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vendredi 14 novembre 2014

ECLIPSE TOTALE d'Agnieszka Holland (FR-GB-BE 1995)


Eclipse totale (dont le titre original est Total eclipse ou aussi Rimbaud-Verlaine), sorti en 1995, est une coproduction franco-anglo-belge de la réalisatrice d'origine polonaise Agnieszka Holland, celle qui avait réalisé, peu avant, le beau film Le jardin secret, que j’avais beaucoup aimé.

Synopsis

Eclipse totale traite, de façon romancée, la relation sulfureuse qu'entretinrent, pendant deux ans, Paul Verlaine (David Thewlis) et Arthur Rimbaud (Leonardo DiCaprio).

Le film commence après la mort de Rimbaud. Verlaine, vieilli prématurément par l'abus de drogue et d'alcool, entre dans son café habituel à Paris. La sœur de Rimbaud, Isabelle (Dominique Blanc) l'y attend. Ils ont une entrevue orageuse au sujet de la succession de Rimbaud. Isabelle exige de Verlaine qu'il lui rende les manuscrits de son frère publiés, selon elle, sans son autorisation. En réalité, Isabelle, très dévote, a honte de la vie « dissolue » qu'a menée Arthur et, ne comprenant rien à son talent, elle voudrait pouvoir en expurger les manuscrits, voire les détruire…
Nous avons ensuite un flash-back qui se déroule pendant les deux années où Rimbaud et Verlaine ont vécu ensemble une histoire d'amour passionnée et ont écrit, du moins pour Rimbaud, la plus grande partie de leur œuvre qui reste, plus de 140 ans après, l'une des plus magnifiques de l'histoire de la poésie.

En septembre 1871, Arthur Rimbaud a 16 ans. Il s'est violemment disputé avec sa mère (Nita Klein), une paysanne austère et dure à la tâche, qui a élevé seule ses enfants, après que son mari, militaire, l'a quittée. Depuis sa plus tendre enfance, Arthur a toujours été un enfant à part, à fleur de peau, passionné, introverti. Il a toujours souffert de la dureté de sa mère et de l'ambiance étouffante qu'elle faisait régner dans sa famille. D'une intelligence hors du commun, il écrit de la poésie depuis l'âge de 7 ans. En 1871, Verlaine a déjà publié plusieurs recueils de poèmes (Poèmes Saturniens, Les fêtes galantes...) qui lui ont valu une certaine notoriété dans les milieux parisiens. Arthur lui envoie quelques-uns de ses essais et Verlaine, subjugué par ce qu'il lit, l'invite chez lui à Paris. Verlaine est alors marié depuis un an avec Mathilde (Romane Bohringer) et ils ont un enfant. 

La première rencontre entre Rimbaud et Verlaine est un quiproquo : lorsqu’il arrive à Paris, le jeune homme se rend tout droit chez Verlaine sans savoir que celui-ci est venu l'attendre à la gare, et ils se manquent. Lorsque Rimbaud se présente au domicile du poète, il y est reçu plutôt froidement par Mathilde et les choses se passent mal entre eux. Mais, dès que Verlaine est en présence d'Arthur, il tombe sous le charme de ce beau jeune homme dans lequel il perçoit immédiatement le génie. Il le présente à ses amis puis, devenu fou amoureux d’Arthur, il abandonne femme et enfant pour partir avec lui en Angleterre. Leur vie de débauche et leur homosexualité notoire les obligeront à quitter Londres pour la Belgique et se réfugier à Bruxelles, chez la mère de Verlaine, où ils poursuivent leur vie dissolue. Un jour, suite à une dispute provoquée par la drogue et l’alcool, et aussi sans doute par la jalousie que ressent Verlaine vis à vis de la beauté, de la jeunesse et du talent exceptionnel de Rimbaud, ou peut-être seulement en raison de l’alcool, il lui tire dessus. Rimbaud n'est que légèrement blessé mais il prend peur, s’enfuit et porte plainte. Devant les excuses de Verlaine, qui menace de se suicider en sa présence s'il ne lui pardonne pas, Rimbaud retire sa plainte et s'en va. Mais le mal est fait : Verlaine est condamné à deux ans de prison plus en raison de ses relations homosexuelles que pour l'agression elle-même. Sa femme ayant demandé le divorce, Rimbaud parti, Verlaine abandonné par tous exécute ses deux années de prison à Bruxelles et à Mons dans des conditions épouvantables. Il y écrira des pages poignantes et des poèmes immortels.

