Des hommes et des dieux, film de
Xavier Beauvois (2010)
Des hommes et des dieux est un
film dramatique français réalisé par Xavier Beauvois, inspiré librement de
l'assassinat des moines de Tibhirine en Algérie en 1996. Le film retrace la vie
quotidienne des moines et leurs interrogations face à la montée de la violence
durant les mois précédant leur enlèvement et leur assassinat lors de la guerre
civile algérienne.
Autour du film
Ce film a été présenté le 18 mai
2010, dans le cadre de la compétition officielle du Festival de Cannes 2010 et
a reçu le Grand prix du jury. Produit par Why Not Productions et Armada Films,
il est sorti en France le 8 septembre 2010.
Des hommes et des dieux a reçu un
bon accueil de la part du public, restant quatre semaines en tête du box-office
en France. Il a également suscité, dans les médias, un regain d'attention pour
l'histoire des moines de Tibhirine, les circonstances de leur assassinat, la
guerre civile algérienne des années 1990, et le dialogue inter-religieux.
Il a obtenu le 25 février 2011 le
César du meilleur film pour l'année 2010."Des hommes et des dieux"
retrace les trois années de la vie des moines de Tibhérine, dans l'Atlas
algérien, avant leur enlèvement et leur assassinat par un groupe extrémiste en
1996.
Mon opinion sur ce film
Je suis allé voir ce film un peu
à contrecœur car j'avais peur d'être submergé par l'émotion en revoyant des
lieux que j'avais découverts alors que j'étais étudiant, en 1971. J'avais en
effet passé quelque temps à Tibhérine avec mon frère et j'ai connu certains des
moines qui ont été assassinés en 1996.
Le monastère Notre-Dame de
l'Atlas est situé dans les montagnes qui dominent la grande plaine agricole de
Médéa, à une 100e de km au sud d'Alger. J'ai conservé des moines, du peu de
temps passé en leur compagnie, le souvenir d'êtres lumineux et chaleureux, qui
vivaient en parfaite harmonie avec les paysans des alentours (dont certains
travaillaient sur les terres du monastère). L'annonce de leur enlèvement et
l'injustice de leur mort m'a fait l'effet de perdre des amis personnels.
Après avoir vu le film, mon
opinion est mitigée. J’ai toujours une sorte de défiance envers les films qui
retracent un fait divers sordide car, pour moi, le cinéma doit être une œuvre de
fiction et non une illustration, plus ou moins distanciée, d’un évènement quel
qu’il soit. Cette réserve vaut aussi pour les livres. Autant j’apprécie un
reportage ou un documentaire qui présente des faits, autant j’ai de réticence à
lire un livre ou voir un film « adapté » d’évènements tragiques. Cela
me fait l’effet d’être un voyeur et je déteste ressenti cette impression.
Pour Des hommes et des
dieux, je ne suis pas persuadé qu'il ait été bienvenu de faire un film
sur cette tragédie sur laquelle on a si peu d'éléments. C'est un beau film,
certes, mais je ne suis pas convaincu qu'il ait mérité le prix qui lui a été
attribué à Cannes. Ceci dit, combien de films primés à Cannes ont, par le
passé, vraiment mérité cette prestigieuse récompense, surtout dans les
dernières années ? Mais c’est une autre histoire que je me propose d’aborder un
jour prochain dans le cadre de ce blog…
Pour en revenir à Des hommes et
des dieux, j'ai trouvé le ton du film relativement (mais pas totalement) juste.
On ne peut pas dire qu'il fasse dans l'éloquence. Je m'attendais à retrouver
une chose que ni la guerre, ni le malheur qu'ont vécus ces lieux, n'a pu
effacer : la grandeur de l'Atlas, la beauté de la plaine de Médéa et surtout
les extraordinaires couchers de soleil sur le Tamesguida, la "Montagne de
feu" qui sépare, à l'ouest, Tibhérine de la plaine de la Médéa et de la
Méditerranée. Plus que les bâtiments, c'est à cela que l'on se rend compte que
le film n'a pas été tourné à Tibhérine. Que le réalisateur n'ait pas pu tourner
au monastère après le drame qui s'y est déroulé est compréhensible, d'autant
que la région n'est, semble-t-il pas encore pacifiée, mais, sans pour autant
recourir à la palette graphique, il aurait sans aucun doute pu trouver, dans le
sud marocain, des paysages rappelant ceux de cette partie de l’Algérie. Il nous
répondra sans doute que tel n'était pas son but.
Il y a en effet, dans ce film,
une volonté de dépouillement telle qu'elle confine presque à la platitude et sa
lenteur, sans nul doute voulue, sans être comparable aux films d'un Bergman ou
d'un Theo Angelopoulos (un maître dans
le genre !), donne par moments un sentiment d'ennui, ce qui n'est certainement
pas le but visé par le metteur en scène. Certains spectateurs ont aussi dû être
irrités par la trop grande place qu'y tient la religion. La spiritualité des
moines que j'ai connus était sincère, réelle, profonde, certes mais elle
n'était pas aussi ostentatoire qu'elle apparaît dans le film. La foi des moines
se révélait à travers les actes de la vie quotidienne : travailler la terre,
s'occuper des malades, participer à la vie des villageois, se rendre à Médéa,
choses qu'on voit en effet dans le film mais qui sont presque reléguées au
second plan alors que, dans mon souvenir, elles étaient au centre de leur vie
de tous les jours...
Les acteurs ne sont pas en cause (Michael
Londsdale, qui joue le rôle de frère Luc, le médecin, avec juste assez de
malice, est magnifique). J'ai pris aussi beaucoup de plaisir à découvrir
Jacques Herlin - frère Amédée, et quelques autres. Par contre, j’ai détesté le
jeu surfait de Lambert Wilson, qui fait plus "du Lambert Wilson"
qu'il n'incarne le prieur Christian de Chergé (mais c’est toujours le problème
avec les rôles qu’interprète cet acteur).
Plusieurs scènes m'ont touché,
mais pas véritablement ému : celle où Michael Lonsdale conseille la jeune
algérienne sur l'amour, celle du dialogue entre le chef islamiste et C. de
Chergé le soir de Noël... La plus belle
scène, évidemment, qui reste inoubliable pour la plupart des spectateurs, est
celle où Frère Luc, à la veille de l'enlèvement, ouvre deux bouteilles de vin
que les moines dégustent en écoutant le "Lac des Cygnes", de Tchaïkovsky.
On ne peut pas ne pas y voir une allusion à la Cène. Cela en a gêné certains.
Pas moi car c'est le seul moment de grandiloquence que s'autorise le metteur en
scène et il le fait avec une retenue qui l'honore. Mais, comme je l'ai dit, le
film ne m'a pas enthousiasmé autant qu'il l'aurait dû.
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