jeudi 1 mai 2014

UNE PROMESSE film de Patrice Leconte (FR/B 2014)



Une promesse est un film romantique franco-belge réalisé par Patrice Leconte, sorti le 16 avril 2014. Le scénario est basé sur la nouvelle Le Voyage dans le passé de Stefan Zweig.

Synopsis

L'action débute en Allemagne en 1912, se prolonge au début de la Première Guerre mondiale et se termine aux premières manifestations nazies. 

Un jeune ingénieur d’origine pauvre, fraîchement diplômé, Friedrich Zeitz (Richard Madden), est embauché dans une grande entreprise sidérurgique de la Ruhr. Peu de jours après son arrivée, alors que tout le monde a quitté les bureaux, un bruit de chute l'attire dans le bureau du patron, Herr Karl Hoffmeister (Alan Rickman). Celui-ci, malade, vient de s'effondrer, victime d'une crise cardiaque. Il lui vient en aide mais le patron lui demande de ne pas ébruiter l'affaire. A partir de cet instant, en raison de ce qui vient de se passer et qui doit rester secret, mais aussi parce qu'il a jugé ce jeune homme inconnu travailleur et compétent, le patron en fait son bras droit. Tous les jours, Zeitz se rend donc chez Herr Hoffmeister pour le tenir au courant des affaires de l'entreprise et, peu à peu, il devient son secrétaire particulier, le lien indispensable entre lui et l'entreprise.  

L’épouse du patron, Charlotte (Rebecca Hall) est une femme bien plus jeune que son mari, belle et charmante. Le jeune homme entre peu à peu dans l'intimité du couple, devenant le précepteur de leur fils, Otto, un enfant de neuf ans, et finissant par laisser son logement misérable pour habiter la demeure patricienne. 

On pourrait craindre le pire, que le garçon "bien sous tout rapport" ne trahisse la confiance du patron et du mari. Il n'en est rien. Zeitz est jeune et beau, certes, il est compétent mais il est aussi honnête et réservé. 

Bien qu'il se soit épris, dès le premier regard de Charlotte, Zeitz n'ose lui révéler ses sentiments d'une part parce qu'il n'est pas sûr de ses sentiments à elle, mais aussi parce qu'il ne veut pas rompre le merveilleux équilibre que lui a offert cette famille en l'accueillant chez elle. Il n'empêche qu'à de petites touches savamment distillées par le metteur en scène, on ressent, dans le huis-clos de la demeure, cette passion amoureuse qui couve sans pourtant jamais se traduire en gestes ou en paroles mais rythmée par les notes omniprésentes du piano dont joue Charlotte.

Mais soudain, tout se précipite et le fragile équilibre qui s'était établi est rompu : Friedrich ayant suggéré au patron de se lancer dans l'achat de mines au Mexique pour rendre son approvisionnement en matières premières plus compétitif, celui-ci décide de l'envoyer deux ans en Amérique afin qu'il y supervise les travaux. Friedrich est à la fois flatté de la confiance que lui montre Herr Hoffmeister mais il est aussi dévasté à l'idée de s'éloigner de Charlotte et d'Otto. L’annonce de son départ imminent provoque aussi chez Charlotte une réaction désespérée. Devant la séparation inéluctable, l'un et l'autre réalisent qu'ils s'aiment passionnément. Mais, par devoir envers son mari malade et par amour pour son fils, Charlotte s'interdit de céder à une passion qui les détruirait. Quant à Friedrich, quel que soit son amour pour elle, il ne peut trahir l'homme qui a fait de l'étudiant miséreux un ingénieur respecté. La veille du départ de Friedrich, Charlotte lui fait la promesse de l'attendre jusqu'à son retour.

Pendant les premiers mois, Charlotte et Friedrich s'écrivent des lettres passionnées. Mais le séjour au Mexique, qui ne devait durer que deux ans, s'éternise du fait du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Non seulement Friedrich ne peut rentrer mais, du fait de la guerre, toute correspondance s'interrompt. L'entreprise de sidérurgie passe sous le contrôle des militaires qui la réquisitionnent pour fabriquer des canons, ce qui accélère la dégradation de l'état de santé de Karl. Charlotte se retrouve veuve. Sans son fils, placé dans un collège religieux, sans nouvelles de Friedrich, elle sombre dans la dépression. 

Six ans après, cependant, le téléphone sonne dans la grande demeure transformée en sépulcre : c'est Friedrich, revenu enfin en Allemagne. Tout à son bonheur de le revoir, Charlotte revit comme une fleur fanée à laquelle on aurait remis de l'eau fraîche. Mais la rencontre est décevante. Même s'ils n'ont, ni l'un ni l'autre pas vraiment changé physiquement, trop de temps a passé et ils sont devenus comme deux étrangers.

Mais, alors qu'ils allaient se séparer dans l'indifférence, ils s'accordent un dernier moment ensemble et les souvenirs rejaillissent, plus forts que jamais. 

Casting

  • Rebecca Hall as Charlotte Hoffmeister
  • Alan Rickman as Karl Hoffmeister
  • Richard Madden as Friedrich Zeitz
  • Toby Murray as Otto Hoffmeister
Tournage

Le film a été tourné en grande partie en Belgique. Les scènes ferroviaires ont été tournées dans les gares de Carnières et de Binche, rebaptisée pour l'occasion « Oberhausen », et sur la ligne Binche-Clabecq.

Les scènes qui se déroulent à l'hôtel particulier des Hoffmeister ont été tournées au château de Vervoz.

Différents sites de Wallonie ont servi de cadre au tournage du film, comme la ville de Durbuy ou le château de Thieusies.