Mon jugement sur ce film

Pourquoi, alors que ce film présente des faits peu glorieux mais réels, ce film met-il aussi mal à l'aise ? Personne n'ignorait la relation homosexuelle qui avait lié, pour une très courte période, Verlaine et Rimbaud. Le problème est que le film se réduit à cela et rien que cela. Il n'épargne en outre rien au spectateur des étreintes des deux amants, des vexations auxquelles est soumis Verlaine pendant l'enquête et dans la prison et de sa déchéance. J'avoue m'être attendu à mieux de la part de la réalisatrice du Jardin secret, un film traité avec une infinie délicatesse et une poésie rare.

Eclipse totale était un titre prémonitoire : le film faillit ne pas se faire et il eut peut-être mieux valu pour tout le monde qu'il ne se fît pas. Il commença en effet sous les plus mauvais auspices : dans un premier temps, l'acteur pressenti pour jouer le rôle de Verlaine était John Malkovich, mais il se récusa à la lecture du scénario (et on peut le comprendre !) Ce fut  David Thewlis qui le remplaça.
Quant à Rimbaud, son rôle aurait dû être interprété par River Phoenix, mais celui-ci mourut d'une overdose peu avant le tournage. C'est finalement Leonardo DiCaprio qui accepta de jouer le rôle. Loin de moi l'idée de critiquer ce choix car cet acteur-caméléon est parfaitement crédible dans le rôle d'un gamin de 16 ans, d'une androgynie troublante (en réalité Leonardo avait 21 ans au moment du tournage et il en était déjà à son 5ème film, ce qui n’en fait pas un débutant !) Le problème n'est pas dans la distribution mais dans le scénario et dans la réalisation, qui a seulement traité l'aspect sexuel de la relation des deux poètes qui devait être d’une toute autre complexité. Or, cet aspect des choses, sans doute beaucoup plus difficile à cerner, est totalement évacué par la réalisatrice.

En fait, dans la réalité, nous ne savons pas vraiment ce qui lia les deux hommes ni si les choses se sont passées de la manière dont on nous le décrit. Cet angle de vue, exclusivement sexuel et morbide, a peut-être voulu pour des raisons commerciales. Si c'est le cas, ce choix s'avéra être une erreur puisque le public de marcha pas et que le film fut un échec complet. C'est d'autant plus dommage car aussi bien le matériau de base (la vie des deux poètes) et la belle brochette d'acteurs choisis (de Thewlis à Romane Bohringer) auraient pu, s'ils avaient eu à s'exprimer dans un autre cadre, avec un autre scénario et sous une autre direction, donner un film aussi beau et touchant que l'adaptation que fit Stephen Frears du chef d'œuvre de Colette dans son film  Chéri, dont le propos est par ailleurs presqu’aussi sulfureux que la relation Rimbaud-Verlaine. Mais Agnieszka Holland n’est pas Stephen Frears, loin de là !

dimanche 13 avril 2014

NAKED de Mike Leigh (2003)


Naked de Mike Leigh (2003)

J'avais été enchanté par Behappy (2008) du même Mike Leigh (voir ma critique du 22/08/2009 dans ce blog). J'avais donc décidé de voir Naked, sur la foi de critiques positives que j'avais lues. Bien mal m'en a pris.
Le film commence par une scène de viol dans une impasse de Manchester. Johnny (David Thewlis qui est par ailleurs un bon acteur - je viens de le voir incarnant le mari de Aung San Suu Yi  dans The Lady), qui en est l'auteur, vole une voiture et s'enfuit à Londres où réside et travaille son ex-copine.

Ce n'est pas un petit truand, un malfrat de bas étage, ou un camé, mais un intellectuel, cultivé, ce qui ne l'empêche pas d'être aussi un obsédé sexuel. Les scènes de violence alternent avec des rencontres entre personnages aussi désespérés et déjantés les uns que les autres mais là où, dans Be happy, les dialogues étaient d’un humour décapant et les scènes plus cocasses les unes que les autres et les personnages attachants (même le chauffeur de taxi !), on n'a ici, jusqu'à la dernière minute, qu'un monologue verbeux, dans un univers scabreux, une succession de scènes vulgaires et violentes et une désespérance des corps et des âmes sans le moindre intérêt.

