, dans une scène d’une intense émotion, il confie à Scott son amour pour lui mais Scott ne lui cache pas qu’il n'est homosexuel que par opportunisme et ne ressent rien pour lui. Il lui dit aussi qu’il reprendra sa vie d’avant dès qu’il aura été débarrassé de l’autorité de son père, c’est-à-dire dès qu’il sera  majeur et aura touché son héritage.

Les deux amis partent pour l’état de l’Idaho pour essayer de retrouver la mère de Miky, Sharon, dont ils ont appris qu’elle travaillait dans un hôtel. Lorsqu’ils arrivent, la déception est grande car le réceptionniste leur apprend que, si une certaine Sharon Waters a bien travaillé chez eux, elle est partie depuis longtemps pour l’Italie. Comme elle a laissé une adresse dans la région de Rome, les deux amis revendent la moto volée qui leur a permis de rejoindre l’Idaho et achètent des billets d’avion pour Rome. A l’arrivée dans la ferme miteuse dont elle avait donné l’adresse, ils ne trouvent pas Sharon, qui est repartie pour les USA, mais Scott tombe amoureux de Carmela (Chiara Caselli), la fille de la ferme et, laissant à son copain son billet de retour et un peu d’argent, il repart avec elle à Portland. Lorsque Mike revient à son tour aux Etats-Unis, Scott a abandonné le squat. Bob et sa bande viennent le trouver dans un hôtel de luxe où, bien habillé et parfaitement à l’aise, avec une Carmela, délicate comme une porcelaine transfigurée à son bras, il renie ses anciens amis avec une froideur glaciale.

Bob meurt peu après de chagrin et de honte. Quant à Mike, désespéré et blessé par la trahison de Scott qu'il croyait être son ami et son amant, il repart seul pour l’Idaho. On le revoit sur la même route désespérément vide qu’au début du film. Pris d’une de ses crises de narcolepsie, il s’écroule sur l’asphalte. Une camionnette s’arrête à son niveau. En descendent deux « red-necks » qui le délestent de ses maigres biens. Peu après, un second véhicule s’arrête à son tour. Un homme, dont on ne connaît pas les intentions, le charge, toujours inconscient, à l’arrière de la voiture. Sauveur ou assassin ? On ne saura jamais ce qui advient au pauvre Mike.

Distribution
  • ·         Michael ‘ Miky’» Waters (River Phoenix)
  • ·         Scott Favor (Keanu Reeves)
  • ·         Richard Waters (James Russo)
  • ·         Bob Pigeon (William Richert)
  • ·         Carmela (Chiara Caselli)

Critique

Malgré son côté désespéré et sa noirceur, ce film est un chef d'oeuvre, sans doute l'un des plus beaux films de Gus Van Sant. On y retrouve tous les leitmotivs de ce réalisateur particulièrement doué:  une jeunesse abandonnée à elle-même (voire trahie) par les adultes démissionnaires ou incapables de s’assumer, la drogue, la déchéance, l'homosexualité... Tout cela filmé avec un talent stupéfiant. Dans ce film, la 1ère scène (et la dernière qui lui fait écho et "boucle la boucle"), sont d'une beauté à couper le souffle. Dans son rôle de gosse perdu, River Phoenix (21 ans à l'époque), dégage une intense fragilité et un mal être qui sont sans doute plus authentiques qu'il y paraît puisqu'il devait mourir, deux ans après ce film, d'une overdose. Quant à Keanu Reeves, il est flamboyant dans le rôle d’orgueilleux salopard qu’il joue avec l'élégance détachée qu'on lui connaît.  Dans la réalité, River et Keanu étaient liés par une amitié sincère et profonde et la mort du premier plongea Keanu dans une terrible dépression dont il se remit avec difficulté après avoir sombré pendant plusieurs années dans l'alcoolisme.  

vendredi 26 septembre 2014

RESTLESS de Gus Van Sant (USA-2011)


[Film le 15/10/2011 en VO au Navire à Aubenas- Reprise de ma critique du 16/10/2011]

Restless est un film américain réalisé par Gus Van Sant, inspiré de la pièce de théâtre de Jason Lew, dont la sortie en salles en France a eu lieu le 21 septembre 2011. Le film a été présenté en sélection officielle du festival de Cannes 2011 dans la section "Un Certain regard".

