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jeudi 12 avril 2018

ZABRISKIE POINT de Michelangelo ANTONIONI (IT-USA 1970)



Zabriskie Point est un film italo-américain de Michelangelo Antonioni, sorti en 1970.

Le film illustre la contestation étudiante américaine durant la fin des années 60, ainsi que la libération sexuelle propre à ces années. Il s'inscrit dans la suite de films tels que Easy Rider de Dennis Hopper. Très contesté par l'Amérique puritaine - ce qui occasionne pendant le tournage de nombreux incidents avec des militants pro-Nixon (et lui a valu d'être censuré) - le film fut également critiqué à gauche pour son approche, jugée caricaturale, de la contre-culture de l'époque. Mal accueilli par la critique, Zabriskie Point fut un échec commercial à sa sortie : il influença cependant l'esthétique du cinéma américain des années 1970.

La bande originale est notamment composée, en partie, par le groupe Pink Floyd. C'est la deuxième collaboration entre Michelangelo Antonioni et le producteur Carlo Ponti, après le succès de Blow-Up (Palme d'or en 1967), et avant celui de Profession : reporter en 1975.

Présentation

Une étudiante idéaliste, Daria (Daria Halprin) et un militant plus radical, Mark (Mark Frechette), se croisent dans la vallée de la Mort en Californie pendant la contestation étidiante des années 1960 aux États-Unis.

Dans la première scène, le réalisateur filme une assemblée générale étudiante qui se déroule dans les locaux d’UCLA à Los Angeles (Université of California and Los Angeles). L’assemblée décide de l’occupation de la fac. Un jeune homme, Mark, qui va devenir, avec Daria, le personnage principal du film, se lève et déclare « Je suis prêt à mourir pour la révolution, mais je ne suis pas prêt à mourir d'ennui ». Cela suscite l'indignation dans l'assistance, qui pense qu'on ne peut arriver à rien sans organisation.

Tandis que la contestation grandit, Mark achète un revolver avec un de ses amis. Mark va ensuite voir un de ses amis en garde à vue en prison. A cause de son attitude provocante, il se fait à son tour arrêter. Quand on lui demande son identité, il répond « Karl Marx » - que le policier, qui d'évidence ne connaît pas ce nom, écrit "Carl Marx", suscitant l'hilarité chez les jeunes (et le spectateur, seul trait d'humour du film). Relâché un peu plus tard, Mark retourne à l’université où les affrontements entre policiers et étudiants ont pris un tour brutal. Une fusillade éclate, au cours de laquelle un étudiant noir est abattu. Mark sort alors son pistolet et s'apprête à riposter, mais quelqu'un tire avant lui et tue le policier. Craignant d'être poursuivi pour le meurtre, Mark vole un petit avion de tourisme, le Lilly 7 et se dirige vers la vallée de la Mort.

Sur la route qui la traverse, roule une voiture, conduite par Daria. Celle-ci est la secrétaire d’un avocat travaillant pour une agence publicitaire qui s’apprête à réaliser un projet immobilier en plein désert. Daria a rendez-vous avec son patron à Phoenix. L’avion de Mark la survole à la toucher à plusieurs reprises et atterrit un peu plus loin car l’avion est tombé en panne d’essence. Les deux jeunes gens font connaissance et, arrivés à Zabriskie Point, ils font l'amour. Durant la scène d'amour apparaissent d'autres couples, sableux et poussiéreux, nés de leurs fantasmes, et qui s'enlacent sur le sol (scène décriée par la censure qui n'a pourtant rien de bien décoiffant).

Puis, Mark et Daria repeignent l'avion avec des motifs psychédéliques et hippies (on trouve notamment un grand symbole de la paix arboré par les hippies, et une paire de seins). Les deux jeunes gens reprennent leurs routes respectives. Mark décidé de ramener l'avion volé à l’aéroport de Los Angeles et est abattu par la police lorsqu'il atterrit. Daria apprend par la radio la mort de son ami. Elle se rend dans la luxueuse demeure du désert d’Arizona où l'attend son patron et se laisse aller à son chagrin. Elle imagine l'explosion de la villa, une vision dans laquelle sont pulvérisés les objets qui symbolisent la société de consommation (une télévision, une garde-robe, des plats de restauration rapide, des tables et, pour finir, des livres). Daria repart seule dans le soleil couchant sur laquelle s'inscrit le mot "End".

Mon opinion sur ce film

Comme pour More, j’avais gardé un souvenir ébloui de ce film vu lors de sa sortie en 1970, en pleine contestation étudiante. J’ai voulu le revoir car, il y a deux ans, j’ai visité la Vallée de la Mort et vu le site de Zabriskie Point. Quelle déception !

