samedi 14 mai 2022

MURINA d'Antoneta ALAMAT KUSIJANOVIC (HR-2021)

 


Murina
est un film croate réalisé par Antoneta Alamat Kusijanović, sorti en 2021. Il est sélectionné au festival de Cannes 2021 dans la section Quinzaine des réalisateurs et remporte la Caméra d'or.

Résumé

Julija, 17 ans, vit avec ses parents sur une île de la côte adriatique. Vraie naïade elle-même, elle adore la mer et nage tous les jours, plonge et pêche avec son père, spécialiste de la pêche aux murènes, un animal vindicatif et dangereux (d’où le titre). Malgré les accès de colère réguliers du père, Ante, l’entente semble parfaite dans ce cadre idyllique jusqu’à l’arrivée de Javier, un Américain richissime, ami de longue date d’Ante et de Nela, la mère de Julija, venu pour acheter un terrain appartenant à Ante, pour y construire un complexe hôtelier. Ante compte que la vente de ce terrain lui permettra, à lui et à sa famille, de changer de vie.  

La tension que l’on sentait sous-jacente dès les premières images entre la fille et le père augmentent avec l’arrivée de Javier qui représente un mode de vie complètement différent de celui, archaïque, dans lequel Ante maintient sa fille et sa femme.

Mon opinion

En allant voir ce film, je m’attendais à des paysages de carte postale car la Croatie, proche de l’Italie et de la Grèce, est illuminée de la même lumière méditerranéenne et propose les mêmes rochers  immaculés. Or, le film commence dans la quasi-obscurité de fonds sous-marins et, si l’on retrouvera par la suite les paysages inondés de soleil, le film restera toujours baigné dans une atmosphère crépusculaire due aux lourds secrets que l'on pressent :  Nela n’a-t-elle pas été l’amante de Javier, Julija est-elle la fille d'Ante ? Ce qui expliquerait l’animosité du pêcheur vis-à-vis des deux femmes... On parle aussi d'un naufrage dont il aurait été responsable, d'un incendie, de corps enterrés sur le terrain qu’il voudrait vendre à Javier, etc. Même la procession religieuse, que l’on pourrait croire festive, est une procession mortuaire destinée à honorer les morts inexpliqués dont des croix de pierre géantes ornent le terrain qu’Ante veut vendre.

La scène la plus terrible est celle où Julija, après un énième accès de colère d’Ante, est enfermée par ce dernier dans une cave attenante à la maison et que, pour tenter de s’enfuir, elle manque de se noyer dans un puits, repère des murènes, qui rejoint la mer.

Ce film laisse au spectateur un goût amer, un goût d'inachevé. Si on comprend globalement le propos de la réalisatrice, elle nous laisse cependant sur notre faim : a-t-elle voulu montrer la révolte d’une adolescente qui veut s’affranchir de sa condition et surtout du machisme du père ? On pense même qu'elle va commettre l'irréparable en harponnant son père qu'elle hait pendant l'une de leurs séances de pêche. Mais elle choisit de s'enfuir à la nage. Pour aller où ? : les dernières images qui empiètent sur le générique nous la montrent nageant dans l’infini de la mer... Elle a beau être bonne nageuse, jusqu’où compte-t-elle aller ? L’Italie, peut-être ? Ou se noyer dans le grand bleu qu'elle aime tant ? On ne le saura pas.   


1 commentaire:

  1. Bonjour Roland, j'ai beaucoup aimé cette fin ouverte. Je pense qu'elle va rejoindre un rivage quelconque ou bien elle va être recueillie sur un bateau de passage. Bonne après-midi.

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