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samedi 27 novembre 2021

LE PRODIGE Biopic réalisé par Edward ZWICK (USA-2015)

 

Le Prodige (Titre original : Pawn Sacrifice) est un biopic américain consacré à la vie du célèbre joueur d’échecs Bobby Fischer. Réalisation : Edward Zwick. Le film est sorti en 2015. Il est disponible en VF en DVD.

Résumé

Le film est consacré à la vie du champion d'échecs américain Bobby Fischer (Tobey Maguire). Elevé seul par sa mère, Regina (Robin Weigart), une immigrée russe fantasque réfugiée aux Etats-Unis. Changeant constamment de ville pour trouver un emploi, Regina préfère faire la fête avec ses amis plutôt que de s’occuper de son fils qui est élevé par sa sœur Joan, plus âgée que lui de six ans. C’est elle qui veilla sur lui et lui apporta la stabilité qu’il ne trouvait pas auprès de sa mère.

Un jour de 1949, Joan, pour distraire son petit frère, lui acheta divers jeux, parmi lesquels il y avait un jeu d'échecs. Les deux enfants apprennent seuls les règles. Bobby se prend de passion pour les échecs, se coupant du monde pour ne plus s’intéresser qu’à cela. Il gardait même en permanence son échiquier sur sa table de nuit et passait son temps à lire des livres sur cette discipline.  

En novembre 1950, sa mère, prenant en compte sa passion pour le jeu d’échecs, l’emmena voir Hermann Helms, un organisateur de tournois, qui le présenta à Max Pavey, un champion connu. Celui-ci l’invita à disputer une partie contre lui en janvier 1951. Bobby perdit mais il raconta plus tard que sa défaite, au lieu de le décourager, lui avait donné envie de continuer. Par la suite, sa mère l’inscrivit au Brooklyn Chess Club où il se rendait une fois par semaine. Ainsi, alors qu’il est seulement âgé de 10 ans, il participe à son premier championnat où il termine 5e. En 1955, alors qu’il n’a pas encore 13 ans, il enchaîne les concours, finissant 32e au championnat amateur des États-Unis, puis 11e lors du championnat junior.

À l'été 1955, Bobby, ne trouvant plus de rivaux à son niveau à Brooklyn, s'inscrit au Manhattan Chess Club, dont il devient le plus jeune des membres. Le club était fréquenté par les meilleurs joueurs du pays et organisait le championnat des États-Unis depuis les années 1930. À la fin de la même année, son nom apparaît pour la première fois dans un article du New York Times.

En juillet 1957, Bobby fut invité à Moscou par la fédération d’échecs d’URSS ; tous ses frais (à part ceux de son voyage) étaient pris en charge. Pour le financer Bobby participa à l'émission de télévision « J'ai un secret ». Il gagna ce qui lui permit de payer son voyage et celui de sa sœur qui l’accompagnait. Mais, une fois sur place, il fut déçu qu’on ne l’autorise pas à rencontrer les champions du monde Mikhaïl Botvinnik et Vassily Smyslov.

En janvier 1958, à 14 ans, Bobby Fischer devint champion (adultes) d’échecs des États-Unis. Ce titre lui permit de participer au tournoi interzonal qui avait lieu en Yougoslavie. Personne n'était prêt à parier sur sa qualification. Ce fut donc une surprise lorsqu'il termina 5e ex-æquo. Grâce à ce succès, il se vit conférer le titre de « grand maître international » à l’âge de quinze ans et demi.

En mars 1959, âgé de 16 ans, il arrêta sa scolarité pour se consacrer exclusivement aux échecs. Devenu financièrement autonome, il coupa les ponts avec sa mère qu’il ne revit que 12 ans après.

Dès lors, Fischer enchaîna les tournois dans le monde entier. Lors du tournoi de Zurich de mai 1959, il battit pour la première fois un joueur soviétique, le grand maître Paul Keres.

En 1960, après son troisième titre de champion des États-Unis, Fischer remporta ses deux premiers tournois internationaux. Il enchaîna ensuite les compétitions mais son caractère changea : il accumulait les caprices et alla même jusqu’à poursuivre la Fédération américaine devant le tribunal, procès qu’il perdit, ternissant ainsi son image.

