mercredi 20 novembre 2024

GONDOLA Film de Veit HELMER (D-Géorgie 2023)

 


Gondola est une coproduction géorgienne et allemande du réalisateur allemand Veit Helmer. Le film est sorti en 2023. Il était présenté cette semaine dans le cadre des 26èmes rencontres des cinémas d’Europe à Aubenas.

Résumé

"Gondola" désigne un téléphérique, en l'occurence celui qui relie deux parties montagneuses isolées d'un village de Géorgie séparées par une profonde vallée. Le téléphérique, formé de deux cabines dont l’une monte pendant que l’autre descend, est desservi par le « chef » (Suka Papuaschvili) sorte de « deus ex machina » grognon qui siège dans une cabine suspendue dans le vide et deux contrôleurs qui encaissent le prix de la course.

Lorsque le film commence, l’un des deux contrôleurs vient de mourir et on assiste au transport de son cercueil, décoré d’un crêpe noir, par le téléphérique qui fait office de corbillard.

Il est remplacé par sa fille, Iva (Mathilde Irrmann) qui est reçue d’abord froidement par sa collègue, Nino (Nino Soselia) qui, malgré tout l’initie aux étranges routines de ce petit monde autarcique où l’on croise tous les jours le « chef », la « veuve », et d’autres usagers réguliers du funiculaire, un handicapé en fauteuil roulant, et deux enfants, une fillette espiègme (Niara Chichinadze) et son petit amoureux transi (Zviad Papuaschvili).

Le film est sans parole mais ce n'est pas gênant, bien au contraire car tout se joue sur les visages et est rythmé par la musique. Alors qu'aucun mot n'est prononcé par les protagonistes, une étrange complicité nait entre les deux jeunes filles qui se croisent et se recroisent dans les airs. Elles inventent des jeux, transforment les cabines au gré de leurs rêves, jouent de la musique, pour le grand plaisir des paysans qui, plus bas, travaillent leurs champs… jusqu’à ce que le « chef » éconduit par l’une et par l’autre, et pris d’une colère subite devant ces jeunes filles libres qui lui jettent au visage leur joie et leur plaisir de vivre, ne commette l’irréparable… pour son plus grand malheur et pour la grande joie des spectateurs.

Mon opinion

Entre Tati, Chaplin, Wenders (on pense aussi curieusement pour les plans longs à Theo Angelopoulos et à Kusturika pour le côté joyeux et la musique), ce film inclassable est un petit bijou d’humour absurde et de poésie comme je n’en ai pas vu depuis Bagdad Cafe. Une merveille que je ne suis pas près d’oublier et que je vous recommande car il fait du bien.

samedi 16 novembre 2024

mardi 12 novembre 2024

HERE LES PLUS BELLES ANNEES DE NOTRE VIE Film de Robert ZEMECKIS (USA - 2024)


 Here - Les plus belles années de notre vie (Titre original : Here) est un drame américain co-écrit et réalisé par Robert Zemeckis, sorti en 2024. Il s'agit d'une adaptation de la bande dessinée du même nom de Richard McGuire. Avec Tom Hanks, Robin Wright, Paul Bettany.

Présentation

Le film commence par les images idylliques d’une forêt primitive où s’ébattent des dinosaures. Ce calme apparent est vite transformé en enfer avec l’arrivée d’une comète et un déluge de feu qui détruit toute vie. C’est ensuite un déluge d’eau. Puis la nature reprend ses droits, la forêt se reconstitue et la paix revenue, elle est occupée par les premiers indiens.

En fait on se rend compte que si les époques et les occupants changent, la caméra filme en plan fixe toujours le même endroit.

 Au fur et à mesure de l’évolution vers notre époque, on verra la forêt être abattue pour y construire une grande maison de colons. En face de cette maison que l’on apercevra jusqu’à la fin du film, on en construit une autre, plus modeste, qui servira de cadre à toutes les scènes du film. Dans une même pièce prendra place le destin d’une famille que l’on suivra au cours de plusieurs générations qui se succèdent dans les mêmes lieux.

Dans cette vie banale qui s’écoule (« le temps file » est une phrase que l’on entend tout au long du film), le réalisateur impose des découpes dans lesquelles il superpose des images de scènes antérieures, comme des fenêtres du passé dans le présent.   

Mon opinion

Difficile, voire impossible de résumer un tel film ni même de le comparer à un autre tant sa manière de filmer est particulière. On a l’habitude des flash-backs, plus ou moins réussis. A ma connaissance, on n’a jamais vu un cinéaste utiliser un tel processus pour superposer temps passé et temps présent. C’est curieux, troublant, voire agaçant à force, d’autant plus agaçant qu’on se demande où le réalisateur veut en venir. Il faudra attendre la fin du film pour que la caméra se décide à bouger et à filmer la maison de l’extérieur. Comme les gens qui l’ont habitée, elle est d’une banalité totale, maintenant entourée d’un lotissement sans âme comme il y en a partout. Certes, techniquement, c’est un tour de force. On a beau connaître le formidable professionnalisme des acteurs américains, on se demande comment Zemeckis a fait pour rajeunir à ce point ses acteurs et leur faire traverser les années.  Le résultat est déroutant, trop déroutant et peut-être trop ambitieux pour que le film puisse être mis au niveau du cultissime Retour vers le futur ou de Forrest Gump, le chef d’œuvre absolu du réalisateur.

Dans le même esprit, je vous recommande :  

LOUISE VIOLET drame historique d'Eric BESNARD (FR-BE 2024)

 


Louise Violet est un drame historique français réalisé par Éric Besnard et sorti en 2024. Le film a été présenté en avant-première mondiale au Festival du film français d'Helvétie, en septembre 2024. Il a obtenu le prix du public au Waterloo Historical Film Festival 2024.