Le début du film, malgré sa confusion, m’a replongé dans les souvenirs d'une époque que j'ai connue avec les mouvements étudiants aux Etats-Unis contre la guerre au Vietnam et Nixon et en France contre la réforme de l'université. Le film m’a intéressé jusqu’au vol de l’avion par Mark et son survol des paysages désertiques de la Vallée de la Mort. 

Mais j’ai décroché à partir de la scène d’amour « rêvée » à Zabriskie Point et trouvé pénible la répétition ad libitum de la scène de l’explosion de la villa. C’est vraiment prendre le spectateur pour un imbécile de penser qu’il lui faut voir la même scène (prise sous des angles différents) pour comprendre le message. J’ai envie de dire « c’est gros comme une maison » ! Dire que cette scène grossière a été considérée comme « marquante pour l’histoire du cinéma », je n’en reviens pas ! Pas plus d’ailleurs que celle de l’orgie (on a vu nettement pire depuis !) où les corps se roulent et s'entremêlent dans le borate à Zabriskie Point que j’ai trouvée plutôt ridicule. Dommage car le premier tiers du film, sans être exempt de critiques, est assez réussi. Mais pour les deux autres tiers, c’est un ratage complet et qu’est-ce qu’on apprécie de voir le mot fin s’inscrire sur les dernières images. Même la musique des Pink Floyd ne rattrape pas le coup !

Je ne dois pas être le seul à penser cela puisque le film, qui a été un échec commercial, a été classé parmi les « 50 plus mauvais films de tous les temps » (The Fifty Worst Films of All Time) et, 20 ans après sa sortie, David Fricke pour le Rolling Stone écrit : « Zabriskie Point a été un des plus extraordinaires désastres de l'histoire du cinéma moderne. »

Le film n’a pas non plus porté chance à son acteur principal, Mark Frechette. Bien que n'ayant aucune expérience en tant qu'acteur, il avait été engagé pour jouer le rôle principal masculin du film. Après le film, il n’a tourné que deux autres productions qui ont, elles-aussi été des échecs. Le 29 août 1973, Frechette attaque une banque à Boston, avec deux complices. Un des complices est tué. Frechette, dont l'arme ne contenait aucune balle, est condamné à 15 ans de prison. Deux ans après, il est retrouvé mort par un codétenu, la gorge écrasée par un haltère, dans la salle de sport de la Massachusetts Correctional Institution, où il était incarcéré. L'enquête conclut à un accident. Il n’avait que 28 ans. Daria Halprin, elle aussi amateur, ne tourna qu’un seul autre film après Zabriskie Point. Elle a cependant eu plus de chance que son co-acteur car, bien qu’ayant arrêté sa carrière, elle s’est reconvertie comme professeur d’université en art-thérapie.



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dimanche 8 avril 2018

MORE film de Barbet SCROEDER (FR-1969)

More est un film franco-germano-luxembourgeois de Barbet Schroeder (1969). Le film est ressorti en Blu-ray en janvier 2016 en VOST. Durée : 112 min. 

Résumé

Stefan (Klaus Grünberg), un jeune étudiant allemand qui vient de finir ses études de mathématiques  décide de partir vers le soleil. Il part en auto-stop pour Paris où il rencontre Charlie, qui le déleste de toutes ses économies au poker puis le prend sous son aile. Il l'entraîne dans ses petites combines et le fait inviter dans des soirées branchées. Au cours de l'une de celles-ci, Stefan a le coup de foudre pour Estelle (Mimsy Farmer), une jeune Américaine sur le départ pour Ibiza. Il ne se doute pas qu'en la rejoignant à Ibiza, il va tomber dans l'enfer de la drogue. Au départ, il se contente de fumer un joint mais il se rend très vite compte qu'Estelle, sous ses dehors de charmante fille à qui l'on donnerait le Bon Dieu sans confession, se drogue à l'héroïne. Bien que réticent, il finit par se laisser convaincre de faire un essai. Et ce sera la spirale descendente qui l'entraînera à la mort;

Tourné à Ibiza, en pleine période hippie, sur la bande originale réalisée par les Pink Floyd, le film et la musique devinrent culte pour toute une génération. 

