L'Immeuble Yacoubian
est un film égyptien, réalisé par Marwan Hamed (2006), tiré du roman du
même titre de l'écrivain Alaa al-Aswany (2002).
Résumé
Le film reprend la trame du
roman. L’action se situe au Caire en 1990, au moment de la 1ère
guerre du Golfe et du début de la répression contre les islamistes réels ou
supposés. Il présente la vie des différents occupants de l’immeuble du même nom,
construit en plein centre du Caire dans les années 30 dans le style Art Deco,
depuis les plus pauvres qui habitent des cahutes sans eau ni toilettes
construites sur le toit, jusqu’à ceux des habitants des plus beaux appartements
de style haussmannien. Deux mondes qui se côtoient tout en s’ignorant, à
l’image de la société égyptienne qui vit un apartheid non déclaré mais
néanmoins réel au quotidien.
Les principaux protagonistes
sont :
-
Zaki (Adel Imam) : âgé de 65 ans, il
partage l’immense appartement dont il a hérité, avec sa sœur Daoulet, une
virago qui finira par le jeter dehors. Il est cultivé, libéral et agit comme
s’il était toujours en activité alors qu’il n’a jamais mis en pratique son
diplôme d’architecte obtenu en Occident et vit sur les acquis de sa famille.
-
Taha (Mohamed Imam) : fils travailleur et
méritant du gardien de l'immeuble, il est fiancé à Boussaïna. Il étudie d’arrache-pied
pour entrer à l'Académie de Police. Refusé à l’examen oral en raison du métier
« méprisable » de son père, il rejoint les islamistes, ce qui
provoque sa rupture avec sa fiancée. À la suite de manifestations à l'université
du Caire, il est arrêté par la police et torturé, ce qui le radicalise
davantage.
-
Boussaïna (Hend Sabri) : c’est une jeune
fille honnête et vertueuse, fiancée au début à Taha, qui doit subvenir aux
besoins de sa famille et se fait renvoyer de nombreux emplois pour avoir refusé
les faveurs sexuelles de ses employeurs. Elle devient de plus en plus cynique
au point qu’après une énième déconvenue, elle accepte l’ignoble marché que lui
propose Malik : séduire Zaki, pour
le compte de sa sœur, Daoulet, qui veut le faire mettre en tutelle et ainsi
s’approprier la fortune familiale. Quand elle découvre que Zaki est un homme raffiné,
doux et intelligent, Boussaïna en tombe sincèrement amoureuse. Mais son rêve de
se voir mariée à cet homme bon se brise lorsque Daoulet les fait surprendre au
lit par la police. Zaki, qui a tout perdu, reste cependant fidèle à ses
engagements envers elle et l’épouse. Le dîner de mariage se tiendra au restaurant
Maxim's, tenu par Christine, l'amie européenne de Zaki.
-
Hatem (Khaled El Sawi) est
journaliste, directeur du quotidien francophone Le Caire. Homosexuel, il débauche
Abdou, un jeune militaire originaire de Haute-Egypte, qui a laissé femme et
enfants « au pays ». Mais le jour où le fils d'Abdou meurt, celui-ci
y voit une punition divine pour ses relations immorales et il rompt avec Hatem.
Lors d’une violente dispute, Abdou tue Hatem.
-
Azzam (Nour El-Sherif) : A l’origine
petit cireur de chaussures, il est devenu riche par toutes sortes de
magouilles, et, tout en se donnant tous les aspects de l’honorabilité et du bon
musulman pratiquant, c’est le type même du parvenu. Il manœuvre même pour
obtenir un poste de député mais se heurte au système corrompu qui régit
l’Egypte. Sous prétexte de fidélité à l’Islam, il répudie son épouse officielle
pour prendre en secret une seconde femme, Soad, une jeune femme célibataire.
-
Soad : Soad, qui a dû résister à la tentation de
la prostitution pour subvenir aux besoins de son fils, accepte un mariage avec
Azzam. Bien qu'il la dégoûte, elle joue devant lui le rôle de la femme modèle
et comblée. Elle souffre d'autant plus que le Hajj lui interdit de revoir son
fils. Tout explose lorsqu'elle tombe enceinte d'Azzam. Elle veut garder
l'enfant. Hajj Azzam refuse et finit par la faire enlever et avorter de force.
-
Christine (Youssra) tient un restaurant
occidental réputé. C’est une amie sincère (et une amoureuse secrète) de Zaki.
Mon opinion
J’avais lu le
livre et vu le film une 1ère fois au cinéma. Je l’ai revu pour Noël
chez mon frère et ma belle-sœur. C’est un film qui semble avoir été tourné des
dizaines d’années plus tôt qu’il ne l’a été tant le décalage est grand entre
notre mode de vie occidental et ce que vivent les Egyptiens. Il en ressort une
critique sévère de l’imposture qui règne dans ce pays tiraillé entre son
aspiration à la liberté et la pesanteur des traditions et des convenances.
Finalement, tout y semble faux et personne n’est ce qu’il prétend être. Le plus
sympathique est finalement le personnage un peu ridicule de Zaki, pitoyable
vieux-beau que l’on finit par apprécier car il est le seul à être honnête.
Il n’est pas
surprenant que le livre, comme le film, aient eu des difficultés avec la
censure et que l’auteur et le réalisateur aient dû s’exiler d’autant plus que
la situation n’a fait, depuis l’éviction de Moubarak, que se durcir avec la
dictature du général Al-Sissi et la montée de l'islamisme.
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