Résumé

L’école laïque, obligatoire et gratuite est instaurée en France en 1881.

Près de dix ans après, celle-ci est loin d’avoir conquis les campagnes. Le film se déroule en 1889n soit presque 10 ans après.  Une institutrice, Louise Violet (Alexandra Lamy), est envoyée par le gouvernement dans un village retiré du centre de la France. A son arrivée, loin de l’accueillir avec égards, c’est l’hostilité des habitants qui l’attend. Il n’existe aucune école et tout ce que Joseph, le maire et aussi le plus gros propriétaire terrien du village (Grégory Gadebois) met à sa disposition est une étable abandonnée encore occupée par une vieille vache.

Louise, qui vient de la ville, est confrontée à un monde rural archaïque et brutal où seuls le facteur (Jérôme Kircher) et le curé (Patrick Pineau) savent lire mais, jaloux de leurs prérogatives, ne lui apportent aucune aide. Celle-ci viendra de la seule personne dont on n’aurait jamais imaginé qu’elle puisse devenir son alliée, Marthe, la mère de Joseph (Annie Mercier), une paysanne dure à la tâche, illettrée et bougonne. 

Mais Louise, qui vient de faire 10 ans de bagne pour avoir participé à la Commune de Paris, en a vu d’autres et ne se décourage pas. Elle finira, à force de patience et de ténacité, à gagner peu à peu les paysans à sa cause.

La catastrophe arrivera cependant de la part de Jules (Ernest Mourier), un enfant rejeté par les autres.

Autour du film

 Voici comment le réalisateur Éric Besnard présente son projet qui, à l’origine, devait s’intituler L’école.

« Mes trois premiers films rendaient hommage à mes gouts de cinéphile, et les trois suivants à mes proches (ma mère, ma femme et mon père). Je me suis dit que j’allais laisser mes enfants tranquilles et j’ai décidé de travailler sur mon pays, sur l’identité française et ses spécificités. J’ai commencé à plancher sur le siècle des Lumières, j’ai découvert la création du premier restaurant et ça a donné Délicieux[1]. J’ai alors dit à mon producteur, Christophe Rossignon, que j’avais envie de poursuivre dans cette voie en abordant le concept de République. Qui dit République dit troisième République et qui dit troisième république dit éducation, un thème qui m’est cher depuis longtemps. L’idée de faire un film sur l’école de Jules Ferry, puis sur les premières institutrices envoyées dans les campagnes et projetées dans un monde d’hommes à la fin du 19e siècle est née ainsi. Cette opposition, la rencontre entre deux mouvements, l’un progressiste, et l’autre conservateur, était intéressante. »  

Le film a été tourné en Auvergne. Fin octobre 2022, le lieu du tournage, désormais intitulé Louise Violet, est annoncé à Saint-André-de-Chalencon (Haute-loire) et devrait y débuter fin février 2023, puis mai-juin.

Début novembre 2022, Alexandra Lamy et Grégory Gadebois, ce dernier retrouvant le réalisateur pour la troisième fois après Délicieux (2021) et Les Choses simples (2023), pour interpréter les rôles principaux, l'institutrice et le maire du village.

« Pour Louise, je voulais quelqu’un qui symbolise l’institutrice : sympathique, empathique et issue de la société civile. Alexandra Lamy cochait toutes les cases. (…) Je ne savais pas au départ que le rôle de Louise serait tenu par Alexandra Lamy mais j’ai écrit pour Grégory Gadebois et pour Jérémy Lopez. Deux acteurs avec qui j’avais déjà travaillé deux fois. »Éric Besnard

Le tournage débute fin février 2023 au Puy de Sancy, dans le Puy-de-Dôme, puis à Saint-André-de-Chalencon (Haute-Loire). Il a également lieu à Tiranges pour une ancienne ferme de « Cerces », dans les monts de Cézallier et à Saint-Pierre-du-Champ. Le tournage s'arrête en mars pour revenir en mai aux mêmes endroits. Les prises de vues prennent fin le 24 juin 2023 à Saint-André-de-Chalencon.

Louise Violet est sélectionné dans la section « Grande première » du Festival du film français d'Helvétie, où il est projeté en avant-première mondiale au début de l'après-midi du 15 septembre 2024. Il est présenté, quatre jours après celui-ci, en compétition officielle au Waterloo Historical Film Festival, où il obtient le prix du public.

Mon opinion

On a du mal à croire que les premiers instituteurs, à la fin du XIXe siècle, aient pu affronter des conditions de travail aussi difficiles… Louise Violet est un personnage de fiction, sans doute inspiré de celui de Louise Michel, elle aussi institutrice, communarde engagée, et déportée au bagne et, à son retour en France, toujours aussi combative, plusieurs fois emprisonnée. Louise Violet est une sœur apaisée de ce personnage historique. Elle est admirablement interprétée par Alexandra Lamy, loin de son duo comique avec Jean Dujardin dans Un gars, une fille (1999-2003), qui passe toujours à la télévision et n’a pas pris une ride. Bien qu’elle ait joué depuis dans des rôles plus sérieux (La chambre des merveilles 2023), elle n’avait jamais encore assumé un tel personnage de femme forte et déterminée et elle y réussit parfaitement. Un film à voir ne serait-ce que pour montrer aux jeunes générations pour lesquelles tout est dû la chance qu’ils ont de vivre dans un monde où l’éducation et la culture sont à la portée de tous et où, si on en a la volonté, tout est possible pour se sortir d’une condition défavorisée. La scène qui m’a le plus ému est quand Louise distribue à chacun de ses petits élèves un dictionnaire, le plus beau livre qui soit.    

Dans le même esprit, je vous recommande aussi : 


[1] Personnellement, j’avais beaucoup aimé son film Le goût des merveilles (2015).