Synopsis

Depuis la mort tragique de ses parents, le jeune Enoch a comme passe-temps favoris de participer aux funérailles d’inconnus et de converser avec son ami imaginaire Hiroshi, fantôme d'un kamikaze japonais. Un jour, sa route croise celle d'Annabel, une jolie jeune fille en phase terminale d'un cancer, et qui continue malgré tout de croquer la vie à pleines dents. Entre eux débute alors une singulière histoire d'amour où chaque minute compte...

Le film

La première scène nous montre un jeune homme, Enoch Brae (Henry Hopper, fils de Dennis Hopper), qui assiste à un service funèbre. Jusque-là, rien que de très normal. Le hic, c’est que le jeune homme n’a aucun lien de parenté avec le défunt et que la scène se répète à d’autres enterrements. On se dit que c’est une drôle d’occupation pour un ado… En fait, Enoch, habillé comme un dandy vintage, «fait» les enterrements comme d’autres « taperaient l’incruste » dans les cocktails de vernissages où ils ne sont pas invités. Lors de ce premier enterrement, il échange un sourire avec une jolie jeune fille qu’il retrouve à un autre enterrement. Comme sa conduite étrange finit par le faire remarquer, elle le sauve d’un mauvais pas en le faisant passer pour quelqu’un de la famille. Leur rencontre est-elle le fruit du hasard ? Comme il s’étonne qu’elle partage la même fascination que lui pour les enterrements, Annabel (Mia Wasikowska) lui dit qu’elle travaille à titre bénévole dans un service où l’on soigne les jeunes cancéreux. Par ailleurs, dès qu’il rentre chez lui, Enoch retrouve Hiroshi (Ryo Kase), avec qui il joue à la bataille navale. Or Hiroshi, que l’on prend au début pour son colocataire, est ce que l’on appelle « l'ami imaginaire » d'Enoch. Là encore, on se dit que le garçon « en a un grain» car, s’il est normal pour un jeune enfant d’entretenir un « ami imaginaire », ça l’est beaucoup moins chez un adolescent. Dans le cas d’Hiroshi, il est le fantôme d’un jeune kamikaze japonais de la 2ème Guerre mondiale. Bizarre, le gamin ! Par ailleurs, Enoch a cessé d’aller au lycée et il ne sort plus de sa chambre que pour aller assister à des cérémonies funéraires dédiées à des défunts inconnus, rendre visite à ses parents (au cimetière), ou se balader avec Hiroshi le long d’une rivière dans laquelle on imagine qu’il a tenté de se suicider, et jeter des pierres sur les trains qui passent. Quant à Annabel, si elle se passionne pour Darwin, l’évolutionnisme et les oiseaux marins migrateurs, elle adore aussi dessiner des insectes charognards. Pas très gai, tout cela…

On comprend mieux le comportement bizarre d’Enoch, sa fascination pour la mort, sa phobie des voitures, ses accès soudains de violence (il s’est fait renvoyer du lycée après avoir sérieusement blessé un de ses camarades) quand on sait que ses parents sont morts dans un accident de la route et qu'il ne leur a pas pardonné de l'avoir "abandonné". Quant à Annabel ‘Annie’, elle n’est pas bénévole dans un hôpital pour jeunes cancéreux mais patiente, en phase terminale d’un cancer du cerveau. Pour ces deux êtres fragiles, leur rencontre est l’occasion d’une relation exceptionnelle. En apprenant la mort imminente d’Annabel, Enoch, que l’on aurait pu croire conduit par une fascination un peu morbide, lui propose simplement de l’aider à vivre ses derniers jours, l’entraînant dans un tourbillon d’activités (patinoire, fête d’Halloween, musique, balades, etc.) Luttant contre la douleur, la colère et l’absurdité de leur destin, les deux jeunes gens vont mettre toutes leurs forces à profiter du sursis qui leur est donné. En fin de compte, même si Annabel est inexorablement condamnée et si on pouvait penser que sa mort ôterait à Enoch le peu de forces qui lui restent pour vivre, c’est le contraire qui se passe : lorsqu’il apprend qu’il n’y a plus rien à faire, après une ultime révolte, il verse enfin des larmes, chose qu’il n’avait jamais pu faire depuis pour la mort de ses parents et les souvenirs de ce qu’il a vécu avec Annabel éclaireront à jamais son chemin.