Alan Rickman (l'odieux professeur Rogue d'Harry Potter) a confié à Patrice Leconte qu'après avoir joué dans deux grosses productions américaines, il avait perdu un peu le goût de jouer. À la fin du tournage, il l'a serré dans ses bras en lui disant qu'il lui avait redonné le goût du cinéma. Patrice Leconte a alors pensé que "C'était mieux que si j'avais reçu la Légion d'honneur".

Langue

Tourné en langue anglaise, Une Promesse est doublé en langue française pour son exploitation en salles. La version française a été réalisée en Belgique mais elle est assurée par des comédiens français, notamment Julie Gayet, qui double la voix de Rebecca Hall.

Musique

La musique, écrite par Gabriel Yared, mais incorporant plusieurs pièces classiques pour piano, s'accorde bien à l'atmosphère mélancolique du film. Voilà comment le cinéaste Patrice Leconte résume la place singulière qu'occupe dans son parcours son vingt-huitième long-métrage, Une promesse. A cela s'ajoute une autre "première fois" : Une promesse est aussi le film de sa rencontre incandescente avec le compositeur Gabriel Yared, grand alchimiste du lyrisme. "Dans son écriture, j'aime passionnément sa capacité à traduire la complexité des mouvements du coeur, avec pudeur et retenue" précise Patrice Leconte. De cette collaboration en état de grâce naît une vaste partition pour orchestre de chambre, délicate et intense à la fois, fonctionnant comme la voix intérieure des personnages, comme le révélateur des sentiments qu'ils n'osent pas exprimer. L'écoute de cette bande très originale confirme une évidence : Une promesse n'est pas un point d'arrivée mais un point de départ, celle d'une fraternité créatrice appelée à se développer. C'est aussi une partition qui, dans la droite lignée de La Lune dans la caniveau, Le Patient anglais ou Le Talentueux Mr Ripley, est appelée à devenir l'un des classiques de Gabriel Yared

Mon opinion

Le nom de Patrice Leconte évoque, pour tout spectateur, la trilogie des Bronzés et quelques comédies du même acabit (Viens chez moi, j'habite chez une copine ou Ma femme s'appelle reviens), sa filmographie, qui compte 28 films, est très éclectique. Son précédent film, Le magasin des suicides (2012), adapté du livre pour enfants de Jean Teulé, était même un film d'animation.  

Moyennement reçu en France par les critiques professionnels, avec une note moyenne de 3,1/5 sur le site AlloCiné, Une promesse a en revanche obtenu un accueil largement négatif dans les pays anglophones, avec 13% seulement d'avis favorables sur le site Rotten Tomatoes et un score de 35/100 sur le site Metacritic. Je suppose que ce sont les mêmes qui ont éreinté le film de Leconte qui ont encensé The Grand Budapest Hotel, aussi "adapté" paraît-il d'une nouvelle de Zweig. Je serais bien curieux de savoir ce que Zweig aurait pensé, s'il revenait d'entre les morts, de cette pitrerie acidulée. Il y a fort à parier qu'il opterait plutôt pour Une promesse que pour le film de Wes Anderson.

J'ai personnellement beaucoup aimé ce film, à la fois esthétiquement mais aussi pour le talent avec lequel le réalisateur parvient à suggérer les sentiments, par touches légères (un geste, une ombre sur un rideau, une allusion...) comme le ferait un peintre romantique. Un seul regret : non que le film m'ait paru long, mais j'aurais volontiers supprimé certaines scènes (celle du train, celle de l'hôtel, et j'aurais écrit le mot fin sur l'avant dernier plan (la scène du kiosque où les visages s'effleurent) et non le dernier, des deux amants à contre jour. Mais ce sont des détails sans importance qui n'enlèvent rien aux qualités et au charme de ce film.

Certaines images m'ont évoqué deux autres films que j'aime beaucoup : Chéri de Stephen Frears et The Duchess.
   

3 commentaires:

  1. Bonjour Roland, j'ai un collègue qui a aussi beaucoup aimé ce film. Il faudrait que j'aille le voir avant qu'il ne soit trop tard. Je trouve que Patrice Leconte a pas mal de talent : quel éclectisme. J'avais adoré en son temps: La Veuve de Saint-Pierre avec Juliette Binoche et Daniel Auteuil: tous les deux exceptionnels. Bonne journée.

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  2. Une amie m'a signalé un film de ce réalisateur que je ne connais pas et n'ai donc pas commenté : L'homme du train avec Johnny Hallyday et Jean Rochefort. Ce film oppose un intellectuel amateur de poésie, professeur de francais et célibataire à la retraite et un braqueur, venu par le train, pour préparer un coup contre une agence bancaire de province. Ils n'étaient pas destinés à se rencontrer, mais une forte migraine chez le truand qui sort de prison et un hôtel fermé vont créer une rencontre improbable et amicale qui va les faire reflechir sur leurs vies personnelles. Très belle écriture cinématographique et personnages bien construits. Le scénario est fort bien établi et la tragédie inévitable... Patrice Leconte a réussi un bon film dont je n'avais pas connaissance. Rochefort et Hallyday y sont remarquables... Moi aussi j’avais quelque prévention contre ce réalisateur à cause de ses films « franchouillards »
    mais qui avaient eu un grand succès populaire... Le film dont tu parles sur ton blog montre bien sa maîtrise de l’écriture et sa sensibilité. « L’homme du train » est de la même veine. Il faut parfois aux réalisateurs des succès populaires pour faire des films de qualité plus intimistes, avec l’argent gagné. Tu peux mettre ma critique de ce dernier sur ton blog si tu veux, puisque Johnny Hallyday est mort et que l’on évoque son passé de chanteur et d’acteur. Dans ce film il montre une grande présence et je ne lui connaissais ces talents de comédien [AAC]

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    Réponses
    1. Merci pour m'avoir signalé ce film que je ne connaissais pas.

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