 Je suis très déçu par ce film dont je ne comprends pas qu'il ait pu obtenir la moindre récompense.  Pourtant, présenté en sélection officielle au festival de Cannes, il a  été couronné par :

- Le prix du meilleur réalisateur pour Mike Leigh (!!!???), celui du meilleur acteur pour David Thewlis, mais, bien que nominé pour la Palme d’or, il en a tout de même été écarté.


Vous aurez compris que je vous déconseille de voir ce film. Par contre, régalez-vous avec Be happy, qui est une petite merveille anti-morosité.

mercredi 15 mai 2013

LE GARÇON AU PYJAMA RAYE (USA-GB 2008)



Ce film anglo-américain de Mark Herman (2008) est une adaptation du roman du même nom de l'écrivain irlandais John Boyne. Le rôle principal, celui de Bruno, est tenu par Asa Butterfield.

Synopsis

L'action se passe pendant la 2ème Guerre mondiale en Allemagne nazie.

Bruno (Asa Butterfield), est un petit garçon normal de huit ans. Il vit heureux et insouciant avec sa sœur aînée, Gretel (12 ans), et ses parents, dans une belle maison de Berlin. En rentrant un jour de l'école, il apprend que son père, un officier allemand, a reçu une "promotion" et qu'ils vont déménager à la campagne. 

En réalité, le père, Ralf (David Thewlis) est un officier nazi et il a été nommé commandant d'un camp d'extermination en Pologne. Bruno réagit comme réagirait tout enfant de son âge : il est triste de devoir quitter son école, ses copains, Berlin et sa maison.

Après un long voyage de nuit, la famille arrive dans une maison presque délabrée, envahie de militaires. Elsa, la mère des enfants, fait contre mauvaise fortune bon cœur et continue à donner l'exemple d'une mère aimante, insouciante et gaie.

De la fenêtre de sa chambre, Bruno voit, au-delà de la forêt, des bâtiments qu'il prend pour une ferme et qui, en fait, sont ceux du camp d'extermination d'Auschwitz. La curiosité aidant, il échappe à la surveillance de ses parents et se rend seul au camp, où il est arrêté par les barbelés. Derrière les barbelés se trouve un enfant juif de son âge, Schmuel, et l'amitié naîtra entre eux mais, pour Bruno, qui vit dans un environnement préservé par le mensonge, le camp s'apparente à un terrain d'aventures alors que pour Schmuel, il représente l'enfer. Bruno ne peut imaginer que l'on y maltraite son ami et que l'on y tue des êtres humains par milliers et encore moins que c'est son père, qu'il adore et qui se comporte en famille comme n'importe quel père aimant se comporterait, est responsable de cette atrocité.

Un jour, en voulant aider Schmuel à retrouver son père dont l'enfant prisonnier est sans nouvelle depuis plusieurs jours, Bruno, comme par jeu, se "déguise" en prisonnier et pénètre sous la clôture de barbelés. Le drame arrive : les gardiens, n'imaginant pas une minute qu'ils ont affaire au fils du directeur du camp, le prennent  dans une rafle et Bruno meurt dans la chambre à gaz sans comprendre ce qui lui arrive.

Mon opinion sur ce film

La fin de ce film cloue le spectateur à son fauteuil tant, même si on se doutait que l'histoire finirait mal, on ne peut s'attendre à un dénouement aussi atroce, aussi inhumain où l'innocence et la pureté (surtout celle incarnée par le merveilleux regard bleu d'Asa Butterfield) sont brutalement brisés. On a beau savoir, on a beau connaître l'étendue terrifiante de la bêtise et de la méchanceté humaine, on ne peut qu'être soi-même brisé à son tour par une telle conclusion.

La force du film vient surtout de la mise en parallèle de la vie "normale" que vit la famille allemande, voulant ignorer, comme l'ont fait des milliers de gens, aussi bien en Allemagne que dans le reste du monde, l'atroce réalité qui se déroule à moins d'un kilomètre de leur maison. A part la dernière scène, plus suggérée que véritablement montrée, il n'y a pas de signes avant-coureurs de l'effroyable dénouement  (les quelques allusions : la réflexion du lieutenant sur l'odeur des fumées qui sortent des cheminées du camp, la violence dont il fait preuve vis-à-vis du pauvre Pavel pour se dédouaner d'avoir lui-même des origines juives - rôle admirablement incarné par Rupert Friend, pour être révoltantes, n'en restent pas moins des allusions).

Mon classement     

Si l'on en a le courage, ce film bouleversant est à voir absolument mais il faut savoir qu'on en sortira changé.

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