Critique
            J’avais diversement apprécié les films précédents de Gus Van Sant : si j’avais beaucoup aimé l’excellent Will Hunting (1997) ou encore Harvey Milk (2008), My own private Idaho (1991), Elephant  (2003) ou Paranoïd Park  (2007) où il dépeint, avec beaucoup de talent, je dois le reconnaître, la désespérance d’une jeunesse sans repères et la haine et la violence qu’engendre une société déboussolée.

Restless est a priori un film qui contient tous les ingrédients qu’affectionne le réalisateur : fascination pour la mort, particulièrement celle d'adolescents fauchés au début de leur existence alors qu’ils avaient tout l’avenir devant eux et l’absence, l'indifférence, l'aveuglement ou la démission des adultes, qui conduisent des êtres psychologiquement fragiles à de terribles drames.


Je ne m’explique pas trop le titre choisi par le réalisateur. Restless, cela signifie « Sans repos ».  Or, lorsque le film se termine, même si le destin tragique de ces deux adolescents beaux et fragiles nous a touchés au cœur, nous sommes au contraire apaisés et on pense qu’Enoch l’est aussi car il garde de sa brève rencontre avec Annie la joie et le goût de la vie que leur brève histoire d’amour a pu lui insuffler. C’est un film que je n'hésiterai pas de qualifier de magique, plein de grâce, de légèreté et de drôlerie, qui recèle un formidable message d’optimisme et de joie. Esthétiquement c’est aussi un film très travaillé (les vêtements d'Enoch et d'Annabelle, atypiques, hors du temps), les paysages de neige..., rythmé par une bande son parfaite où la musique d’Elliott Smith, lui aussi disparu très jeune, sert de fil rouge.    

dimanche 13 avril 2014

PARANOID PARK de Gus Van Sant (FR-USA 2007)



Paranoid Park est un film dramatique franco-américain écrit et réalisé par Gus Van Sant en 2007. Le film est tiré d'un roman du même nom (Paranoid Park) écrit par Blake Nelson et qui se déroule à Portland en Oregon.

Synopsis

L'histoire se passe à Portland en Oregon. Alex (Gabe Nevins) est un lycéen normal, passionné de skateboard. Il est entraîné par son copain Jared à Paranoïd Park, "le" lieu de rendez-vous des skateboarders de la ville, situé en bordure de voies de chemin de fer. Pour se prouver à lui-même qu'il est capable de faire des choses illégales, il monte sur un train en marche. A priori, cet acte aurait pu n'avoir aucune conséquence si le hasard ne s'en était mêlé. Un gardien le voit et veut le faire descendre. En se défendant, il repousse le gardien qui tombe sur les voies au moment du passage d'un autre train qui manœuvre. Le gardien, dont le bas du corps est sectionné par les roues, meurt sous les yeux d'Alex. La première réaction de l'ado est d'appeler les secours mais, se sachant le seul coupable de ce qui s'est passé, il s'enfuit en laissant le pauvre type se vider de son sang. Sa deuxième réaction est de se réfugier chez son copain Jared, qui n'est pas chez lui, et il tente d'appeler son père au téléphone pour lui demander conseil mais il y renonce et raccroche. Il s’empresse alors d’effacer toute trace de l'accident, en se débarrassant de ses vêtements tachés de sang et de son skate. Malgré la culpabilité qu’il ressent, muré dans sa solitude, se trouvant dans l'impossibilité de se confier à qui que ce soit, il reprend sa vie comme si de rien n'était, confiant les faits à un cahier, qu'il brûlera à la fin du film.

Mon opinion sur ce film

Ce film met mal à l'aise le spectateur qui regarde, au début sans comprendre, se dérouler la vie insipide et répétitive d'un adolescent ordinaire, mal dans sa peau malgré ses allures affranchies, en se demandant ce qui va se passer et en assistant, passif, aux "exploits" des skaters jusqu'au moment de l'accident auquel on ne s’attend pas. On revoit alors défiler les mêmes images qu'on a déjà vues une première fois, à la lumière de cet évènement, et on partage alors la culpabilité non dite d'Alex qui ne trouve personne à qui se confier et opte pour la solution la plus lâche mais aussi la plus simple pour lui : se taire.

