Every Thing Will Be Fine
est un film dramatique germano-canado-norvégien en 3-D de Wim Wenders, sorti en 2015. Le film a été présenté en février hors
compétition lors de la Berlinale 2015 ainsi qu'au Festival de Toronto. En France, malgré la notoriété du réalisateur, sa sortie a été restreinte aux salles d'art et d'essai. Je l'ai vu aujourd'hui sur Arte.
Synopsis
Tomas (James Franco) est
écrivain. En panne d'inspiration pour son nouveau roman, il s’est retiré dans une cabane de pêcheurs isolée au milieu de l'hiver canadien. En allant retrouver sa compagne, il percute deux enfants qui faisaient de la luge sur une route enneigée. L’un
d’eux est tué. Bien qu’il ne soit pas responsable de ce qui est arrivé, Tomas ne
parvient pas à surmonter ce traumatisme et s’enfonce dans la dépression. Il
quitte sa compagne, fait une tentative de suicide puis peu à peu se remet à
l'écriture en utilisant cet épisode de sa vie. Ce troisième roman est couronné de succès.
Tomas éprouve alors le besoin de revoir les lieux de l'accident, la
mère des enfants (Charlotte Gainsbourg), la maison devant laquelle s'est déroulé le drame. Il passe toute une nuit
auprès d'elle qui ne cesse de lui répéter qu'il n'est pas coupable, que c'était à elle de surveiller ses fils.
La carrière de Tomas décolle, il se marie avec Ann
(Marie-José Croze), adopte son adorable fillette, Mina, devient riche et célèbre alors que la mère de l'enfant continue à mener une existence modeste,
solitaire en compagnie de son fils aîné, Christopher (Robert Naylor). Devenu
adolescent celui-ci va tenter de se rapprocher de Tom, lui reprochant
implicitement d'avoir utilisé le drame pour le dépasser et réussir sa vie
professionnelle et personnelle. Après une crise conflictuelle entre l'adolescent
et Tom, les choses semblent s'apaiser.
Mon opinion sur ce film
Esthétiquement, le film est très
beau (photographie de Benoît Debie) avec des images saturées et des lumières
envoûtantes, soutenues par la musique répétitive d’Alexandre Desplat. On
retrouve l’attrait de Wim Wenders pour la lenteur et le découpage des paysages,
vus à travers les fenêtres qui lui servent de cadre. On ne peut s’empêcher de
penser au peintre Edward Hopper mais aussi à certains plans du Ghost Writer de
Polanski (dont la musique a aussi été écrite par le même Desplat). Ayant vu
le film lors de sa diffusion à la télévision, je ne l’ai pas vu en 3D.
Je me demande d’ailleurs ce que cette technique peut apporter à ce genre de
film plus contemplatif que spectaculaire.
Hormis cette beauté formelle, que
dire du contenu du film ? L’histoire, à partir du scénario de Bjørn Olaf
Johannessen, est, en soi, dramatique : la mort d’un enfant lors d’un
accident stupide dans lequel on ne peut incriminer personne, si ce n’est l’insouciance
des enfants. Mais, est-ce dû à la manière de filmer de Wenders, est-ce dû au
jeu des personnages, très intériorisé, presque mutique - que ce soit celui de James
Franco, de Charlotte Gainsbourg ou même du jeune Robert Naylor, l’ensemble reste froid, comme si le réalisateur observait ses
personnages en entomologiste.
Mais, ce parti-pris est sans
aucun doute un choix du réalisateur et nous rappelle par moments son chef d’œuvre
Les Ailes du désir, où les anges observent de loin les hommes qui s’agitent
sous leurs yeux sans pouvoir interférer avec eux au risque de perdre leur
statut angélique.
Outre que le film est marqué par le style de Wenders, on peut toutefois comprendre cette
volonté de minimalisme pour rendre le traumatisme de cet écrivain qui ne se pardonne pas la mort d'un enfant et se sent responsable du devenir de sa mère et de l'adolescent survivant.
Mais, outre que le film paraît
terriblement long (alors qu’il ne dure que 118 minutes), le spectateur a du mal
avec le mutisme des personnages, leurs visages fermés, et leur absence de
manifestations de sentiments. En bref, on reste sur sa faim. Rien d’étonnant à
ce que le film ait fait un bide dans les salles et qu'il soit mal noté (note moyenne 2,8/5 sur Allociné, 17% sur
Rotten Tomatoes et 4,3/10 sur Metacritic.
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