Neruda est un film chilien réalisé par Pablo Larraín, sorti en 2016. Le film est présenté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2016.
Résumé
Le film est tout sauf un biopic du
grand poète Pablo Neruda (remarquablement interprété par Luis Gnecco). Il se déroule sur une très courte période de
sa vie, très exactement entre le moment où il est élu sénateur communiste (1945) et où il contribue à l'élection de Gabriel Gonzalez Videla qui, une fois président de la
République, renie tous ses engagements envers ses alliés radicaux, démocrates et communistes et, à instaure la dictature. Dans un premier temps, Neruda, fort de
son statut de sénateur, se croit à l’abri des persécutions qui touchent les opposants à Videla mais il doit se décider à quitter le
Chili et à s’exiler en Europe. Cela, pour la réalité des événements.
Mon opinion sur ce film
Dire que ce film m’a déçu est un
euphémisme. Le poète est poursuivi par un
personnage inventé de toute pièce, un homme médiocre et obstiné portant un nom ridicule, le commissaire Oscar
Peluchonneau (Gael García Bernal).
Dès les premières images, Neruda nous est
présenté comme un être veule, adonné aux bordels et aux prostituées, organisant
des fêtes décadentes, imbu de lui-même, déclamant ses poèmes sur un ton déclamatoire particulièrement
insupportable. Le spectateur ne comprend pas tout de suite qu’on lui présente
Neruda vu à travers le regard de Peluchonneau, archétype fantasmatique des
détracteurs de Neruda, à la fois révulsés et attirés par cet être complexe, représentant à la fois l'écrivain adulé et le politicien abhorré.
Cela donne un film brouillon, esthétiquement peu réussi : les
images - volontairement ou non – sont dans des tons passés qui ne rendent pas grâce,
même lors de la traversée de la cordillère des Andes, à la beauté des paysages.
Je rejoins entièrement la
critique de Jean-Baptiste Morain des Inrockuptibles,
pour qui Neruda est «un biopic
fantasmé et foutraque. [...] Nous sommes dans un faux conte à la Borges :
Peluchonneau est autant une invention de Neruda (la figure, le fantôme du mal
qui le poursuit), que Neruda débauché décrit par Peluchonneau n'est que le
fantasme d’un flic idiot et réactionnaire, imbu de sa personne et rêvant d'être
celui qui arrêtera l'artiste le plus emblématique de son pays. (…)» Mais je
ne souscris pas à sa conclusion, qui semble d’ailleurs assez antinomique avec le
début de sa critique, où il dit : « Le
pari de Larraín est risqué et oblige parfois les acteurs à en rajouter dans les
clichés, notamment García Bernal. Il n’est pas certain que le film se montre
toujours à la hauteur de son scénario rusé. Il n’en demeure pas moins
iconoclaste, sardonique, vachard, et témoigne d’une réelle originalité dans la
forme en miroir de son récit. Le film est iconoclaste, sardonique, vachard, et
témoigne d'une réelle originalité dans la forme en miroir de son récit ». Certes
le film est iconoclaste… Quant à « l’originalité en forme de miroir du
récit », je ne suis pas assez cinéphile pour en juger, mais je doute que d’autres
réalisateurs plus talentueux que Pablo Larrain, n’y aient pas pensé avant lui.
Le seul élément avec lequel je peux
être d’accord, c’est lorsque le réalisateur montre l’extraordinaire impact qu’a eu la poésie de
Neruda sur le peuple chilien, où on le lisait à haute voix dans les ateliers,
dans les usines ou dans les champs et la notoriété dont il jouissait, même au
fin fond des campagnes. Malheureusement, si le film fait allusion à l'écriture, pendant cette période, à l'un des plus importants poèmes de Neruda, El canto general (Le chant general), oeuvre protéiforme aux fulgurances étourdissantes, le seul poème que l'on entend répéter à satiété sur un ton grandiloquent est un extrait assez commun de "Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée".
Voyez plutôt :
- Le facteur de Michael Radford (1994), dans lequel Philippe Noiret incarne un Pablo Neruda plus vrai que nature. Le film, tiré d'un livre "Une ardente patience" de l'écrivain chilien Antonio Skàrmeta traite de l'exil de Neruda sur une île au large du Chili,
- Lisez plutôt (de préférence en espagnol, nous ne connaissons aucun bonne traduction française) la flamboyante poésie de Neruda, en particulier sa pièce maîtresse, El Canto General. La poésie est toujours extrêmement difficile à traduire. Celle de Neruda est sans doute l'une des plus difficile à rendre en français. Il faut aussi savoir que le grand musicien grec Mikis Theodorakis a écrit un oratorio où il a mis en musique 13 poèmes du Chant General (sur près de 300). Il en existe de nombreux enregistrements, la plupart réalisés en public (en particulier l'enregistrement du concert public donné en 1975 à Athènes lors du retour d'exil de Theodorakis). Malheureusement, à notre connaissance, aucun de ces enregistrements n'est techniquement satisfaisant.
- Lisez plutôt (de préférence en espagnol, nous ne connaissons aucun bonne traduction française) la flamboyante poésie de Neruda, en particulier sa pièce maîtresse, El Canto General. La poésie est toujours extrêmement difficile à traduire. Celle de Neruda est sans doute l'une des plus difficile à rendre en français. Il faut aussi savoir que le grand musicien grec Mikis Theodorakis a écrit un oratorio où il a mis en musique 13 poèmes du Chant General (sur près de 300). Il en existe de nombreux enregistrements, la plupart réalisés en public (en particulier l'enregistrement du concert public donné en 1975 à Athènes lors du retour d'exil de Theodorakis). Malheureusement, à notre connaissance, aucun de ces enregistrements n'est techniquement satisfaisant.
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