Sans doute le réalisateur a-t-il réussi son pari et transcrit, par ces images par ailleurs travaillées, le malaise d'une adolescence sans repères : Alex est un ado ordinaire, qui vit dans une belle maison et semble ne manquer de rien, même pas de l’amour de sa mère qui cependant est absente (on entend sa voix et on l'aperçoit de loin, dans la pénombre) et un petit frère pour lequel il est plein d’attention. Il a une copine, et un copain, Jared, qui ne sont pas pires que d'autres. Par contre, ses parents sont en plein divorce et trop préoccupés par leurs propres problèmes pour se rendre compte du malaise de leurs enfants. Le père, adolescent lui-même mal grandi, aux bras couverts de tatouages, joue au "copain" (mais n'a ni la stature, ni le statut, d'un père) et il ne représente pas le côté solide que l’on est en droit d’attendre d’un père. Alex, qui a, un instant, l'intention de se confier à lui, y renonce. Je remarque que, comme dans How to be ou dans Generation RX, tous ces gens vivent dans un monde virtuel : ils ne semblent pas avoir de problèmes d'argent, on ne les voit pas aller au travail, on ne les voit pas manger, on ne les voit jamais échanger de paroles face à face... Alex, lorsqu'il s'est débarrassé de son premier skate maculé de sang, en rachète un sans que sa mère ne s'en émeuve ni que ne se pose la question de son coût. Les adultes sont des silhouettes fantomatiques (que ce soient les parents, les parents des copains - la mère de Jared est partie à Las Vegas -, les professeurs et même l'inspecteur de police !...) Les ados sont livrés à eux-mêmes au moment où ils auraient le plus besoin de présence et de soutien. C'est le constat consternant d'une société à la dérive que l’on retrouve dans plusieurs films de Gus Van Sant.

Mais qu'est-ce qu'un tel film nous apporte ? Personnellement, tout en reconnaissant le talent du réalisateur et la qualité de l'image, je me suis ennuyé ferme (les scènes de skate sont interminables) et j'avais hâte que ce film se termine.

Sans doute est-ce un tour de force d'avoir fait jouer des acteurs non professionnels (Gabe Nevins, dont c'était le 1er film, est excellent dans le rôle de cet ado au regard vide qui traîne maladroitement sa carcasse tout au long du film). Sa carrière est désormais lancée puisqu'il a tourné dans 4 autres films. Je n'en dirai pas autant des autres acteurs : les filles sont des nunuches intégrales et les adultes, totalement inexistants. Hormis la critique d'une société désintégrée où les ados errent sans but, je ne vois pas l'intérêt d'un tel film et je ne partage pas l'avis des nombreuses critiques élogieuses que j'en ai lues.  

lundi 30 décembre 2013

HARVEY MILK de Gus VAN SANT (USA-2008)


Ce film américain, réalisé en 2008 par Gus Van Sant, est un hommage à Harvey Milk, premier homme politique à s'être ouvertement déclaré homosexuel et à avoir lutté pour que soient reconnus les droits des homosexuels dans les années 1970.

Synopsis

Biopic sur Harvey Milk, élu à la mairie de San Francisco sur un programme ouvertement en faveur des droits des homosexuels. Le 27 novembre 1978, il était assassiné en pleine réunion du conseil municipal par un extrémiste, avec le maire George Moscone qui, bien qu'hétérosexuel, l'avait soutenu par conviction démocratique.

Mon opinion sur ce film

Sean Penn, qui incarne Harvey Milk, est tellement extraordinaire dans ce rôle qu'il en est méconnaissable. L'Oscar d'interprétation qui lui a été décerné pour sa prestation est amplement mérité. Gus van Sant, dont je n'avais pas trop aimé le film précédent Paranoidpark (2007), dépeint dans ce film un portrait original et intime d'un homme ordinaire qui s'est érigé en héros de la cause gay et a payé ce combat de sa vie. Magnifique second rôle aussi pour Emile Hirsch, le héros désespéré d' Into the wild (film d'ailleurs réalisé par Sean Penn).

Par contre, je n'ai pas trop aimé le parti pris du réalisateur de filmer selon une technique "caméra à l'épaule" (c'est un des défauts que je reproche généralement à Gus Van Sant) et un procédé qui donne à l'image un côté vieillot sans que le film y gagne en crédibilité. Les costumes baba-cools de même que les attitudes outrées poussent un peu trop le bouchon et frisent parfois le ridicule, nuisant au propos politiquement engagé du film.