Les premières fractures de sa personnalité commencèrent dès lors à apparaître. En août 1962, après son échec au tournoi des candidats, Fischer publia un article dans Sports Illustrated, où il accusait les Soviétiques de comploter pour conserver le titre de champion du monde et écarter les joueurs des autres nations. En 1963, il décida de ne pas participer à la coupe Piatigorsky qui avait lieu à Los Angeles. L’année suivante, il boycotta les compétitions internationales organisées par la Fédération internationale. Pour gagner de l'argent, Fischer commença à animer une chronique dans le magazine américain Chess Life. La même année, il participa à quelques tournois open aux États-Unis qu'il remporta facilement. Cependant le seul tournoi de haut niveau qu'il disputa entre février 1963 et 1965 fut le championnat des États-Unis qu'il remporta.

En mars 1970, Fischer vainquit l’ancien champion du monde Tigran Petrossian dans un tournoi qui eut lieu à Belgrade. Il enchaîna ensuite les victoires jusqu’en 1972 où, à l'issue d'un match mémorable en Islande, surnommé le « match du siècle », qui tint le public en haleine, autant pour les parties que pour ses caprices, il devint champion du monde, en battant le Russe Boris Spassky, champion du monde sortant, qu'il n'avait jamais vaincu auparavant. Ce succès, largement médiatisé, mit temporairement fin à 24 ans d'hégémonie soviétique sur le monde des échecs, et fut, en pleine guerre froide, un tournant dans la compétition entre les États-Unis et l'URSS.

Bobby Fischer fit don d'une partie de l'argent gagné lors de ce match à l'Église universelle de Dieu (Worldwide Church of God) dont il n’était pourtant pas membre et ne partageait pas les idées. Cependant, il vécut dans un appartement loué par cette communauté et bénéficia de ses largesses : jet privé, limousine avec chauffeur, etc. Fischer prit cependant rapidement ses distances avec la secte, accusant même son fondateur d’être un bonimenteur.

Dès lors, ayant refusé tous les matches qui lui étaient proposés Fischer ne vivait plus que des droits d'auteur pour ses livres (environ 6 000 dollars américains par an). Craignant que le KGB ou le Mossad ne veuillent l'empoisonner, il amenait toujours avec lui une valise contenant divers contrepoisons lorsqu'il mangeait au restaurant. En 1973, il accepta néanmoins de faire une apparition en tant qu'invité d'honneur au premier tournoi international des Philippines où ses dépenses étaient payées et il résida pendant un mois dans un hôtel près de Manille. Après cela, Fischer ne disputa plus aucun tournoi officiel et perdit son titre par forfait pour avoir refusé les conditions du match dont le but était de remettre son titre en jeu contre son adversaire désigné, le jeune Soviétique Anatoli Karpov (contre qui il n'a jamais disputé la moindre partie).

En 1975, après avoir renoncé au titre de champion du monde, Fischer fit une croisière de deux mois autour du monde. Pour ne pas être reconnu, il s’était laissé pousser la barbe et les cheveux. De retour en Californie, il y vécut en ermite, refusant toute interview et passant son temps à lire, faire de l’exercice et étudier les échecs. Depuis l'abandon de son titre, sa personnalité bascula dans une paranoïa grandissante, notamment contre les Juifs et les États-Unis qu'il accusait de comploter contre lui. Celle-ci culmina en 1982, date à laquelle Fischer publia un pamphlet intitulé « I Was Tortured in the Pasadena Jailhouse! » (J'ai été torturé dans les geôles de Pasadena !)

En 1976 et 1977, Karpov voulut organiser un match contre lui mais y renonça en raison des exigences de Fisher.  

