Ex Libris : The New York Public
Library est un film documentaire américain réalisé par Frederick Wiseman, sorti en 2017. Il a
été présenté en sélection officielle à la Mostra de Venise 2017 où il a remporté
le prix FIPRESCI (Fédération Internationale de la presse cinématographique).
Présentation
Pendant 3.15 H, le documentariste Frederick Wiseman, dont c'est le 42ème film (Titicut folies, sur un asile d'aliénés, 1967; High school, sur un lycée de Philadelphie, 1968; Public housing, sur un ghetto noir de Chicago, 1997) investit
la Bibliothèque publique de New York, fondée en 1911 qui, à part son site historique, sur
la Cinquième Avenue à Manhattan, dispose de plusieurs dizaines de
succursales réparties dans les divers quartiers de New York, du Bronx et de
Staten Island, Brooklyn et le Queens (92 sites en tout). Avec près de 53
millions de documents, la New York Public Library est la seconde plus grande
bibliothèque publique des États-Unis, derrière la Bibliothèque du Congrès et la
3ème du monde. C'est une organisation à but non lucratif, gérée de
façon indépendante avec des fonds à la fois publics et privés.
Le film montre qu’au-delà d’une
simple bibliothèque, la NYPL est une grande institution du savoir et la révèle
comme un lieu d'apprentissage, d'accueil et d'échange. La bibliothèque de New
York incite à la lecture, à l'approfondissement des connaissances et est
fortement impliquée auprès de ses lecteurs et participe ainsi à la cohésion
sociale des quartiers de New York, cité plurielle et cosmopolite. Lieu de
culture et de démocratie, elle accueille également des concerts, des lectures,
fait de la formation (rattrapage scolaire, initiation à la lecture, ateliers d’écriture,
formation au langage des sourds et des aveugles, etc). Frederick Wiseman filme
l'agitation et le silence : dans une scène, les mots du poète Yusef Komunyakaa
rebondissent sur ces murs où la tranquillité est à peine perturbée par les
lecteurs qui tournent les pages de leurs livres...
Mon opinion
Un documentaire de 3.15 H
consacré à une bibliothèque, fût-elle l’une des plus grandes du monde, cela
peut effrayer. Le film s'ouvre abruptement, sans le moindre générique, par une conférence de Richard Dawkins (un philosophe britannique) qui explique, à un public attentif, la force de la science face à l'obscurantisme, la sciencé étant vue comme poésie de la réalité. L'obscurantisme, sur le terreau duquel croit l'ignorance, devant être combattue par la science. L'orateur insistera sur le fait que le problème n'est pas l'ignorance elle-même, mais le fait de l'ignorer. Le ton est donné. Au cours du film, d’autres personnalités culturelles
ou scientifiques, la plupart engagées, comme Elvis Costello, Patty Smith, ou
des historiens et d’universitaires passionnés renforceront ce premier constat d’une
rare intelligence. Lors d’une réunion des prestigieux donateurs, on assistera à
l’émouvant éloge de la première poétesse noire d'origine esclave - dont je n’ai malheureusement
pas retenu le nom - qui fut invitée à Washington par le président Lincoln et dont les oeuvres font partie des fonds de la bibliothèque.
Wiseman nous entraîne à la découverte d'une institution entièrement dédiée au savoir et à sa diffusion, dans un esprit d'une immense ouverture d'esprit (même les SDF y ont leur place !) Certes, on peut regretter des longueurs pas toujours utiles à la compréhension du sujet et surtout déplorer que le réalisateur ne nous ait pas aussi montré les petites mains qui travaillent dans l’ombre pour le bon fonctionnement d’un si gigantesque ensemble. Mais son propos n’était sans doute pas celui-là, qui aurait fait du film un simple documentaire.
Wiseman nous entraîne à la découverte d'une institution entièrement dédiée au savoir et à sa diffusion, dans un esprit d'une immense ouverture d'esprit (même les SDF y ont leur place !) Certes, on peut regretter des longueurs pas toujours utiles à la compréhension du sujet et surtout déplorer que le réalisateur ne nous ait pas aussi montré les petites mains qui travaillent dans l’ombre pour le bon fonctionnement d’un si gigantesque ensemble. Mais son propos n’était sans doute pas celui-là, qui aurait fait du film un simple documentaire.
Ce film est un
remède au désespoir qui nous saisit quand on apprend, à chaque jour qui passe,
l’une des nouvelles stupidités de Donald Trump et de son administration. Il nous
fait nous rappeler qu’après la France, les Etats-Unis sont le berceau de la
démocratie, une grande terre de culture, un lieu où, si vous savez la saisir,
la chance de vous en sortir vous est toujours donnée. On ressort de cette
projection avec un optimisme renouvelé sur la capacité de l’Amérique à
surmonter le goût amer que laissera la présidence Trump. Laissons le réalisateur conclure :
« Je pense que la New York Public
Library est bien plus représentative de l’Amérique que Donald Trump. Elle
représente la grande tradition démocratique de l’Amérique que Trump aimerait
détruire et cet esprit démocratique est constitutif de l’Amérique et représente
ce qu’elle a de meilleur ».
[Frederick Wiseman]
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