Film réalisé par Vittorio de Sica en 1970 à
partir du court roman, ou une longue nouvelle éponyme de l'écrivain italien
antifasciste Giorgio Bassani, publié en
1962. Il raconte les relations entre jeunes gens de la bonne société juive de Ferrare, dans les années 30, au
début du fascisme. Le film a remporté l'Ours d'or à Berlin en 1971 et un Oscar du meilleur film étranger l'année
suivante.
Bassani n'a pas été associé au
scénario et a critiqué le film car, selon lui, il était trop éloigné de son
roman, ce qui n'est pas faux. C'est néanmoins un film magnifique réédité en DVD
en 2007 par M6 Vidéo dans une version entièrement remastérisée et augmentée d'intéressants bonus.
Synopsis
A Ferrare, tout le monde connaît les Finzi-Contini, grands bourgeois
retranchés à l'intérieur des murs de leur palais, entouré d'un immense parc
(qui joue un bien plus grand rôle dans le livre que dans le film, où il
n'apparaît que comme un vague décor).
Le livre commence aussi plus tôt que
le film et raconte les brèves rencontres entre Micol (interprétée par Dominique
Sanda) et son frère Alberto (Helmut Berger), les enfants de la famille
Finzi-Contini, à la synagogue et lors des examens qu'ils viennent passer en
candidats libres au collège de la ville, avec les autres enfants de Ferrare.
Cette partie est quasi absente du
film, sauf sous forme de courts flash-backs, difficiles à comprendre pour
quelqu'un qui n'aurait pas lu le livre.
Le film, lui, ne commence vraiment
qu'au début de l'été 1938, alors que les lois raciales promulguées par
Mussolini interdisent aux jeunes gens juifs d'utiliser les courts de tennis
publics de Ferrare.
La famille Finzi-Contini, qui possède
un court privé, ouvre alors l'accès de son parc aux jeunes gens et leur permet
de venir s'y entraîner. Au cours des mois qui suivent, les visites du héros,
Giorgio (Lino Capolicchio), qui n'est autre que l'auteur du livre, vont se
faire quotidiennes et l'amour va naître entre le narrateur et le belle Micol
alors que son frère Alberto meurt doucement d'une maladie non précisée.
Dans le film, l'amour de Giorgio pour
Micol, qui le considère comme un gamin,
et le fait qu'il découvre qu'elle le "trompe" avec le meilleur ami de
son frère, Malnate (Fabio Testi), qu'elle a d'abord repoussé, est mis en
évidence alors que ces relations sont abordées de manière beaucoup plus
subtiles dans le livre. C'est sans doute cela qui a déplu à l'auteur, dont
l'écriture, tout en délicatesse, s'accorde mal à une lecture unique telle
qu'elle nous est imposée dans le film.
En Italie, le régime fasciste multiplie
les mesures vexatoires contre les juifs mais la famille Finzi-Contini, pilier
de l’aristocratie de Ferrare depuis des générations, refuse de croire à
l'imminence de la menace alors que, hors des murs, le pire se déroule.
Le film se clôt en 1943 sur les
images terribles de l'arrestation de la famille Finzi-Contini et du père de
Giorgio, et de leur rassemblement, avant d'être déportés, dans l'école où les enfants s'étaient connus.
La fin prend littéralement à la gorge quand Micol, soutenant sa grand-mère qui
n'a plus toute sa tête, regarde, par les fenêtres sales de la salle de classe,
les frondaisons du jardin des Finzi-Contini que l'on devine au-delà des
remparts de Ferrare. La musique qui accompagne ces images, celle d'un chant
funèbre en yiddish, est d'une sublime et tragique beauté.
Le film a reçu, dès sa sortie, un
accueil chaleureux. Il faut dire que son réalisateur n'était pas n'importe qui
puisqu'il s'agissait de Vittorio de Sica, alors au sommet de sa gloire.
Certains critiques l'ont cependant trouvé d'un romantisme extrême, à la limite
de la mièvrerie et de la sensiblerie, ce qui ne se justifie qu'en partie, la
fin du film, avec le décès d'Alberto, presqu'immédiatement suivi de l'arrestation
de la famille Finzi-Contini et son enfermement dans l'école, concluant sur une
note qui ne peut être en aucune manière qualifiée de mièvre.
Dernière remarque. Certains pourraient
rechigner à revoir un film qui a près de 30 ans. Ce serait dommage car c'est
une œuvre qui, à la différence de beaucoup, n'a pas pris une ride. Ses héros
sont toujours jeunes et beaux et ils le
resteront à jamais ainsi gravés pour l'éternité sur la pellicule. Les terribles
évènements qu'ils rappellent seront hélas, eux aussi, toujours d'actualité et
la folie meurtrière des hommes envers d'autres hommes, l'iniquité, la cruauté
font et feront toujours partie de l'âme humaine.
Mais, quelles que soient les qualités
du film, il faut aussi lire le livre de Bassani car il apporte une dimension
poétique et quasi-métaphysique que l’on ne retrouve pas dans le film.
Bonsoir Roland, je n'ai pas lu le roman de Bassini (une lacune de ma part) mais j'ai revu le film il y a quelques mois et je l'ai trouvé très beau et bien entendu douloureux : les décors, les costumes, les acteurs, la musique, une ambiance générale. Une histoire tragique. Et Dominique Sanda était bien jolie.
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