Entre ces années-là et le début des années 1990, Fisher disparut complètement du monde des échecs. En 1991, une jeune joueuse hongroise de dix-sept ans, Zita Rajcsanyi, vint le voir à Los Angeles et découvrit qu’il vivait dans le dénuement. Elle le convainquit de participer à un match-revanche qu’elle organiserait contre Spassky. Le match, qui eut lieu de septembre à décembre 1992 en pleine guerre civile et en plein embargo, fut richement doté et remporté par Fischer mais ce dernier, empêché de rentrer aux USA car menacé de poursuites pour avoir violé l'embargo et pour fraude fiscale, séjourna alors plus ou moins clandestinement dans divers pays : Hongrie, Philippines, Argentine et  Japon où, lors de ses brèves apparitions publiques, il fit des déclarations antisémites tonitruantes, allant jusqu’à citer Hitler et se félicitant même des attentats du 11 septembre 2001 de Manhattan. 

Le 13 juillet 2004, toujours sous le coup du mandat d’arrêt international lancé contre lui, il fut arrêté à l'aéroport de Tokyo et placé pendant neuf mois dans un centre de détention d’où il aurait été extradé sans le soutien international dont il bénéficia. Il se réfugia alors en Islande, pays de son titre de champion du monde, et demanda et obtint la citoyenneté islandaise le 22 février 2005. Souffrant de graves problèmes rénaux, il y mourut, le 17 janvier 2008 à l’âge de 64 ans. À sa mort, l'ancien champion du monde Garry Kasparov déclara que « Fischer peut tout simplement être considéré comme le fondateur des échecs professionnels et sa domination, bien que de très courte durée, a fait de lui le plus grand de tous les temps ».

Le film

Touffu, parfois confus, à l’image de la vie mouvementée de son héros et les péripéties de sa carrière, le film repose surtout entièrement sur le jeu extraordinaire de Tobey Maguire qui incarne un Bobby Fisher adulte à la personnalité difficile à cerner. Passionnant en tout cas, même si la répétitivité des scènes de tournoi, surtout dans le dernier tiers du film, est un peu lassante et souvent difficles à suivre  pour les non-initiés.   

mardi 7 avril 2015

THE WALL, film d'Alan Parker (1982)


The Wall ("Le mur") est un film musical en partie biographique réalisé par Alan Parker en 1982 et inspiré d double album éponyme du groupe anglais The Pink Floyd

Synopsis

Sentant sa personnalité vaciller, Pink (incarné par le chanteur Bob Geldof), une star du rock. Souffrant de paranoïa aiguë, il se croit agressé de toutes parts et tente de construire autour de lui un mur protecteur derrière lequel il s’imagine qu’il trouvera un refuge. Mais le mur devient aussi une menace et, en se refermant sur lui, il le pousse encore plus vers la folie. Dans son délire, Pink s'assimilant à son père mort à la guerre, se revoit enfant, brimé par ses professeurs, surprotégé par une mère à la fois protectrice et castratrice, qui entraîne l'échec de son mariage, sa plongée dans la drogue et dans la folie. Le mur se construit brique par brique (« Another brick in the wall ») et l'enfermement est à la fois à l'extérieur (« Is there somebody out there ? ») et à l'intérieur... 

Mon opinion sur ce film

Totalement inclassable sur le plan technique, ce film génial mêle des images tournées avec des acteurs évoquant les scènes de la vie de Pink et la guerre avec la mort de son père au combat avec des scènes où les acteurs sont transformés en pantins sans visages entrecoupées de dessins animés extraordinairement forts et troublants réalisés par Gerald Scarfe, surtout connu comme caricaturiste pour la presse anglaise.

Le personnage de Pink est plus ou moins autobiographique car il emprunte à deux personnalités très fortes et torturées, celle de Syd Barrett, co-fondateur du groupe Pink Floyd en 1964 (mais qui le quitta deux ans plus tard) et Roger Waters, musicien génial qui écrivit la majorité des paroles et des musiques de l'album The wall, sorti en 1979.



Le film est un OVNI dans le monde du cinéma. Il restera un chef d'œuvre insurpassé, difficile, dérangeant mais salutaire, avec des scènes d'une lucidité insoutenable, une peinture à la fois extrêmement onirique et en même temps d'une violence absolue sur la douleur que peut ressentir une personnalité d'écorché vif comme celle de tout artiste de talent face à l'agressivité, à la bêtise et à la noirceur de la société qui l'entoure.

Voir aussi le blog Au-delà des rêves.

Mon classement

Un chef d'œuvre puissant et dérangeant (à ne pas mettre entre toutes les mains!)