Autour du film

Ce film a été un « one shot » pour l’acteur masculin, Klaus Grünberg, qui, à part More, n’a plus tourné que dans des séries TV de 2ème classe. Cela n’a pas été le cas pour l'actrice féminine, Mimsy Farmer, déjà connue avant ce tournage, et dont la filmographie, sans être exceptionnelle, compte plus de 25 films. L'actrice a cependant mis un terme définitif à sa carrière cinématographique en 1989. Depuis 1992, elle vit en France et réalise des sculptures pour les décors de théâtre (Théâtre de l'Opéra de Bordeaux, Théâtre antique d'Orange, Théâtre des Variétés) et pour le cinéma (Troy, Marie-Antoinette, Charlie et la Chocolaterie, À la croisée des mondes : La Boussole d'or).

Mon opinion sur ce film

J’avais vu le film lors de sa sortie en 1969 et j’en avais gardé le souvenir de beaux paysages baignés par la mer et le soleil, de maisons immaculées et d’une histoire d’amour libre entre des jeunes gens, l’ensemble sublimé par la musique des Pink Floyd qui m’a accompagné de si longues années. Je me rappelais aussi bien sûr que le film traitait de drogue mais je ne me souvenais pas d'une fin aussi tragique. 

Je dois dire aussi que j'ai longtemps différé le moment de le revoir car je craignais d'être déçu. C’est en grande partie le cas car, malgré ses qualités, le film est très daté. J’ai trouvé aussi que la musique des Pink Floyd, qui avait alors été pour moi une révélation, passe – du moins dans la version remastérisée – au second plan. 

Le film en lui-même est l’histoire d’une terrible descente dans l’enfer de la drogue puisque le jeune héros, Stefan, au départ totalement « clean » et opposé à la consommation de drogues dures, en deviendra la victime pour l’amour et la fascination qu’il porte à Estelle. Malgré l’intervention de son ami Charlie, venu in extremis à Ibiza pour tenter de le sauver, il finira brutalement son misérable trip entre quatre planches (au sens propre).  

Je ne me souvenais pas non plus que le trafic de drogue sur l’île était organisé par un ancien nazi. Barbet Schroeder s’explique sur tout cela dans le bonus qui suit le film (du moins dans la version Blu-ray). 

Maintenant que je revois ce film avec le recul, je me rends compte combien il a pu être toxique pour une génération d'adolescents par la fascination qu'il a pu exercer sur eux, dans le climat de remise en question profonde de la société qui a accompagné les évènements de mai 68. A ne pas mettre entre toutes les mains.

mardi 7 avril 2015

THE WALL, film d'Alan Parker (1982)


The Wall ("Le mur") est un film musical en partie biographique réalisé par Alan Parker en 1982 et inspiré d double album éponyme du groupe anglais The Pink Floyd

Synopsis

Sentant sa personnalité vaciller, Pink (incarné par le chanteur Bob Geldof), une star du rock. Souffrant de paranoïa aiguë, il se croit agressé de toutes parts et tente de construire autour de lui un mur protecteur derrière lequel il s’imagine qu’il trouvera un refuge. Mais le mur devient aussi une menace et, en se refermant sur lui, il le pousse encore plus vers la folie. Dans son délire, Pink s'assimilant à son père mort à la guerre, se revoit enfant, brimé par ses professeurs, surprotégé par une mère à la fois protectrice et castratrice, qui entraîne l'échec de son mariage, sa plongée dans la drogue et dans la folie. Le mur se construit brique par brique (« Another brick in the wall ») et l'enfermement est à la fois à l'extérieur (« Is there somebody out there ? ») et à l'intérieur... 

Mon opinion sur ce film

Totalement inclassable sur le plan technique, ce film génial mêle des images tournées avec des acteurs évoquant les scènes de la vie de Pink et la guerre avec la mort de son père au combat avec des scènes où les acteurs sont transformés en pantins sans visages entrecoupées de dessins animés extraordinairement forts et troublants réalisés par Gerald Scarfe, surtout connu comme caricaturiste pour la presse anglaise.

Le personnage de Pink est plus ou moins autobiographique car il emprunte à deux personnalités très fortes et torturées, celle de Syd Barrett, co-fondateur du groupe Pink Floyd en 1964 (mais qui le quitta deux ans plus tard) et Roger Waters, musicien génial qui écrivit la majorité des paroles et des musiques de l'album The wall, sorti en 1979.



Le film est un OVNI dans le monde du cinéma. Il restera un chef d'œuvre insurpassé, difficile, dérangeant mais salutaire, avec des scènes d'une lucidité insoutenable, une peinture à la fois extrêmement onirique et en même temps d'une violence absolue sur la douleur que peut ressentir une personnalité d'écorché vif comme celle de tout artiste de talent face à l'agressivité, à la bêtise et à la noirceur de la société qui l'entoure.

Voir aussi le blog Au-delà des rêves.

Mon classement

Un chef d'œuvre puissant et dérangeant (à ne pas mettre entre toutes les mains!)